Le sinistre sentiment de résignation de Pékin

Le sinistre sentiment de résignation de Pékin

par Stephen Roach

Alors que le décalage horaire s’estompe (surtout) depuis mon premier voyage de retour en Chine en près de trois ans et demi, quelques impressions floues deviennent plus nettes.

Pour le large consensus des Chinois que j’ai rencontrés lors de ma visite du 23 au 28 mars à Pékin, l’air était lourd d’un sombre sentiment de résignation face au conflit américano-chinois. C’était le cas des représentants du gouvernement, des universitaires, des chefs d’entreprise et des étudiants avec qui j’ai parlé au Forum de développement de la Chine et à plusieurs autres événements au cours de mon voyage.

Par résignation, je ne veux pas dire une profonde compréhension de la source du problème. Au contraire, la plupart semblent perplexes face à la brusque détérioration brutale des relations américano-chinoises au cours des cinq dernières années – la guerre commerciale qui s’est rapidement transformée en guerre technologique et maintenant en une nouvelle guerre froide. Mais ils ont été particulièrement troublés par la tournure inquiétante des événements au cours des huit derniers mois, en commençant par la visite de Pelosi à Taïwan et en passant par le fiasco du ballon, l’annulation de la visite du secrétaire Blinken à Pékin, la confrontation Blinken-Wang à Munich, l’extrême dénigrement de la Chine exposé à la Chambre des représentants des États-Unis et la contrepartie de McCarthy de recevoir le président taïwanais Tsai Ing-wen lors d’une visite de transit en Californie.

Le consensus chinois estime désormais qu’il y a très peu de choses à faire pour arrêter cette inquiétante spirale descendante dans la relation bilatérale la plus importante au monde. La question qui m’a été posée le plus souvent la semaine dernière à Pékin était : « Comment cela a-t-il pu arriver si vite ? » Bien qu’ils acceptent l’idée que la relation a toujours été difficile, ils s’étaient accrochés à l’idée que la raison finirait par l’emporter et que les deux superpuissances trouveraient un moyen de régler leurs différends. Les tarifs de Trump de 2018 étaient évidemment un signal d’alarme. La chaîne d’événements qui a suivi a maintenant dissipé tout semblant d’espoir.

Mais la résignation parle d’une dimension différente du conflit – l’acceptation qu’il est là pour rester et qu’il y a très peu de choses à faire pour arrêter l’escalade, et encore moins trouver un chemin vers la résolution du conflit. 

Ne voulant pas ou ne pouvant pas neutraliser un conflit apparemment insoluble avec les États-Unis, les dirigeants chinois se concentrent désormais sur d’autres choses : la reprise économique, un nouveau cycle de réformes « d’ouverture », de nouvelles initiatives en matière de gouvernance mondiale, un partenariat géostratégique avec la Russie et un approfondissement de l’engagement idéologique envers la pensée de Xi Jinping.

C’est certainement la prérogative de la Chine de façonner son propre agenda. Mais j’ai le sentiment inconfortable que les dirigeants chinois ont maintenant du mal à concilier leurs objectifs fondamentaux de prospérité et de stature mondiale avec le conflit croissant avec les États-Unis. Ce faisant, ils ne font que rejeter un compromis important entre conflit et prospérité. Washington, bien sûr, ignore peut-être les mêmes pièges du déni.

L’acceptation est souvent la première étape pour résoudre des problèmes difficiles. Mais cela ne semble pas être le cas aujourd’hui, du moins pas encore. Alors que la Chine hausse les épaules avec résignation et poursuit son propre programme, les arguments en faveur de la résolution des conflits restent plus insaisissables que jamais. Cela a donné lieu à des discussions très intéressantes sur le plan que je décris dans Accidental Conflict .

Il y a, bien sûr, un côté sombre à la résignation – d’une Chine qui a perdu tout espoir et se prépare maintenant à une phase beaucoup plus dangereuse d’escalade du conflit – l’action militaire cinétique. Heureusement, je n’ai pas ressenti un tel sentiment lors de mon récent voyage à Pékin. Mais juste la pensée, renforcée par la récente bellicosité sur le Congrès américain, ajoute à la privation de sommeil persistante du décalage horaire.

source : Bruno Bertez
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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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