Aux origines du mouvement queer #1 : Pat Califia et la pédophilie (par Nicolas Casaux)

Aux origines du mouvement queer #1 : Pat Califia et la pédophilie (par Nicolas Casaux)

Le mou­ve­ment (et/ou la théo­rie) queer est né sur des cam­pus uni­ver­si­taires des États-Unis, dans les années 80, avec les tra­vaux d’un petit groupe de théo­ri­ciens (qui s’inspiraient, cela dit, des tra­vaux anté­rieurs de célèbres intel­lec­tuels fran­çais comme Fou­cault ou Der­ri­da). Un de ces prin­ci­paux théo­ri­ciens est une ex-les­bienne, née Patri­cia Cali­fia, qui a par la suite « tran­si­tion­né » (hor­mo­no­thé­ra­pie puis double mam­mec­to­mie), à l’âge de 45 ans, pour deve­nir Patrick Cali­fia. Pra­tique (le dimi­nu­tif reste le même : Pat).

Dans son pre­mier livre, inti­tu­lé Sap­phis­try : The Book of Les­bian Sexua­li­ty (« Le livre de la sexua­li­té les­bienne), paru en 1980, Pat Cali­fia pro­mou­vait, entre autres choses, la « bes­tia­li­té » (on parle aus­si de « zoo­phi­lie »), le fait d’avoir des rap­ports sexuels avec des ani­maux : « l’attraction sen­suelle de l’animal et la nature inter­dite de l’expérience peuvent rendre ces fan­tasmes très exci­tants. […] Les pro­blèmes d’hygiènes peuvent être évi­tés en vous lavant vous ou votre ami à poils. […] Il n’y a rien de mal dans le fait d’exprimer des sen­ti­ments sexuels envers des ani­maux ou de lais­ser des ani­maux expri­mer leurs sen­ti­ments sexuels envers des êtres humains. »

Dans un poème publié dans une col­lec­tion d’essais, Cali­fia expri­mait son sou­hait d’a­voir une bite au tra­vers de vers comme « Ima­gine le gon­fle­ment et la lon­gueur rigide / enfour­née en toi », « Te bai­ser jus­qu’à ce que je jouisse / Res­ter en toi jus­qu’à ce que je bande à nouveau ».

Cali­fia est par­ti­cu­liè­re­ment connue pour sa pro­mo­tion du sado­ma­so­chisme et de la por­no­gra­phie. Dans un livre célé­brant le sado­ma­so­chisme, elle sug­gère que les les­biennes ont comme fan­tasme le fait d’être vio­lées. En outre, comme le rap­por­ta le Bay Area Repor­ter, un heb­do­ma­daire gra­tuit « à l’attention de la com­mu­nau­té LGBTQ de la baie de San Fran­cis­co », dans son numé­ro 49 en date du 9 décembre 1982 :

« Le 13 octobre 1982, Cali­fia, alors âgée de 28 ans, s’est livrée à des actes sexuels avec Constance Mar­shall, 27 ans, qui avait accep­tée d’être pla­cée en “bon­dage”. Tan­dis qu’elle était ligo­tée, à l’aide d’un cou­teau, Cali­fia lui a gra­vé un svas­ti­ka sur l’épaule. Pour Cali­fia, il s’a­gis­sait d’un acte consen­suel ; pour Mar­shall — qui le mani­fes­ta ulté­rieu­re­ment — tel n’était pas le cas. »

Cali­fia est aus­si connue pour sa pro­mo­tion de la pédo­phi­lie. Dans un de ses essais, elle décrit les pédo­philes comme un « groupe ter­ro­ri­sé » et « oppri­mé » fai­sant preuve d’un « cou­rage consi­dé­rable ». Elle affirme en outre qu’au lieu « de condam­ner les pédo­philes pour leur impli­ca­tion auprès des jeunes les­biennes et gays, nous devrions les sou­te­nir. Ils ont vrai­ment besoin de nous. » Et ajoute :

