« La démographie, c’est le destin. » Auguste Comte.
Un appel à revenir au réel
Le Journal de Montréal a publié le 6 mai 2023 un dossier majeur qui frappe l’imaginaire, « Le Québec pris au piège par Ottawa », qui révèle l’objectif du fédéral — avec son projet Initiative du siècle — d’augmenter la population du Canada à 100 millions de personnes d’ici 2100 [1]. Commenté aussi par plusieurs chroniqueurs de ce journal, ce projet aurait pour conséquence inévitable, selon l’étude démographique, la noyade migratoire de notre nation française en Amérique.
Les conclusions de ce dossier ramènent au sens tragique de l’histoire depuis la défaite de la France sur notre territoire, qui a mené à notre annexion et à la volonté des Anglais de nous assimiler. Bref, au défi existentiel.
Ce défi a toujours été le nôtre depuis la défaite militaire de 1759 et le statut de colonie britannique imposé par la Proclamation royale de 1763. Depuis, nous avons connu deux temps forts pour nous sortir de cette structure coloniale qui assurait notre assimilation sur le temps long de l’histoire : le mouvement patriote de 1837-1838 et la période référendaire de 1980-1995.
Loin de nous libérer, ces tentatives ont eu pour résultat de nous enfermer davantage dans la structure constitutionnelle d’abord britannique, puis canadienne. La défaite du mouvement patriote a donné lieu au rapport Durham, préconisant notre assimilation, et à l’Acte d’Union de 1840, réalisant notre minorisation politique pour arriver à cet objectif. La défaite référendaire de 1980 a entraîné la constitution de 1982, fondée sur la négation de notre statut politique de nation afin de nous réduire à l’échelle d’un groupe ethnique parmi d’autres. Ces statuts constitutionnels, résultant d’intérêts et de rapports de force, résument et portent l’histoire ; ils visent l’anéantissement politique de notre nation.
L’Initiative du siècle s’inscrit en droite ligne de la finalité du rapport Durham, la solution finale. Cette perspective nous oblige à revenir sans complaisance sur les causes de l’échec des tentatives de sortie de ce piège. Plus précisément, sur ce qu’avaient en commun les stratégies des Papineau et Lévesque.
En tout respect pour ces meneurs de mouvements qui se sont sacrifiés dans l’espoir de notre libération politique, la situation nous force à un examen critique sévère de ces périodes. Le constat s’impose : ces mouvements étaient dirigés par des anglophiles à l’aise avec les valeurs du libéralisme anglo-saxon. Cela explique leur naïveté face à la véritable nature de l’ennemi, l’Anglais.
Alexis Tocqueville fit ce constat lors de son passage au Bas-Canada à cette époque :
« L’élite le laisse songeur ; selon lui dans les “ classes éclairées ”, la tentation de l’assimilation aux Anglais est déjà présente : “ beaucoup […] ne nous ont pas paru animés au degré que nous croyions, du désir de conserver intacte la trace de leur origine, et de devenir un peuple entièrement à part. Plusieurs ne nous ont pas paru éloignés de se fondre avec les Anglais. ” » [2]
Anglophiles en effet. Si la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada de 1838 était devenue effective, on aurait obtenu un Québec bilingue :
Article 18 : « Qu’on se servira des langues française et anglaise dans toute matière publique. »
De plus, on aurait assisté à la saisie des biens de l’Église (notre État quand nous n’en avions pas, selon Mathieu Bock-Côté) :
Article 17 : « Que les terres dites de la Couronne, ainsi que celles appelées, réserves de clergé, […] deviennent de plein droit, la propriété de l’État du Canada. » [3]
Dans l’esprit des républicains, le véritable ennemi n’était pas l’Anglais, mais la seule institution gardienne de la langue, la seule qui s’était révélée capable de porter la trame nationale de 1840 à 1960, de lui conserver sa cohésion et de relever le défi existentiel posé clairement à notre nation par le libéralisme anglo-saxon. Si cette déclaration d’indépendance avait pris effet, nous serions aujourd’hui la Louisiane du Nord.
