par Alexandre Lemoine
Le commandement des forces de missiles de la Chine a été remplacé sans explication.
À l’occasion de l’anniversaire de la fondation de l’Armée populaire de libération de la Chine (APL), célébré le 1er août, le président chinois Xi Jinping a passé en revue les troupes et a déclaré qu’il était nécessaire de renforcer l’état opérationnel. Il a tenu des discours belliqueux et semble préparer un «ménage» au sommet de l’armée. Le prélude à cela pourrait être le plus grand remaniement de personnel au sein de l’armée au cours de la dernière décennie : le licenciement du commandement des forces nucléaires.
La nouvelle que Xi Jinping a décidé d’utiliser ses pouvoirs de dirigeant du parti (en tant que président du Comité militaire suprême du PCC) et de l’armée (chef du commandement de l’armée – Comité militaire central) a fait beaucoup de bruit dans le monde. Il a nommé Wang Houbin commandant des forces de missiles de l’APL, et Xu Xisheng en tant que commissaire politique (c’est-à-dire le superviseur du parti et le commandant adjoint chargé de l’éducation) des forces de missiles. Les plus hauts grades militaires de l’armée chinoise ont été décernés à ces deux responsables. Ils ont été promus généraux d’armée.
Cela a confirmé la publication du journal hongkongais South China Morning Post, qui indiquait que la commission d’inspection de la discipline du Comité militaire central, un organisme redouté pour sa lutte contre la corruption dans l’armée, s’intéressait au général Li Yuchao, qui dirigeait les forces de missiles, et au commissaire politique Liu Guangbin. Les deux commandants militaires, en particulier Li Yuchao, qui apparaissaient régulièrement à la télévision, ont soudainement disparu il y a quelque temps. Le journal affirmait qu’ils faisaient l’objet d’une enquête et seraient bientôt démis de leurs fonctions. Bien qu’il n’y ait pas eu d’annonces officielles concernant leur sort, il semble que cela soit vrai.
Il semble qu’à partir de 2021, lorsque Xi Jinping est devenu le dirigeant autocratique de la République populaire de Chine, mettant fin au principe du leadership collectif, il a adopté un nouveau style pour prendre des décisions en matière de personnel. De la même manière, sans explications ni déclarations, le ministre des Affaires étrangères Qin Gang a disparu il y a quelque temps. Le monde a appris qu’il avait été démis de ses fonctions seulement lorsque son remplaçant, Wang Yi, a été nommé à la tête de la diplomatie chinoise.
Le déclin de carrière de Li Yuchao, qui était en ascension depuis plus d’une décennie, est probablement lié à la démission en mars de cette année du ministre de la Défense Wei Fenghe. Il était considéré comme une créature de Xi Jinping, et son départ après cinq ans en poste a été une surprise pour de nombreux experts. Beaucoup d’entre eux en sont venus à la conclusion que le dirigeant chinois, ayant acquis tout le pouvoir, avait misé sur une révolution du personnel, y compris dans l’armée. Après tout, les autorités de la Chine semblent clairement se préparer à résoudre d’une manière ou d’une autre le problème de Taïwan. La possibilité d’une solution militaire n’est pas exclue à Pékin.
La démission de Li Yuchao ne représente pas simplement un changement de leadership militaire. Les forces de missiles sont considérées comme une élite dans le système de l’APL car elles sont liées au programme nucléaire, dont les informations précises ne sont pas disponibles dans des sources ouvertes. On ne sait pas combien de têtes nucléaires la Chine possède ni quelle est la puissance de ses forces de missiles. Le fait que Wei Fenghe en était le représentant témoigne de l’importance des forces de missiles.
Il convient de noter que des affaires de corruption visant des militaires du niveau de Li Yuchao ont commencé en Chine il y a seulement dix ans. En 2014, les vice-présidents du Conseil militaire central, Xu Caihou et Guo Boxiong, ont été démis de leurs fonctions. Le premier n’a pas survécu jusqu’au procès, le second a été condamné à la perpétuité. Xu Caihou est devenu le héros des médias mondiaux après une perquisition menée à son domicile. L’inventaire des pierres précieuses, de l’argent liquide et des antiquités saisis chez lui a duré une semaine. Douze camions ont été nécessaires pour évacuer les biens confisqués.
source : Observateur Continental
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