J’ai vu «Sound of Freedom»

J’ai vu «Sound of Freedom»

Sound of Freedom. Méchante affaire. Il s’agit probablement de l’évènement culturel de l’été. L’Amérique s’est enflammée au sujet de ce film depuis sa sortie le 4 juillet. Serait-ce une tentative de relancer les discours complotistes les plus extrêmes et farfelus dans la sphère publique? Nos collègues de Radio-Canada semblent le suggérer.

Au travers de tout ce remue-ménage, il ne manquait qu’un détail. Comment les analystes au Québec pouvaient-ils dénoncer ou encenser un film qui n’était même pas encore en salle chez nous? Autant chez les admirateurs que chez les détracteurs de Sound of Freedom, personne ne critiquait le film, mais plutôt les circonstances de sa sortie dans l’espace public.

Dans cette situation, il me restait l’oubli, il me restait le mépris. Enfin que je me suis dit, il me reste… le Lido à Lévis! Je suis donc allé visionner Sound of Freedom afin d’en avoir le cœur net et, à défaut, plus éclairé sur toute cette méchante affaire.

Un scénario complotiste?

Rassurez-vous, l’intrigue du film n’est absolument pas complotiste. Inspirée de faits réels, elle suit l’agent Tim Ballard, interprété par Jim Caviezel (Jésus dans la La Passion du Christ), dans sa mission audacieuse pour sauver Miguel, sa sœur Rocio et des dizaines d’enfants victimes du trafic sexuel. Pas de place ici pour la politique, les clivages gauche/droite ou les théories conspirationnistes!

Bien plutôt, les enfants prennent le devant de la scène dans Sound of Freedom en tant que véritables héros, sans pour autant diminuer l’héroïsme et la bravoure de l’agent Ballard et de ses collaborateurs.

Cependant, le film s’engage résolument à éveiller les consciences sur une problématique cruciale de justice sociale: la traite des enfants. Cette démarche lui confère inévitablement une dimension politique, mais il est important de souligner qu’il n’essaie nullement de persuader le public que le trafic sexuel est orchestré par un réseau de personnes influentes buvant le sang des enfants.

Au contraire, l’œuvre braque les projecteurs sur une atrocité parmi les plus odieuses, perpétrée à l’encontre des êtres les plus innocents. Sa puissance émotionnelle réside dans la dénonciation sans compromis de cette réalité brutale, nous invitant à nous mobiliser pour protéger les victimes vulnérables de cette abomination. En suscitant une prise de conscience collective, le film œuvre pour un monde plus juste et plus sûr pour nos enfants.

Capitaliser sur le dos des victimes?

Une question légitime se pose concernant le film: ne capitalise-t-il pas sur le dos des victimes qu’il tente de secourir? La présence d’un message de Jim Caviezel lors du générique de fin incite les spectateurs à acheter des sièges de cinéma via un code QR pour accroitre les répercussions sociales du film. Au moment d’écrire ces lignes, Sound of Freedom enregistrait plus de 100 millions de dollars au box-office. On peut se demander pourquoi l’incitation ne s’est pas plutôt portée sur des dons à des organisations de défense contre la traite humaine.

Cependant, il est difficile de nier l’impact d’un film au cinéma, captivant l’attention du public pendant plus de deux heures, comme moyen de sensibilisation. L’équipe marketing du film a certainement exploité cette ambigüité avec succès. La question mériterait d’être approfondie, car la frontière entre sensibilisation authentique et exploitation délicate peut parfois être floue.

Un bon film?

Après avoir dissipé le problème complotiste, la question se pose inévitablement: Sound of Freedom est-il un bon film? Malheureusement, malgré un sujet poignant, l’exécution laisse à désirer. L’intrigue avance lentement. Pour un prétendu film d’action, le rythme manque cruellement, ainsi que des séquences d’action captivantes. Des tirs de mitrailleuses dans l’eau restent la scène la plus crispante du film.

Le film nous pousse à réfléchir sur nos valeurs et sur l’ampleur de l’engagement nécessaire pour lutter contre le mal.

À mon avis, le film s’apparente davantage à un docufiction. Pour un spectateur comme moi, rapidement lassé par des scènes irréalistes, l’effort de réalisme dans certaines séquences, particulièrement lorsqu’il s’agit de dépeindre les techniques d’enquêtes policières, se révèle intéressant. Cependant, malgré un sujet captivant, l’équilibre entre réalisme et captation de l’attention laisse à désirer. D’abord, la quête de réalisme pèse sur le rythme de l’intrigue. De plus, l’ajout d’éléments sensationnalistes, notamment dans la bande sonore, témoigne de cette défaillance de réalisation.

Le dilemme moral au cœur de l’intrigue soulève des interrogations profondes. Jusqu’où serions-nous prêts à aller pour combattre la pire des injustices? Sound of Freedom réussit brillamment à exposer la réponse appropriée à cette question. Devant une injustice aussi abominable, la seule réponse adéquate est un sacrifice total. Le film nous pousse à réfléchir sur nos valeurs et sur l’ampleur de l’engagement nécessaire pour lutter contre le mal. Une exploration émotionnelle saisissante qui invite chacun à se questionner sur la portée de ses convictions par rapport à l’injustice.

La réponse est-elle facile? Certainement pas. Sound of Freedom met en lumière les doutes incessants de l’agent Tim par rapport aux limites de son intervention. Faut-il persévérer malgré les ressources limitées, le manque de soutien gouvernemental et le risque personnel? C’est un exemple tangible d’héroïsme que le film offre au spectateur. L’image d’une bravoure extrême transcende l’appréciation technique et élève Sound of Freedom au rang de bon film, lui conférant une aura noble qui résonne au-delà de l’écran. C’est une réflexion saisissante sur la nature du courage et de l’engagement.

Et Dieu dans tout ça?

Et Dieu dans tout ça? Après tout, Sound of Freedom s’appuie sur le leitmotiv que les enfants de Dieu ne sont pas à vendre («God’s children are not for sale»). L’œuvre aborde avec une profondeur troublante la dimension spirituelle de l’héroïsme et de la quête de justice. La présence de Dieu se manifeste dans les actes de ceux qui se dressent contre l’injustice, et elle est un puissant moteur pour lutter en faveur de la dignité humaine et du bienêtre des enfants vulnérables.

«Lorsque Dieu te dicte ce qu’il faut faire, tu ne peux pas hésiter.»

L’agent Ballard puise sa motivation intérieure dans cette idée, considérant la dignité intrinsèque de chaque être humain comme sacrée et justifiant ainsi son acte d’héroïsme ultime.

Mais le film va plus loin. Lors d’une discussion poignante entre Tim et Vampiro, son allié en Colombie, ce dernier révèle pourquoi il consacre également sa vie au sauvetage des enfants. Un acte de désespoir l’a confronté à l’injustice de la traite sexuelle des enfants. Pensant avoir affaire à une prostituée adulte, il avait involontairement abusé d’une adolescente. Vampiro s’est alors senti investi d’une mission divine, où Dieu lui demandait d’agir contre cette injustice.

Son repentir est clair: «Lorsque Dieu te dicte ce qu’il faut faire, tu ne peux pas hésiter.» Ainsi, le thème de la justice révèle que Dieu est présent à la fois dans les victimes et dans le héros. Il transcende l’être et prend vie dans l’action elle-même.

Sound of Freedom s’impose avant tout comme un film de sensibilisation devant l’horreur insoutenable du trafic sexuel des enfants. Il est un appel puissant à agir pour un avenir plus sûr et solidaire.

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