Espagne : le féminisme sans les féministes, mais avec les proxénètes et les transactivistes (par Lola Venegas)

Espagne : le féminisme sans les féministes, mais avec les proxénètes et les transactivistes (par Lola Venegas)

Tra­duc­tion d’un article de Lola Vene­gas, jour­na­liste et co-autrice de La guer­ra más lar­ga de la his­to­ria. 4.000 años de vio­len­cia contra las mujeres (« La plus longue guerre de l’his­toire. 4 000 ans de vio­lence à l’é­gard des femmes », non-tra­duit), ini­tia­le­ment paru, en espa­gnol, le 23 février 2023 sur le site Tri­bu­na­Fe­mi­nis­ta.


Rencontre internationale du ministère de l’Égalité : « Sans organisations féministes espagnoles mais cernée par les défenseurs du proxénétisme et des intérêts transactivistes. »

Du 24 au 26 février se tien­dra [s’est tenu] à Madrid la « Ren­contre inter­na­tio­nale fémi­niste » orga­ni­sée par le minis­tère de l’É­ga­li­té. Selon le pro­gramme, « avec cette ren­contre […] nous vou­lons créer un espace de débat et de réflexion inter­na­tio­nal, pour échan­ger des pro­po­si­tions poli­tiques fémi­nistes, basées sur l’im­por­tance de construire des alliances fémi­nistes pour atteindre l’é­ga­li­té de genre et déve­lop­per des trans­for­ma­tions sociales, éco­no­miques et poli­tiques pour construire un monde meilleur. La ren­contre réuni­ra des per­son­na­li­tés du monde entier issues des sphères ins­ti­tu­tion­nelles, aca­dé­miques et théo­riques et, bien enten­du, une grande par­tie de la socié­té civile et du mou­ve­ment fémi­niste. » [https://eif.igualdad.gob.es]

Dans la liste des inter­ve­nants, le fémi­nisme abo­li­tion­niste brille par son absence et il est dif­fi­cile de trou­ver une seule voix qui cri­tique l’au­to­dé­ter­mi­na­tion du sexe à l’état civil. En revanche, on trouve beau­coup de par­ti­sans de la régle­men­ta­tion de la pros­ti­tu­tion (appe­lée « tra­vail du sexe ») et de celles et ceux qui se sont pro­non­cés en faveur de l’ef­fa­ce­ment légal du sexe.

Le sec­ta­risme va jus­qu’à exclure de la table consa­crée à la lutte inter­na­tio­nale pour le droit à l’a­vor­te­ment les femmes et les asso­cia­tions espa­gnoles qui ont orga­ni­sé le mou­ve­ment épique du « Train de la Liber­té », qui, en 2014, a ren­ver­sé Gal­lardón et sa contre-réforme de la loi sur l’avortement.

Mal­gré le res­pect que méritent cer­taines des mili­tantes conviées à la ren­contre inter­na­tio­nale pour leur tra­vail de défense des droits humains, de l’en­vi­ron­ne­ment ou des com­mu­nau­tés indi­gènes, il faut noter l’ab­sence de voix abo­li­tion­nistes et la sur­re­pré­sen­ta­tion de ceux qui défendent la régle­men­ta­tion de la pros­ti­tu­tion, l’au­to­dé­ter­mi­na­tion du sexe à l’état civil ou la mater­ni­té de substitution.

Par­mi les inter­ve­nantes sur le « tra­vail du sexe », citons la séna­trice María José Pizar­ro, de la Répu­blique de Colom­bie ; la maire de San­tia­go du Chi­li, Irací Hass­ler, qui consi­dère qu’il est « néces­saire de régle­men­ter le tra­vail du sexe » ; l’Ins­ti­tut natio­nal des femmes du Mexique, pré­si­dé par Nadine Gas­man ; les autrices Bri­gitte Vasal­lo et Lina Meruane ; ou encore l’an­thro­po­logue mexi­caine Mar­ta Lamas, fer­vente mili­tante en faveur de la mar­chan­di­sa­tion du corps des femmes, qui entre­tient des liens éco­no­miques étroits avec des fon­da­tions nord-amé­ri­caines, dont la Fon­da­tion Ford, qui a géné­reu­se­ment grais­sé son compte courant.

