I. Neil deGrasse Tyson, sexisme et transidentité
Neil deGrasse Tyson est un astrophysicien états-unien. Depuis 1996, il est directeur du planétarium Hayden au Muséum américain d’histoire naturelle à New York. Il est un des scientifiques états-uniens les plus populaires. Un astéroïde a été nommé en son honneur. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en français. Il est suivi par 15 millions de personnes sur Twitter, 2 millions sur Instagram, 5,2 millions sur TikTok, etc. Il fait partie de ces scientifiques à l’air avenant dont la civilisation industrielle aime faire des idoles (y compris en raison du caractère consensuel, inoffensif, niais, de leur perspective). Une sorte d’Aurélien Barrau puissance 10.
Tyson emploie les termes « fille », « femme » et « femelle » de manière interchangeable et pour désigner confusément, indifféremment, des choses ayant trait au sexe et d’autres à ce qu’on appelle le genre. Ce qui rend tout son discours franchement absurde et témoigne d’une confusion inhérente au système de croyances transidentitaire.
Au sens propre, les termes « fille » et « femme » ont été conçus pour désigner, respectivement, la femelle humaine jeune et la femelle humaine adulte. S’ils sont parfois employés pour désigner d’autres choses, par exemple un comportement féminin chez un homme (« ah, ce type se comporte vraiment comme une femme »), c’est au sens figuré et en raison de stéréotypes sexistes, misogynes.
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Lorsque Tyson imagine une situation dans laquelle il se sentirait 80% femelle, ce qu’il veut dire, en réalité, c’est qu’il imagine une situation dans laquelle il se sentirait 80% féminin, ce qui n’est pas la même chose (du tout). Il confond être une fille/femme/femelle avec « être féminin(e) », c’est-à-dire avec la « féminité » (« ensemble des caractères spécifiques − ou considérés comme tels − de la femme », le terme est intrinsèquement confus, problématique, dans la mesure où il peut donc servir à désigner des caractères indubitablement et par définition, naturellement, spécifiques aux femmes, comme le fait d’avoir des chromosomes XX, un utérus, etc., et d’autres qui leur sont seulement associés par convention culturelle, mais qui ne sont ni réellement ni naturellement propres aux femmes, comme le fait de porter du maquillage). Dans notre société patriarcale, ladite féminité encourage effectivement les femmes à se maquiller, porter des talons hauts, avoir une grosse poitrine, se montrer docile, serviable, etc.
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Les femelles humaines ne peuvent pas choisir comme bon leur semble, en fonction des jours ou des heures de la journée, d’être 10, 20, 40, 70 ou 90% femelle. Les femelles humaines sont toujours à 100% des femelles humaines (de même que les mâles humains sont toujours à 100% des mâles). Comme une généticienne le faisait remarquer, être une femelle (ou un mâle), c’est aussi un processus physiologique irréversible qui va du berceau à la tombe. Toute personne née femelle mourra femelle (idem pour un mâle). Les menstruations, le syndrome prémenstruel, l’endométriose, les violences et l’oppression masculines, etc., ne disparaissent pas sur demande. Avec son discours absurde, Tyson se montre terriblement irrespectueux des femmes.
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Au lieu de remettre en question les stéréotypes sexistes qui constituent la féminité dans notre société, Tyson affirme qu’être femme (ou fille ou femelle) n’est rien d’autre que correspondre à ces stéréotypes et que quiconque se sent « féminin » est donc potentiellement une fille ou une femme ou une femelle.
En accord avec le système de croyances transidentitaire, Tyson fait donc exactement l’inverse de ce qui devrait être fait. Comme nous l’écrivons dans notre livre (Né(e)s dans la mauvaise société) :
« Le but d’un véritable mouvement d’émancipation aurait dû — et devrait — être de détacher les réalités matérielles et biologiques que désignent les mots fille/femme et garçon/homme des stéréotypes (respectivement la féminité et la masculinité) et des rôles sociaux auxquels la société patriarcale les a associés, plutôt que de détacher ces mots desdites réalités matérielles et biologiques pour ne leur faire signifier que lesdits stéréotypes et rôles sociaux. »
Autrement dit, loin de détacher les termes fille/femme/femelle des stéréotypes sexistes auxquels correspond la « féminité », le système de croyances transidentitaire prétend que les termes fille/femme/femelle ne désignent que la féminité.
Il ne s’agit pas d’une interprétation personnelle ou biaisée de ce qu’est la « transidentité » ou de ce que désigne le concept d’« identité de genre », mais de ce qu’en dit la majorité des organismes et associations de promotion ou de défense de la « transidentité ». Par exemple, le site QuestionSexualite.fr, conçu sous l’égide de Santé publique France, établissement public sous tutelle du Ministère chargé de la Santé, explique que l’« identité de genre » correspond à une affinité pour des stéréotypes culturels. L’« identité de genre » est en effet définie comme « la conviction intime et personnelle de se sentir “homme”, “femme”, ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois ». Sachant que le fait de « se sentir “femme” » correspond apparemment au fait, pour un individu, de se reconnaitre « dans les caractéristiques féminines définies par la société ». Autrement dit, si j’aime bien le rose, les cheveux longs et la danse, je me reconnais « dans les caractéristiques féminines définies par la société », j’ai donc une « identité de genre » de femme : je suis une femme.
