Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’Amour

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’Amour

Illustration : Représentation du mythe grec d’Éros (amour-désir) et Psyché (âme) symbolisant l’amour humain accompagnée d’un fragment du tableau « L’allégorie de la charité » par Francisco de Zurbaran.

L’amour de Dieu est-il véritablement l’originalité du christianisme?

Sans aucun doute, mais encore faut-il bien comprendre ce que nous voulons dire par «charité» et «amour de Dieu». En français, le mot «charité» est parfois réduit à une forme de générosité matérielle envers les pauvres, comme dans l’expression «œuvres de charité».

Mais le mot «charité» (agapè) dans le vocabulaire biblique désigne d’abord un amour divin. Dans sa première lettre, saint Jean écrit: «Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour» (1 Jn 4,16).

La nouveauté, ou l’originalité du judéo-christianisme est d’abord dans ce fait que nous sommes aimés de Dieu d’une manière qui dépasse nos attentes humaines.

Avant le Christ, les hommes pouvaient-ils imaginer que Dieu les aimait?

Pour les juifs, qui ont bénéficié les premiers de la Révélation, il n’y a pas de doute qu’ils ont cru à cet amour extraordinaire de Dieu. Mais les religions païennes (tout comme l’islam, d’ailleurs) tendent à concevoir les rapports entre Dieu et les hommes principalement dans un régime de justice. Les hommes doivent respect, obéissance et culte à Dieu, comme des créatures envers leur Créateur.

Mais l’idée que Dieu puisse nous aimer comme un père, nous adopter et nous partager sa vie divine, cela, c’est précisément, comme dit saint Paul, «ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme» (1 Co 2,9). Et comme il l’explicitera vers la fin de sa vie: «Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes!» (Ep 3,1).

Dieu nous aime, voilà une bonne nouvelle! Comment comprendre plus précisément ce que cela signifie?

À ce sujet, le philosophe allemand Joseph Pieper, qui fut un professeur du pape émérite Benoît XVI, est très intéressant. Dans son livre sur la vertu théologale de charité, il rappelle l’importance de réfléchir aussi bien au sujet qu’à l’objet de l’amour. Autrement dit, à qui aime et à qui est aimé.

Les théologiens réfléchissent spontanément sur le sujet de l’amour: pourquoi et comment Dieu nous aime-t-il? Mais il importe aussi de s’interroger sur nous qui sommes les objets de cet amour divin. Car comme le dit Pieper: «C’est comme si surgissait, de et par l’amour même, une sorte de nouvelle qualité de la personne, cette qualité qui consiste justement à “être-dans-l’amour”, laquelle, à son tour, de toute évidence, détermine et transforme fondamentalement le rapport au monde de celui qui en est revêtu.»

«Être-dans-l’amour» transforme notre rapport au monde… Mais comment ?

Je pense à un tout petit bébé. Qu’il soit aimé ou pas, cela ne change rien à sa nature. Mais c’est parce que ce bébé «est aimé» de sa mère qu’il peut survivre, qu’elle le nourrira, le lavera, le protègera, etc. Avant même d’être conscient, de «se-savoir-aimé» par sa mère, le bébé reçoit de nombreux biens grâce au fait qu’il est aimé d’elle.

Et quand la conscience d’être aimé s’ajoute, alors d’autres biens s’ajoutent aussi, comme la confiance qui chasse la crainte et suscite l’amour envers celui qui nous aime. De la même manière, pour nous chrétiens qui sommes des enfants de Dieu, «être-dans-l’amour» de Dieu change tout parce qu’être aimé de Dieu nous donne l’existence!

Ne faut-il pas plutôt exister avant d’être aimé? Comment aimer quelqu’un qui n’existe pas?

Avant d’être des fils, nous sommes des créatures de Dieu. Nous existons seulement parce que Dieu a librement décidé de nous créer. Nous existons donc parce que Dieu nous veut, nous sommes le produit de l’amour divin. En ce sens, nous pouvons dire que notre cause est l’amour de Dieu, que nous sommes faits ou tissés d’amour de Dieu.