René Lévesque était un anglophile selon sa conseillère Martine Tremblay [4] de même que le mouvement souverainiste était imprégné de libéralisme anglo-saxon. Cela explique la naïveté de la stratégie référendaire reposant sur le postulat que le Canada anglais allait respecter le droit démocratique de notre nation. Un déni de réalité sur la véritable nature de l’ennemi, et qui persiste de nos jours…
La défaite référendaire prévisible de 1980 a permis à Pierre E. Trudeau de nous imposer la constitution de 1982 fondée sur la négation de notre statut politique de nation. En effet, le multiculturalisme, devenu la doctrine d’État du Canada, implique que tous les moyens de l’État sont mis à contribution pour nous réduire à l’échelle d’un groupe ethnique comme les autres dans ce beau grand pays du libéralisme anglo-saxon. L’Initiative du siècle de Justin Trudeau, n’est autre que l’aboutissement de la solution finale prévue par le rapport Durham.
Les statuts constitutionnels de 1840 et de 1982 concentrent et déploient l’histoire tragique. Ce résultat découle du manque de réalisme politique des dirigeants de ces époques, sous forte influence du libéralisme anglo-saxon. Donc sur leur incapacité à identifier l’ennemi et son plan pour en finir avec notre nation. Bref, à percevoir le défi existentiel.
Ce qui n’était pas le cas de l’Église, comme nous le rappelle sa figure éminente Lionel Groulx :
« Nous appartenons à ce petit groupe de peuples sur la terre, — Combien sont-ils ? Quatre ou cinq ? — au destin d’une espèce particulière : l’espèce tragique. Pour eux l’anxiété n’est pas de savoir si demain ils seront prospères ou malheureux, grands ou petits ; mais s’ils seront ou ne seront pas ; s’ils se lèveront pour saluer le jour ou rentrer dans le néant. » [5]
« Contre la langue française, contre nos lois, contre nos écoles, contre nos privilèges et nos droits les plus sacrés, se poursuit, à Ottawa et ailleurs, une offensive savante, sournoise, systématique, froidement résolue à porter le coup décisif. » [6]
Le dossier sur l’Initiative du siècle publié par Québecor, dont le propriétaire est un milliardaire patriote, vient sonner le réveil chez les endormis, tant fédéralistes que souverainistes.
Chez les fédéralistes qui ont cru sincèrement que le Canada offrait la meilleure chance de préserver notre culture, le réveil est brutal. Ils devront tirer la seule conclusion qui s’impose, rejoindre le camp de la légitime défense de notre nation, contre d’autres fédéralistes qui se réjouissent déjà de notre assimilation en marche.
Quant aux souverainistes, ils devront enfin s’ajuster à la dure réalité. La raison d’être de la souveraineté n’est pas de produire un projet de société au nom d’un progressisme déconnecté du véritable enjeu, celui de relever le défi existentiel posé à notre nation par l’ennemi anglais, depuis la défaite de la France suivie de notre annexion à l’Empire britannique par la Proclamation royale de 1763.
La Guerre de Sept Ans se poursuit.
Le bilan qui s’impose : les deux tentatives pour sortir du piège colonial, menées par des anglophiles à l’aise avec le libéralisme anglo-saxon, celle de 1837-1838 et 1980-1995, ont été des échecs gravement préjudiciables à notre nation. Pourtant, entre ces deux épisodes, il y eut de 1840 à 1960 une autre stratégie pour relever le défi existentiel…
Du mouvement patriote au Parti québécois. Ce n’est pas un hasard si la Journée nationale des patriotes, instituée par le gouvernement du Parti québécois, soit centrée uniquement sur les patriotes de 1837-1838. Alors que cette fête statutaire devrait s’étendre à tous les patriotes de toutes les régions et de toutes les époques. Ce qui donnerait l’occasion à la nation de faire corps avec son histoire. Et de revoir la contribution de l’Église dans notre lutte d’émancipation politique de 1840 à 1960. Cette institution politique qui avait bien identifié l’ennemi et le défi existentiel qu’il nous posait.
L’Église de Rome, une institution politique, l’ancrage du conservatisme
Dans sa chronique portant sur le rôle de l’Église dans notre histoire, Mathieu Bock-Coté souligne un point essentiel que peu de ses dénigreurs patentés ont relevé : l’Église nous a servi d’État quand nous n’en avions pas [7].
