Un discours qui n’a convaincu personne en Afrique

Un discours qui n’a convaincu personne en Afrique

par Jean-Claude Djereke

Avec enthousiasme et solennité, le président français Emmanuel Macron s’est récemment livré dans un discours de libération de l’Afrique, un discours jugé creux et évasif.

Le 27 février 2023, avant de se rendre dans 4 pays africains (Gabon, Angola, Congo-Brazzaville et République démocratique du Congo), Emmanuel Macron a annoncé que l’Afrique n’est plus le pré carré de la France, que l’arrogance française devrait faire place à la modestie, que les bases militaires françaises présentes sur le continent sans l’avis des populations africaines seraient désormais cogérées par les Français et les Africains.

Des annonces qui n’ont convaincu personne en Afrique. Pourquoi ? Parce que ce blablabla a déjà été entendu. En effet, avant Macron, Hollande et Sarkozy avaient fait campagne, entre autres, sur la fin de la Françafrique, « cette nébuleuse de réseaux occultes et de liens personnels tissés au fil des années entre les chefs d’État africains et français », mais, sitôt élus, comment se comportèrent-ils ? Ils jetèrent leurs beaux discours dans la poubelle pour s’acoquiner avec des présidents dictateurs, assassins et tripatouilleurs de constitutions.

On les vit serrer, « sans ombre ni trouble au visage », des mains couvertes du sang des Africains, dérouler le tapis rouge à des individus au pouvoir depuis 20 ou 30 ans. Sarkozy poussa l’incohérence plus loin en mettant fin en mars 2008 aux fonctions de Jean-Marie Bockel qui, deux mois plus tôt, avait laissé entendre qu’il avait hâte de signer l’acte de décès de la Françafrique.

On comprit alors que ni François Hollande ni Nicolas Sarkozy n’étaient guère différents de Jacques Chirac qui en janvier 2003 obligea Laurent Gbagbo à prendre dans son gouvernement des rebelles ayant attaqué et divisé la Côte d’Ivoire ou de François Mitterrand qui limogea Jean-Pierre Cot qui avait menacé de couper « l’aide française » à tout président africain qui ne respecterait pas les droits de l’homme dans son pays. Bref, l’aggiornamento de « la politique africaine de la France » promis à maintes reprises ne fut jamais au rendez-vous.

Les jeunes, qui contestent de plus en plus la présence de la France à Dakar, Bamako, Abidjan, Ouaga, Niamey, Lomé, Cotonou, Yaoundé, Brazzaville ou N’Djamena ont bien rigolé en écoutant le président français. Ils estiment que seul un imbécile peut croire à ce galimatias et que ceux qui y accorderont le moindre crédit finiront comme Meka, le héros de « Le vieux nègre et la médaille » de Ferdinand Oyono car l’exercice auquel s’est livré le locataire de l’Élysée n’est rien d’autre qu’une opération de charme.

Pour la jeunesse africaine consciente, il ne s’agit ni de réduire les effectifs militaires français ni de cogérer les bases militaires mais de les fermer purement et simplement et d’envoyer les soldats français en Ukraine dont la population a plus de ressemblance que les Noirs avec celle de France, de demander pardon et de verser des réparations aux descendants d’esclaves d’Afrique pour l’esclavage (4 siècles), la colonisation et le néocolonialisme subis par les Noirs.

Le 16 juillet 1995, à l’occasion du 53ème anniversaire de la rafle du Vélodrome d’Hiver, Jacques Chirac reconnaissait la responsabilité de la France dans la déportation vers l’Allemagne des juifs de France. Macron, lui, continue de penser et d’affirmer qu’il n’a pas connu la colonisation, qu’il n’est nullement comptable de ses nombreux crimes et qu’il est donc hors de question qu’il présente des excuses.

Mais à quoi bon parler de nouveau partenariat si on est intimement persuadé que seuls les juifs ont droit à un mea culpa, que tout est de la faute des Russes si la France perd chaque jour du terrain dans ses ex-colonies, si on n’est pas scandalisé par le fait que le Niger, producteur de l’uranium qui a enrichi Areva, est l’un des pays les plus pauvres du monde ?

Je souhaite évidemment un renouveau dans les relations entre la France et les pays africains mais, en écoutant Emmanuel Macron, en prêtant attention à ses gestes et mouvements, je n’ai pas eu l’impression que son pays était prêt à abandonner son arrogance, son mépris et sa volonté de domination.

source : Cameroon Voice
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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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