Chapitre 8 : L’autogynéphilie ou le tabou au fondement du transgenrisme

Chapitre 8 : L’autogynéphilie ou le tabou au fondement du transgenrisme

En cou­ver­ture : Kay­la Lemieux, pro­fes­seur au Canada.
Le texte qui suit est le hui­tième cha­pitre du livre Né(e)s dans la mau­vaise socié­té : notes pour une cri­tique fémi­niste et socia­liste du phé­no­mène trans, que nous avons récem­ment publié et que vous pou­vez vous pro­cu­rer ici : https://www.partage-le.com/produit/dans-la-mauvaise-societe/


Pour mieux com­prendre qui sont les hommes féti­chistes du tra­ves­tis­se­ment men­tion­nés dans le cha­pitre pré­cé­dent — hommes qui consti­tuent le prin­ci­pal groupe d’individus à l’origine du mou­ve­ment trans et le noyau de son mili­tan­tisme encore aujourd’hui —, il nous faut par­ler de l’autogynéphilie. L’autogynéphilie peut s’avérer un sujet malai­sant à dis­cu­ter. Les pages sui­vantes exposent des réa­li­tés mécon­nues et pos­si­ble­ment déran­geantes pour cer­taines per­sonnes. Mais les connaître importe. Trop de gens semblent entre­te­nir « une sorte de naï­ve­té idéa­liste en ce qui concerne la forme uti­li­taire et obses­sion­nelle que la sexua­li­té mas­cu­line peut revê­tir[1] ». Or il est impos­sible de sai­sir de quoi le phé­no­mène trans retourne sans savoir ce que la sexua­li­té des hommes peut impli­quer — en tout cas au sein de la civi­li­sa­tion industrielle.

Le terme auto­gy­né­phi­lie a été inven­té par le cher­cheur et sexo­logue états-­unien Ray Blan­chard en 1989 pour dési­gner « la ten­dance de cer­tains hommes à être sexuel­le­ment exci­tés par la pen­sée ou l’image d’eux-­mêmes en femmes[2] ». Le mot se com­pose de termes issus du grec : auto (soi), gyne (la femme) et phi­lie (l’attirance).

Au cours des années 1980 et 1990, au fil d’études sur le sujet, Ray Blan­chard a théo­ri­sé « qu’il existe deux prin­ci­paux types de trans­sexua­lisme homme-­vers-­femme, dif­fé­rents sur le plan étio­lo­gique et phé­no­mé­no­lo­gique, et qu’aucun de ces types n’est sui gene­ris — l’un est plu­tôt lié à l’homosexualité ordi­naire et l’autre à l’autogynéphilie[3] ». Autre­ment dit, ce qu’il a décou­vert l’a ame­né à conce­voir une typo­lo­gie du trans­sexua­lisme des hommes com­po­sée de deux groupes : d’un côté les trans­sexuels homo­sexuels (ou « andro­philes »), de l’autre les trans­sexuels non homo­sexuels (ou « auto­gy­né­philes »). D’un côté, les trans­sexuels atti­rés par les hommes. De l’autre, les auto­gy­né­philes, qui « sont géné­ra­le­ment atti­rés sexuel­le­ment par les femmes » et peuvent aus­si « s’identifier comme asexuels ou bisexuels[4] », mais qui, comme le remarque le psy­cho­logue états-­unien John Michael Bai­ley, proche de Blan­chard, sont davan­tage atti­rés « par la femme qu’ils sou­haitent deve­nir[5] ».

En for­mu­lant cette théo­rie, Blan­chard contre­di­sait les idées domi­nantes dans le milieu du trans­sexua­lisme (et aujourd’hui du trans­gen­risme), selon les­quelles les hommes qui se disent femmes, qui déclarent une iden­ti­té de « femmes trans­genres » et/ou dési­rent « tran­si­tion­ner », socia­le­ment ou hor­mo­no-­chi­rur­gi­ca­le­ment, le font parce que leur « iden­ti­té de genre » ne serait pas « ali­gnée » (ou « congruente ») avec leur « sexe assi­gné à la nais­sance ». Ces idées, qui ont le mérite de paraître bien plus accep­tables poli­ti­que­ment et cultu­rel­le­ment, n’ont cepen­dant aucun sens. Elles reposent sur la thèse aber­rante selon laquelle il serait pos­sible de « naître dans le mau­vais corps ». Sur le concept d’« iden­ti­té de genre » qui, comme nous l’avons vu, est une absur­di­té ren­voyant aux sté­réo­types sexistes de la « mas­cu­li­ni­té » et de la « fémi­ni­té ». Et sur l’idée d’une « incon­gruence » ou d’une « non-­con­for­mi­té » entre esprit et corps à cor­ri­ger au bis­tou­ri — une inep­tie par­ti­cu­liè­re­ment barbare.

Avant les tra­vaux de Blan­chard, d’autres études avaient déjà mis au jour la com­po­sante éro­tique qui motive très sou­vent le tra­ves­tis­se­ment mas­cu­lin (nous en men­tion­nons une au cha­pitre pré­cé­dent, dans notre « (très) brève his­toire du trans­gen­risme »). Tra­ves­tis­se­ment qui, ain­si que le relève la jour­na­liste bri­tan­nique Helen Joyce, « est un fétiche cou­rant chez les hommes hété­ro­sexuels. Une étude réa­li­sée en Suède en 2005 a révé­lé que 2,8 % des hommes res­sen­taient une exci­ta­tion sexuelle en réponse au tra­ves­tis­se­ment. Pour cer­tains, cette exci­ta­tion sexuelle est tel­le­ment intense et cen­trale qu’elle consti­tue une “para­phi­lie”, c’est-­à-­dire un inté­rêt sexuel aty­pique et extrême qui peut être consi­dé­ré comme un trouble lorsqu’il cause de graves pro­blèmes ou de la détresse[6]. »

L’autogynéphilie, c’est donc une condi­tion que l’on peut trou­ver aus­si bien chez des tra­ves­tis que chez des trans­sexuels (ou des « trans­genres », des soi-­di­sant « femmes trans »). Les dif­fé­rences se mani­festent au niveau de « la nature [ou de l’étendue, ou de l’intensité] des fan­tasmes. Si ceux-­ci sont cen­trés sur les vête­ments, l’homme a davan­tage de chances d’être conten­té sans tran­si­tion médi­cale. S’ils sont cen­trés sur le corps, en par­ti­cu­lier sur des organes géni­taux fémi­nins fan­tas­més, l’homme est plus sus­cep­tible d’être gra­ve­ment dys­pho­rique et moins sus­cep­tible de trou­ver la paix sans inter­ven­tion chi­rur­gi­cale[7]. »

Comme l’explique le sexo­logue et psy­cho­logue états-­unien Anne Law­rence, lui-­même trans­sexuel auto­gy­né­phile reven­di­qué, dans un livre paru en 2013 regrou­pant une col­lec­tion de témoi­gnages de plus de deux cents hommes autogynéphiles :

« Le concept d’autogynéphilie place le désir éro­tique au centre de l’expérience trans­sexuelle des hommes non homo­sexuels : il sug­gère, au moins impli­ci­te­ment, que le désir éro­tique auto­gy­né­phile […] peut être consi­dé­ré comme la force motrice der­rière le désir de chan­ge­ment de sexe chez les trans­sexuels MtF [pour male-­to-­fe­male, homme-­vers-­femme] non ­homo­sexuels[8]. »

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Les deux groupes qui com­posent la typo­lo­gie de Blan­chard pré­sentent des carac­té­ris­tiques dif­fé­rentes dès l’enfance. Comme le résume Law­rence, les trans­sexuels homo­sexuels (andro­philes)