« Il est condes­cen­dant de sup­po­ser que les jeunes sont tel­le­ment éblouis par le pou­voir des adultes qu’ils ne peuvent pas faire la dif­fé­rence entre être moles­té et être amou­reux ou exci­té. Tout enfant suf­fi­sam­ment âgé pour déci­der s’il veut ou non man­ger des épi­nards, jouer avec des camions ou por­ter des chaus­sures est suf­fi­sam­ment âgé pour déci­der s’il veut ou non cou­rir nu au soleil, se mas­tur­ber, s’as­seoir sur les genoux de quel­qu’un ou avoir une acti­vi­té sexuelle. »

On pour­rait conti­nuer à lis­ter les igno­mi­nies pro­mues par Cali­fia. Il y en a un paquet. Le mou­ve­ment queer, c’est essen­tiel­le­ment la pro­mo­tion de n’importe quelles atti­tudes jugées trans­gres­sives, de la trans­gres­sion de plus ou moins n’importe quelle norme, la glo­ri­fi­ca­tion de pra­tiques vio­lentes, l’érotisation des rap­ports de domi­na­tion (le sado­ma­so­chisme, le BDSM). D’où son nom. « Queer » : une insulte homo­phobe (dans la veine de « tapette » ou de « pédé ») que des indi­vi­dus ont com­men­cé à se réap­pro­prier en pro­mou­vant les choses ici men­tion­nées. « Queer », à la base, signi­fie « bizarre », « tor­du » ou encore « inadap­té ». Et si, dans les médias, notam­ment dans les pays anglo­phones (mais ça arrive dou­ce­ment chez nous, comme le reste), le terme « queer » est de plus en plus asso­cié à l’ensemble de la « com­mu­nau­té LGBTQIA+ », de nom­breuses les­biennes, de nom­breux gays et de nom­breuses per­sonnes bisexuelles, sachant ce qu’il y a der­rière, refusent d’être qua­li­fiées de « queer ». En revanche, les uni­ver­si­tés des pays les plus riches du capi­ta­lisme mon­dia­li­sé pro­posent désor­mais des par­cours d’études queer et les ins­ti­tu­tions éta­tiques et les entre­prises financent désor­mais des fes­ti­vals queer, des évè­ne­ments queer, etc. Tan­dis que le mou­ve­ment queer pré­tend être une attaque contre l’ordre éta­bli, ses prin­ci­paux pro­mo­teurs sont des uni­ver­si­taires gras­se­ment payés des pays les plus riches du monde.

Dans son livre Spea­king Sex to Power : The Poli­tics of Queer Sex (« Par­ler du sexe au pou­voir : la poli­tique du sexe queer »), paru en 2002 (après sa « tran­si­tion »), Pat Cali­fia écrit :

« J’aime beau­coup faire mal aux gens. Mon acti­vi­té S/M pré­fé­rée est la fla­gel­la­tion. J’u­ti­lise presque tou­jours une forme de bon­dage dans ces séances, pour deux rai­sons : pour main­te­nir la cible là où je le veux, et pour lui don­ner quelque chose sur lequel elle peut tirer, s’ap­puyer et se débattre. Le contact avec la corde ou la chaîne les aide à s’en­fon­cer et à éro­ti­ser la douleur. »

Plus loin :

« Comme je me défi­nis avant tout comme un sadique, j’aime aus­si les formes de bon­dage qui peuvent ser­vir de puni­tion féroce. Dans ce cas, j’u­ti­li­se­rai une corde fine ou même de la ficelle à gâteau, et je la ser­re­rai assez fort pour avoir l’im­pres­sion qu’elle coupe ou brûle le corps. Il faut bien sûr faire atten­tion à ne pas endom­ma­ger les nerfs, les arti­cu­la­tions ou le tis­su conjonc­tif. Un bon­dage par­fai­te­ment confor­table peut aus­si se trans­for­mer en souf­france si, par exemple, un pri­son­nier assoif­fé ne peut pas atteindre un verre d’eau, ou si un suceur de bite ne par­vient pas à atteindre avec sa bouche l’objet de son désir. Le bon­dage asy­mé­trique est une méthode facile pour sou­mettre le corps humain à un stress intense. Dans la mesure où le fait d’être contrô­lé ou expo­sé est vécu comme une humi­lia­tion par le bas, cette réponse émo­tion­nelle peut être exploi­tée et aug­men­tée jus­qu’à ce qu’il soit défait et com­plè­te­ment malléable. »

Mer­veilleux.

Il est inté­res­sant de noter que dans un essai paru en 2000, Pat Cali­fia est légè­re­ment reve­nue sur sa pro­mo­tion de la pédophilie :

« Lorsque j’ai écrit “L’âge du consen­te­ment : la grande panique du por­no juvé­nile de 1977” et “Les consé­quences de la grande panique du por­no juvé­nile de 1977” [les articles dans les­quels elle défen­dait la pédo­phi­lie], je fai­sais preuve d’une grande naï­ve­té en ce qui concerne les pro­blèmes de déve­lop­pe­ment qui rendent inac­cep­tables les rela­tions sexuelles entre adultes et enfants pré­pu­bères, et la nature de la dyna­mique de pou­voir entre mineurs et adultes qui rend pro­blé­ma­tique le consen­te­ment éclai­ré aux rela­tions sexuelles. […] Peut-être parce que je suis main­te­nant un parent, je suis moins idéa­liste quant aux pos­si­bi­li­tés d’une rela­tion égale entre adulte et enfant. […] Même si je ne suis plus d’ac­cord avec le pro­gramme poli­tique de la North Ame­ri­can Man-Boy Love Asso­cia­tion (NAMBLA) [l’Association nord-amé­ri­caine pour l’a­mour entre les hommes et les jeunes gar­çons, une asso­cia­tion qui pro­meut la léga­li­sa­tion de la pédo­phi­lie], je sou­tien­drai tou­jours le droit de la NAMBLA de par­ti­ci­per à des mani­fes­ta­tions gay, de publier son maté­riel et de débattre de ces questions. »

Un désa­veu en demi-teinte, donc.

Pat Cali­fia avant sa « transition »

L’histoire de com­ment Pat Cali­fia est deve­nue parent est consi­gnée dans l’édition du Los Angeles Times en date du 27 février 2001 :

« Une his­toire d’a­mour conven­tion­nelle, à un détail près : Lorsque Patrick et Matt Cali­fia-Rice se sont ren­con­trés il y a dix ans, ils étaient des femmes. Des femmes qui avaient sen­ti, depuis qu’elles étaient petites, qu’elles devaient être des hommes.

Matt a été le pre­mier à faire de son désir une réa­li­té. Le jour où les deux ont rom­pu, il a com­men­cé à prendre de la tes­to­sté­rone. Il s’est lais­sé pous­ser la barbe, s’est fait enle­ver les seins. Ils se sont remis ensemble cinq ans plus tard, et bien qu’ils ne puissent pas se marier léga­le­ment, ils ont cha­cun pris le nom de l’autre. Patrick, qui vivait tou­jours en tant que femme, a com­men­cé à pen­ser qu’il allait lui aus­si deve­nir un homme.

Puis les choses se sont compliquées.

Le couple décide qu’il veut avoir un enfant. Compte tenu de leur his­toire inha­bi­tuelle, l’a­dop­tion serait dif­fi­cile, voire impos­sible, et Patrick avait subi une hys­té­rec­to­mie pour des rai­sons médi­cales des années auparavant.

La seule option, selon eux, était que Matt conçoive un enfant. En proie à des migraines d’o­ri­gine hor­mo­nale, il avait déjà arrê­té de prendre de la tes­to­sté­rone et avait recom­men­cé à avoir ses règles ; son méde­cin lui avait conseillé une hystérectomie.

Au lieu de cela, ils ont trou­vé plu­sieurs don­neurs de sperme, et le bel ana­lyste de réseaux infor­ma­tiques bar­bu de 37 ans est entré dans le monde des nau­sées mati­nales et de la réten­tion d’eau. Au cours du troi­sième tri­mestre de Matt, Patrick a com­men­cé à prendre de la tes­to­sté­rone et à envi­sa­ger une opé­ra­tion de la poitrine.

Il y a un an, leur fils est né, dans une famille com­po­sée de deux parents mas­cu­lins et dans un monde qui, il y a dix ans, n’exis­tait même pas. »

Entre-temps, Cali­fia a éga­le­ment entre­pris une double mas­tec­to­mie. Et elle n’est plus avec Matt (le couple s’est sépa­ré à peine un an après la nais­sance de leur enfant). La tran­si­tion tran­si­den­ti­taire, quelle triste absur­di­té. Entre­prendre une thé­ra­pie hor­mo­nale à vie et muti­ler son corps pour « deve­nir qui l’on est vrai­ment », ce non-sens. Et le côté expé­ri­men­tal de la gros­sesse et de l’allaitement chez les femmes tran­si­den­ti­fiées (les pré­ten­dus « hommes trans »), ayant été pla­cées sous blo­queurs de puber­té et/ou hor­mones de syn­thèse et ayant subi une abla­tion de la poi­trine, ne témoigne pas d’un grand sou­ci du sort des bébés et des enfants.

Cer­tains livres de Pat Cali­fia ont été tra­duits en fran­çais, comme celui-ci.

Dans un essai écrit après le début de sa prise d’hormones, Cali­fia explique que la tes­to­sté­rone sti­mule sa libi­do et qu’elle com­prend désor­mais « pour­quoi les hommes peuvent (et doivent !) payer 40 $ pour une fel­la­tion en ren­trant du bou­lot ». La célé­bra­tion de la pros­ti­tu­tion — ou, du moins, le fait de la pré­sen­ter comme un métier comme un autre, poten­tiel­le­ment épa­nouis­sant, gra­ti­fiant, etc. — est un clas­sique des poli­tiques queer.

Et depuis qu’elle est sous testostérone :

« Le sexe occa­sion­nel a chan­gé. Quand je veux jouir, ma prio­ri­té est de trou­ver quelqu’un qui le fera aus­si effi­ca­ce­ment que pos­sible, et même si je pré­fé­re­rais cer­tai­ne­ment avoir une inter­ac­tion agréable avec cette per­sonne, je ne pense pas beau­coup à ce qu’elle fai­sait avant de se mettre à genoux, et je ne me sou­cie pas beau­coup de ce qu’elle res­sent après s’être levée et être par­tie. Il est dif­fi­cile de tenir compte de ses besoins ; il est plus facile de sup­po­ser que si elle veut quelque chose, c’est à elle d’es­sayer de l’obtenir. »

Dans un essai paru en 1983, bien avant de prendre de la tes­to­sté­rone et de chan­ger de pré­nom, elle écri­vait déjà (en décri­vant une scène de sexe avec une autre femme les­bienne, lors de laquelle toutes les deux étaient équi­pées d’un godemichet) :

« La pro­chaine fois que nous nous ver­rons, c’est pro­ba­ble­ment moi qui serai à genoux. Sa queue est plus longue que la mienne, mais je n’ai aucun mal à la prendre à fond dans ma gorge si elle me la fait prendre. J’aime être bai­sée comme ça, jus­qu’à ce que les larmes coulent sur mon visage et que je sois étour­die par l’im­pos­si­bi­li­té de respirer. »

(Une par­tie signi­fi­ca­tive de tous les textes qu’elle a écrits au cours de sa vie cor­res­pond à des des­crip­tions de pra­tiques sado­ma­so­chistes, BDSM, de pra­tiques sexuelles extrêmes, dégra­dantes, vio­lentes. Des pages et des pages et des pages comme ça.)

Pat Cali­fia après sa « tran­si­tion » (Patrick Cali­fia, donc)

Patri­cia Cali­fia est née dans une famille de Mor­mons. Son père, qu’elle décrit comme un « sadique dénué de scru­pules » avait appa­rem­ment un fort « appé­tit pour l’alcool et pour les femmes », et la bat­tait régu­liè­re­ment. Ceci explique-t-il tout cela ? (N’est-il pas signi­fi­ca­tif qu’elle décrive son père comme un sadique et qu’elle se reven­dique elle-même sadique ?).

& n’est-il pas for­mi­dable que les idées queer soient de plus en plus uti­li­sées dans l’élaboration de l’éducation sexuelle des enfants — que des mili­tants queer se pro­posent désor­mais, dans de plus en plus de pays, de prendre en charge l’éducation sexuelle des enfants ?

En assi­mi­lant les idées queer, la gauche (y com­pris la plus radi­cale, les pré­ten­dus « anar­chistes » et « anti­fas­cistes ») adopte des idées ter­ri­ble­ment absurdes, miso­gynes, anti­fé­mi­nistes, nui­sibles à maints égards.

Nico­las Casaux

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À propos de l'auteur Le Partage

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