Note de la traductrice : Si vous lisez mes traductions et mes textes depuis un moment, vous savez que je ne parle pas de « femmes trans » ou de « transfemmes », mais d’« hommes transidentifiés », et que je genre les accords et les pronoms en fonction du sexe réel et non de l’identité de genre lorsque je traduis ou rapporte des faits, des crimes, des histoires qui s’additionnent en concourant à la destruction des droits des femmes. Je vous propose une traduction commentée d’un texte fondamental sur le sujet, initialement publié début 2019, en anglais, à l’adresse suivante, et qui a contribué à renforcer mon choix.
[« Rohypnol » est le nom commercial d’un médicament appelé flunitrazépam, de la famille des benzodiazépines. Il s’agit d’un tranquillisant, ou « hypnotique sédatif », environ dix fois plus puissant que le Valium, également utilisé comme agent d’induction des anesthésies générales, mais qui n’est plus prescrit en France. Il a été surnommé « la drogue du viol » bien que d’autres benzodiazépines soient plus fréquemment impliqués dans les cas d’agressions sexuelles — et de manière sous-estimée. Toutes les notes entre crochets comme celles-ci sont des notes de la traductrice.]
La question des pronoms, ou, plus précisément, la question des pronoms « préférés », fait l’objet de nombreuses discussions en ce moment. On entend généralement par cette expression les pronoms qu’une personne souhaiterait que d’autres personnes emploient lorsqu’elle est le sujet de leur discussion. [En français, il s’agit du pronom personnel à la troisième personne et d’accords genrés pour parler de quelqu’un au féminin ou au masculin.]
Le fait de décliner ses pronoms préférés signifie : « Lorsque vous parlez de moi, voici comment vous devez faire référence à moi. »
Le plus souvent, les personnes qui demandent, ou plutôt qui exigent, que les autres parlent d’elles en utilisant des pronoms spécifiques demandent des pronoms [et des accords] associés au sexe opposé au leur.
Une simple politesse. Une courtoisie.
J’ai entendu de nombreuses personnes me dire que cela ne les dérangeait pas d’employer les pronoms préférés des gens qui le demandent. Qu’elles le font par courtoisie, même si cela demande une certaine gymnastique mentale lorsque vous avez conscience du sexe réel de votre interlocuteur mais devez vous appliquer à systématiquement utiliser les pronoms et accords associés au sexe opposé. Il s’agit d’un choix personnel. Je respecte les raisons pour lesquelles certaines personnes le font.
J’ai également entendu de nombreuses personnes déclarer que quiconque ne se conforme pas à ce choix (généralement, il s’agit d’une femme) n’est qu’une odieuse et méchante personne, hostile et désagréable. Le « mégenrage » serait un discours de haine. C’est en tout cas ce qu’ils [les transactivistes et leurs complices] disent.
En ce qui me concerne, je refuse d’employer « elle » et d’accorder au féminin pour faire référence à un homme, quel qu’il soit. Parce que les pronoms sont comme du Rohypnol.
La « courtoisie » en matière de pronoms et de noms préférés entrave la lutte pour les droits des femmes. [Et la politesse, la gentillesse et la courtoisie sont très attendues de la part des femmes, naturellement gentilles, soumises et altruistes jusqu’au sacrifice, n’est-ce pas ?] Les gens sous-estiment sérieusement l’impact psychologique que l’obéissance à cette exigence produit sur eux-mêmes ainsi que sur les autres.
Les pronoms sont comme du Rohypnol pour l’autodéfense intellectuelle
Vous doutez peut-être. N’est-ce pas absurde ? Votre force mentale est implacable. Cela ne vous ressemble pas de vous laisser influencer par de telles futilités. Je me trompe sans doute. Oui, je comprends. Accompagnez-moi un peu dans mon raisonnement, au cas où.
Et essayez cette petite expérience :
1) Ce que vous coûte l’EMPLOI des pronoms préférés :
Avez-vous déjà entendu parler du test de Stroop ?
Il s’agit d’un phénomène psychologique bien connu de type « nommez cette couleur ». Une expérience simple et rapide. Il s’agit simplement de dire la couleur des mots écrits devant vous. Sauf que la vitesse et la précision de vos réponses sont fortement influencées par la concordance ou la discordance qu’il peut y avoir entre la couleur que vous voyez et le mot lui-même.
