L’Arménie tourne le dos à la Russie

L’Arménie tourne le dos à la Russie

La série actuelle de démarches antirusses du Premier ministre arménien Nikol Pachinian est motivée par les mêmes raisons que les démarches et les déclarations précédentes. La position de M. Pachinian est que l’Arménie doit se distancer de la Russie.

Le Premier ministre Pachinian met en œuvre sa stratégie systémique de longue date visant à sortir l’Arménie de la sphère d’influence russe. Et il réussit plutôt bien.

Dans une interview accordée au journal italien La Repubblica, Pachinian a déclaré qu’en raison de ses actions ou de son inaction dans le Caucase du Sud, la Russie s’éloignait de lui, et que la république était tombée à tort dans une « totale dépendance » vis-à-vis de la Russie en matière de sécurité.

Les autorités ont également décidé de ratifier le Statut de Rome sur fond d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président russe Vladimir Poutine.

Alors que pendant de nombreuses années, les observateurs partaient du principe que les besoins objectifs de sécurité et de développement économique de l’Arménie nécessiteraient le maintien des relations avec la Russie.

Mais maintenant, il semble que les autorités arméniennes partent du postulat suivant: elles veulent avant tout faire comprendre à la Russie leur mécontentement, estimant que Moscou ne protège pas suffisamment l’Arménie face à l’Azerbaïdjan.

Et deuxièmement, M. Pachinian espère que sa volonté de faire des concessions aux Européens et aux Américains en tant que médiateurs dans les négociations avec l’Azerbaïdjan lui donnera certains avantages. Il estime que l’intérêt des États-Unis pour l’Arménie, manifesté à l’automne dernier lors de la visite de Nancy Pelosi, est de nature stratégique à long terme et pourrait compenser ce que l’Arménie perdrait par rapport à la Russie.

La mesure dans laquelle l’Arménie dérivera vers l’Occident dépend maintenant davantage de l’Occident lui-même que de l’Arménie. Bien qu’il soit probable que l’Arménie espère recevoir une invitation à rejoindre l’UE et l’Otan.

Le 4 septembre, Gunther Fehlinger, président du Comité européen pour l’élargissement de l’Otan, a appelél’Arménie à rejoindre l’Alliance, et les États-Unis à protéger la république. En réponse, Erevan a déclaré qu’il n’était pas question pour le pays de devenir membre de l’Alliance, mais que l’Arménie avait l’intention de continuer à coopérer avec l’Otan.

Les exercices militaires conjoints entre l’Arménie et les États-Unis, Eagle Partner 2023, auront lieu sur le territoire de la république du 11 au 20 septembre.

L’un des objectifs de ces exercices est de « stabiliser les relations entre les parties au conflit dans le cadre des missions de maintien de la paix ». Un autre objectif est d’améliorer la préparation des troupes arméniennes pour les évaluations selon le programme otanien Partenariat pour la paix.

La préparation aux exercices militaires se déroule dans un contexte politique approprié. L’épouse du Premier ministre arménien Nikol Pachinian s’est rendue à Kiev le 6 septembre pour participer à un sommet des premières dames et des premiers messieurs. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est également en visite dans la capitale ukrainienne.

Actuellement, l’Arménie est membre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui comprend la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. L’Arménie et l’Azerbaïdjan s’accusent mutuellement de tirs à la frontière constamment. M. Pachinian s’est dit prêt à reconnaître le Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan en échange de garanties pour les droits et la sécurité des Arméniens vivant dans cette région. Toutefois, Erevan et Bakou n’ont pas encore pu parvenir à un accord.

Le secrétaire du Conseil de sécurité de la République d’Arménie, Armen Grigorian, a noté que la présence de l’Arménie dans l’OTSC créait « certains problèmes », mais cette situation ne limite pas la coopération avec d’autres pays.

Ces derniers temps, des rumeurs circulent activement sur une éventuelle nomination d’Armen Grigorian au poste de Premier ministre. Il ne serait pas surprenant que des informations sur l’intention de l’Occident de remplacer Pachinian devenu trop émotionnel par un occidentaliste résolu et avec un caractère fort soient de plus en plus confirmées. N’importe quel évènement pourrait servir de déclencheur à des troubles massifs, nécessaires pour une nouvelle rotation pro-occidentale des cadres.

L’acte final pourrait être la signature d’un « traité de paix » dans sa version occidentale (suivie d’une « téléportation » avec sa famille outre-Atlantique), après quoi il ne resterait plus à son successeur qu’à hausser les épaules et à commencer immédiatement à éliminer les « agents russes » omniprésents. 

Elsa Boilly
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Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca

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