« ont des inté­rêts, des com­por­te­ments et des traits de per­son­na­li­té typi­que­ment fémi­nins tout au long de leur vie. Depuis leur plus jeune âge, ces indi­vi­dus se com­por­taient comme des filles, s’identifiaient aux filles et se disaient sou­vent filles. Leurs centres d’intérêt, leurs manières, leurs jouets et acti­vi­tés pré­fé­rés étaient typi­que­ment fémi­nins, et les filles étaient leurs com­pagnes de jeu pré­fé­rées. Ils avaient com­men­cé à se tra­ves­tir ouver­te­ment dès la petite enfance et avaient conti­nué à le faire à l’âge adulte. Cela étant, leur tra­ves­tis­se­ment n’était pas asso­cié à une exci­ta­tion sexuelle. Leurs iden­ti­fi­ca­tions et com­por­te­ments fémi­nins per­sis­taient tout au long de l’adolescence et à l’âge adulte. Ils avaient décou­vert qu’ils étaient exclu­si­ve­ment sexuel­le­ment atti­rés par des hommes. Ils choi­sis­saient géné­ra­le­ment des pro­fes­sions, des passe-­temps et des acti­vi­tés de loi­sirs typi­que­ment fémi­nins[9]. »

Par contraste, les trans­sexuels autogynéphiles,

« même s’ils dési­rent inten­sé­ment être des femmes, pré­sentent peu d’intérêts, de com­por­te­ments et de traits psy­cho­lo­giques fémi­nins. Dans la plu­part des cas, ils res­semblent beau­coup à des hommes ordi­naires non trans­sexuels. Depuis leur plus jeune âge, ces indi­vi­dus savent qu’ils sont des gar­çons et se com­portent comme des gar­çons, bien que nombre d’entre eux déclarent avoir eu des fan­tasmes secrets de deve­nir des femmes aus­si loin qu’ils s’en sou­viennent. Leurs centres d’intérêt, leurs manières ain­si que leurs jouets et acti­vi­tés pré­fé­rés étaient géné­ra­le­ment typi­que­ment mas­cu­lins. Dans la plu­part des cas, leurs com­pa­gnons de jeu pré­fé­rés étaient d’autres gar­çons, mais quelques-­uns s’adonnaient prin­ci­pa­le­ment à des jeux soli­taires. Cer­tains ont com­men­cé à se tra­ves­tir dès la petite enfance, presque tou­jours subrep­ti­ce­ment. Presque tous se tra­ves­tis­saient secrè­te­ment au moment de la puber­té, et leur tra­ves­tis­se­ment était asso­cié à une exci­ta­tion sexuelle intense. À d’autres égards, cepen­dant, leurs inté­rêts et com­por­te­ments mas­cu­lins ont conti­nué à être, au moins super­fi­ciel­le­ment, assez conven­tion­nels tout au long de l’adolescence et jusqu’à l’âge adulte. Ils ont rare­ment choi­si des pro­fes­sions typi­que­ment fémi­nines et ont géné­ra­le­ment opté pour des pro­fes­sions for­te­ment mas­cu­lines, dans des domaines tels que l’ingénierie, l’informatique ou l’armée. Ils ont décou­vert qu’ils étaient sexuel­le­ment atti­rés par les femmes ou, plus rare­ment, qu’ils n’étaient for­te­ment atti­rés par aucun des deux sexes. Nombre d’entre eux ont par­fois fan­tas­mé des rela­tions sexuelles avec des hommes, mais uni­que­ment en s’imaginant être des femmes ; à d’autres moments, ils trou­vaient l’idée de rela­tions sexuelles avec des hommes peu attrayante ou répu­gnante. Ils ont éga­le­ment conti­nué à être exci­tés éro­ti­que­ment par le tra­ves­tis­se­ment et par le fan­tasme d’être une femme [tout au long de leur vie][10]. »

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Ray Blan­chard a décrit quatre types d’autogynéphilie. L’autogynéphilie « de tra­ves­tis­se­ment (exci­ta­tion éro­tique asso­ciée à l’acte ou au fan­tasme de por­ter des vête­ments fémi­nins) » ; l’autogynéphilie « ana­to­mique (exci­ta­tion asso­ciée au fan­tasme ou à la réa­li­té [arti­fi­cielle] d’avoir des carac­té­ris­tiques ana­to­miques fémi­nines) » ; l’autogynéphilie « phy­sio­lo­gique (exci­ta­tion asso­ciée au fan­tasme ou à la simu­la­tion du fait d’être enceinte[11], d’avoir ses règles ou d’allaiter) » ; et l’autogynéphilie « com­por­te­men­tale (exci­ta­tion asso­ciée à l’acte ou au fan­tasme d’adopter un com­por­te­ment typi­que­ment fémi­nin)[12] ». Ces quatre caté­go­ries d’autogynéphilie peuvent évi­dem­ment se recou­per et se cumu­ler chez les hommes autogynéphiles.

Pour illus­tra­tion, voi­ci plu­sieurs témoi­gnages d’auto­gynéphilie, rap­por­tés par Law­rence dans son livre, figu­rant plu­sieurs des caté­go­ries sus­men­tion­nées (atten­tion, conte­nu sexuel­le­ment explicite) :

