Le géant français de l’énergie redoute une pénurie de gaz cet hiver

Le géant français de l’énergie redoute une pénurie de gaz cet hiver

En cas d’hiver rigoureux, les installations de stockage pourraient ne pas suffire à répondre à la demande dans l’UE, a averti le PDG de TotalEnergies.

« La seule façon de ramener plus de gaz naturel liquéfié en Europe, c’est de le piquer aux autres, ce qu’on a fait l’an dernier : l’année dernière, on a détourné plus de 10% du marché mondial, qu’on est allé prendre aux Vietnamiens, au Bangladesh, au Pakistan et aux Chinois pour le ramener en Europe, et vraiment, on l’a payé cher, c’est nous qui avons fait monter les prix l’an dernier. »

Source : RT, 10 juillet 2023

Traduction : lecridespeuples.fr

L’UE pourrait être confrontée à des contraintes d’approvisionnement en gaz cet hiver, a averti Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, lors d’un discours prononcé dimanche à l’occasion des « Rencontres économiques d’Aix-en-Provence ».

Selon M. Pouyanné, même si le stockage de gaz dans la région est à pleine capacité au début de la saison de chauffage, il pourrait ne pas suffire pour passer un hiver froid.

« En ce qui concerne le gaz, les installations de stockage seront pleines en octobre, mais si l’hiver est froid en Europe, ces réserves sur le continent ne suffiront pas à répondre à la demande tout au long de la saison hivernale », a-t-il averti.

M. Pouyanné a fait remarquer que si cela ne signifie pas nécessairement que l’UE manquera de gaz, elle devra probablement importer des approvisionnements supplémentaires à des prix plus élevés, soulignant qu’ « il n’y a pas de prix favorables sur un marché où tout dépend de l’offre et de la demande ».

Voir Pénurie de gaz, températures glaciales, stockage de bois : jusqu’où peut-on aller cet hiver ?

Après le début du conflit avec l’Ukraine et les sanctions antirusses qui ont suivi, l’UE a cherché à réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe, qui représentait auparavant près de la moitié de toutes les importations de gaz de l’Union. En conséquence, les gouvernements européens ont augmenté leurs importations de gaz naturel liquéfié (GNL), en grande partie en provenance des États-Unis. En 2022, l’UE a absorbé 64 % des exportations américaines de GNL, selon le PDG, ce qui a plus que doublé les importations par rapport à 2021.

Toutefois, selon M. Pouyanné, les prochaines élections présidentielles aux États-Unis pourraient mettre en péril les exportations de GNL du pays, qui pourraient être limitées afin d’endiguer la hausse des prix des carburants sur le marché intérieur.

« Si les Républicains décident d’arrêter les exportations, il y a un risque systémique majeur », a-t-il averti.

D’une manière générale, M. Pouyanné a fait remarquer qu’il serait judicieux de continuer à économiser l’énergie afin d’éviter les pénuries l’hiver prochain.

« Nous devons économiser l’énergie. Les Français ont pu économiser 15 % de l’énergie l’année dernière, en raison des prix élevés : lorsque vous avez des prix très élevés, vous commencez à économiser. Le défi est maintenant de savoir comment nous allons maintenir cet effort pour éviter la prochaine crise. »

***

Intervention de Patrick Pouyanné aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, du 7 au 9 juillet 2023.

Compilation des interventions du PDF de TotalEnergies. Seule la dernière partie de la vidéo est retranscrite.

Patrick Pouyanné : Je suis un peu moins serein et je vais vous dire pourquoi. Parce que d’abord, je regarde les prix à un an, ils sont plus élevés que les prix aujourd’hui, ce qui traduit le fait qu’il y a un peu de nervosité. Et pourquoi ? Simplement parce qu’en matière gazière, oui les stocks seront pleins en octobre, mais on n’a pas assez de stocks en Europe pour couvrir l’hiver quand il est froid. C’est juste un problème physique. On a un système bizarre, on n’a pas construit assez de stockages, donc ça veut dire que si l’hiver est froid, il faut ramener du gaz naturel liquéfié, et la seule façon de le ramener…

