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par Panagiotis Grigoriou
La Thessalie, ma région d’origine vient d’être en partie inondée. D’ailleurs j’y suis en ce moment. Pluies diluviennes, d’une pluviométrie ayant varié par certains endroits entre 150 et même 700 millimètres de pluie en quelques heures seulement.
Le… phénomène a débuté lundi dernier pour finir jeudi en fin de journée. Ledit phénomène, et non pas hélas ses conséquences.
Les gouvernants ont été pris de cours et les Thessaliens… par les cours d’eau. Les digues n’ont pas tenu, de même que de nombreux ponts. Notre rivière, Piniós et décidément son dieu du fleuve Pénée des anciens qui lui était associé, a largement débordé de son lit. Lors du phénomène analogue mais certes de moindre intensité d’il y a trois ans, les promesses et d’ailleurs les crédits destinés à prévoir si possible le pire, ont rempli les esprits et surtout les poches de ceux qui les ont faites.
Notre village et notre maison n’ont pas été affectés, mais bien à côté c’est comme on dit… le drame. À notre village, nous avons échangé de nos vivres entre voisins de la sorte à ne pas manquer, de même que de bouteilles d’eau, bonbonnes de gaz et bougies.
Nos derniers éleveurs ont évacué leurs maigres troupeaux de moutons vers des endroits plus sûrs, nous avons mobilisé les engins pour ouvrir et nettoyer les évacuations naturelles comme aménagées des eaux pluviales autour de la commune et nous avons mis à l’abri nos chiens et ainsi nos chats adespotes, liés au voisinage. Le boucher du village, resté sans électricité et sans suffisamment de courant depuis son générateur pour sauver tous ses frigos, a fait le tour des maisons de plus nécessiteux pour leur offrir la viande qui ne devait pas être perdue en ces heures… mouillées. Puis, nous avons attendu… et le moment venu, nous avons allumé nos bougies…
La ville de Trikala a été partiellement inondée le 7 septembre, puis au matin du 8 septembre, j’ai constaté que les choses allaient mieux. Certains au niveau local prétendent que les autorités du coin avec l’aval des gouvernants d’Athènes, auraient dévié sans toujours forcément prévenir, les cours d’eau vers les villages et les bourgades de la plaine, histoire d’épargner les villes de Trikala et de Karditsa.
Un habitant d’un village proche de la ville, me disait au matin du 8 septembre que sa localité a été inondée en moins de trois heures à partir de 3h du matin dans la nuit… sans prévenir pour évacuer la population.
Dans la région de Trikala et surtout au département voisin de Karditsa, c’est donc le plus grand drame. Plus précisément c’est la bourgade de Palamas aux quatre mille habitants, bourgade de la famille de ma mère située à 40 kilomètres de Trikala qui est littéralement sous les eaux. Là… on commence depuis le 7 septembre à… «repêcher» les cadavres. Pour l’essentiel, les photos qui accompagnent ce texte sont issues de Palamas.
Ma tente, âgée de 84 ans y était par exemple restée sur une table surhaussée chez elle durant 20 heures en attendant les secours. Sa maison pourtant surélevée de 1,5 mètre a été inondée. Bien entendu, sans électricité, ni téléphone, ni eau, comme nous également jusqu’à ce matin. Elle a téléphoné à ma mère hier matin via le mobile vers 5h désespérée, puis plus de nouvelles d’elle, plus de téléphone. Et tous les mobiles des proches depuis Palamas ont cessé d’émettre les uns après les autres et cela… jusqu’au moment d’après, celui des secours et encore.
C’est grâce à d’autres membres de la famille que nous avons appris qu’elle est en vie… secourue par les embarcations de l’armée depuis hier soir. Elle a tout perdu, elle touche une retraite de 350€ par mois et sa maison… comme toutes les maisons des… pauvres en Grèce, n’est pas assurée. Elle est seule, son mari est décédé, de même que mon cousin, son fils unique il y a 14 ans.
Mes autres cousins habitant Palamas, presque tous vivant de la terre, ont tout perdu. Cultures, champs, engins agricoles, maisons… Le pharmacien du coin et membre actif de l’association locale, laquelle a fait ce qu’elle a pu étant donné que le maire de Palamas fut très vite bloqué par les eaux à son tour, nous a dit, joint par téléphone hier matin, que le gros village est perdu… il est sans doute mort pour longtemps, voire pour toujours. Et déjà… dix morts parmi les habitants de Palamas et des villages environnants au soir du 8 septembre.
Je remercie déjà de tout cœur tous ceux, amis et lecteurs, ayant contribué afin de nous aider via la page donation de mon blog, ancien comme actuel.
Grèce, pays brûlée… ou inondé, c’est selon.
Amicalement,
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