  • « Je suis une femme trans­genre qui suit actuel­le­ment un trai­te­ment à base d’œstrogènes. Le fait que mon corps se fémi­nise est à la fois une source d’excitation et de joie. Ma pre­mière phase “dans le pla­card” consis­tait à m’habiller comme une femme nor­male : lin­ge­rie, bas nylon, robes, chaus­sures, etc., à me maquiller et à me par­fu­mer, et à être tel­le­ment exci­tée par mon image de femme dans le miroir que le rituel se ter­mi­nait sou­vent par une masturbation. »
  • « J’ai 58 ans et je suis un trans­sexuel MtF pré­opé­ra­toire. J’ai com­men­cé à me tra­ves­tir vers l’âge de 7 ans. J’étais par­ti­cu­liè­re­ment exci­té sexuel­le­ment en por­tant des gaines et des bas de nylon. Au milieu de la ving­taine, j’ai eu le désir très fort de m’habiller en femme à plein temps et d’attirer l’attention en tant que femme sexy et fémi­nine. Depuis le milieu de la ving­taine, je porte des vête­ments fémi­nins sexy, en par­ti­cu­lier des sou­tiens-­gorge, de la lin­ge­rie, des col­lants, des robes courtes, de la den­telle, des mini-­jupes, des talons hauts, etc. Por­ter de la lin­ge­rie sexy, un sou­tien-­gorge, une gaine avec des bas en nylon ou des col­lants trans­pa­rents sen­suels, et des talons hauts, en m’imaginant être une femme, m’excite encore sou­vent sexuel­le­ment, induit une érec­tion, une envie de me mas­tur­ber et fina­le­ment un orgasme. »
  • « Je suis un homme de 44 ans. Mon conseiller me consi­dère comme un trans­sexuel et m’a pro­po­sé de suivre une thé­ra­pie hor­mo­nale. Au lycée, je me suis tra­ves­ti avec les vête­ments de ma mère. Je ne peux pas nier l’excitation que ça me pro­cu­rait. À l’université et à la facul­té de droit, sous pré­texte d’être un hip­pie, j’ai por­té des che­veux longs, des jeans et des t-­shirts fémi­nins. Je me suis marié, et mon tra­ves­tis­se­ment a alors consis­té à por­ter en secret des vête­ments de ma femme, tou­jours devant un miroir. C’était exci­tant. Aujourd’hui, je me tra­ves­tis de façon limi­tée, et c’est tou­jours exci­tant. Quand une femme m’excite, je me sens bien. Mais le tra­ves­tis­se­ment m’apporte beau­coup plus : devant un miroir, cela me donne une appa­rence visuelle de femme. Le tou­cher des tis­sus de soie et des sous-­vê­te­ments fémi­nins, le tou­cher d’une peau lisse, l’odeur des cos­mé­tiques, etc., c’est tel­le­ment agréable d’être habillé et de se com­por­ter comme une femme que rien n’est comparable. »
  • « À l’âge de 16 ans, j’ai essayé une robe-­che­mise mou­lante de ma mère. L’excitation sexuelle qui en a résul­té a modi­fié ma sexua­li­té de façon per­ma­nente. Mes pre­miers fan­tasmes consis­taient sim­ple­ment à être une petite femme mignonne avec de gros seins. Au fil du temps, ces fan­tasmes se sont trans­for­més en fan­tasmes extrê­me­ment détaillés, qui consis­taient notam­ment à prendre des douches en tant que femme (mais en por­tant des talons hauts) et à avoir dif­fé­rents types de rap­ports sexuels. Dans mes fan­tasmes, j’imagine la sen­sa­tion des mains d’un homme sur mes hanches, me tirant vers le bas pour que la péné­tra­tion soit plus pro­fonde. J’ai du mal à ima­gi­ner le sexe autre­ment, à une excep­tion près : debout, ma jupe autour de la taille, et dans les deux cas, avec des talons. Depuis long­temps, les rap­ports sexuels avec les femmes m’obligent à ima­gi­ner que je suis la femme péné­trée pour atteindre l’orgasme. Je serre les jambes l’une contre l’autre et je cambre les pieds comme si j’avais des talons. Fran­che­ment, j’aimerais être à sa place, littéralement. »
  • « Mes pre­mières expé­riences à l’âge de 13 ans concer­naient la mas­tur­ba­tion. J’étais un peu gros à l’époque. Je m’imaginais avoir des seins plus gros et je coin­çais mon pénis entre mes cuisses. Beau­coup plus tard, à l’adolescence, je me mas­tur­bais en por­tant des vête­ments fémi­nins, du maquillage et d’autres acces­soires, tout en me regar­dant dans le miroir et en fan­tas­mant sur le fait d’avoir un corps de femme. Dans le cas du tra­ves­tis­se­ment, c’est le fait d’utiliser les vête­ments pour ima­gi­ner un corps fémi­nin en des­sous qui m’excitait, et non les vête­ments eux-­mêmes. Durant l’ensemble de ma tran­si­tion, l’idée de chan­ger a été incroya­ble­ment exci­tante. Les six pre­miers mois, lorsque mes seins se déve­lop­paient, ont été for­mi­dables. Je me regar­dais dans le miroir et peu importe si le chan­ge­ment était minime, ça me remon­tait le moral. Et tant que je le pou­vais encore, je me bran­lais devant mon propre reflet nu. Une tech­nique de mas­tur­ba­tion stan­dard consis­tait à m’accroupir devant le miroir de la com­mode de manière à ce que mon pénis ne soit pas visible dans le reflet. Je me concen­trais ensuite sur ce reflet pen­dant que je me tou­chais. Cela fonc­tion­nait, et j’aimais l’idée de trou­ver mon propre corps sexy. »
  • « J’ai tou­jours éprou­vé le désir d’avoir une vulve. Pour moi, être une femme, c’est être [sic] une vulve entre les cuisses, rien de plus, rien de moins. La beau­té d’être une femme vient de la vulve et est dans la vulve et seule­ment là. Por­ter les plus beaux vête­ments, avoir un joli visage, des seins, des hanches rondes, ne signi­fie rien pour moi en l’absence de la vulve. Quand j’aurai ma vulve, je me sen­ti­rai suf­fi­sam­ment belle, et por­ter des vête­ments fémi­nins en public ne sera qu’une consé­quence de cela. »
  • « J’ai tou­jours été exci­té sexuel­le­ment par l’idée d’avoir un corps de femme. Fina­le­ment, ma com­pul­sion m’a pous­sé à subir une orchi­dec­to­mie, ce qui a sans doute été le plus grand fris­son de ma vie. Ma petite amie, étu­diante en méde­cine, m’a accom­pa­gné lors de l’intervention. Je ne peux pas vous dire à quel point j’ai été ravi et stu­pé­fait lorsque mes tes­ti­cules ont été reti­rés et que mon amie m’a décrit le pro­ces­sus. C’était en quelque sorte l’ultime fémi­ni­sa­tion forcée. »
  • « J’ai plu­sieurs fan­tasmes que j’utilise pour atteindre l’orgasme. Tous sont auto­gy­né­philes d’une manière ou d’une autre. Dans l’un d’entre eux, je revis mon orchi­dec­to­mie, bien qu’un peu embel­lie par un groupe de femmes domi­nantes qui me castrent. Dans la réa­li­té, mon chi­rur­gien a réel­le­ment répon­du à ce fan­tasme en acquies­çant à ma demande que ce soit son assis­tante chi­rur­gi­cale qui coupe mes cor­dons spermatiques. »
  • « Je suis sous hor­mones depuis quatre ans main­te­nant et je connais les déve­lop­pe­ments phy­siques habi­tuels, que j’aime beau­coup. Mon endo­cri­no­logue me donne mes ordon­nances. J’apprécie qu’elle fasse des exa­mens phy­siques de mes seins qui se déve­loppent et de mes tes­ti­cules et organes mas­cu­lins qui s’atrophient. Elle me mesure tou­jours, et j’aime entendre par­ler de l’évolution de ma situa­tion depuis ma der­nière visite. La mesure de mes seins m’excite beau­coup mentalement. »

(Dans ces der­niers exemples, deux femmes du per­son­nel médi­cal par­ti­cipent à ce qui consti­tue des actes sexuels pour ces hommes para­philes. L’examen phy­sio­lo­gique effec­tué par la méde­cin, atten­du avec impa­tience par le para­phile, est source d’excitation sexuelle. Sous cette pers­pec­tive, les femmes méde­cins sont sexuel­le­ment uti­li­sées par ces hommes à leur insu.)