Face au défi existentiel qui se posait après la défaite du mouvement patriote, l’Église s’est transformée en institution POLITIQUE majeure pour assumer les deux missions premières d’un État : le peuplement ou la « revanche des berceaux », pour relever le défi démographique, et la mise en valeur du territoire. Assumées par la soixantaine de missions colonisatrices avec le mot d’ordre « Emparons-nous du sol pour protéger notre nationalité » (La Gazette des campagnes, 1851). Le curé Labelle, sous-ministre de la colonisation, inspiré par les travaux d’Edme Rameau de Saint-Père (La France aux colonies), s’était donné comme mission de « conquérir nos conquérants » en s’emparant des terres avant les protestants ; si les Anglais s’en plaignent, disait-il, « laisser les japper ».
Un de ces « jappeux », Robert Sellar, qui avait bien compris la stratégie de conquête du territoire par l’Église, a documenté comment le clergé avait reconquis les Cantons de l’Est des mains des loyalistes, qui avaient fui en masse la Révolution américaine pour s’y installer (notre traduction) :
« Le dessein des prêtres consistait à soumettre ces gens sûrs d’eux, autonomes et entreprenants à une pression qui les obligerait à quitter leurs champs et leurs maisons, pour les occuper par des Canadiens-Français. »
« Les prêtres utilisent deux leviers pour chasser les protestants des cantons [tenure anglaise] : le système paroissial et les écoles séparées. Ce livre a été écrit en vain s’il n’a pas démontré que l’extension de ce système aux cantons est une invasion tyrannique du territoire libre, un défi à la proclamation royale et au statut impérial ; en un mot, une usurpation. »
Sur l’essentiel : « La possession du sol signifie la souveraineté. » [8]
La conquête du territoire en Outaouais pour bloquer les Anglais fut importante pour la suite, puisque le Québec a agrandi son territoire des deux tiers avec les acquis de 1898 et 1912.
L’Église au 19e siècle avait compris que la lutte se jouait sur le contrôle du sol, que l’État était d’abord territorial :
« Par cette extension géographique maximale du phénomène étatique, nous voilà renvoyés à l’élément premier des origines matérielles de l’État : la terre ou mieux le territoire. Dans sa forme la plus réduite, l’État naît-il autrement que comme une forme spéciale d’appropriation d’un territoire à cause (et avec) la collectivité qui y vit. (p. 158) […] Devenu, selon Lefebvre, “ la forme du politique comme telle ”. Avant toute autre chose, l’État est “ territorial ” : avant même d’être, ou d’avoir été, souverain […] ». Le territoire de l’État reste son élément le plus constant dans son existence individuante. (p. 159) [9]
Pour l’Église dans son rôle d’institution politique, la stratégie pour relever le défi existentiel se jouait sur les fondamentaux de la politique profonde : le peuplement et la mise en valeur du territoire au nom de la cohésion nationale. La géographie humaine se déployant dans le temps et l’espace constitue le courant tellurique de l’histoire.
Les Anglais vont lui opposer une autre stratégie pour briser cette cohésion nationale des Canadiens français.
Diviser pour régner
Lord Elgin, gouverneur général du Canada de 1847 à 1854, dont la seconde épouse fut la fille de lord Durham [10], eut une correspondance très révélatrice avec son supérieur lord Grey, secrétaire d’État aux Colonies au gouvernement de Londres :
« Je crois que la manière de gouverner le Canada ne serait plus un problème dès lors que les Français se scinderaient en un parti libéral et un parti conservateur qui s’uniraient aux partis du Haut-Canada portant des noms correspondants. […] L’élément national se fondrait dans la politique si la scission que je propose était réalisée. »
Dans une seconde lettre à Grey, Elgin insiste sur la dissolution de l’imposante cohésion canadienne-française visée par cette tromperie :
« Tant que les Canadiens français ne seront pas scindés en partis politiques s’unissant aux partis britanniques de noms correspondants, je ne crois pas qu’aucune administration forte et durable puisse être organisée. Leur cohésion leur permet d’exercer une puissante opposition à tout ministère dont ils sont exclus. » [11]
On doit à Lionel Groulx d’avoir compris ce piège de « l’esprit de parti » qui donnait lieu à des chicanes entre Canadiens-Français sur le parvis de l’église. D’où le fondement de sa doctrine politique : faire apparaître un parti qui ne soit pas une succursale de parti fédéral, mais voué aux seuls intérêts du Québec. Ce que fut l’Union nationale. Avec pour objectif de faire du Québec un État français en Amérique (« Notre État français, nous le voulons, nous l’aurons. »). Il est le père de la doctrine d’État du Québec. [12]
Georges-Émile Lapalme, l’auteur du programme du Parti libéral de 1960 qui ouvrit la Révolution tranquille, confirme dans ses mémoires que ce programme avait ses racines dans la doctrine politique de Groulx sur l’État francais :
« Je fis se lever des années de nationalisme québécois dont les sources remontaient à NOTRE AVENIR POLITIQUE des années 20. J’intitulai le tout : POUR UNE POLITIQUE. »
Avec un objectif, l’État français de Groulx comme levier de la plénitude culturelle de la nation :
« Le moment est venu de concevoir politiquement l’État provincial comme un phénomène culturel… La vie nationale. La vie culturelle et le fait français. » [13]
L’exhortation de Groulx : « Une première condition s’impose à nous : être français, l’être vigoureusement, pleinement. » [14]
Lapalme, créateur du ministère des Affaires culturelles, fut aussi très inspiré par l’écrivain André Malraux, le ministre initial des Affaires culturelles de France. Ce dernier lui a même réservé une visite d’amitié en France ; pour la première fois, le Québec fut reçu à l’internationale avec le statut d’ÉTAT.