Alors l’histoire du prix d’amis, je suis désolé, ça marche pas, les prix d’amis dans un marché d’offre et de demande mondial. La seule façon de ramener plus de gaz naturel liquéfié en Europe, c’est de le piquer aux autres, ce qu’on a fait l’an dernier : l’année dernière, on a détourné plus de 10% du marché mondial, qu’on est allé prendre aux Vietnamiens, au Bangladesh, au Pakistan et aux Chinois pour le ramener en Europe, et vraiment, on l’a payé cher, c’est nous qui avons fait monter les prix l’an dernier. Donc si on se retrouve avec un hiver froid, on peut devoir être obligé de ramener du gaz naturel liquéfié. On le ramènera, ça je vous le garantis. On en assure chacun 50% de la France et on a les moyens, on a on a plein de productions dans le monde donc on le ramènera. Mais à ce moment-là c’est au prix. Voilà donc vous aurez tous du gaz et vous serez chaud, le prix on verra. […]

Je veux juste rebondir sur le prix : le président américain, c’est pas lui qui produit le GNL, c’est que des entreprises privées. C’est nous qui sommes le plus gros exportateur du gaz naturel liquéfié américain. La seule chose qui pourrait se passer, qui est un risque majeur systémique, c’est que les républicains décident de ne plus exporter, de stopper les exportations. Et ça d’ailleurs je suis pas sûr que ça soit que sur le gaz que ça puisse venir, ça pourrait venir sur le pétrole un jour, parce qu’effectivement les Américains pilotent toutes leurs politiques en fonction du prix domestique du gaz ou du pétrole. Ils ont des ressources. Et s’ils ont le sentiment que leurs exports tirent leur prix vers le haut, ils nous bloquent. Alors là je peux vous dire que si en plus des Russes on n’a plus le gaz et le pétrole américains, là c’est pas un choc, c’est un super choc. Donc de ce point de vue-là, l’élection a peut avoir effectivement son importance mais ça n’est pas lui qui décide à la fin, c’est les acteurs privés. […]

Voir L’Europe peut-elle survivre sans gaz russe ?

J’ai horreur de faire Madame Soleil mais je prédis qu’à cause de la transition énergétique, et parce qu’on investit moins en fait fondamentalement dans les énergies fossiles, notamment le pétrole, le prix du pétrole va rester durablement élevé. Alors où, je sais pas. Mais par contre le gaz, comme il y a eu de la panique, on est en train de construire des usines. Ils construisent des usines de gaz naturel liquéfié partout en ce moment, donc à la fin de l’année civile, on aura trop de gaz naturels liquéfié, ce qui est bon parce qu’à ce moment-là le prix se cassera figure et on recréera des consommateurs en Asie parce que c’est là-bas qu’on en a besoin. Et puis l’électricité par contre j’ai une conviction très profonde, et c’est d’ailleurs pour ça que Total devient TotalEnergies et qu’on investit massivement dans l’électricité, c’est que l’électricité, parce que c’est certes sympathique, décarboné, le soleil est gratuit mais c’est intermittent, et c’est un système de plus en plus complexe à manipuler, un système avec des sources intermittentes. Il faut des capacités stockage, on en est loin. Et quand on prend un système complet, à moins d’accepter de garder pas mal de fossiles, ça coûtera plus cher, et donc… Et d’ailleurs la preuve, c’est que c’est pour ça qu’on investi là-dedans… Je veux juste expliquer pourquoi parce que je veux lutter contre une autre idée : c’est que les renouvelables sont pas rentables. J’entends ça partout. […]

Donc l’électricité décarbonée coûtera plus cher qu’aujourd’hui. Et d’ailleurs je pense que si tu fais des investissements tu prends sans doute pas à 50 euros par mégawattheure comme hypothèse, sans doute beaucoup plus, sinon on investit pas dans l’éolien offshore en Europe à 50 euros du mégawattheure, ce n’est pas vrai. Et je pense qu’il faut dire la vérité et d’ailleurs la preuve que c’est très bien, je peux vous dire, c’est que maintenant qu’on a un électron, nous on a fabriqué une boîte électrique, je veux dire on a 20 milliards d’actifs dans l’électricité, donc on commence à savoir de quoi on parle dans le monde. Ces 20 milliards… et on a un résultat positif, on va faire près de 2 milliards de résultats cette année. Donc l’électricité non seulement on s’est dit il faut y investir mais en plus on peut gagner pas mal d’argent. Voilà ce que sont les leçons (à tirer). Mais il faut pas dire aux gens que parce que le soleil est gratuit ça va pas être cher, ça c’est pas vrai, ça sera plus cher. Le système décarboné coûtera plus cher parce que si tu veux faire de l’électricité avec de l’hydrogène et du biogaz, ça coûtera plus cher.

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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