  • « J’ai 31 ans. À l’âge de 12 ou 13 ans, j’étais sexuel­le­ment exci­tée en por­tant les vête­ments de ma sœur et, plus tard, ceux de ma mère. En gran­dis­sant, j’ai vou­lu être une femme à plein temps. Aujourd’hui, à un an de l’opération de chan­ge­ment de sexe, je veux plus que cela. J’ai des fan­tasmes d’allaitement, de gros­sesse et de menstruation. »
  • « Je prends des hor­mones depuis près de 7 ans. Le fan­tasme d’avoir un corps de femme me pro­cure de l’excitation. J’ai éga­le­ment fan­tas­mé sur les règles et les cycles mens­truels. J’ai aus­si fan­tas­mé le fait d’être enceinte et de por­ter mon enfant, créé avec la semence de mon par­te­naire spé­cial, pro­fon­dé­ment implan­té dans mon uté­rus. L’allaiter avec mes seins serait tel­le­ment divin. »
  • « Je me consi­dère comme un trans­sexuel. Sur mes mil­liers d’expériences sexuelles, tant avec des femmes qu’en mas­tur­ba­tion, pro­ba­ble­ment 98 % ou plus se sont concen­trées sur des thèmes auto­gy­né­philes. Dans l’un de mes fan­tasmes pré­fé­rés, je suis marié à une femme fémi­niste car­rié­riste. Lorsqu’elle tombe enceinte, nous sommes d’accord pour nous par­ta­ger équi­ta­ble­ment la garde de l’enfant. Nous vou­lons éga­le­ment que le bébé soit nour­ri au sein. Nous déci­dons que je dois com­men­cer à prendre les hor­mones appro­priées pour pou­voir allai­ter. En rai­son de la pres­sion exer­cée par son tra­vail, je finis par prendre en charge l’ensemble de l’allaitement. Nous appre­nons qu’une pro­cé­dure a été mise au point pour per­mettre aux hommes de rece­voir l’ovule fécon­dé du couple et de tom­ber enceints. C’est par­fait pour sa car­rière, et je porte volon­tiers notre deuxième enfant. »
  • « J’ai tou­jours vou­lu avoir à m’asseoir sur des toi­lettes comme une femme. Pen­dant des années, j’ai por­té des acces­soires (afin de ne pas tou­cher ou diri­ger mon pénis) pour simu­ler la mic­tion fémi­nine. Par exemple, je por­tais une cein­ture et une pro­tec­tion mens­truelle à l’ancienne, sans la ser­viette absor­bante. L’enveloppe en maille main­te­nait mon pénis en posi­tion basse et pro­dui­sait un jet fémi­nin. J’urinais éga­le­ment à tra­vers des col­lants, ou je col­lais ou scot­chais mon pénis vers le bas. Pour moi, la plus grande joie de mon opé­ra­tion de chan­ge­ment de sexe est le rap­pel constant, chaque fois que j’utilise les toi­lettes, que ma mas­cu­li­ni­té a dis­pa­ru. Je suis tou­jours exci­té sexuel­le­ment en sachant que mon pro­ces­sus de mic­tion est iden­tique à celui d’une femme. »
  • « J’ai com­men­cé à prendre des hor­mones il y a envi­ron six mois et j’attends l’autorisation de subir une opé­ra­tion de chan­ge­ment de sexe. Ce qui m’excite le plus dans le fait d’être une femme, c’est de m’intégrer en tant que femme et d’avoir enfin le sen­ti­ment d’appartenir à un groupe. Je fan­tasme sou­vent sur le fait d’être opé­ré, de pou­voir aller à la salle de sport et de pou­voir enfin me dou­cher avec d’autres femmes après une bonne séance d’entraînement. Je suis vrai­ment exci­té par l’idée d’entrer dans la douche des femmes et d’être entou­ré de fémi­ni­té, et d’être en mesure d’accéder léga­le­ment aux toi­lettes des femmes. Ce que je veux dire, c’est que le fait de m’intégrer en tant que femme dans ces lieux signi­fie beau­coup pour moi sur le plan sexuel. »

Et c’est exac­te­ment pour­quoi les femmes ne veulent pas d’hommes dans leurs espaces sexospécifiques.

Law­rence commente :

« Comme le montrent ces extraits de récits, les mani­fes­ta­tions de l’autogynéphilie sont très diverses. Pour com­prendre cette diver­si­té, il faut savoir que les trans­sexuels auto­gy­né­philes peuvent envier et éro­ti­ser n’importe quels aspects de la fémi­ni­té ou du fait d’être une femme, des plus fon­da­men­taux et essen­tiels aux plus tri­viaux. Les trans­sexuels auto­gy­né­philes peuvent éro­ti­ser les aspects bio­lo­giques fon­da­men­taux de la femme, comme son ana­to­mie et ses fonc­tions phy­sio­lo­giques. Ils éro­tisent presque inva­ria­ble­ment le fait de por­ter des vête­ments fémi­nins — la mani­fes­ta­tion la plus répan­due de l’autogynéphilie. Ils peuvent éro­ti­ser n’importe quel aspect du com­por­te­ment typique des femmes, du plus uni­ver­sel au plus cultu­rel­le­ment spé­ci­fique. Ils peuvent même éro­ti­ser des aspects de l’expérience des femmes que la plu­part d’entre elles n’aiment pas, comme les attentes de la socié­té qui les obligent à se confor­mer à des normes ves­ti­men­taires ou com­por­te­men­tales contrai­gnantes, incom­modes ou incon­for­tables. L’une de mes clientes [un homme auto­gy­né­phile, mais Law­rence le genre au fémi­nin] a même décrit qu’elle était exci­tée par le fan­tasme de subir du sexisme : voir ses opi­nions igno­rées ou reje­tées parce qu’elle est une femme, ou être trai­tée comme incom­pé­tente dans des domaines tech­niques dans les­quels elle était experte lorsqu’elle vivait en tant qu’homme. Tous les aspects de l’expérience des femmes semblent pou­voir faire l’objet d’un fan­tasme auto­gy­né­phile[13]. »

Le livre dont les extraits de témoi­gnages ci-des­sus sont tirés.

*

Étant don­né la nature de ce féti­chisme sexuel, beau­coup d’autogynéphiles ont du mal à s’exprimer ouver­te­ment sur le sujet, à publi­que­ment recon­naître leur condi­tion. En rai­son de « l’excitation éro­tique intense, dérou­tante et embar­ras­sante qui semble à la fois ani­mer et dis­cré­di­ter leur désir d’avoir un corps de femme[14] », aucun des hommes auto­gy­né­philes qui se sont confiés à Law­rence n’estimait qu’il y avait lieu d’être fier de l’autogynéphilie, et beau­coup la consi­dé­raient clai­re­ment comme une honte. Et en cas d’exposition au grand jour, cette honte peut induire un pro­fond sen­ti­ment de colère, voire de rage.

Ce qui explique sans doute pour­quoi la théo­rie de l’auto­gynéphilie a subi, aux États-­Unis, une viru­lente attaque, prin­ci­pa­le­ment orches­trée par trois trans­sexuels homme-vers-femme, Lynn Conway, Andrea James et Deirdre McClos­key, qui occu­paient alors des posi­tions rela­ti­ve­ment pres­ti­gieuses. Conway était mon­dia­le­ment célèbre pour son tra­vail dans l’informatique auprès de l’université du Michi­gan. James, titu­laire d’une maî­trise en langue et lit­té­ra­ture anglaises de l’université de Chi­ca­go, four­nis­sait, depuis Hol­ly­wood, des conseils aux entre­prises sur les ques­tions trans­genres. Et McClos­key était ensei­gnait l’économie, l’histoire, l’anglais et la com­mu­ni­ca­tion à l’université de l’Illinois à Chicago.

En 2003, Conway, James et McClos­key ont com­men­cé à s’en prendre à John Michael Bai­ley, psy­cho­logue et pro­fes­seur à l’université Nor­th­wes­tern de Chi­ca­go, qui venait de sor­tir un livre inti­tu­lé The Man Who Would Be Queen : The Science of Gen­der-­Ben­ding and Trans­sexua­lism (« L’homme qui vou­lait être reine : la science de la tor­sion du genre et du trans­sexua­lisme »). Ce livre com­met­tait l’hérésie, aux yeux de Conway, James et McClos­key, de vul­ga­ri­ser les tra­vaux de Blan­chard sur le trans­sexua­lisme, et notam­ment sa typo­lo­gie androphiles/autogynéphiles.

Helen Joyce résume l’histoire dans son excellent livre sur le phé­no­mène trans paru en 2021 :

« Bai­ley savait que son livre serait cri­ti­qué par les mili­tants qui désap­prou­vaient la typo­lo­gie de Blan­chard. Mais le niveau de vitriol l’a cho­qué — tout comme Blan­chard, qui a res­sen­ti la “culpa­bi­li­té du sur­vi­vant” de voir Bai­ley pris pour cible, et l’horreur des dia­tribes qui ont com­men­cé à être publiées en ligne à pro­pos de lui, aussi. […] 

L’université de Bai­ley a reçu des plaintes allé­guant qu’il avait enfreint les règles régis­sant la recherche sur des sujets humains, qu’il avait cou­ché avec l’un de ces sujets et qu’il avait été payé pour rédi­ger des lettres de recom­man­da­tion pour des per­sonnes cher­chant à subir une opé­ra­tion de chan­ge­ment de sexe — des délits pas­sibles de licen­cie­ment, s’ils se révé­laient exacts. Une allé­ga­tion a été faite auprès de l’autorité de régu­la­tion de l’État selon laquelle il pra­ti­quait la psy­cho­lo­gie sans licence. Des rumeurs ont cir­cu­lé selon les­quelles il avait aban­don­né sa famille et avait un pro­blème d’alcool. Son livre avait été nomi­né pour un “Lam­my”, un prix récom­pen­sant l’excellence dans la célé­bra­tion ou l’exploration des thèmes LGBT. À la suite de pro­tes­ta­tions, sa nomi­na­tion a été retirée.