Jean Lesage, ce fédéraliste anglophile, devenu premier ministre, coupa court au projet d’État national de Lapalme. Roger Lapalme rapporte que son père, en concluant sur cet épisode amer, avoua à sa famille : « Je me marche sur le cœur pour vous autres. » [15]
C’est ainsi que le projet d’État national a cédé le pas à l’État technocrate de l’Équipe du tonnerre… jusqu’au moment où l’État national émergera pour une dernière fois (nous y reviendrons).
L’État qui s’imposa comme une réalité (de facto) aux artisans de la Révolution tranquille fut le produit de L’Église, l’institution politique qui a porté la montée en force de notre nation durant cette longue période durant laquelle le libéralisme a cédé la place au conservatisme de 1840 à 1960 (l’empirisme organisateur comme nous l’avons décrit).
La Révolution tranquille marque donc le passage du conservatisme au libéralisme et à la « modernité », qui correspond au moment où la narration de notre histoire passe de glorieuse à honteuse (le wokisme avant l’heure). L’Église nous aurait trahis en s’alliant aux Anglais contre les Patriotes… disent nos actuels progressistes. La lecture de la politique profonde démontre le contraire. L’Église avait clairement identifié l’ennemi, les protestants antipapistes. Alors que d’autres meneurs de notre libération étaient des anglophiles, d’où la naïveté de leurs stratégies face à l’ennemi.
Le Parti québécois demeure ainsi incapable de comprendre que le Canada anglais est l’ennemi et qu’il n’a jamais eu l’intention de reconnaître l’effectivité du droit à l’autodétermination du Québec. Que le référendum de 1995 ne pouvait mener à un changement de statut du Québec, de province à État souverain, mais plutôt à une fatalité, la partition de notre territoire agrandi en 1898 et 1912. [16]
Le dossier publié par Le Journal de Montréal sur l’Initiative du siècle nous ramène rudement au sens tragique de notre histoire. Ainsi qu’au prix à payer pour avoir gaspillé les dernières décennies dans un cadre stratégique adopté par des idéalistes et marqué au coin de la naïveté, qui nous a conduits au cul-de-sac actuel.
D’où l’importance de comprendre les raisons de cette dérive
Le mouvement souverainiste, depuis les années 1960, particulièrement le Parti québécois, a été marqué par une direction anglophile, idéaliste et progressiste, incapable de nommer l’ennemi. Comment s’étonner alors que pour ce mouvement la raison d’être de la cause consistait à viser la réalisation d’un projet de société progressiste ; Québec solidaire va plus loin encore avec une position sur l’immigration plus compatible avec la noyade migratoire qu’avec l’intérêt de la nation, un vilain mot pour ce parti. Le dossier publié sur l’Initiative du siècle devrait sonner le réveil salutaire sur l’authentique raison d’être du projet souverainiste, celle de relever un défi existentiel posé à notre nation depuis la guerre de Sept Ans.
On ne nie pas la sincérité des idéalistes qui se sont tant investis dans la cause souverainiste. On remet en cause l’intelligence politique de ceux qui ont adopté un cadre stratégique déconnecté de la dure réalité que suppose le projet. Le bilan du référendisme est irréfutable, soit le long déclin de notre nation, à tel point que ce n’est plus le projet qui est en péril, mais la nation elle-même qui porte le projet.