Essayez ICI [en anglais, sinon, en français ici], si vous aimez les tests interactifs amusants. Il vous faudra moins d’une minute pour le faire. Comparez la différence de temps entre la première et la deuxième partie de l’expérience. Vous constaterez que vous allez, à chaque fois, devoir lutter volontairement contre la dissonance cognitive due au « conflit » entre les informations contradictoires qui entrent dans votre cerveau. Cela vous perturbera, vous serez distraite, plus lente, cela pourrait aussi vous frustrez et vous fatiguez.
Forcer notre cerveau à ignorer l’évidence que nos yeux voient, nos perceptions immédiates, est une opération mentale qui nous affecte. Il s’agit d’ignorer un conflit entre ce que nous voyons — que nous savons être vrai — et ce que nous sommes censés dire [tout haut. Et c’est quelque chose que les femmes sont habituées à faire très tôt : les adultes forcent les petites filles à accepter les « bisous » d’autres adultes lorsqu’elles ne veulent pas être touchées. On leur fait comprendre que poser des limites est mal poli. On leur dit que lorsque les garçons sont méchants avec elles, c’est parce qu’ils les aiment bien. Une grande majorité de filles ont été élevées dans le gaslighting et le déni de leurs propres perceptions et ressentis. (NdLT)]
Employer les pronoms préférés des autres a le même effet. Cette opération altère votre attention, votre vitesse de traitement de l’information, vos automatismes [de survie]. Vous pouvez constater que cela vous rend anxieuse. Vous prêtez moins attention à ce que vous voulez dire et consacrez davantage d’énergie mentale à ce que l’on attend de vous. Cela vous ralentit, vous perturbe, vous rend moins réactive. Ce n’est pas une bonne chose.
[Soyons honnêtes deux secondes : je suis incapable de dire « elle » en parlant d’O***** C****. Il s’agit d’un homme troublé et détestable. De même avec N***** C**, il s’agit d’un autogynéphile entitré et manipulateur bête comme ses pieds. C’est plus compliqué avec certains transsexuels old school. Lorsque je les entends parler, que je discute avec eux, je les « perçois » dans un entre deux, mon traitement de leur parole, de leur ton, de leur propos se situe dans la vallée de l’étrange. Je leur dis « elle », mais cela me laisse une impression de malaise, de tristesse et de culpabilité. Parce que je n’ai rien contre ces personnes, et que j’apprécie même leur personnalité, leur caractère, et que leur histoire me touche. Toutefois, l’effet dont il est question est là : je suis plongée dans l’embarras.]
2) Le coût d’ENTENDRE ou de LIRE les pronoms préférés des autres :
Essayez l’expérience suivante. Pendant une semaine, retraduisez tous les articles et commentaires transactivistes que vous trouvez en revenant aux pronoms, noms et noms originaux basés sur le sexe réel. Réécrivez-les pour revenir à la vérité brute, puis relisez-les. Vous pouvez aussi faire cet exercice de tête, mais l’éditer sur un support (un écran par exemple) est préférable.
Convertissez les pronoms féminins en pronoms masculins, utilisez les noms de famille au lieu des prénoms, et convertissez des mots tels que « femmes trans » en « hommes » [ou « homme transidentifié »].
Mieux encore, si vous connaissez le prénom d’origine de la personne, utilisez-le, que ce soit David, Rhys, Ashton ou Jonathan [Référence à Jessica « Jonathan » Yaniv, le pervers pédophile qui a perdu son procès contre les salons d’épilation non mixtes qui refusaient de lui épiler les couilles, et qui se questionne sur comment aider les jeunes filles à insérer leurs tampons].
Que vous appeliez une « rose » sous un autre nom ne changerait rien à son odeur, pas vrai ? Cela ne devrait pas avoir d’importance. Personne d’autre ne sera blessé ou affecté par cette expérience privée. Cela se passe uniquement entre vous et votre esprit résilient.
(Essayez de ne pas être bannie de Facebook ou de Twitter lorsque vous faites cette expérience).
Maintenant, relisez votre version traduite.
