Traduction d’un article initialement paru, en espagnol, le 1er février 2022 sur le site du quotidien hispanophone El Mundo.
Face à l’essor des cas de dysphorie de genre, l’un des livres les plus attendus de l’année vient d’être publié. Nadie nace en un cuerpo equivocado (« Personne ne nait dans le mauvais corps », Ed. Deusto) dénonce comment les excès du « militantisme trans » causent des dommages irréversibles à des milliers d’adolescents. Les deux auteurs de l’essai défendent leur thèse dans cet article.
Sur le site d’une clinique de chirurgie esthétique de Madrid, on peut lire : « La transsexualité est un trouble physique, et non psychologique, qui correspond à ce qu’une personne de sexe masculin naisse dans un corps féminin et vice versa […]. Jusqu’à récemment, les personnes qui en souffrent étaient condamnées à vivre dans un corps qui ne leur correspondait pas ».
On pourrait penser qu’il s’agit d’un fait objectif étayé par la médecine, mais nous soutiendrons ici que cette citation est représentative d’un phénomène idéologique qui gagne du terrain dans de nombreux pays, et qu’on appelle le genrisme queer. Il s’agit d’une philosophie qui rejette la rationalité, qui se base sur une biologie pré-darwinienne et qui revendique une supériorité morale censée l’exonérer de tout débat avec celles et ceux qui s’y opposent.
Cependant, les origines de cette idéologie sont autres : elle est le fruit de l’individualisme et du subjectivisme extrêmes (égocentrisme) qu’encourage le néolibéralisme. À l’avant-garde de ce mouvement se trouve un militantisme né dans des campus universitaires des États-Unis, qui s’est ensuite propagé dans les médias et la politique et qui pose de sérieux problèmes. Parmi ces problèmes figurent notamment l’effacement des femmes en tant que sujet politique du féminisme ainsi qu’une interprétation très contestable des malaises qui peuvent survenir autour du sexe et du genre durant l’enfance et l’adolescence.
Le genrisme queer se fonde sur un point de vérité : de plus en plus de personnes ne se sentent pas à l’aise avec leur sexe ou leur genre. Ou les deux. Cette gêne peut aller d’un léger inconfort à une très forte répulsion. Leur souffrance est réelle. Ces personnes ne font pas semblant, et il ne s’agit pas non plus d’une simple rumeur. Toute tentative d’aider ces personnes, qui méritent évidemment la même visibilité, le même respect et les mêmes droits que tout le monde, est louable tant qu’elle se fonde sur des bases théoriques et empiriques. Seulement, à partir de cette situation indiscutable, on tente de présenter comme tout aussi indiscutable une invraisemblable explication métaphysique, totalement idéologique : ces personnes possèderaient une essence — « ce qu’elles sont vraiment », « leur identité », « leur moi authentique » — qui ne correspondrait pas au sexe qui leur aurait été « assigné à la naissance ». Tantôt, cette essence renvoie à un déterminisme biologique — « des cerveaux roses et bleus » — et tantôt elle met l’accent sur une libre autodétermination qui rejette comme offensante tout questionnement sur la cause d’une telle identité. Dans une société sentimentalisée, où le narcissisme de la flatterie publicitaire a tout envahi, toute explication évoquant des individus auto-construits et des essences intérieures semble évidente.
C’est une erreur. Personne ne nie la situation, bien réelle. La question est de savoir comment nous en sommes arrivés là. Le fouillis conceptuel et le manque de rigueur qui entourent aujourd’hui cette question empêchent la formulation d’une réponse claire. Peut-être faudrait-il commencer par dénoncer l’amalgame entre les concepts de sexe et de genre.
L’IDENTITE DE GENRE, JE VEUX DIRE, DE SEXE, JE VEUX DIRE, DE GENRE…
C’est à l’autrice féministe Gayle Rubin que l’on doit le développement du concept de genre en tant qu’outil conceptuel permettant de mettre en évidence le caractère culturel plutôt que naturel des constructions sociales qui perpétuent les inégalités entre les hommes et les femmes. La fécondation masculine ou la gestation, l’accouchement et l’allaitement féminins appartiendraient au domaine du sexe, tandis que la coquetterie féminine, le care féminin ou le travail masculin en dehors du foyer appartiendraient au domaine du genre.
