Selon les dernières statistiques, il y aurait 360 millions de chrétiens persécutés dans le monde. Devant cette réalité, des organisations non gouvernementales, appuyées par des Églises chrétiennes, se mobilisent afin de porter secours aux victimes de l’intolérance religieuse. Cette audacieuse mission évangélique, souvent méconnue, leur apporte aide et soutien.
Alors que des fidèles catholiques étaient réunis pour l’office de la Pentecôte, au printemps dernier, à l’église St. Francis, située dans le sud-ouest du Nigéria, des individus lourdement armés et munis d’explosifs ont fait irruption dans le lieu de culte. L’attaque a fait au moins 40 morts et une soixantaine de blessés.
Quelques semaines auparavant, Deborah Samuel, une jeune étudiante nigérienne, chrétienne, a été lapidée par une foule d’étudiants musulmans en colère après que des rumeurs eurent circulé voulant que la jeune fille ait blasphémé contre le prophète Mahomet sur l’application WhatsApp.
Fuyant les conflits en Irak ou en Syrie, des familles chrétiennes ont rejoint des camps de réfugiés, majoritairement occupés par des musulmans. Croyant être en sécurité dans ces enceintes protégées, elles ont recommencé à pratiquer leur culte, provoquant ainsi la colère des musulmans plus rigoristes. Menacées de mort, battues et humiliées, des familles chrétiennes sont forcées de quitter les camps de réfugiés pour demander asile dans les paroisses environnantes.
Ces quelques exemples de persécution proviennent d’entrevues réalisées pour cet article. Les experts interviewés ont rencontré les survivants d’actes de violence et de haine dont ils ont été victimes en raison de leur foi. Au nom des morts, ces martyrs des temps modernes, et aussi au nom de ceux qui malgré tout gardent la foi, ils témoignent de cette réalité difficilement imaginable ici.
Aider et informer
«Toutes les cinq minutes, un chrétien est assassiné à cause de sa foi. La population ne se rend pas toujours compte de cela, car l’information a beaucoup de difficulté à se rendre jusqu’à elle», souligne pour sa part Emil, laïc trinitaire et collaborateur de l’organisme Solidarité Internationale Trinitaire (SIT), qui vient en aide aux chrétiens persécutés.
L’Aide à l’Église en détresse
Fondée en 1947 afin d’aider les réfugiés allemands qui vivaient dans des conditions exécrables, l’Aide à l’Église en détresse accomplit un essentiel travail d’information et de soutien. En 1956, l’organisme se rend derrière le «rideau de fer» afin de porter secours aux chrétiens vivant sous le régime soviétique. Aujourd’hui l’AED est présente dans plusieurs pays où la persécution sévit, dont la Syrie, l’Irak et le Nigéria. L’AED est une fondation internationale de droit pontifical qui a le mandat d’agir au nom de l’Église.
«Il faut aller dans les pays où les chrétiens sont persécutés pour se rendre compte de ce qu’ils vivent. Il faut s’y rendre autrement qu’en touriste», insiste Patrick Victor, président de Portes Ouvertes France-Belgique, un organisme protestant.
Fondée en 1947 afin d’aider les réfugiés allemands qui vivaient dans des conditions exécrables, l’Aide à l’Église en détresse accomplit un essentiel travail d’information et de soutien. En 1956, l’organisme se rend derrière le «rideau de fer» afin de porter secours aux chrétiens vivant sous le régime soviétique. Aujourd’hui l’AED est présente dans plusieurs pays où la persécution sévit, dont la Syrie, l’Irak et le Nigéria. L’AED est une fondation internationale de droit pontifical qui a le mandat d’agir au nom de l’Église.
Même si leurs histoires diffèrent, ces trois organisations poursuivent la même mission: aider les chrétiens persécutés en informant le reste du monde sur leur situation, en priant pour eux et en les soutenant financièrement et psychologiquement.
Cette persécution est répandue dans plusieurs pays et prend des formes différentes d’une contrée à l’autre. Toutefois, elle a un point en commun, selon Patrick Victor. «Les personnes persécutées le sont parce qu’elles sont des disciples de Jésus Christ.»
«La persécution commence par de la discrimination et peut se rendre jusqu’au génocide», précise Marie-Claude Lalonde.
Portes Ouvertes
L’organisme a été fondé en 1955 par un jeune hollandais, Anne van der Bijl (ou Frère André). Touché par la persécution des chrétiens caractéristique du régime communiste, il décide de faire entrer clandestinement des bibles avec l’aide de bénévoles qui recevaient alors un entrainement digne des films de contrespionnage international. Après quelques années, Portes Ouvertes s’est également tournée vers d’autres pays où les chrétiens sont persécutés.
Portes Ouvertes classe la persécution en deux catégories: la persécution dite marteau et la persécution dite étau. «La persécution marteau ou violente est celle que les médias rapportent. Il peut s’agir d’assassinats, d’enlèvements, de destructions d’églises. Il y a ensuite la persécution étau, c’est-à-dire la discrimination. Elle touche la vie sociale, familiale, civile et ecclésiale», explique Patrick Victor.
Un index
Chaque année, l’organisme sonde ses partenaires sur le terrain. Les statistiques et l’information recueillies sont ensuite analysées par des auditeurs indépendants. Grâce aux témoignages recueillis, Portes Ouvertes publie annuellement l’Index mondial de persécution des chrétiens.
«La première place de ce classement cette année, c’est l’Afghanistan qui l’occupe. La Corée du Nord est à la deuxième position. Elle a été première durant 20 années consécutives. Ces deux pays obtiennent un score maximum pour la persécution étau (discrimination), et l’Afghanistan en termes de violence obtient un score de 90 %», selon Patrick Victor.
L’Index mondial de persécution des chrétiens est un exemple des outils d’information utilisés par les trois organismes afin de sensibiliser les croyants et la population en général à la persécution religieuse dirigée contre les fidèles chrétiens. Sites Internet, revues, dépliants, vidéos, livres, rapports sont publiés chaque année et distribués à toutes les personnes qui veulent en savoir davantage sur cette réalité.
«Nous avons une mine d’informations gratuites à transmettre. Nous offrons aux gens que cela intéresse et aux journalistes de l’information la plus objective possible sur ce qui se passe sur le terrain», souligne Marie-Claude Lalonde.
Afin de recueillir les données nécessaires à la réalisation de cette documentation, des voyages sur les lieux des persécutions, actuelles ou passées, sont essentiels. Là, ils peuvent entendre les témoignages des premiers concernés. Ils profitent aussi de l’occasion pour comprendre leurs besoins.
Même son de cloche du côté du SIT. «Emil est notre ambassadeur. Il va sur le terrain. Il rencontre les réfugiés. Il a vu la misère. Il nous rapporte tout cela», lance le père Michel Goupil, directeur de l’organisme.
Solidarité Internationale Trinitaire
Solidarité Internationale Trinitaire a été créée durant le chapitre général des Trinitaires à Rome en 1999. Fondée par saint Jean de Matha en 1198, cette communauté religieuse avait comme mission première de libérer les chrétiens et les musulmans captifs. Aujourd’hui, SIT vient en aide aux chrétiens aux prises avec la persécution.
Pour sa part, le père Louis Gagnon, collaborateur du SIT, parle d’un voyage clandestin durant lequel il est allé à la rencontre de chrétiens qui vivent cachés et des confrères qui les accompagnent dans une absolue discrétion.
La présence auprès de ces disciples du Christ est cruciale également d’un point vu psychologique. «À Portes Ouvertes, nous avons un ministère de soins posttraumatiques. Ce ministère est réalisé entre autres au Nigéria. Des représentants sont intervenus deux jours après l’assassinat de la jeune Deborah Samuel», révèle Patrick Victor.
La prière et le pardon
Outre la présence sur le terrain, une armée de bénévoles prie pour les persécutés. «Notre fondateur dit que la prière, ce n’est pas la préparation à la bataille. C’est la bataille!» lance le directeur de Portes Ouverte France-Belgique. SIT et l’ensemble des Trinitaires prient aussi pour les victimes. «Le vendredi est consacré aux chrétiens persécutés. Lorsque nous visitons les paroisses, nous prions également pour les persécutés», précise Emil. Du côté de l’AED, la prière n’a pas de frontières. «Nous demandons à nos donateurs de prier pour les persécuteurs afin qu’ils vivent un changement d’attitude. Je pense que les persécuteurs sont aussi dignes de nos prières et de nos espoirs que les persécutés», témoigne Marie-Claude Lalonde.
Outre la présence sur le terrain, une armée de bénévoles prie pour les persécutés. «Notre fondateur dit que la prière, ce n’est pas la préparation à la bataille. C’est la bataille!» lance le directeur de Portes Ouverte France-Belgique. SIT et l’ensemble des Trinitaires prient aussi pour les victimes. «Le vendredi est consacré aux chrétiens persécutés. Lorsque nous visitons les paroisses, nous prions également pour les persécutés», précise Emil.
Du côté de l’AED, la prière n’a pas de frontières. «Nous demandons à nos donateurs de prier pour les persécuteurs afin qu’ils vivent un changement d’attitude. Je pense que les persécuteurs sont aussi dignes de nos prières et de nos espoirs que les persécutés», témoigne Marie-Claude Lalonde.
Les persécuteurs sont aussi dignes de nos prières et de nos espoirs que les persécutés.
Marie-Claude Lalonde, Aide à l’Église en détresse
Sur le terrain, la volonté de revanche à la suite de persécutions se fait rare. Le pardon est plus courant. «Ce que l’Église persécutée nous enseigne, c’est qu’il est possible de pardonner. Ce n’est pas facile lorsque nous sommes agressés ou bien qu’un membre de notre famille a été assassiné. Et pourtant, l’Église persécutée nous enseigne cela. Ces chrétiens vivent vraiment la Parole de Dieu!» soutient Patrick Victor.
Afin de poursuivre leur mission, les trois organismes ont besoin de bénévoles. Ces derniers sont déjà à pied d’œuvre partout dans le monde. Ils sont 387 000 à l’AED et 1700 à Portes Ouvertes France-Belgique. «Chez nous, les jeunes peuvent aller sur le terrain. Ils constatent que prendre sa foi au sérieux a un cout!» souligne son président.
L’argent est également nécessaire pour réaliser des projets, petits ou grands, qui redonnent espoir aux disciples du Christ persécutés.
Mais plus que tout, ils ont besoin que l’information soit diffusée. «Nous essayons de trouver des personnes qui seraient solidaires avec nous pour former des équipes pour aller dans les paroisses, les communautés, les cégeps», lance Michel Goupil, de SIT.
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L’aide apportée aux chrétiens persécutés est une audacieuse mission évangélique. Elle sauve et fortifie des témoins du Christ qui, par leur persévérance et par leur foi inébranlable, sont devenus des exemples pour toute l’Église.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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