Si ces petits actes courtois de conformité aux pronoms préférés ne sont vraiment que d’insignifiantes concessions (en dépit d’un bannissement potentiel des réseaux sociaux pour avoir apporté des preuves contradictoires), que vous faites par politesse envers les autres, et sans aucun coût ni pour vous ni pour les autres femmes, alors cet exercice privé ne changera rien, ne vous coûtera rien et n’affectera personne. Vous repartirez en vous disant : « Oui, c’est bien ce que je pensais, tout ça, c’est juste des histoires pour pas grand-chose. »
Exemple d’extrait d’article concernant une « femme trans » condamnée à des travaux d’intérêts généraux en réinsérant les pronoms masculins de l’agresseur mâle :
« Il a été condamné à 3 ans de travaux d’intérêts généraux par la Cour du Sheriff de Kirkaldy en janvier. En février dernier, il avait filmé à l’aide de son téléphone portable une jeune fille pendant qu’elle était aux toilettes, par-dessus la cloison de séparation. Un mois plus tard, il a poussé une autre jeune fille dans le box de toilettes, lui a saisi la tête et lui a ordonné de quitter son pantalon. »
Après tout, rien n’était censé « changer » par la seule modification des pronoms et des noms, n’est-ce pas ? Vous savez déjà au fond quel est le sexe réel de l’agresseur dans l’histoire. Les pronoms, masculins ou féminins, n’ajoutent aucune information supplémentaire. Comment de simples pronoms peuvent-ils, de quelque manière que ce soit, modifier votre perception ou vous influencer alors que vous connaissez déjà tous les faits ? Les pronoms n’importent pas, c’est une simple petite concession à faire. Ça ne mérite pas d’être pris en considération, c’est sans importance, pas vrai ?
Sur le plan cognitif, vous devriez être immunisée contre les effets d’un tel travestissement linguistique. Les pronoms ne sont pas importants, alors vous les concédez facilement étant donné qu’ils n’ont pas le pouvoir de vous influencer, puisque vous y voyez déjà clair, non ?
(Et vous pouvez vous confesser ici, ça ira. Vous pensez peut-être déjà que les femmes qui refusent de se plier aux pronoms sont juste des imbéciles, incapables de penser stratégiquement [et un peu d’automisogynie dans le mix] et qui ne savent pas quand lâcher l’affaire, sont probablement des extrémistes. Elles ne se rendent pas service, et même qu’elles nuisent à leur propre « cause ». Quelle déraison.)
Mais tentez l’expérience. Traduisez les pronoms, les accords et les références au masculin. Insérez des « noms morts » ou « morinoms » [en anglais dead name, il s’agit du nom originel d’un homme transidentifié, et comme pour les démons, si vous le connaissez, le TRA [Trans Rights Activist, le militant trans] n’a plus aucun pouvoir sur vous] ou utilisez leurs noms de famille. (Personne ne le saura, sauf vous). Relisez encore une fois et soyez honnête avec vous-même.
Est-ce que ça vous semble différent en le lisant de cette façon ?
Réagissez-vous différemment ? Comment est votre anxiété, votre confusion ? Êtes-vous plus en colère ? Avez-vous plus peur ? Votre sens de l’injustice est-il éveillé ? À quel point vos défenses intellectuelles se sont-elles déclenchées ?
Vous découvrirez peut-être que, malgré vous, vous avez réagi de manière viscéralement différente à ce que vous avez sous les yeux. [Au départ, vous visualisiez une femme en train d’agresser une fille. Maintenant, vous voyez la réalité : un homme pervers et pédophile qui agresse sexuellement des jeunes filles.]
C’est pourtant la même histoire, avec les mêmes protagonistes et les mêmes faits.
Pronoms différents, réaction différente.
Les pronoms préférés, c’est du Rohypnol.
Ils émoussent vos défenses. Ils altèrent vos inhibitions. Ils sont faits pour ça. Toute votre vie, vous avez appris à être attentive et sur vos gardes vis-à-vis de « lui », et détendue et en confiance avec « elle ».
Pour de très bonnes raisons. Cette réaction instinctive vous protège. Ce n’est même pas quelque chose de conscient. C’est comme si les petits cheveux de votre nuque se hérissaient. Vos routines perceptives subconscientes vous aident à ne pas vous faire dévorer par le tigre à dents de sabre que vos yeux n’ont pas encore perçu.
« Marche comme si trois hommes marchaient derrière toi. » (Oscar de la Renta)
À l’origine, Oscar n’avait probablement pas l’intention de provoquer la réaction féminine instinctive que ses mots ont suscitée.
Les pronoms discordants font également travailler votre cerveau beaucoup plus dur [et inutilement, gaspillant de l’attention pour rien et volant vos ressources pour quand vous en aurez réellement besoin, pour vous battre pour les droits des femmes, par exemple], non seulement quand vous les employez, mais aussi lorsque vous les recevez comme information. Votre cerveau traite et retraite en continu l’information pour que l’histoire soit claire dans votre tête. Homme ou femme ? Qui est l’agresseur déjà ? Cela exige de vous un effort de concentration plus intense. Un effort pour ignorer vos intuitions, ignorer vos instincts.
Et tout cela ne concerne que vous. Vous êtes déjà au courant de toutes les informations pertinentes, vous êtes déjà avisée, vous savez ce dont il retourne, vous n’êtes pas née de la dernière pluie.