Prétendre que si un individu se reconnait dans les « caractéristiques féminines définies par la société », alors il possède une « identité de genre » de femme et est donc une femme, c’est aussi absurde que sexiste.
Voilà pourquoi nous disons que le mouvement trans ne fait que perpétuer et renforcer les stéréotypes sexistes existants. C’est ostensiblement admis ! On remarque d’ailleurs que Tyson ne trouve rien à redire au fait que 300 000 femmes entreprennent chaque année, aux États-Unis, de se faire augmenter chirurgicalement la poitrine. Que des femmes soient amenées à abîmer leurs corps (les effets délétères de ces opérations sont très nombreux) pour tenter de le conformer à l’image pornifiée de la femme que cette culture exhibe partout (films, séries télé, clips, chansons, etc.), quelle importance, n’est-ce pas ?! C’est juste ce qu’implique la féminité, et c’est comme ça !
II. Une « lolitaspé » avec « des obus »
Il y a quelques semaines, le 11 juin 2023, France TV Info et France 3 publiaient un article de promotion et de célébration de la « transidentité », dans lequel on découvrait la merveilleuse « transition » d’« Ariana », 18 ans, né « dans un corps d’homme ».
Comme « Ariana » l’explique : « Pendant le 2e confinement, en mai 2021, je me suis rendue compte de qui j’étais vraiment. Je suis une femme, depuis toujours. J’ai donc commencé ma transition. »
Notre individu né dans un corps d’homme a donc décidé de devenir la femme qu’il avait toujours été en lui, dans son for intérieur : une « lolitaspé » avec « des obus », une « bad bitch » (« mauvaise salope ») fière de ses gros implants mammaires.
Quelques questions : cet individu avait-il réellement en lui depuis toujours une « identité de genre » de femme ? Est-il réellement une femme ? Ou a‑t-il tristement grandi dans une culture misogyne, dans laquelle l’image de la femme est pornifiée, hypersexualisée, réduite à l’image d’une « lolitaspé » avec « des obus », et dans laquelle la consommation de pornographie des enfants commence vers 10 ans ? (Il pourrait bien s’agir, ici, d’une forme d’autogynéphilie.) N’est-il pas indécent et insultant pour les femmes en général de prétendre que cet individu est une femme ? Que penser des médecins et autres professionnels de la santé et du système psycho-médical qui l’ont encouragé à faire tout ça ? Quelle responsabilité pour les médias qui célèbrent ces hommes et leurs « transitions » et les présentent comme des femmes ? Qu’est-ce que tout ça dit des groupes de gauche qui adhèrent aveuglément au transgenrisme et qui portent toutes ses revendications ?
III. Le mouvement trans, l’autogynéphilie et les désirs sexuels des hommes
Il y a un sujet que nous discutons trop peu dans notre livre sur le phénomène trans, et qui pourtant s’avère essentiel à sa compréhension. En effet, il est impossible de comprendre ses origines et ses motifs sans examiner le phénomène antérieur du travestissement masculin, et plus particulièrement la paraphilie appelée « autogynéphilie ».
(Par « paraphilies », on désigne des « fantaisies imaginatives sexuellement excitantes, des désirs, des impulsions ou des comportements sexuels atypiques survenant de façon répétée et intense ».)
L’autogynéphilie, c’est l’excitation sexuelle que ressentent des hommes en s’imaginant « en femmes », en imaginant être des femmes. Une large partie du travestissement masculin relève de cette paraphilie. Autrement dit, une bonne partie des hommes qui se travestissent le font parce que ça les excite sexuellement. Ce fait n’a rien de controversé, de nombreux travestis le reconnaissent eux-mêmes depuis très longtemps, il est assez documenté, y compris par des études scientifiques, voir aussi :
Mais si ça n’est jamais évoqué, si ces réalités sont occultées voire niées par certains, c’est parce qu’il serait beaucoup moins acceptable, beaucoup moins vendeur, beaucoup moins admirable, de présenter le mouvement trans comme le produit d’un fantasme sexuel que comme un mouvement de droits civiques de personnes « nées dans le mauvais corps » qui deviendraient ainsi qui elles sont vraiment à l’intérieur (bon sang quelle absurdité). Dans un monde dominé par les hommes, il n’est pas étonnant que les réalités embarrassantes, les concernant, soient passées sous silence.
Bien sûr, si le mouvement trans est initialement le fruit des désirs d’hommes paraphiles, aujourd’hui, les motifs de déclaration de transidentité ne relèvent évidemment pas tous de l’autogynéphilie, mais d’un confus mélange d’idées absurdes (par exemple concernant la possibilité de naître dans le mauvais corps, l’idée que le sexe serait « assigné », et qu’il en existerait non pas deux mais 3, ou 5, ou 7, ou 48, ou une infinité, etc.), sexistes, misogynes et homophobes (à l’instar du concept d’« identité de genre »), de diverses problématiques sociales, certaines propres aux garçons, d’autres propres aux filles, d’autres aux enfants en général, etc.
Il s’agit en partie de ce qu’explique la journaliste britannique Helen Joyce dans cette vidéo :
Nicolas Casaux
Source: Lire l'article complet de Le Partage