La famille de Bai­ley a éga­le­ment été prise pour cible. Andrea James […] a mis en ligne des pho­tos des enfants de Bai­ley, avec des légendes disant qu’il “y a deux types d’enfants dans le foyer Bai­ley” : ceux “qui ont été sodo­mi­sés par leur père [et ceux] qui ne l’ont pas été”, et deman­dant si sa jeune fille était “une exhi­bi­tion­niste affa­mée de bite, ou une para­phile qui prend son pied à l’idée de l’être”.

“La situa­tion est pas­sée de décon­cer­tante à déran­geante, puis à ter­ri­fiante”, explique Bai­ley. “Je savais que cer­taines per­sonnes n’aimaient pas les idées sur les­quelles j’écrivais ; je ne savais pas à quel point cer­taines per­sonnes devien­draient déran­gées ou se coor­don­ne­raient. De ter­ri­fiante, la situa­tion est deve­nue humi­liante. J’ai fait la une des jour­naux natio­naux, avec toutes sortes d’accusations, allant d’avoir men­ti à mes sujets de recherche jusqu’à avoir eu des rela­tions sexuelles avec eux.” Blan­chard et Law­rence se sont retran­chés et ont lais­sé pas­ser la tem­pête[15]. »

La cam­pagne contre Bai­ley a cepen­dant subi un revers impor­tant lorsque Alice Dre­ger, bioé­thi­cienne, his­to­rienne de la méde­cine et célèbre pour son rôle dans l’activisme en faveur des per­sonnes inter­sexes, s’est retrou­vée mêlée à l’affaire contre sa volon­té. Vers le milieu de l’année 2003, Dre­ger apprit par un de ses amis qu’elle avait été ins­crite comme sou­tien de la cam­pagne anti-­Bai­ley orga­ni­sée par Conway sur le site inter­net de ce der­nier, héber­gé par l’université du Michi­gan. Dre­ger com­men­ça par exi­ger que son nom soit reti­ré du site, étant don­né qu’elle igno­rait tout de l’histoire. Elle vou­lut ensuite en savoir plus. Les accu­sa­tions étaient si nom­breuses et si lar­ge­ment dif­fu­sées qu’elle pen­sait, ini­tia­le­ment, qu’elles devaient conte­nir une part de vérité.

Après une année pas­sée à enquê­ter, cepen­dant, elle ne put « arri­ver qu’à une seule conclu­sion : tout ça n’était qu’une vaste fumis­te­rie[16] ». Dans un essai publié en 2008[17], elle réfute toutes les accu­sa­tions por­tées contre Bai­ley, en s’appuyant sur des preuves tirées d’e-­mails et de plus d’une cen­taine d’entretiens. Elle rap­porte cette his­toire dans son livre inti­tu­lé Galileo’s Middle Fin­ger (« Le doigt d’honneur de Gali­lée »), paru en 2015 et célé­bré par la critique.

Bai­ley avait été ciblé pour avoir ren­du publiques des idées que les tran­sac­ti­vistes vou­laient voir enter­rées, conclut Dre­ger. C’est elle qui a expo­sé les trois prin­ci­paux res­pon­sables (James, Conway et McClos­key) de la cam­pagne contre Bai­ley et son livre. Comme elle l’explique :

« Il est clair, au vu des réac­tions contre [le livre de Bai­ley], que ce que Conway, James, McClos­key, Burns et d’autres trans­sexuels impli­qués détes­taient et reje­taient le plus dans cet ouvrage, c’était l’idée d’autogynéphilie[18]. »

Et pour­tant, de manière à la fois très para­doxale et signi­fi­ca­tive, plu­sieurs de ces trans­sexuels avaient ouver­te­ment admis, avant la paru­tion du livre de Bai­ley, res­sen­tir une exci­ta­tion sexuelle liée au fait de s’imaginer en femme, typique de l’autogynéphilie. Dre­ger, qui uti­lise des pro­noms fémi­nins pour par­ler des trans­sexuels hommes-­qui-­se-­disent-femmes, remarque que « McClos­key nie caté­go­ri­que­ment que le concept de “l’autogynéphilie” s’applique à elle (et a d’ailleurs récem­ment infor­mé mon rec­teur qu’elle me pour­sui­vrait en jus­tice, ain­si que mon uni­ver­si­té, si j’osais la diag­nos­ti­quer comme telle) », alors qu’« elle évoque dans son auto­bio­gra­phie une exci­ta­tion pré­tran­si­tion­nelle à l’idée de deve­nir ou d’être l’autre sexe[19] ». Effec­ti­ve­ment, voi­ci ce que l’on peut lire dans l’autobiographie de McClos­key (qui se désigne en recou­rant à la troi­sième per­sonne et se genre au mas­cu­lin en racon­tant sa vie pré-« transition ») :

  • « Un jour de décembre 1953, il rentre malade de l’é­cole. Sa mère était en bas, dans la cui­sine, avec sa nou­velle petite sœur. Il fai­sait ses pre­miers rêves humides de mas­cu­li­ni­té. Curieu­se­ment, il rêvait de fémi­ni­té, de la pos­sé­der, d’être femme. À l’é­tage, dans la salle de bains, il prit une culotte de sa mère dans le panier à linge, l’en­fi­la et res­sen­tit une bouf­fée de plai­sir sexuel […]. »
  • « Dans la biblio­thèque de Har­vard, il lit, pour se sti­mu­ler sexuel­le­ment, la par­tie consa­crée à l’éonisme dans les Études de psy­cho­lo­gie sexuelle de Have­lock Ellis. »
  • « Au bout de quelques semaines, il com­prit com­ment accé­der à “alt.sex”, qui conte­nait des maté­riaux pour ses fan­tasmes dans une abon­dance qui le sur­pre­nait. Cela l’ex­ci­tait aus­si. Pen­dant des semaines, il pas­sa quelques heures par jour sur Inter­net, chaque fois qu’il pou­vait trou­ver du temps dans un semestre d’en­sei­gne­ment dou­ble­ment sur­char­gé, et il se concen­tra sur les par­ties por­no­gra­phiques. Il y avait là une biblio­thèque expres­sé­ment conçue pour l’ex­ci­ta­tion sexuelle des tra­ves­tis, et il était excité. »
  • « La pré­oc­cu­pa­tion de Donald pour le pas­sage d’un sexe à l’autre s’est mani­fes­tée par un fait peu glo­rieux concer­nant les maga­zines por­no­gra­phiques qu’il uti­li­sait. Il existe deux types de maga­zines de tra­ves­tis­se­ment : ceux qui pré­sentent les hommes en robe avec les par­ties intimes à l’air et ceux qui les pré­sentent cachées. Il n’a jamais pu être exci­té par les maga­zines mon­trant les par­ties intimes. Son fan­tasme était celui d’une trans­for­ma­tion com­plète, pas celui d’une mas­cu­li­ni­té lor­gnant vers l’extérieur. Il vou­lait ce qu’il voulait. »

Lynn Conway, en ce qui le concerne, s’exhibait sur son site inter­net uni­ver­si­taire « dans un biki­ni mou­lant, sous dif­fé­rents angles », mais aus­si « en mini-­jupe, en petite robe noire et en robe de mariée blanche[20] », etc.