Le premier sens de l’expression «Dieu nous aime» est donc simplement que «Dieu nous crée». «Je suis aimé, donc je suis», selon l’ordre de causalité; ou bien: «Je suis, donc je suis aimé», selon l’ordre de découverte.

L’œuvre de tout artiste n’existe que parce que ce dernier a bien voulu, a désiré la créer. Et de même que l’artiste imaginait en lui ce qu’il avait l’intention de créer, de même Dieu aimait la pensée de nous en lui avant de nous poser dans l’existence.

Cette qualité créatrice de l’amour de Dieu ne se retrouve-t-elle pas aussi dans notre amour humain?

D’une certaine manière oui, bien qu’au sens strict, Dieu seul est créateur. Maurice Blondel a dit que «l’amour est par excellence ce qui fait être». On pourrait dire aussi que l’amour est ce qui laisse être.

Le phénoménologue Alexandre Pfänder, pour sa part, qualifie l’amour de «prise de position en faveur de l’existence de l’aimé» et même de «maintien constant et positif de l’être aimé dans l’existence». Il ajoute que celui qui aime «octroie à l’être aimé, de son propre chef, le droit à l’existence». D’ailleurs, l’absence d’amour s’oppose tellement à notre droit d’exister qu’elle entrainera souvent un meurtre, à notre époque où l’avortement est devenu chose légale et banale.

Même si nous nions être aimés, c’est l’amour qui nous fait être ! Mais si nous apprenons à reconnaitre que Dieu nous aime, alors grandissent en nous confiance et amour envers ce Dieu dont nous nous savons aimés. C’est ainsi que nait en nous un amour en réponse à l’amour de Dieu. La charité devient alors une relation d’amour réciproque, ou si vous préférez, en langage plus classique, «état de grâce».

Saint Jean l’exprime en ces mots : «Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui» (1 Jn 4,16). Se savoir aimé de Dieu est donc le pivot de toute la vie spirituelle.

Se savoir aimé de Dieu, c’est ce qui donne son sens, sa saveur, à la vie?

Tout à fait. Et cela parce qu’être aimé en vérité donne de la valeur à notre être même, et non seulement à certaines de ses qualités accidentelles. Joseph Pieper revient souvent sur cette idée que l’amour authentique consiste à aimer que l’autre existe: «Ce qu’en effet l’amant dit et pense, le regard posé sur l’aimée, n’est pas: “Que c’est bon que tu sois ainsi (si intelligente, si serviable, si adroite, si habile)”; mais: “Que c’est bon que tu sois là; qu’elle merveille qu’il y ait toi!”»

Ainsi, non seulement l’amour nous donne d’exister, mais le fait de nous savoir aimés nous donne le gout psychologique d’exister, si je peux m’exprimer ainsi. Ce dont nous avons besoin par-delà le simple fait d’exister, dit Pieper, c’est d’être aimés, car être aimé, c’est entendre la confirmation: «Que c’est bon que tu existes!» La recherche de la gloire en ce monde n’est pas détachée de ce besoin de justifier son existence, d’être bon pour l’autre, bon au moins dans les yeux de l’autre.

De cette manière, en se sachant exister grâce à l’amour de Dieu, l’homme trouve un sens et une dignité à son existence. Quel sens et quelle dignité pouvons-nous trouver à notre existence si nous ne venons que du hasard, si nous ne sommes voulus par et pour personne?

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Ne pouvons-nous pas poser à la racine de tout péché un doute par rapport à l’amour de Dieu pour nous? Si Adam et Ève ont cru au mensonge du serpent, n’est-ce pas parce qu’ils ont d’abord douté que Dieu leur avait dit la vérité, que Dieu voulait leur bien?

Cela semble une bonne lecture de la Genèse. Si la foi nous sauve, c’est parce que le doute nous a perdus. Alors que la confiance que l’autre nous aime est la matrix des relations d’amour, au contraire la méfiance explique la plupart des cassures relationnelles.

On peut dire que la grâce, ce fait d’être dans l’amour de Dieu, nous délivre du péché originel, qui est comme un état de «méfiance originelle» envers Dieu et envers les hommes.