En ce sens, un apport désormais indispensable du féminisme distingue le sexe, réalité physiologique, du genre, réalité politique à la fois matérielle et symbolique, et qui se concrétise à travers des stéréotypes sexuels. Le genre acquiert ainsi sa propre importance au même niveau que le sexe, lui étant lié mais non subordonné. Depuis la fin du XXe siècle, on insiste sur la distinction entre le sexe et le genre afin de combattre l’idée selon laquelle les stéréotypes sexuels seraient naturels.
Le sexe est binaire. Mais le genre, désormais libéré de sa subordination au sexe, n’a plus à l’être. Personne n’est complètement Barbie ou complètement Ken ; nous nous situons tous quelque part sur le spectre allant de Barbie à Ken. La théorie queer s’appuie sur l’enthousiasme suscité par le concept de genre mais, paradoxalement, cette théorie amorce un retour à une époque où le sexe et le genre étaient mélangés de manière confuse.
La nouveauté, c’est que, sous l’impulsion de la consécration genriste, c’est désormais le genre qui éclipse le sexe plutôt que l’inverse. Le sexe est alors compris comme une réalité subordonnée aux stéréotypes sexuels culturels, façonnée selon leurs logiques. Le sexisme traditionnel est inversé. Le genre est un continuum. Le sexe, subordonné au genre, doit donc lui aussi être un continuum.
Mais que signifie l’idée selon laquelle le sexe biologique, la fécondation et la gestation, serait un continuum ? Cette idée d’un sexe non binaire repose sur une mauvaise compréhension de l’intersexualité. Dans un très petit nombre de cas, à l’instar des autres composantes du corps humain, l’appareil reproducteur humain connaît des anomalies développementales, appelées « intersexuations ». Il s’agit d’un terme qui prête à confusion, rappelant le terme tout aussi confus d’« hermaphrodite », parce que ces anomalies ne forment pas un continuum et ne se situent pas « entre » les sexes masculin et féminin.
Personne ne nierait, par exemple, que l’être humain possède 32 dents au motif que des personnes sont atteintes d’agénésie dentaire. Personne ne prétendrait que l’espèce humaine possède en moyenne 31,8 dents. Seulement, ces très rares cas d’intersexuation — de l’ordre de 1 pour 5 000 naissances — constituent l’ultime recours auquel s’accrochent ceux qui tiennent à nier le dimorphisme sexuel et à prétendre que le sexe serait, à l’image du genre, un spectre.
Ainsi défendent-ils une biologie pré-darwinienne, en occultant que le caractère binaire de l’appareil reproducteur est déterminé par la fonction évolutive de la physiologie de la reproduction, et non par le décompte statistique des organes génitaux. Soit dit en passant, Darwin ne commettait pas de crime de haine et ne faisait pas preuve de phobie en proposant la valeur adaptative comme critère séparant la norme de la variante (ou de l’anomalie) en biologie.
Ainsi, si, dans le sexisme traditionnel, le genre n’est qu’un appendice du sexe, dans la pensée genriste queer le sexe n’est qu’un appendice du genre. Tandis que le sexisme traditionnel proposait à un enfant de sexe masculin adepte du vernis à ongles de conformer son stéréotype sexuel à son sexe, le genrisme queer suggère au même enfant de conformer son sexe à son stéréotype sexuel. Du postmodernisme pur.
Le sexe devient un accident biologique subordonné au genre, une essence personnelle à laquelle on parvient par le chemin de l’identité. Tout redevient confus dans le cadre d’une rhétorique obscure. Un exemple : le projet de loi trans présenté par Unidas Podemos définit « l’identité de genre ou sexuelle » comme « l’expérience interne et individuelle du genre ». Comme vous l’avez possiblement remarqué, au départ, le sexe est assimilé au genre, mais ensuite il disparaît, entièrement supplanté par le genre. Autre exemple : le syntagme « personnes trans » vise initialement à inclure les personnes transsexuelles et transgenres, comme s’il n’y avait aucun intérêt à les distinguer, pour finalement se référer, dans la pratique, presque exclusivement aux personnes transgenres.
EST-CE QU’UNE FILLE PEUT SE RÉJOUIR DE MARQUER UN BUT ?
Jusqu’ici, il a été question de ce qui est faux. A présent commence la partie alarmante. Sans analyse critique dénonçant le rôle oppressif des stéréotypes sexuels, le genre devient une mystérieuse essence individuelle et identitaire innée, masculine, féminine ou entre les deux ; une expérience privée dont tout le monde semble avoir oublié l’origine sociale. De la lutte contre les stéréotypes sexistes, nous sommes passés à leur célébration en tant que critère de base de notre identité.
