La priorité aux logements pour la Fédération des cégeps

La priorité aux logements pour la Fédération des cégeps

La difficulté pour les étudiants de se trouver un toit refait régulièrement surface depuis le début de l’été. La Fédération des cégeps du Québec, reconnaissant qu’il peut y avoir « des difficultés importantes » dans l’accessibilité aux habitations et craignant pour la persévérance scolaire, veut faire du logement une priorité.

« On a l’intention, cet automne, d’en faire une priorité de la Fédération », souligne Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération, qui regroupe les 48 collèges publics du Québec, lors d’une rencontre éditoriale avec Le Devoir. « Dans la perspective que, oui, il y a des résidences, mais pas que ça, poursuit-il. Dans le réseau collégial, on a des modèles très variés et on veut que les gens puissent se partager ces modèles. »

Des initiatives régionales, comme l’achat d’un motel par un cégep, la location d’une résidence pour religieuses par un établissement ou l’hébergement d’étudiants dans un presbytère de Granby l’inspire. Les immeubles commerciaux vides à Montréal le laissent également songeur et il se demande si certains ne pourraient pas être convertis en logements étudiants. La construction de résidences peut se révéler très longue, d’où le fait « qu’il faut trouver des solutions agiles », insiste-t-il.

Un état des lieux sera fait par l’organisme pour avoir un portrait plus clair de la situation. La Fédération des cégeps réclamait par ailleurs un investissement de 100 millions de dollars dans ses demandes prébudgétaires, mais Québec a finalement décidé d’investir 17,5 millions pour le logement au collégial.

Le p.-d.g. reconnaît qu’il y a « des difficultés importantes », mais tempère en affirmant qu’à sa connaissance, « personne n’a planté de tente devant un cégep ». Le nombre de jeunes qui ont reporté leur entrée dans un programme faute de logement reste également modéré, croit-il. Des cégeps font beaucoup d’efforts pour trouver des solutions et font des appels à la collectivité. Mais les logements peuvent être loin, chers ou surchargés de colocataires.

De mauvaises conditions qui font craindre que des jeunes abandonnent leurs études en cours de route, indique Bernard Tremblay. « C’est une chose qu’au final, on puisse loger des jeunes. Ce qu’il faut voir, par contre, c’est : est-ce qu’on les loge dans des conditions qui assurent leur persévérance scolaire ? dit-il. Si les coûts sont trop élevés, est-ce qu’on va se retrouver avec des jeunes qui vont décrocher faute de moyens financiers ? »

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Ramener deux dates d’abandon ?

Le nombre d’étudiants au collégial est en hausse cette année dans presque toutes les régions du Québec, affichant une augmentation de 1,4 % à l’échelle provinciale, selon des données préliminaires de la Fédération. Il y a donc 175 474 inscrits dans le réseau. La tendance était plutôt à la baisse l’an dernier.

Les étudiants sont au rendez-vous, analyse Bernard Tremblay, qui se demande néanmoins quel sera le portrait le 19 septembre, qui est la date limite d’abandon des cours, et pour le reste de l’année. « Le contexte actuel nous inquiète, lance-t-il. Il y a l’attrait du marché du travail ou de travailler plus d’heures par semaine. Ajoutons à cela le coût de la vie. »

Les cégeps ont déjà eu deux dates d’abandon dans le passé, avec remboursement et sans remboursement, ce qui pourrait être une piste de solution. « On pense que ça, ce serait un facteur qui contribuerait à la persévérance, estime M. Tremblay, précisant être en discussion avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Le 19 septembre, ça donne peu de temps pour se décider. Donc, je pense que c’est un élément qui pourrait être motivant. » Le ministère serait ouvert à cette idée, poursuit-il, mais son application est complexe.

Plus d’étudiants internationaux

Le réseau collégial connaît en parallèle une hausse de près de 26 % des étudiants internationaux cette année, pour atteindre 8000 inscrits. Bernard Tremblay aimerait en avoir « trois fois plus », car les augmentations chaque année « restent des petits chiffres ». « Ça peut être une clé pour la régionalisation de l’immigration », croit-il.

Il note que les cégeps ne retirent pas de grosses sommes en provenance des étudiants internationaux en raison du modèle de financement actuel. Un étudiant africain sans bourse ou exemption peut payer en moyenne 15 000 $ de droits de scolarité, dit-il, qui s’en vont au ministère. « Quand le collège reçoit un étudiant international, il reçoit la subvention qu’il recevrait s’il s’agissait d’un Québécois, ainsi que 10 % supplémentaire », dit-il.

« C’est sûr qu’il faut mettre des actions en place, croit-il. On travaille beaucoup pour recruter des étudiants francophones à l’international. Donc peu importe le moyen, soit une révision de nos règles de financement ou une allocation de sommes additionnelles aux cégeps pour le recrutement. »

Cette semaine, le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, a par ailleurs accusé des établissements d’enseignement de contribuer à la crise actuelle en ne se souciant pas de l’impact des étudiants internationaux sur l’accès au logement, préférant encaisser leurs frais de scolarité. Il a donc évoqué l’option de plafonner leur nombre.

« C’est une mauvaise idée », tranche Bernard Tremblay. Il estime que la réalité au Québec « est vraiment différente » de celle du reste du Canada. « Même s’il y a des enjeux de logement, c’est important pour la vitalité de nos établissements et dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre », dit-il.

Le ministre s’est dit prêt à discuter de la question avec les établissements d’éducation supérieure. « S’il y a des rencontres, je m’attends à ce que le gouvernement fédéral fasse un effort particulier pour bien comprendre la réalité québécoise », souligne M. Tremblay.

<h4>À voir en vidéo</h4>

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Source : Lire l'article complet par Le Devoir

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À propos de l'auteur Le Devoir

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