« L’origine géographique des intervenants donne la priorité aux pays qui ont des lois qui effacent les femmes. »

La confé­ren­cière Vir­gi­nie Des­pentes, qui accom­pa­gne­ra Irene Mon­te­ro dans le panel « Fémi­nisme et femmes dans la bataille pour le pou­voir », a décla­ré que « si on sort la pros­ti­tu­tion de l’ombre, elle pour­rait se faire d’une autre manière, comme un tra­vail sans réseaux cri­mi­nels der­rière lui. Évi­dem­ment, tout dépend des condi­tions dans les­quelles on le fait. Il fau­drait que ce soit super bien payé, par exemple. »

À la même table inter­vien­dra l’autrice argen­tine Rita Lau­ra Sega­to, qui s’en est prise aux défen­seuses des droits des femmes, qua­li­fiant de « hon­teux » le dis­cours poli­tique d’A­me­lia Valcár­cel, qui défend le fait que les femmes doivent être au centre de l’agenda féministe.

La table ronde « Le droit à l’a­vor­te­ment comme lutte inter­na­tio­nale » réunit des inter­ve­nantes au dis­cours qui efface les femmes : l’autrice Eli­sa­beth Falo­mir et Ana Cris­ti­na Gonzá­lez, ex-direc­trice de la San­té Publique en Colom­bie, uti­lisent l’expression « per­sonnes ges­tantes » pour par­ler du droit à l’a­vor­te­ment ; tout comme la SEDRA-Fede­ra­ción de Pla­ni­fi­ca­ción Fami­liar de España (Fédé­ra­tion des plan­nings fami­liaux d’Es­pagne), repré­sen­tée à la Ren­contre par Filo­me­na Ruggiero.

L’an­thro­po­logue mexi­caine Mar­ta Lamas « accuse » les fémi­nistes d’être contre les mères porteuses.

Toni Morillas, direc­trice de l’Ins­ti­tut des femmes d’Espagne, a pro­mu en décembre 2022 le pre­mier numé­ro de la revue In Mujeres. Mono­grafías femi­nis­tas (« Chez les femmes, mono­gra­phies fémi­nistes »), consa­crée à la san­té des femmes, com­pre­nant quelques articles sur la san­té des hommes trans­fé­mi­nins [les hommes qui se disent femmes, les « femme trans »] (et aucun sur la san­té des femmes transmasculines).

Il s’agit donc d’une table ronde sur le droit à l’a­vor­te­ment où la plu­part des inter­ve­nantes sont inca­pables de dési­gner les femmes [inca­pables de faire réfé­rence aux femmes en uti­li­sant le mot femme].

Le féminisme sans organisations féministes

Contrai­re­ment à ce que pré­tend le pro­gramme, il est caté­go­ri­que­ment faux de dire que le mou­ve­ment fémi­niste par­ti­cipe à la ren­contre. Aucune orga­ni­sa­tion fémi­niste espa­gnole n’a été invi­tée : ni celles qui sont des inter­lo­cu­trices régu­lières du gou­ver­ne­ment, ni celles qui, tout au long de sa légis­la­ture, ont été réduites au silence ou igno­rées par le cabi­net de Pedro Sánchez.

Cepen­dant, par­mi les invi­tées se trouvent des femmes qui ont qua­li­fié les cri­tiques fémi­nistes de la loi trans d’in­sultes telles que « ter­fas » [TERF, mais ver­sion espa­gnole] et « fart » [FART, acro­nyme anglais, femi­nism-appro­pria­ting reac­tio­na­ry trans­phobe, soit « Trans­phobe réac­tion­naire qui s’approprie le fémi­nisme »]. C’est le cas d’Án­ge­la Rodrí­guez, secré­taire d’É­tat à l’é­ga­li­té et contre la vio­lence de genre, de la tran­sac­ti­viste Irant­zu Vare­la, de la Mexi­caine Mar­ta Lamas et de l’Ar­gen­tine Tama­ra Tenen­baum. Boti G. Rodri­go, direc­trice géné­rale de la diver­si­té sexuelle et des droits LGTBI du minis­tère de l’é­ga­li­té, s’est éga­le­ment per­mis d’é­crire sur Twit­ter : « Quand nous avons besoin d’être plus unis pour avan­cer, les idiotes du peuple arrivent pour tout détruire. »

Avec des insultes répé­tées aux fémi­nistes, M. Cam­brol­lé (une per­sonne trans­fé­mi­nine [un homme qui se dit femme, une « femme trans »]) et S. Hud­son (un tra­ves­ti auto-décla­ré), par pro­vo­ca­tion, par­ti­cipent à la table ronde sur la « Culture féministe ».