Pourtant, l’emploi et la lecture des pronoms et des accords genrés [qui ne correspondent pas à la réalité], des prénoms discordants, vous affectent sur les plans émotionnel et instinctif. Malgré vos efforts. Vous n’êtes pas immunisée contre cet effet. Même en sachant parfaitement le sexe réel d’un homme donné, vous réagirez et le percevrez différemment si quelqu’un l’appelle « elle » au lieu de lui.
Quel est donc l’impact sur toutes celles et ceux qui n’en sont même pas encore conscients, qui n’ont pas encore pleinement compris ce qui se passe ?
Les pronoms préférés, c’est du Rohypnol.
Ils changent notre perception des autres [et du danger], nous font baisser notre garde, nous font réagir différemment, modifient la réalité qui se présente à nous.
[« Par exemple, la British Psychological Society a déclaré que les psychologues qui travaillent avec des patients en médecine légale sont conscients qu’il existe un certain nombre de cas dans lesquels des hommes délinquants sexuels se sont sciemment fait passer pour des “femmes transgenres” lorsqu’il n’en était rien. Ils ont agi ainsi a) pour démontrer qu’ils ne représentent pas une sérieuse menace à la société et obtenir ainsi une libération conditionnelle ; b) pour expliquer leur délinquance sexuelle autrement que par leurs motivations sexuelles (par exemple, vouloir “examiner” les jeunes filles [parce qu’ils n’ont pas eu une enfance “en tant que fille (NdLT)]) ; c) ou pour séparer leur moi délinquant sexuel (homme) de leur moi futur (femme) ; d) dans de rares cas, les psychologues ont jugé que l’homme en question cherchait à accéder plus facilement aux femmes et aux jeunes enfants en se présentant sous une apparence féminine. » Isidora Sanger, Born in the right body.
Mais, bien entendu, rien ne permet objectivement de différencier un homme qui prétend sincèrement être une femme trans d’un homme qui le prétend abusivement. Une grande partie de l’absurdité de la chose se retrouve ici.]
Il s’agit de l’objectif de l’emploi des « pronoms préférés ». Ils anesthésient nos défenses. Ils nous rendent confuses. Ils suppriment nos réactions instinctives de sécurité.
Ils fonctionnent.
Après avoir fait cette expérience, vous déciderez peut-être de continuer d’accepter de les utiliser, ou d’employer des pronoms féminins et de genrer au féminin pour parler des hommes de manière un peu plus prudente, mais en conscience de leur influence sur vous et les autres. C’est un choix que vous pouvez faire. Au moins, désormais, vous réalisez que vous pouvez volontairement supprimer vos réponses instinctives à cet emploi. Vos yeux sont plus ouverts.
Peut-être continuerez-vous à traduire mentalement les pronoms et les noms « préférés » dans votre tête pour rester au contact de la réalité, à chaque fois, comme je le fais. Nous nous donnons ainsi de meilleure chance de comprendre la réalité de la situation qui se présente à nous. Cela devient plus facile avec la pratique. Je tiens à préserver mon instinct.
Peut-être que vous hausserez les épaules. Vous pouvez vivre avec ce petit phénomène. Peut-être que ça n’a pas marché pour vous, que vous ne voyez toujours pas le problème.
Mais je vous en prie. Ne jugez pas si sévèrement celles d’entre nous qui refusent de se soumettre, qui refusent de se conformer aux pronoms préférés. Nous avons de bonnes raisons de le faire, pour notre propre bien et pour celui des autres.
Les pronoms préférés, c’est du Rohypnol.
Je veux être vigilante. Je veux que les autres soient vigilantes. Je veux que les gens voient la réalité, et je veux que ces réactions instinctives, ces intuitions que nous ressentons lorsque quelque chose ne va pas, ne soient pas émoussées, ni confondues par ce tour de passe-passe psychologique de comptoir, mais efficace. J’ai l’impression que je me dois ça à moi-même, et que je le dois absolument aux autres femmes.
Et plus que tout, je le dois aux filles. Je ne veux pas participer, même de manière minime, à les encourager à négliger leurs instincts de survie et de protection. Ces instincts sont là pour une raison. Pour les garder en sécurité. Elles ont besoin de leurs instincts intacts et affûtés.
Et c’est pourquoi je n’utiliserai pas les pronoms préférés. Se servir du Rohypnol sur les autres n’est pas une courtoisie.
Barra Kerr
Traduction : Audrey A.
Source: Lire l'article complet de Le Partage