Tout ce qu’une personne ressent peut faire d’elle une femme ou un homme : il suffit que cette personne étiquette son expérience comme telle. Rien, aucune condition, ni nécessaire ni suffisante, ne fait d’une personne un homme ou une femme ou aucun des deux, hormis le fait de se déclarer comme tel. En d’autres termes, contrairement à l’âge, à la taille ou au poids, le sexe — ou plutôt le genre, enfin, non, le sexe, quoi que, en fait, le genre… ah non, le sexe — ne peut être défini. Une femme est une personne qui se sent femme. Soutenir que le terme défini ne devrait pas figurer dans la définition est désormais considéré comme un archaïsme académique. « Qu’est-ce qu’être un homme ou une femme ? » se demandait Irene Montero en août 2020.
Mais que personne ne s’y trompe : cette absence de signification ouvre la voie au retour du sexisme le plus rétrograde. « Dès le plus jeune âge, nous avons remarqué que notre fils était trans, car il voulait se déguiser en fée », expliquent certains parents. Les contenus trans diffusés dans les médias et sur les réseaux sociaux véhiculent beaucoup de clichés sur ce que sont la féminité et la masculinité. « Je ne suis pas une femme à cause de mes organes génitaux, mais parce que je pense et me comporte comme une femme », a tweeté Monica Oltra. Mais bien entendu, elle n’a pas expliqué comment une femme pense et se comporte.
L’association de familles d’enfants trans Chrysallis propose du matériel pédagogique selon lequel une fille « assignée femme à la naissance » qui n’a pas peur de perdre ses boucles d’oreilles, qui saute de joie lorsqu’elle marque un but ou qui se dessine une moustache n’est sans doute pas une fille (ou une femme). Le mouvement supposé le plus progressiste, le plus transgressif, celui qui vient libérer les groupes les plus opprimés et invisibilisés participe en réalité à la promotion des stéréotypes les plus rances.
Dans la plupart des Communautés autonomes d’Espagne, des protocoles à caractère obligatoire ont été approuvés pour les centres éducatifs qui considèrent la théorie queer de l’identité de genre comme une vérité évidente : « Lorsque le tuteur ou la tutrice d’un groupe, ou n’importe quel membre de l’équipe pédagogique, observe de manière répétée chez un ou une élève la présence d’un comportement qui pourrait indiquer une identité sexuelle qui ne coïncide pas avec le sexe qui lui a été assigné à la naissance en fonction de ses organes génitaux, ou un comportement de genre qui ne coïncide pas avec ce qui est socialement attendu en fonction de son sexe, il ou elle procédera de la manière suivante. » S’ensuit une liste des réunions que l’équipe du centre organisera avec la personne concernée et sa famille, afin d’évaluer le début de son éventuelle transition. Bien entendu, aucun exemple n’est donné de ces comportements supposément non conformes. La Sección Femenina[1] est de retour.
Les problèmes de dysphorie de genre connaissent une augmentation spectaculaire, de l’ordre de plusieurs milliers de points de pourcentage, dans les pays occidentaux. Surtout à l’adolescence et surtout chez les filles. Les cliniques de changement de sexe se multiplient, et le transactivisme queer vise à sécuriser l’imposition juridique d’un traitement standard, qui, à la demande de l’adolescent(e), peut impliquer le recours aux bloqueurs de puberté — puberty is optional ! [NdT : « la puberté est optionnelle !»], aux hormones de l’autre sexe (hormonothérapie) et éventuellement une opération chirurgicale. Sur les réseaux sociaux, beaucoup de filles exhibent fièrement les cicatrices de leur double mastectomie comme la solution aux problèmes de leur adolescence.
Il est bien établi que le malaise lié aux changements corporels sexuels s’atténue dans l’immense majorité des cas à condition qu’on laisse l’adolescent(e) poursuivre son développement et apprendre à surmonter les tempêtes qui accompagnent ces années. En revanche, une fois embarqué dans le train de la transition médicale, il n’est pas facile d’en descendre sans payer un prix élevé sur le plan personnel et sanitaire. Au nom de chimères identitaires, on cherche à autoriser le recours à un traitement hormonal et chirurgical à des âges où il n’est pas permis de se faire tatouer. Big Pharma veille sur les droits des trans.