Mar Cam­brol­lé, mili­tant trans espa­gnol (« femme trans », homme qui se dit femme)

Cam­brol­lé est à la tête de l’As­so­cia­tion anda­louse des trans­sexuels, qui a atta­qué la psy­cho­logue fémi­niste Caro­la López Moya, exi­geant une amende de 120 000 euros et 5 ans d’in­ter­dic­tion d’exer­cer au motif fal­la­cieux qu’elle pro­mou­vrait les thé­ra­pies de conver­sion. Cette fausse accu­sa­tion, clas­sée sans suite, visait à faire taire celles d’entre nous qui pensent que le sexe n’est pas la même chose que le genre.

Cam­brol­lé, qui pro­meut éga­le­ment la mar­chan­di­sa­tion du corps humain, a décla­ré que « le tra­vail du sexe est l’u­ti­li­sa­tion libre de son propre corps », et est un habi­tué des actes de sou­tien indé­fec­tible à Irene Mon­te­ro. Il s’est éga­le­ment pro­non­cé en faveur de l’ex­ploi­ta­tion des capa­ci­tés repro­duc­tives des femmes, qu’il consi­dère comme un droit :

« Il doit être clair que les dis­cours de haine LGTB­pho­biques ne devraient jamais être pro­té­gés par la liber­té d’ex­pres­sion. Le fait de sou­te­nir […] que deux hommes ou deux femmes ne devraient pas pou­voir éle­ver un enfant ou pro­créer par le biais d’une mère por­teuse… Atta­quer les droits fon­da­men­taux des gens, ce n’est pas la liber­té d’expression. »

Ce ne sont pas les seules per­sonnes trans­fé­mi­nines [hommes qui se disent femmes] invi­tées à la ren­contre. Susan Stry­ker, de l’or­ga­ni­sa­tion Trans­gen­der Nation, qui estime que le fémi­nisme en tant que mou­ve­ment contre la léga­li­sa­tion de la pros­ti­tu­tion est com­po­sé de femmes « puri­taines », qui tient le même dis­cours que les putas­siers et les proxé­nètes, sera éga­le­ment pré­sent : « Aux États-Unis, il y a tou­jours eu des fémi­nismes puri­tains : contre le tra­vail sexuel, contre le por­no. » Bri­ta­ny Cas­tillo (autre per­sonne trans­fé­mi­nine), ori­gi­naire du Sal­va­dor, fait éga­le­ment réfé­rence à la pros­ti­tu­tion comme à un « tra­vail sexuel ».

« Susan » Stry­ker (« femme trans », homme qui se dit femme)

À la table des « Mas­cu­li­ni­tés », Raewyn Connel, une per­sonne trans­fé­mi­nine [homme qui se dit femme] d’Aus­tra­lie, ou Nacho Segar­ra, his­to­rien, expli­que­ront des choses comme celles-ci : « Il y a beau­coup plus de sexes qu’homme et femme… pen­ser à ces ado­les­cents pour faire par­tie de leur conver­sa­tion sur les iden­ti­tés lgtb, non-binaire, cis hété­ro… » Lucia­no Fabri, secré­taire de l’é­du­ca­tion et de la for­ma­tion pour l’é­ga­li­té au minis­tère de l’é­ga­li­té, du genre et de la diver­si­té de la pro­vince argen­tine de San­ta Fe nous éclai­re­ra peut-être sur le féminisme :

« Celles et ceux qui sup­posent, par exemple, que la fémi­ni­té des trans et des tra­ves­tis n’est pas la fémi­ni­té ou qu’ils ne sont pas des femmes, sup­posent qu’il existe une mas­cu­li­ni­té ori­gi­nelle, essen­tielle, qui est irré­vo­cable et que la véri­té à ce sujet se trouve dans leurs par­ties géni­tales. Et pour moi, ce n’est pas un pro­jet féministe. »