La charité nous replace dans une situation de «confiance originelle» qui se fonde sur la certitude d’être aimé d’une manière inconditionnelle. Cette «confiance originelle» nous redonne la simplicité propre aux enfants de Dieu, qui n’est rien d’autre que de faire confiance à l’amour, de s’abandonner dans les bras, dans la puissance de celui qui nous aime.

Cet «amour originel» fait penser aux célèbres travaux du psychologue américain René Spitz. Il a comparé des enfants nés en prison, mais élevés par leurs mères incarcérées, à des enfants orphelins, élevés par des infirmières-éducatrices très qualifiées, dans des pouponnières américaines parfaitement équipées.

Les enfants nés en prison s’en sortaient mieux, et de loin. Ils tombaient moins malades et leur taux de mortalité était inférieur. Leur prédisposition aux maladies psychologiques était aussi plus faible. Ces infirmières-éducatrices n’accomplissaient pourtant pas leur tâche de façon routinière et avec une froide objectivité.

Les résultats de ces recherches n’ont rien d’étonnant. Ce n’est justement pas suffisant de manger à sa faim, de ne pas avoir froid et d’avoir un toit sur la tête, bref de satisfaire ses besoins vitaux. Rien de tout cela, en effet, ne faisait défaut aux enfants pris en charge par le gouvernement.

Pour reprendre la métaphore biblique du livre de l’Exode lorsqu’il parle du «pays où coule le lait et le miel», je dirais que le «lait», ils le recevaient à profusion, mais ce dont ils étaient privés, c’était le «miel».

Le «lait» symbolise tout ce qui est nécessaire pour satisfaire les besoins physiologiques de base, tandis que le «miel» symbolise la joie de vivre, le bonheur d’exister. Ce «miel», dirait Pieper, nous le recevons dans l’unique mesure où il nous est donné d’entendre ce que ces enfants élevés par une nourrice n’ont manifestement jamais entendu: «Que c’est bon que tu existes!»

Cette image du lait et du miel reprend aussi l’intuition de la célèbre éducatrice Maria Montessori, qui résume ainsi tout ce qui est nécessaire à l’enfant: «Le secret est simple et tient en deux mots: lait et amour.»

Les enfants ont plus besoin d’amour que de quoi que ce soit d’autre. Mais pourquoi plus précisément est-ce si important d’être aimé? Pourquoi nous sentons-nous justifiés d’exister lorsque nous sommes aimés?

La réponse tient beaucoup en ce que nous sommes des êtres de relations à l’image de la Trinité. Aristote disait que l’homme est un animal social. Autrement dit, nous sommes des ponts plus que des iles.

Pour être mère, pour être époux, pour être fille, pour être frère, pour être amie, pour être citoyen, pour être créature, nous avons toujours besoin de l’autre. Tout notre être affirme sans cesse: «J’ai besoin de toi pour être moi-même.» Car qui suis-je si je ne suis ni fille, ni épouse, ni mère, ni amie, ni citoyenne, ni même créature? Notre plus haute dignité, celle d’enfant de Dieu que nous confère le baptême, est même par définition une relation, celle de la filiation.

L’homme n’est pleinement lui-même que lorsqu’il possède enfin les qualités de relations. Un homme pauvre en relations est diminué, et sans aucune, il n’est pas du tout. Car la toute première des relations est celle entre Créateur et créature, qui nous donne d’exister, comme nous l’avons rappelé.

D’ailleurs, nous nous définissons beaucoup plus par nos relations que par nos savoirs, nos expériences, nos activités professionnelles et nos loisirs. Même la société du «faire» et du culte de l’individu n’a pas encore réussi à nous détourner totalement de cette vérité.

L’amour nous sort de la solitude! L’amour fait les relations, comme nous l’avons dit. Grâce à l’amour, je peux enfin dire: «Je suis pour toi, et tu es pour moi.» L’enfer est d’ailleurs souvent décrit comme une solitude éternelle.

