L’enseignement privé nourrit la ségrégation scolaire

L’enseignement privé nourrit la ségrégation scolaire

Le premier est président de la Centrale des syndicats du Québec ; le second est secrétaire général de l’UNSA Éducation.
 

Nous agissons dans nos pays respectifs pour porter un projet d’amélioration de la société par l’éducation. La réussite de chaque élève est notre moteur commun et le socle d’une société plus juste. Or, cette volonté est souvent contredite par des phénomènes de ségrégation sociale et scolaire, qui pénalisent la réussite des élèves issus des milieux sociaux les plus défavorisés.
 

L’enseignement privé nourrit la ségrégation scolaire

En France, des établissements d’enseignement privé, qu’ils soient lucratifs, religieux, ou les deux à la fois, construisent le séparatisme scolaire en attirant des élèves issus de la frange la plus favorisée de la population. Ils concourent ainsi à la ghettoïsation des élèves issus des milieux les plus pauvres : l’entre-soi des uns conduit à la ségrégation des autres, qui aboutit à l’échec scolaire et au repli sur soi. La part du privé dans l’enseignement progresse lentement dans nos deux pays, surtout dans les grandes villes, notamment à Paris et à Montréal.

Cette situation pourrait paraître saugrenue, quand deux systèmes scolaires sont en concurrence, mais l’un pouvant sélectionner ses élèves, et l’autre non. Quand l’un, l’enseignement public, doit accueillir tous les élèves, peu importe leurs besoins éducatifs particuliers, couvrir l’ensemble du territoire et intégrer les enfants migrants. Et quand l’autre système exerce une sélection sur la base des résultats scolaires des élèves ou de la capacité de payer des parents, tout en recevant sans difficulté des moyens publics.

Cette concurrence faussée est exacerbée par des classements factices qui reposent uniquement sur les taux de réussite aux examens, alors que le projet social d’une éducation publique de qualité doit être plus large qu’un simple objectif quantitatif.
 

Une mixité sociale essentielle pour nos démocraties

Bien que de manière différente, le Québec fait aussi face à des défis en matière de mixité sociale dans les écoles. La problématique d’une école à trois vitesses (publique, projets particuliers sélectifs et privée) est bel et bien réelle et favorise également la ségrégation scolaire. Pourtant, la mixité sociale dans les classes crée un terreau fertile à la réussite. Elle offre aussi aux élèves un milieu de vie qui reflète la diversité de la société et favorise le vivre-ensemble. En somme, elle est bénéfique autant pour les individus que pour la société.

Nos deux organisations syndicales partagent des préoccupations communes, malgré nos deux sociétés différentes. L’accroissement des inégalités constitue un enjeu crucial sur le plan de l’égalité des chances et de la justice sociale. Au bout du compte, ce sont les jeunes qui en font les frais, et nous tous, collectivement.

À ce chapitre, l’éducation doit porter un projet de société ambitieux et inclusif. Cela demande de lutter avec détermination contre les mécanismes qui alimentent la ségrégation sociale et scolaire des enfants et des adolescents, peu importe la forme qu’ils prennent des deux côtés de l’Atlantique.
 

Des mesures nécessaires et urgentes

Nos deux organisations alertent les pouvoirs publics, de part et d’autre de l’Atlantique, sur le danger que représente cette ségrégation scolaire croissante. Elle prend forme différemment selon nos contextes scolaires spécifiques, mais nos deux organisations s’entendent sur la nécessité d’agir pour repenser les politiques publiques en faveur d’une plus grande mixité sociale au bénéfice de la réussite éducative du plus grand nombre.

Pour nous, la réussite de tous les élèves n’est pas une utopie. C’est un objectif atteignable, qui demande une coordination de nos efforts pour influer efficacement et positivement sur les politiques publiques.
 

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À propos de l'auteur L'aut'journal

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