De même que l’é­cri­vain et acti­viste Roy Galán, récom­pen­sé par le minis­tère de l’É­ga­li­té lors de la Jour­née inter­na­tio­nale pour l’é­li­mi­na­tion de la vio­lence à l’é­gard des femmes en 2022 dans la caté­go­rie « hommes fémi­nistes », qui axe éga­le­ment son dis­cours sur le transactivisme :

« J’aime à pen­ser que les mas­cu­li­ni­tés queer font beau­coup pour ques­tion­ner ce que c’est qu’être un homme, la vraie per­cée sera faite par les mas­cu­li­ni­tés trans et dis­si­dentes. Et je sou­tiens cela parce que ce ques­tion­ne­ment pro­voque des réac­tions plus vio­lentes à tra­vers des actions qui excluent les per­sonnes trans. »

Rubén Cas­tro, une femme tran­si­den­ti­fiée qui par­ti­ci­pe­ra à la table ronde « Expé­riences fémi­nistes en san­té », n’y assis­te­ra que pour ren­for­cer l’i­dée absurde selon laquelle un homme peut tom­ber « enceint » et don­ner nais­sance. La presse l’a un jour décrite comme « un homme qui a don­né nais­sance à son fils Luar ».

[…]

D’autres inter­ve­nantes, comme Eli­sa­beth Falo­mir ou la Colom­bienne Ana Cris­ti­na Gonzá­lez (qui uti­lisent le terme « per­sonnes ges­tantes » pour dési­gner les FEMMES enceintes), uti­lisent éga­le­ment un lan­gage qui efface les femmes.

La com­mis­saire euro­péenne à l’é­ga­li­té, Hele­na Dal­li, qui compte dans son équipe l’un des signa­taires et pro­mo­teurs des Prin­cipes de Yogya­kar­ta, prin­ci­pal docu­ment de Troie anti­fé­mi­niste du tran­sac­ti­visme, par­le­ra sans doute des femmes « cis et trans ». Il y aura aus­si Anielle Fran­co, ministre bré­si­lienne de l’é­ga­li­té raciale, Mag­da­le­na Piñey­ro, qui par­ti­cipe à la réunion en tant que fon­da­trice de Stop gor­do­fo­bia, et Irant­zu Vare­la, qui ani­me­ra la salade contre l’a­gen­da his­to­rique féministe.

Le Rape Cri­sis Cen­ter (Centre de crise pour viols) de San­ta Bar­ba­ra, Cali­for­nie, désor­mais rebap­ti­sé Stan­ding Toge­ther to End Sexual Assault (STESA, Faire front ensemble contre les agres­sions sexuelles), est repré­sen­té à la ren­contre par Elsa Gra­na­dos. Il s’a­git d’un centre d’aide aux vic­times d’a­gres­sions sexuelles qui n’u­ti­lise jamais le mot « femmes » et invi­si­bi­lise le fait que ce sont les femmes qui sont les prin­ci­pales vic­times de cette vio­lence. Le centre n’u­ti­lise sys­té­ma­ti­que­ment que les concepts de « sur­vi­vants » ou de « personnes ».

Entre amies

Les ori­gines des inter­ve­nantes ont été soi­gneu­se­ment choi­sies : la majo­ri­té d’entre elles viennent de pays qui ont déjà voté des lois sur l’au­to­dé­ter­mi­na­tion du sexe à l’état civil. Malte, la Bel­gique, la Fin­lande, l’Aus­tra­lie, l’Ar­gen­tine, le Chi­li, la Colom­bie, la Boli­vie, le Mexique, le Bré­sil pos­sèdent une légis­la­tion qui recon­naît « l’i­den­ti­té de genre » et faci­lite le chan­ge­ment légal de sexe.

La repré­sen­ta­tion de ces pays à la réunion de février 2023 com­prend des res­pon­sables de haut niveau qui se sont pro­non­cés en faveur de lois sur l’ef­fa­ce­ment des femmes et l’au­to­dé­ter­mi­na­tion du sexe à l’état civil.

  • Hele­na Dal­li, com­mis­saire euro­péenne à l’é­ga­li­té : « Cela [l’au­to­dé­ter­mi­na­tion légale du sexe] ne doit pas être consi­dé­ré comme un recul de l’é­ga­li­té pour les femmes cis. »
  • Sarah Schlitz (Bel­gique), Secré­taire d’État à l’é­ga­li­té des genres, à l’é­ga­li­té des chances et à la diver­si­té (la Bel­gique a récem­ment annon­cé la recon­nais­sance légale des iden­ti­tés non-binaires) : « Dès le début de mon man­dat, j’ai essayé de pro­mou­voir le tra­vail extra­or­di­naire des asso­cia­tions qui luttent pour les droits des femmes, des mou­ve­ments fémi­nistes, trans et intersexes. »
  • Han­na Sark­kine est ministre des affaires sociales et de la san­té en Fin­lande, pays qui vient d’a­dop­ter une loi trans sur l’au­to­dé­ter­mi­na­tion du sexe. Elle par­ti­ci­pe­ra au panel « Fémi­nisme pour un monde meilleur ».
  • Gabrie­la Cer­ru­ti, porte-parole de la pré­si­dence de l’Argentine.

« Nous vou­lons que la socié­té entende nos voix. Quelle sorte de plu­ra­li­té de voix y a‑t-il si elle n’in­clut pas les voix des femmes, des tra­ves­tis et des transgenres ? »

  • Anielle Fran­co, ministre de l’é­ga­li­té raciale, Bré­sil : « …après ces der­nières années de reculs pour les droits des femmes, en par­ti­cu­lier pour les femmes noires, cis et trans… ».
  • Jose­fi­na Kel­ly Nei­la, secré­taire des poli­tiques contre la vio­lence fon­dée sur le genre. Minis­tère de la Femme, des Genres et de la Diver­si­té, Argen­tine : « Toute femme, les­bienne, tra­ves­tie ou trans qui a été vio­lée par la vio­lence basée sur le genre… »
  • María José Pizar­ro, séna­trice de la Répu­blique de Colombie.

« La vio­lence poli­cière contre les tra­vailleurs du sexe et les cas de trans­fé­mi­ni­cides ont augmenté. »

La Colom­bie est sur le point d’a­dop­ter une loi pour régle­men­ter la mater­ni­té de sub­sti­tu­tion.

  • Eli­za­beth Gómez Alcor­ta, ancienne ministre de la femme, du genre et de la diver­si­té, Argen­tine : « La loi sur l’i­den­ti­té de genre est l’ex­por­ta­tion la plus pré­cieuse de l’Argentine. »
  • Gabrie­la Mon­taño, ancienne pré­si­dente du Sénat boli­vien et pré­si­dente de la Chambre des dépu­tés boli­vienne : « [La loi boli­vienne sur l’i­den­ti­té de genre] redonne la vie, la pos­si­bi­li­té d’être heu­reux à des cen­taines de personnes. »
  • Lucía Por­tos, sous-secré­taire aux poli­tiques de genre et de diver­si­té sexuelle, Argen­tine : « Au sein du gou­ver­ne­ment, il y a une prise de conscience de la prio­ri­té à accor­der aux poli­tiques de genre. » « Le quo­ta de main-d’œuvre tra­ves­tie ou trans doit être rempli. »

En plus de ces per­sonnes, une impor­tante majo­ri­té des inter­ve­nantes ont ren­du publique leur posi­tion en faveur des lois qui effacent les femmes ain­si que leur adhé­sion au gen­risme queer (à la théo­rie queer), ou ont qua­li­fié de trans­phobe toute posi­tion cri­tique envers ces lois :

Las­te­sis (Chi­li) : « Pro­tes­ter contre la loi trans n’est pas du féminisme. »
Dacia Marai­ni (Ita­lie) : « Ceux qui sont nés hommes, mais se sentent femmes, devraient avoir la pos­si­bi­li­té de deve­nir femmes… »
Moni­ca Beni­cio, conseillère muni­ci­pale de Rio de Janei­ro : « Un fémi­nisme dans sa grande majo­ri­té où il n’y a pas de place pour la transphobie. »
María Llo­pis, autrice et mili­tante : « Le chro­mo­some Y ne signi­fie pas tou­jours que vous allez avoir un petit homme bio­lo­gique. Et un chro­mo­some XX ne signi­fie pas non plus que vous allez avoir une petite femme bio­lo­gique. La réa­li­té est beau­coup plus com­pli­quée et l’i­den­ti­té sexuelle est une consé­quence de l’en­semble de notre carte géné­tique et non d’une paire de chromosomes. »