On raconte que, dans les goulags de Sibérie, deux prisonniers de guerre se demandaient quand et par quoi on est fait heureux. Leur discussion les mena à cette conclusion: se retrouver avec ceux que l’on aime.

Aristote disait même que l’amitié est ce qu’il y a de plus nécessaire pour vivre, «car sans amis, personne ne choisirait de vivre, eût-il tous les autres biens». Les relations d’amour nous rendent heureux, car elles nous permettent de devenir qui nous sommes.

Dans ces relations d’amour, le chrétien ne doit-il pas plus chercher à aimer qu’à être aimé?

Il est impossible pour nous d’aimer si nous ne sommes pas d’abord aimés. La charité est une relation réciproque d’amour. «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés» (Jn 15,12).

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Mais dans cette réciprocité, l’amour de Dieu est premier et cause de notre amour. Saint Jean nous l’a bien rappelé: «Quant à nous, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier» (1 Jn 4,19). Nous devons être mus avant de nous mouvoir à notre tour. «Sommes-nous donc, quand nous aimons, demande Pieper, moins agissants et actifs que mus, transformés, “mis en branle” par quelque chose d’aimable?» Être aimés nous «met en branle», nous pousse à aimer à notre tour.

On peut résumer en disant qu’aimer Dieu est une conséquence d’être aimé de lui. Non pas seulement une conséquence psychologique de type: j’aime celui qui m’aime parce qu’il m’aime et parce que j’aime être aimé. Mais encore plus comme une conséquence ontologique, dans le sens où aimer Dieu est le premier et principal don de Dieu.

Autrement dit, plus j’aime Dieu, plus je peux conclure qu’il m’aime, car c’est son amour qui me donne de l’aimer. Ainsi, même si la charité est une vertu et non une passion, elle est un don de Dieu, une vertu infuse, disent les théologiens, et en ce sens, elle est plus réception qu’action.

Est-ce que Dieu nous aime plus comme une mère que comme un père?

Isaïe dit: «Comme un enfant que sa mère console, ainsi je vous consolerai» (Is 66,13). Mais il ne faudrait pas oublier que les passages où l’Écriture parle de Dieu comme d’un père sont incontestablement plus nombreux, et particulièrement présents dans les paroles de Jésus.Je pense que Dieu nous a donné un père et une mère afin de bien manifester deux éléments indissociables de son amour.

Saint Thomas d’Aquin faisait remarquer que la mère est celle qui aime le plus intensément, qu’elle aspire moins à être aimée qu’à aimer. L’amour envers ses enfants est en ce sens inconditionnel, puisqu’il n’est subordonné à aucune condition préalable. Sinon, comment aimerait-elle son bébé dans son ventre alors même qu’elle ne l’a jamais vu? L’amour maternel n’a donc pas à être d’abord «mérité». Rien ne pourrait faire qu’on le perde.

L’amour du père, toutefois, est soumis à davantage de conditions. Il veut être «mérité», dit Pieper, ce en quoi nous voyons également un élément propre, au fond, à tout amour. C’est le souhait que l’aimé conçoit et selon lequel il ne désire pas seulement «se sentir bien», alors qu’en vérité il aspire aussi à «aller bien». Devant le regard paternel de l’amant, l’aimé se sent «reconnu en un sens éminent – et en même temps pressé d’être comme celui-là le voit», comme le remarque le philosophe Nicolai Hartmann.

L’amour de toute personne adulte devrait posséder, comme en Dieu, ces deux éléments, le maternel et le paternel: un élément inconditionnel et un élément exigeant. Nous pourrions dire : un élément qui nous fait être et un élément qui nous fait être plus.

Pourquoi résistons-nous si souvent à son amour?

Parce que son amour est, justement, à la fois inconditionnel et exigeant. Sa gratuité est un véritable ennemi de notre orgueil, et son exigence un adversaire de notre paresse.

L’amour de Dieu est gratuit, on ne le mérite ni ne l’exige, on le reçoit avec gratitude. Comme dit le Cantique: «Un homme donnerait-il toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que mépris» (Ct 8,7). L’amour de Dieu est un don, il est même le «don originel» qui seul rend possibles tous les autres dons.

