Ma semaine à l’hôpital psychiatrique

Ma semaine à l’hôpital psychiatrique

La maladie mentale est malheureusement encore un tabou dans notre société. Les centres de santé mentale, ce que l’on nommait autrefois les asiles, sont des endroits peu familiers pour le commun des mortels. Surtout, ce sont des endroits pour lesquels nous éprouvons un inquiétant mélange de préjugés et de peur. Récit de ma semaine à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec.

Je me suis retrouvé à l’Institut lorsqu’une personne de mon entourage y a été admise à la suite d’une tentative de suicide. Même si j’ai passé mon enfance dans le quartier adjacent, je n’y avais jamais mis les pieds.

De l’extérieur, l’édifice semble déjà très grand, mais c’est une fois à l’intérieur que l’on comprend à quel point le lieu est énorme. C’est un véritable dédale de corridors sur plusieurs étages. J’ai tourné en rond une bonne quinzaine de minutes quand j’ai voulu en ressortir le premier soir. Petit moment de panique claustrophobique dans cette immensité de béton.

Le désert psychiatrique

L’endroit est étrangement désertique et calme. Le lieu est aux antipodes des urgences de nos hôpitaux bondées et bruyantes. Tous les employés et patients sont derrière des portes closes, et surtout, les visiteurs semblent être un concept inexistant. 

Cela m’a grandement troublé. J’ai donc posé la question à l’un des infirmiers, qui m’a répondu que je ne croisais personne dans les corridors, puisque la plupart des patients internés n’ont jamais de visiteurs. Jamais, même si dans certains cas, ils y sont pendant des années.
Il y a quelque chose d’anormal à ne croiser personne dans un lieu si vaste.

Il m’a gentiment expliqué que, même de nos jours, malgré les multiples campagnes de sensibilisation à coups de millions, les gens qui ont besoin de soins mentaux sont souvent encore perçus par leurs proches comme une honte.

Pourtant, ces gens-là sont simplement malades, au même titre que ceux qui sont admis dans un hôpital «régulier» pour traiter un trouble physique. Ils y sont parce qu’ils ont besoin de soins, point final.

Une expérience difficile

Cela dit, il est facile de comprendre que, pour certains, l’expérience, même en tant que simple visiteur, est extrêmement pénible à vivre. Il ne faut pas se leurrer, il y a des ailes où c’est très dur. Le secteur des gens ayant des troubles psychotiques ressemble à s’y méprendre à une prison. C’est peu invitant et plutôt traumatisant la première fois.

Tout est barré et surtout contrôlé à l’entrée. Sécurité des patients oblige. Les visiteurs passent une espèce de poste de douanes où ils doivent laisser les manteaux, sacs et effets personnels dans un vestiaire. Tout va dans un casier. Vous ne pouvez rien amener non plus à votre proche, même des vêtements ou des produits hygiéniques. Absolument rien ne doit rentrer de l’extérieur.

Tout est considéré comme un facteur de risque, comme une arme potentielle que les gens en état de psychose peuvent utiliser contre eux-mêmes. Ce constat est à la fois rassurant, puisque le personnel prend d’extrêmes précautions pour veiller sur les malades, et franchement troublant en même temps ! 

Lors de votre visite, vous ne verrez aucun autre patient que votre proche. Une fois les effets laissés dans le casier, on vous dirige dans une salle digne d’une série policière à petit budget : deux chaises, une table, un téléphone. Il ne manque que le bottin du mauvais flic qui interroge le criminel : un coup pour un aveu. L’atmosphère de la pièce peut facilement être qualifiée de glaciale.

L’ensemble du personnel que j’ai rencontré lors de ma semaine de visite était fort sympathique, à l’écoute, empathique et plein de compassion.

Mais malgré une apparence parfois similaire, ce qui fait toute la différence entre l’Institut universitaire en santé mentale et un centre de détention est extrêmement important : on n’y ressent aucune forme de violence. Sauf celle des patients envers eux-mêmes…

L’ensemble du personnel que j’ai rencontré lors de ma semaine de visite était fort sympathique, à l’écoute, empathique et plein de compassion pour les patients et pour mon humble personne. Comme me l’a dit une des infirmières : «On est conscients que c’est un moment difficile pour les patients et pour les proches. On fait notre possible pour soutenir tout le monde».   

Bien que notre système de santé soit laïc depuis des décennies, je n’ai pu m’empêcher de me dire que ces gens-là appliquent au quotidien, peut-être même sans s’en rendre compte, le nouveau commandement laissé par le Christ : «Aimez-vous les uns les autres.»

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