DONESTECH, un col­lec­tif de Bar­ce­lone : « L’au­to­dé­ter­mi­na­tion de genre repré­sente-t-elle vrai­ment une menace pour les poli­tiques publiques d’é­ga­li­té ? Se pour­rait-il qu’en réa­li­té ce débat ne soit que du vent, une manière de détour­ner l’at­ten­tion de la véri­table stra­té­gie, celle d’im­po­ser un récit qui faci­lite la pré­ser­va­tion de cer­tains quo­tas de pouvoir ? »

D’autres inter­ve­nantes se sont expri­mées dans le même sens, comme Catia Faria, mili­tante des droits des ani­maux : « Le fémi­nisme essen­tia­liste le plus lié au pou­voir dit que la théo­rie queer “efface les femmes”, mais ce qu’il dit en réa­li­té, c’est qu’elle efface un cer­tain type de femmes qui sont par­ve­nues au pou­voir ou peuvent y arriver. »

Et imman­qua­ble­ment, bien que sa par­ti­ci­pa­tion soit vir­tuelle (par inter­net), la prê­tresse de l’idéologie queer et de l’ef­fa­ce­ment des femmes, Judith But­ler « […] nous demande de recon­si­dé­rer la caté­go­rie de “femme” pour y inclure ces nou­velles pos­si­bi­li­tés. Par consé­quent, nous ne devrions pas être sur­pris, ou inquiets, lorsque la caté­go­rie de femme s’é­lar­git pour inclure les femmes transgenres. »

Les seules membres du gou­ver­ne­ment espa­gnol qui par­ti­cipent à la ren­contre occupent des postes publics dans les minis­tères de Pode­mos : Ione Belar­ra, Ánge­la Rodrí­guez, Rita Bosa­ho, Boti G. Rodri­go ou Lilith Ves­tringe. Les anciennes ministres socia­listes Leire Pajín et Bibia­na Aído ont été invi­tées à par­ti­ci­per. Cette der­nière en appelle à un fémi­nisme uni, dia­lo­guant et inter­sec­tion­nel qui se concentre « sur les femmes indi­gènes, les femmes afro, les femmes han­di­ca­pées, les femmes trans, celles qui ont été les plus punies et les plus discriminées ».

Après avoir ana­ly­sé le pro­gramme et les inter­ve­nants de la ren­contre, il convient de rap­pe­ler les mots de Vic­to­ria Sendón :

« [L’] entrisme [est] une tac­tique qui empêche le déve­lop­pe­ment des dif­fé­rents mou­ve­ments de masse en les réorien­tant dans une autre direc­tion. Eh bien, l’un des mou­ve­ments de masse choi­sis a été le fémi­nisme, sans aucun doute. Du moins dans notre pays. Et à mesure qu’il gran­dit et se ren­force, la praxis de l’en­trisme est uti­li­sée avec de plus en plus de zèle, de plus en plus de pré­ci­sion, au point que des mots comme femme et fémi­nisme perdent leur sens au sein même du mouvement. »

Qua­li­fier de fémi­nistes les dis­cours qui vont être enten­dus durant la Ren­contre orga­ni­sée par le minis­tère d’I­rene Mon­te­ro, pour la plus grande gloire de ses poli­tiques anti­fé­mi­nistes, c’est de l’entrisme.

N’ou­blions pas que lorsque le minis­tère de l’É­ga­li­té, dans l’une de ses cam­pagnes extra­va­gantes, affirme qu’« il y a 47 mil­lions de façons de conce­voir le fémi­nisme », il montre son inten­tion de déna­tu­rer les valeurs fémi­nistes en consi­dé­rant qu’il y a autant de façons de com­prendre le fémi­nisme qu’il y a de femmes et d’hommes, y com­pris, donc, les vio­leurs, les fémi­ni­ci­deurs, les proxé­nètes, les putas­siers et les abuseurs.

Cette ren­contre pro­mue par Irene Mon­te­ro témoigne du mépris du fémi­nisme his­to­rique de toutes celles qui ont lut­té pour nos droits, et n’en­cou­rage comme pré­ten­du fémi­nisme que ce qui est qua­li­fié de tran­sac­ti­visme, le sou­tien à l’ex­ploi­ta­tion sexuelle et repro­duc­tive et, en géné­ral, l’a­gen­da anti-fémi­niste du néo­li­bé­ra­lisme le plus atroce.

Lola Vene­gas


Tra­duc­tion collective

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