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Mais il semble qu’il y ait dans l’homme une sorte d’aversion à être comblé. Il est totalement étranger à quiconque de penser: «Je ne veux pas de cadeaux», ou bien: «C’est trop pour moi.» Ce refus est dangereusement proche d’un autre: celui de ne pas vouloir «être aimé». Comme si recevoir un cadeau entrainait de notre part une dette en justice. Nous avons beaucoup de difficulté à croire à la gratuité. Ou peut-être voyons-nous trop bien que le don entraine la dette de l’amour mutuel dont parle saint Paul aux Romains.

Refusons-nous aussi l’amour gratuit parce que nous désirons être reconnus pour ce que nous avons acquis par nous-mêmes?

Alors, il faudrait être aimés pour nos péchés! Car en dehors du péché, tout ce que nous avons, nous l’avons reçu.

C. S. Lewis va dans le même sens quand il prétend que l’amour absolument gratuit est certes celui dont nous avons besoin, mais nullement la sorte d’amour que nous convoitons: «Nous souhaitons, dit-il, être aimés à cause de notre intelligence, de notre beauté, de notre générosité, de notre gentillesse, de notre serviabilité.» Mais l’amour créateur de Dieu serait bien en peine de trouver la moindre trace de ces qualités avant d’aimer. Il n’y a, en tant que possible objet de son amour, absolument rien. Car comme disait saint Thomas: «L’amour de Dieu est la cause qui infuse et crée la bonté dans les êtres.» Cet amour divin n’est donc pas une réponse ou une réaction au bien, mais une création qui le précède toujours.

L’amour paternel de Dieu, cet amour qui nous pousse à devenir meilleurs, ne peut-il pas être perçu comme une exigence trop lourde, comme une pression écrasante?

Cette pression – ou plutôt cet encouragement – à devenir meilleur est tellement un effet et même une exigence de l’amour, que se dérober à cette exigence était considéré comme un péché capital par les anciens. L’acédie, cette paresse du cœur, selon la définition de Kierkegaard, est le «désespoir de la faiblesse» qui nous fait fuir devant les exigences de l’amour. C’est en d’autres mots le «désespoir qui consiste en ce que l’on n’ose pas être ce que l’on est».

Mais la racine de ce désespoir tient toujours en ce que l’on compte sur ses propres forces pour devenir meilleur, alors que c’est aussi un don à accueillir plus qu’un sommet à gravir.

Les mystiques affirment que l’amour de Dieu est « mille fois plus dur et sévère que sa justice». Pourquoi ?

Parce que l’homme sait très bien que décevoir l’amant est une souffrance terrible et que le véritable amour paternel est à l’opposé d’un laisser-faire désintéressé. Qu’il est même prêt à déplaire pour le bien de l’aimé. La lettre aux Hébreux nous le rappelle sans détour: «Si vous êtes privés des leçons [« corrections », ou « punitions » serait une traduction plus juste] que tous les autres reçoivent, c’est que vous êtes des bâtards et non des fils» (He 12,8).

Être aimé de Dieu, c’est donc le cœur du christianisme?

Être aimé et aimer sont un couple indissoluble pour les chrétiens. Seulement, il faut savoir les distinguer et les ordonner. Il nous faut relire souvent la première lettre de saint Jean, qui développe admirablement cette idée: «Dieu est amour. Voici en quoi consiste l’amour: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés» (1 Jn 4,9-10).

«Dieu est amour», ces mots devraient faire l’objet continuel de notre méditation. «Dieu nous aime», c’est Dieu qui est prêt à donner sa vie humaine pour nous donner en partage sa vie divine. «Dieu m’aime», c’est Dieu qui me dit: «Quelle merveille qu’il y ait toi!» «Je suis aimé de Dieu», c’est Dieu qui me révèle ma bonté et me rend capable de m’aimer moi-même.

«Je t’aime», c’est enfin ce que dit Dieu à chacun de mes frères afin que moi aussi, j’arrive à leur dire: «Qu’il est bon que tu existes!»

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