Au moment où la tendance lourde de la démographie tire notre nation vers le déclin, le Parti québécois demeure enfermé dans la perspective du Grand Soir référendaire. Il y a urgence de revenir à un cadre stratégique inspiré d’une autre philosophie politique que le libéralisme anglo-saxon : le conservatisme. Le dernier parti politique à s’en inspirer fut l’Union nationale de Daniel Johnson.
Bref retour du conservatisme en 1966
N’y a-t-il pas eu qu’un seul parti véritablement souverainiste ? Un parti faisant corps avec l’histoire de la nation et inscrit dans la continuité de l’État territorial du curé Labelle à l’État français de Lionel Groulx. Dans ce courant tellurique de l’histoire, avec la mission de poursuivre l’édification de l’État national, sans demander de permission, jusqu’à la rupture avec le régime colonial. Bref, un parti imprégné de l’intelligence de la politique profonde du conservatisme (l’empirisme organisateur) : l’Union nationale de Daniel Johnson !
Le dernier premier ministre qui a pensé le Québec, non pas comme une province, mais bien comme un État :
« Dans le passé, j’ai mis le meilleur de moi-même pour devenir un chef d’État. » Daniel Johnson [17]
Johnson prit le pouvoir en 1966 avec la mission d’édifier l’État national. Son cadre stratégique fut résumé dans deux documents publiés en 1965, Égalité ou indépendance et son programme de 1966, Le Québec d’abord ! Résumons :
Égalité ou indépendance
On nous nie le titre de nation.
- Le statut politique résulte de l’unité de la nation et de l’État. Fondement du statut politique de la nation.
- L’État du Québec, l’instrument qui assure à la nation une prise sur son destin.
Québec d’abord !
- Abolition unilatérale du Conseil législatif (qui servait de Sénat et pouvait bloquer son programme législatif).
- Décolonisation de nos institutions parlementaires pour faire apparaître l’État français de Groulx.
- L’Assemblée législative devient l’Assemblée nationale.
- Création de la commission Dorion sur les questions de territoire.
L’application du programme de 1966 ne fut pas complétée à cause du décès de Johnson au milieu de son mandat. Entre autres, l’établissement d’un observatoire sur la démographie, dont on mesure la pertinence aujourd’hui. Surtout, sa pièce maîtresse : la Constitution de l’État du Québec, sans attendre la permission d’Ottawa, pour imposer, et non négocier, le statut politique de notre nation.
Conclusion
Le dossier sur l’Initiative du siècle recadre le projet d’émancipation politique de notre nation dans la dure réalité. Et sur l’urgence d’abandonner les illusions sur la vraie nature du Canada anglais. L’ennemi qui veut en finir avec notre statut politique de seule nation française en Amérique. Face à ce défi, nous n’avons qu’un instrument pour notre légitime défense, notre État.
Dans ce contexte, la nation recherche désespérément un chef d’État afin de poursuivre l’édification de l’État national, le seul instrument qui donne à la nation une prise sur son destin. Le seul levier pour faire face au défi clairement posé depuis le rapport Durham, la constitution de 1982 et l’Initiative du siècle :
Le défi existentiel.
7. Mathieu Bock-Côté, « Éloge de notre vieux fond catholique », Le Journal de Montréal, 7 avril 2023.
« The design of the priests was, that this self-confident, self-reliant, and enterprising people should be brought under a pressure that would constraint them to leave their fields and homes to be occupied by French-Canadians. » (p. 197)
« The priests used two levers to drive out protestants from the townships, the parish system and the separate schools. […] This book has been written in vain if it has not demontrated that the extension of that system to the townships is a tyrannical invasion of free territory, a defiance of royal proclamation and imperial statute; in one word, a usurpation. » (p. 200-201)
« Possession of the soil means sovereignty. » (p. 196)
9. Gérard Bergeron, Petit traité de l’État, PUF, 1990.
https://vigile.quebec/articles/le-pere-de-notre-doctrine-d-etat
13. Georges-Émile Lapalme, Le vent de l’oubli : mémoires (3 vol.), Leméac éditeur, Montréal, 1969, 2e vol., p. 240 (cf. Lionel Groulx [dir.], Notre avenir politique : enquête de L’Action française (1922), Bibliothèque de L’Action française, Montréal, 1923) et p. 241.
14. Lionel Groulx, Directives, 1937, p. 99.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec