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par Sputnik Afrique
Il y a un an, le 20 mai 2022 le bataillon nationaliste Azov a rendu ses armes à Marioupol. Deux habitants de la ville désormais russe racontent pour Sputnik leur captivité dans les geôles ukrainiennes alors qu’ils luttaient contre le régime oppresseur de Kiev depuis 2014.
Les plaies se referment lentement à Marioupol, un an après la libération de la ville. Le 20 mai dernier, les dernières unités du bataillon nationaliste Azov capitulaient en effet devant l’avancée des forces russes. Un jour de joie et de soulagement pour les résistants locaux, comme Olga Seletskaya et Viktor, qui ont dû endurer les horreurs des geôles ukrainiennes, comme ils le racontent à Sputnik.
Les deux habitants de Marioupol s’étaient engagés dans la milice de Donetsk, après le référendum de mai 2014 pour l’indépendance des Républiques populaires du Donbass. Face à la répression de Kiev, les deux résistants ont mené des actions clandestines pour aider à libérer la région. Mais Olga s’est fait arrêter par le bataillon Azov au cours d’une opération.
« Ils ont d’abord fait un simulacre d’exécution, puis ils m’ont emmenée à l’aéroport de Marioupol. C’est là que j’ai vu les sous-sols du Service de sécurité ukrainien (SBU), ce qu’ils font là-bas. C’était horrible », explique-t-elle.
Surnommée « La Bibliothèque », la prison secrète de l’aéroport de Marioupol et en effet tristement célèbre. C’est là que sont torturés les sympathisants aux idées pro-russes, surnommés « les livres » par les geôliers. Comme d’autres prisonniers, Olga est enfermée dans un réfrigérateur des anciens restaurants de l’aéroport.
Puis elle est interrogée via diverses techniques des tortures. On tente de l’étouffer avec un sac en plastique ou de la noyer pour qu’elle livrer des informations.
« J’ai été emmené pour un interrogatoire avec un sac en plastique noir sur la tête […] Quand je refusais de répondre, ils commençaient à m’étouffer avec ce sac, coupant toute arrivée d’air […] Après, ils m’ont traîné vers un grand récipient en métal et m’ont maintenu de force la tête sous l’eau, j’ai commencé à m’étouffer. Deux personnes me retenaient. Quand j’ai repris conscience, j’étais de retour dans le congélateur, allongé sur le sol, mes vêtements, mes cheveux mouillés. Il n’y avait pas de sac sur la tête, mais mes mains étaient toujours enchaînées avec des menottes en métal », explique-t-elle.
L’habitante de Marioupol explique avoir vu plus d’une trentaine de personnes enfermées dans les sous-sols de l’aéroport, portant le même type de sac plastique sur la tête, le corps couvert « de traces de coups, de tortures, de contusions ». Lors d’un nouvel interrogatoire, elle est rouée de coups jusqu’à ce que ses côtes se brisent.
« Ils m’ont appelé pour un autre interrogatoire. Je me suis assise devant l’enquêteur, alors qu’il écrivait sur son ordinateur portable. Deux autres hommes étaient assis près de la fenêtre. Cagoules, T-shirts, jeans, visages étaient masqués. Quand j’ai refusé de répondre aux questions, l’un d’eux s’est levé d’un bond et m’a fait tomber de la chaise. Ils ont commencé à me donner des coups de pieds. J’ai ressenti une douleur lancinante dans ma cage thoracique. La souffrance était terrible. C’est comme ça qu’ils m’ont cassé les côtes », a déclaré Olga Seletskaya.
Olga Seletskaya passera finalement 120 jours en captivité, avant d’être libérée dans un échange de prisonniers.
Viktor, capturé deux fois, jamais brisé
Viktor a lui aussi été arrêté par le bataillon nationaliste Azov, à deux reprises. La première fois en juin 2014, il a lui aussi été torturé au terrible aéroport de Marioupol, avant d’être laissé pour mort dans une fosse.
« Je ne sais pas combien de temps je suis resté allongé dans cette fosse, où il y avait déjà d’autres cadavres. Au bout d’un certain temps, j’ai eu les yeux bandés, des gens sont venus et ont dit : +Regardez, celui-là est tenace+ Ils m’ont fait sortir, m’ont jeté dans un véhicule et m’ont conduit au centre de détention provisoire de Zaporijia », explique-t-il.
Finalement échangé, Viktor n’hésite pas à retourner au combat contre les forces de Kiev. Il est capturé une deuxième, cette fois-ci dans le cadre du conflit, en mars 2022. Chargé de sécuriser un canon automoteur prés de Marioupol, il tombe dans une embuscade. Il est cette fois conduit à l’usine métallurgique locale d’Ilyich, pour y être torturé.
« Je leur ai dit de ne pas compter sur moi. Un gars a paniqué, a sorti un couteau à baïonnette et a commencé à me frapper. Le premier coup a atterri dans ma clavicule droite, le suivant sur l’avant du cou… Je me suis penché, les coups ont plu sur mon dos, sur mon omoplate droite, ma colonne vertébrale, puis deux coups sur le cou et trois sur la tête. Je suis finalement tombé. J’ai saigné abondamment. Il a dû penser que j’étais mort », relate-t-il.
Après son passage à tabac, Viktor a finalement décidé de feindre la mort. Des hommes de main ont fini par le traîner dans la rue et l’ont abandonné derrière une chaufferie. Tout juste vivant, il est parvenu à rallier un groupe de soldats de la RPD qui balayaient la zone. Il a ainsi pu être emmené à l’hôpital Kalinin de Donetsk.
source : Sputnik Afrique
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