Un autre trans­sexuel impli­qué dans la cam­pagne contre Bai­ley avait admis à Law­rence que son moyen d’atteindre l’orgasme après sa « chi­rur­gie de réas­si­gna­tion sexuelle » consis­tait à « fan­tas­mer sur la fémi­ni­sa­tion for­cée[21] ». (La « fémi­ni­sa­tion for­cée » est une pra­tique féti­chiste, un fan­tasme sexuel et une caté­go­rie de por­no­gra­phie dans laquelle un indi­vi­du, géné­ra­le­ment un homme, est contraint d’adopter des vête­ments, des com­por­te­ments ou des manières fémi­nines, et ain­si d’être « fémi­ni­sée » de force.)

Et un autre, encore, avait ouver­te­ment admis être auto­gynéphile : Andrea James lui-même, l’un des plus viru­lents cri­tiques de Bai­ley, Blan­chard et de la théo­rie de l’auto­gynéphilie. En 1998, James avait écrit un e-­mail à Anne Law­rence afin de le féli­ci­ter pour un article qu’il venait d’écrire sur l’autogynéphilie, et de par­ler de ses propres expé­riences directes et indi­rectes en matière d’autogynéphilie. Dre­ger cite de longs extraits de ce mes­sage, qui illustre le chan­ge­ment radi­cal d’attitude de James entre 1998 et 2003, date à laquelle Conway, James, McClos­key et d’autres s’associèrent afin de dis­cré­di­ter Bai­ley, Blan­chard, Law­rence et toute per­sonne ayant favo­ra­ble­ment évo­qué l’autogynéphilie en tant que fac­teur du transsexualisme.

Dans un e-­mail daté du 9 novembre 1998, et ayant pour objet « Excellent papier ! », James avait écrit à Lawrence :

« Je viens de lire votre article sur l’autogynéphilie [“Men trap­ped in men’s bodies : An intro­duc­tion to the concept of auto­gy­ne­phi­lia” (“Des hommes coin­cés dans des corps d’hommes : une intro­duc­tion au concept de l’auto­gynéphilie”, Law­rence, 1998)] et l’ai trou­vé excellent, comme pré­vu. Je suis sûre que vous avez reçu toute une série de réac­tions, car les TS [les trans­sexuels] sont extrê­me­ment réti­cents à être caté­go­ri­sés et défi­nis par d’autres. Une défi­ni­tion est intrin­sè­que­ment inclu­sive ou exclu­sive, et il y aura tou­jours quelqu’un qui ne se sen­ti­ra pas à sa place dans une défi­ni­tion ou hors d’une défi­ni­tion. En 1996, j’ai été atta­quée par les sus­pects habi­tuels pour avoir recom­man­dé un livre de Blanchard.

Certes, il est un peu l’Antéchrist pour les ama­teurs de chi­rur­gie, et j’ai enten­du des his­toires hor­ribles sur l’institut qu’il dirige, qui jus­ti­fient le sur­nom de “Juras­sic Clarke”. Cepen­dant, j’ai trou­vé nombre de ses obser­va­tions tout à fait valables, voire brillantes, en par­ti­cu­lier lorsqu’il s’agit de dis­tin­guer les sché­mas de pen­sée et de com­por­te­ment des TS en début et en fin de tran­si­tion. Je n’adhère pas non plus à tout ce que dit Freud, mais cela n’invalide en rien ses nom­breuses et brillantes obser­va­tions[22]. »

James pour­suit : « Main­te­nant que j’ai reçu beau­coup de lettres de TS, je constate que votre article confirme mes propres expé­riences. » Puis men­tionne quelques exemples pré­cis de trans­sexuels homme-­vers-­femme de sa connais­sance, avant de noter :

« J’ai remar­qué, chez la plu­part des TS, et en par­ti­cu­lier chez les “accros à la chi­rur­gie”, une cer­taine forme de dégoût de soi, une volon­té d’effacer toute trace de mas­cu­li­ni­té. Bien que j’admette volon­tiers ma propre auto­gy­né­phi­lie, je sou­tiens que mes pul­sions de fémi­ni­sa­tion semblent en par­tie issues d’une volon­té de m’éloigner de l’autre pôle [c’est-­à-­dire de se dis­tan­cier de la mas­cu­li­ni­té][23]. »

*

Grâce au méti­cu­leux tra­vail d’Alice Dre­ger et de Bene­dict Carey — un jour­na­liste du New York Times qui s’est inté­res­sé à l’histoire, a exa­mi­né l’enquête de Dre­ger, puis publié un compte-­ren­du de l’affaire sur le site du Times[24] —, la répu­ta­tion et la car­rière de Bai­ley ont pu être en par­tie réhabilitées.

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La viru­lence et les méthodes ignobles employées par James, Conway, McClos­key et consorts contre Bai­ley ; l’admission de James et les confi­dences auto­bio­gra­phiques de McClos­key ; le désir fré­né­tique d’empêcher toute dif­fu­sion de la typo­lo­gie de Blan­chard ; tout ceci nous semble indi­quer que Ray Blan­chard avait visé juste. Mais aus­si qu’entre-­temps, les ambi­tions crois­santes des auto­gy­né­philes — en matière de droits, d’accès aux trai­te­ments hor­mo­no-­chi­rur­gi­caux, etc. — avaient impo­sé un chan­ge­ment de stra­té­gie. Dans la nou­velle forme que le mou­ve­ment trans com­men­çait à adop­ter, la théo­rie de l’auto­gynéphilie ne pou­vait pas être tolé­rée, du tout.

*

Comme nous l’exposons suc­cinc­te­ment au cha­pitre pré­cé­dent, le phé­no­mène trans est en grande par­tie le pro­duit de la volon­té d’hommes auto­gy­né­philes. Et, selon toute pro­ba­bi­li­té, ce sont tou­jours des hommes auto­gy­né­philes que l’on trouve au cœur du réac­teur qui pro­pulse le mou­ve­ment aujourd’hui. C’est prin­ci­pa­le­ment dans le but de légi­ti­mer leurs puis­sants dési­rs que le sys­tème de croyances tran­si­den­ti­taire, com­po­sé de diverses cha­pelles qui ne s’accordent pas tou­jours — sauf à occul­ter tota­le­ment l’autogynéphilie, l’aspect sexuel qui est au fon­de­ment du trans­gen­risme — a pris forme.

Cela explique sans doute en grande par­tie pour­quoi ce sont des femmes qui font l’objet d’une détes­ta­tion par­ti­cu­lière de la part du mou­ve­ment trans (comme l’exemplifie la popu­la­ri­té de l’acronyme TERF, pour Trans Exclu­sio­na­ry Radi­cal Femi­nist, soit « fémi­niste radi­cale excluant les trans »), « bien que ce soit des hommes qui com­mettent la qua­si-­to­ta­li­té des actes de har­cè­le­ment et de vio­lence à l’encontre des per­sonnes trans[25] », remarque Helen Joyce. Selon Blan­chard, les agis­se­ments des mili­tants et du mou­ve­ment trans dans son ensemble, au cours de ces der­nières années, sug­gèrent que ses lea­ders sont pour la plu­part des auto­gy­né­philes. Leur colère résulte du fait qu’ils jalousent les femmes et du res­sen­ti­ment lié au fait de ne pas être accep­tés par les femmes comme fai­sant par­tie des leurs. « Ils dirigent leur colère contre les femmes parce que ce sont elles qui frus­trent leurs dési­rs. Les hommes sont lar­ge­ment hors de pro­pos[26]. »

*

La théo­rie de l’autogynéphilie conti­nue de faire l’objet d’une ten­ta­tive de dis­cré­dit. James, McClos­key et Conway font tou­jours leur pos­sible pour déni­grer les tra­vaux de Blan­chard, Bai­ley et al. Mais aujourd’hui, les prin­ci­paux détrac­teurs de l’autogynéphilie sont trois (autres) hommes (dont deux trans­sexuels homme-vers-femme) : Jai­mie F. Veale, Julia Sera­no et Charles Moser. Leurs méthodes dif­fèrent en par­tie de celles de leurs pré­dé­ces­seurs : Veale, Sera­no et Moser pro­duisent des études qui pré­tendent inva­li­der la théo­rie de l’autogynéphilie.

Le pre­mier, Jai­mie F. Veale, trans­sexuel homme-vers-femme qui se dit « femme trans­genre » et psy­cho­logue, a qua­li­fié « d’attaque contre les droits humains des per­sonnes trans » la désap­pro­ba­tion ayant sui­vi la par­ti­ci­pa­tion de Lau­rel Hub­bard — un homme de 40 ans et hal­té­ro­phile pro­fes­sion­nel — dans la caté­go­rie réser­vée aux femmes de la com­pé­ti­tion d’haltérophilie aux JO de 2019.

Le second, Julia Sera­no, est aus­si un indi­vi­du ayant héri­té du « sexe mâle à la nais­sance » mais qui se disant femme. Acti­viste trans rela­ti­ve­ment notoire outre-­At­lan­tique, aux États-­Unis, bio­lo­giste de for­ma­tion, Sera­no a écrit un livre inti­tu­lé Whip­ping girl (« Fille fouet­tée » dans un jeu de mots avec whip­ping boy qui signi­fie « bouc-­émis­saire »), dont voi­ci un extrait (Sera­no se genre gram­ma­ti­ca­le­ment au fémi­nin, évi­dem­ment, mais gar­dez en tête qu’il s’agit d’un mâle) :

« Lorsque j’ai atteint la puber­té, mon atti­rance nou­velle pour les femmes a enva­hi mes rêves de deve­nir une fille. Pour moi, la sexua­li­té est deve­nue un étrange mélange de jalou­sie, de dégoût de soi et de convoi­tise. Car lorsque vous iso­lez une ado­les­cente trans­genre impres­sion­nable et que vous la bom­bar­dez de pan­neaux publi­ci­taires mon­trant des femmes en biki­ni et de pro­pos raco­leurs dans les ves­tiaires des gar­çons sur les seins de cette fille et le cul de cette autre, elle appren­dra à trans­for­mer son iden­ti­té de genre en fétiche.

[…] mon cer­veau de 13 ans s’est mis à concoc­ter des scé­na­rios droits sor­tis de manuels sado­ma­so­chistes. La plu­part de mes fan­tasmes com­men­çaient par mon enlè­ve­ment : je deve­nais de la pâte à mode­ler entre les mains d’un homme tor­du qui me trans­for­mait en femme dans le cadre de son plan dia­bo­lique. C’est ce qu’on appelle la fémi­ni­sa­tion for­cée, et il ne s’agit pas vrai­ment de sexe. Il s’agit de trans­for­mer l’humiliation que vous res­sen­tez en plai­sir, de trans­for­mer la perte du pri­vi­lège mas­cu­lin en la meilleure des baises.

[…] À la fin de mon ado­les­cence, je me fan­tas­mais ven­due comme esclave sexuelle et sou­mise à des hommes étranges qui pro­fi­taient de moi. Ce n’était pas tant que j’étais atti­rée par les hommes, mais que les films et les maga­zines don­naient l’impression qu’être fémi­nine signi­fiait se lais­ser domi­ner par les hommes. Dans mon esprit, j’étais pla­quée au sol par des corps si grands qu’ils m’éclipsaient, je res­sen­tais les dou­leurs fan­tômes accom­pa­gnant le pelo­tage non dési­ré de par­ties cor­po­relles qui ne m’appartenaient pas encore, j’éprouvais l’impuissance de voir un incon­nu enfon­cer sa bite dans la chatte que je me détes­tais de vou­loir avoir. Et à chaque pous­sée ima­gi­naire, je res­sen­tais simul­ta­né­ment de l’extase et de la honte. Mes fan­tasmes de viol étaient des sacre­ments catho­liques bâtards, car je me décul­pa­bi­li­sais en com­bi­nant mon désir d’être une femme avec la péni­tence et la puni­tion que je m’infligeais[27]. »

Le troi­sième, Charles Moser, est un sexo­logue pro­mo­teur du BDSM qui passe son temps à ten­ter de dépa­tho­lo­gi­ser toutes sortes de paraphilies.

Les études qu’ils ont réa­li­sées pour ten­ter de réfu­ter l’autogynéphilie se concentrent autour de l’idée que les femmes aus­si res­sen­ti­raient de l’autogynéphilie, et qu’ainsi l’autogynéphilie obser­vée chez les hommes qui se disent femmes (les « femmes trans­genres ») serait en quelque sorte la preuve qu’ils sont des femmes. Pour ten­ter de mon­trer cela, ils ont modi­fié les méthodes d’évaluation de la typo­lo­gie de Blan­chard de manière à « l’adapter » aux femmes. Sauf que ce fai­sant, ils ont éga­le­ment chan­gé la défi­ni­tion de l’autogynéphilie, en omet­tant l’élément le plus impor­tant : le fait d’être sexuel­le­ment exci­té à l’idée d’être une femme et/ou de faire des choses typi­que­ment asso­ciées à la fémi­ni­té [28]. Par exemple, l’une des ques­tions de Blan­chard était « avez-­vous déjà res­sen­ti de l’excitation sexuelle en vous met­tant du par­fum pour femme ou du maquillage, ou en vous rasant les jambes ? ». Chez Moser, elle devient la pro­po­si­tion sui­vante : « J’ai déjà été exci­tée tan­dis que je me pré­pa­rais (en me rasant les jambes, en me maquillant) avant une soi­rée roman­tique et/ou dans l’espoir de trou­ver un par­te­naire sexuel. » Ce qui est très dif­fé­rent. On parle alors d’une exci­ta­tion liée à l’anticipation d’une ren­contre avec un par­te­naire sexuel. Et non pas d’une exci­ta­tion sexuelle liée au seul fait de s’apprêter en pen­sant que l’on est une femme.

Il s’agit du genre d’altération des cri­tères de Blan­chard que Moser a com­mis dans son étude. Les quelques études de Moser, Vale et Sera­no publiées entre 2002 et 2022 ont été minu­tieu­se­ment réfu­tées par J. Michael Bai­ley, Kevin Hsu (un autre psy­cho­logue), Anne Law­rence et alii. Dans une lettre à l’éditeur parue en novembre 2022 sur le site de la revue Archives of Sexual Beha­vior[29], Bai­ley asso­cie toute cette tar­tu­fe­rie uni­ver­si­taire aux attaques incroya­ble­ment mal­hon­nêtes qu’il subit depuis la publi­ca­tion de son livre.

Pour en savoir plus sur le sujet, l’ouvrage d’Anne Law­rence paru en 2013, Men Trap­ped in Men’s Bodies, est une réfé­rence. De même que les études que conti­nuent de mener J. Michael Bai­ley, Kevin Hsu et alii.

D’autres élé­ments concer­nant l’autogynéphilie sont expo­sés dans le cha­pitre que nous consa­crons à la rela­tion entre por­no­gra­phie et transidentité.

*

Pour conclure cette par­tie, rap­pe­lons cette évi­dence que les hommes auto­gy­né­philes ne sont que cela, des hommes auto­gy­né­philes. Pas des femmes. Les hor­mones et la chi­rur­gie n’y changent rien. Peu nous chaut que des hommes assou­vissent leurs fan­tasmes en ache­tant et por­tant tels ou tels vête­ments. Mais que l’on cède à leur exi­gence féti­chiste en les auto­ri­sant à accé­der aux espaces et ser­vices réser­vés aux femmes, en revanche, est aber­rant, indigne. Que leur soient rem­bour­sés les opé­ra­tions chi­rur­gi­cales et les trai­te­ments médi­caux visant à assou­vir leurs fan­tasmes nous semble pareille­ment pro­blé­ma­tique et indé­cent, au regard de tous les trai­te­ments, tous les soins autre­ment plus vitaux qui ne sont pas rem­bour­sés, notam­ment le diag­nos­tic et la prise en charge de cer­taines patho­lo­gies spé­ci­fiques aux femmes, relé­gués à une place secon­daire, dans une socié­té où la méde­cine est elle aus­si patriarcale.

Enfin, étant don­né que l’autogynéphilie semble, du moins en par­tie, décou­ler de l’organisation patriar­cale de la socié­té, dans la mesure où elle cor­res­pond à une éro­ti­sa­tion de la subor­di­na­tion des femmes et de leur objec­ti­fi­ca­tion, il semble que l’une des meilleures manières d’éviter les souf­frances et les hontes que les auto­gy­né­philes peuvent res­sen­tir consiste à en finir avec le patriarcat.


  1.  Kath­leen Stock, « La gauche, les pro­gres­sistes et les libé­raux ont un pro­blème de féti­chisme », tra­duc­tion pour le site Le Par­tage d’un article ini­tia­le­ment paru le 22 sep­tembre 2022 sur le média Unherd : https://www.partage-le.com/2022/09/26/la-gauche-les-progressistes-et-les-liberaux-ont-un-probleme-de-fetichisme-par-kathleen-stock/
  2.  « Qu’est-­ce que l’autogynéphilie ? Un entre­tien avec le Dr Ray Blan­chard », Quillette, 6 novembre 2019, tra­duc­tion par Audrey A. pour le site Le Par­tage : https://www.partage-­le.com/2023/02/17/quest-­ce-­que-­lautogynephilie-­un-­entretien-­avec-­le-­dr-­ray-­blanchard/
  3.  Ray Blan­chard, dans la pré­face du livre Men Trap­ped in Men’s Bodies : Nar­ra­tives of Auto­gy­ne­phi­lic Trans­sexua­lism (« Des hommes pié­gés dans des corps d’hommes : Récits de trans­sexua­lisme auto­gy­ne­phile ») écrit par le sexo­logue et psy­cho­logue Anne Law­rence, lui-­même trans­sexuel auto­gy­né­phile, et paru en 2013 aux édi­tions de Sprin­ger Science.
  4.  « Qu’est-­ce que l’autogynéphilie ? Un entre­tien avec le Dr Ray Blan­chard », op. cit.
  5.  John Michael Bai­ley, The Man Who Would Be Queen : The Science of Gener-­Ben­ding and Trans­sexua­lism (« L’homme qui vou­lait être reine : la science de la flexion du genre et du trans­sexua­lisme »), Joseph Hen­ry Press, 2003.
  6.  Helen Joyce, Trans : When Ideo­lo­gy Meets Rea­li­ty (« Trans : quand l’idéologie se heurte à la réa­li­té »), One­world book, 2021.
  7.  Ibid.
  8.  Anne Law­rence, Men Trap­ped in Men’s Bodies : Nar­ra­tives of Auto­gy­ne­phi­lic Trans­sexua­lism (« Des hommes pié­gés dans des corps d’hommes : Récits de trans­sexua­lisme auto­gy­ne­phile »), Sprin­ger Science, 2013.
  9.  Ibid.
  10.  Ibid.
  11.  Il existe des sites web dédiés à la vente de « cos­tumes de femme » (woman suits) enceintes à revê­tir comme des secondes peaux pour que les tra­ves­tis sexuels puissent plei­ne­ment vivre leur para­phi­lie. Atten­tion, conte­nu sexuel expli­cite : Roanyer.com
  12.  Anne Law­rence, Men Trap­ped in Men’s Bodies, op. cit.
  13.  Ibid.
  14.  Ibid.
  15.  Helen Joyce, Trans, op. cit.
  16.  Alice D. Dre­ger, Galileo’s Middle Fin­ger : Here­tics, Acti­vists, and One Scholar’s Search for Jus­tice (« Le doigt d’honneur de Gali­lée : les héré­tiques, les acti­vistes et la quête de jus­tice d’un cher­cheur »), Pen­guin Press, 2015.
  17.  Alice D. Dre­ger, « The Contro­ver­sy Sur­roun­ding The Man Who Would Be Queen : A Case His­to­ry of the Poli­tics of Science, Iden­ti­ty, and Sex in the Inter­net Age » (« La contro­verse autour de The Man Who Would Be Queen : Une étude de cas sur la poli­tique de la science, de l’identité et du sexe à l’ère d’Internet »), Archives of Sexual Beha­vior, 23 avril 2008 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3170124/pdf/10508_2007_Article_9301.pdf
  18.  Alice D. Dre­ger, « The Contro­ver­sy Sur­roun­ding The Man Who Would Be Queen : A Case His­to­ry of the Poli­tics of Science, Iden­ti­ty, and Sex in the Inter­net Age », op., cit.
  19.  Ibid.
  20.  Alice D. Dre­ger, op. cit.
  21.  Alice D. Dre­ger, op. cit.
  22.  Andrea James, cité dans Alice D. Dre­ger, op. cit.
  23.  Andrea James à Anne Law­rence, 9 novembre 1998, cité dans Alice D. Dre­ger, op. cit.
  24.  Bene­dict Carey, « Cri­ti­cism of a Gen­der Theo­ry, and a Scien­tist Under Siege », New York Times, 21 août 2007 : https://www.nytimes.com/2007/08/21/health/psychology/21gender.html
  25.  Helen Joyce, Trans, op. cit.
  26.  Ray Blan­chard, cité dans Helen Joyce, Trans, op. cit.
  27.  Julia Sera­no, Whip­ping Girl : A Trans­sexual Woman on Sexism and the Sca­pe­goa­ting of Femi­ni­ni­ty (« Fille à fouet­ter : une femme trans­sexuelle sur le sexisme et la dési­gna­tion de la fémi­ni­té comme bouc émis­saire »), Seal Press, 2007.
  28.  J. Michael Bai­ley & Kevin J. Hsu, « How Auto­gy­ne­phi­lic Are Natal Females ? » (« Dans quelle mesure les femelles natu­relles sont-­elles auto­gy­né­philes ? »), Archives of Sexual Beha­vior, 27 juin 2022 : https://link.springer.com/article/10.1007/s10508-­022-­02359-­8
  29.  J. Michael Bai­ley, « Auto­gy­ne­phi­lia and Science : A Res­ponse to Moser (2022) and Sera­no and Veale (2022) » (« Auto­gy­né­phi­lie et science : Une réponse à Moser (2022) et Sera­no et Veale (2022) »), Archives of Sexual Beha­vior, 28 novembre 2022 : https://link.springer.com/article/10.1007/s10508-­022-­02482-­6
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À propos de l'auteur Le Partage

« Plus on partage, plus on possède. Voilà le miracle. »En quelques années, à peine, notre collec­tif a traduit et publié des centaines de textes trai­tant des prin­ci­pales problé­ma­tiques de notre temps — et donc d’éco­lo­gie, de poli­tique au sens large, d’eth­no­lo­gie, ou encore d’an­thro­po­lo­gie.contact@­par­tage-le.com

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