Et cette absurdité n’est contestée que par le féminisme radical, qui comprend parfaitement que le genrisme constitue un cheval de Troie voué à saper la lutte pour l’abolition du genre, la lutte contre la discrimination des femmes. Ce sont les féministes radicales qui, chaque jour, doivent s’exposer et risquer leur peau pour défendre une rationalité élémentaire, cependant que trop de gens restent sur la touche. Outre des absurdités telles que la participation d’hommes (biologiques, mais ce serait pléonastique, NdE) à des sports féminins ou l’admission d’agresseurs sexuels (individus de sexe masculin) dans des prisons pour femmes, le genrisme queer — derrière son déguisement pop — implique la dissimulation du noyau matériel sur lequel repose la discrimination à l’égard des femmes. En effet, celle-ci ne relève pas d’une identité de genre déclarative, mais du constat du sexe d’une personne. De nombreuses féministes subissent des licenciements ou des attaques dans leurs centres d’enseignement, de santé ou de recherche, des campagnes de diffamation et des poursuites judiciaires pour la raison qu’elles refusent de se plier à ce mirage néolibéral.
PERSONNE NE NAIT DANS LE MAUVAIS CORPS
Curieusement, des positions politiques aussi éloignées que celles représentées par Unidas Podemos et Ciudadanos[2] coïncident dans les projets de loi trans présentés par les deux formations. Une partie de la gauche — plutôt que de s’intéresser aux conditions objectives et aux contradictions du capitalisme — se tourne vers la défense des identités ressenties minoritaires, fascinée par leurs prétentions transgressives et avant-gardistes, et s’accorde parfaitement avec un néolibéralisme passé maître dans la production de subjectivités, de désirs et d’identités.
L’exemple parfait de cette alliance entre une rhétorique révolutionnaire et la recherche de profits financiers est la solution pharmaco-chirurgicale au problème de l’identité de genre. Au milieu, sans que les uns et les autres s’en soucient, se trouvent les personnes trans, aspirant à être traitées avec respect, non selon des motifs fallacieux.
Et c’est précisément parce que nous respectons consciencieusement les personnes qui souffrent de ces problèmes que nous devons essayer de les aider en pensant à long terme, en utilisant tout ce que nous savons de la psychologie de l’apprentissage et de la dynamique des sentiments, et en rejetant les slogans et les mots d’ordre qui semblent droits sortis d’une mauvaise publicité. Personne ne nie les expériences de ces individus, nous réfutons seulement leurs explications idéologiques.
Les personnes trans ne devraient pas servir de chair à canon pour des conflits politiques démagogiques ou de clients pour des secteurs capitalistes florissant. Elles ne sont pas non plus des ornements exotiques à exhiber afin de prétendre que l’on est ouvert d’esprit, d’étaler une moralité supposément supérieure. Prétendre que c’est la haine qui anime ceux qui refusent l’explication métaphysique queer est passablement grotesque. Mais, dans l’incapacité de réfuter leurs arguments, cela permet, à peu de frais, d’évincer du débat les dissidents de l’orthodoxie queer.
En tant que psychologues, nous ne confondons pas respect et approbation (irréfléchie, NdE). Nous reconnaissons l’existence d’une souffrance, mais nous proposons également de nouvelles façons d’agir qui aident les individus à sortir de l’ornière dans laquelle ils sont peut-être coincés. Un psychologue clinicien n’étudie pas pendant six ans juste pour hocher la tête. Dans de nombreux cas, le véritable manque de respect consiste à ratifier la rhétorique subjectiviste que les sujets ont entendue sur les réseaux sociaux et à les transformer en patients pour le reste de leur vie.
Il est possible de célébrer la diversité sans nier les fondements de la biologie, sans détruire le sens de termes linguistiques fonctionnels et nécessaires, sans négliger les principes juridiques élémentaires et sans promouvoir les intérêts du marché en ce qui a trait au corps des enfants et des adolescents [il faut même comprendre que l’idéologie trans, ou genriste, ne mène pas à l’acception et à la célébration de la différence mais en constitue une négation ; en niant la réalité du sexe, sa signification, sa matérialité, etc., en prétendant que tout est hybride, que nous sommes tous potentiellement n’importe quoi, tout ce que nous voulons, que tout existe sur un spectre le long duquel on peut se déplacer à volonté, l’idéologie trans, ou genriste, supprime la différence réelle, significative, et la remplace par un simulacre de différence, voire une absence déclarée de différence — comme le font ces idéologues trans qui prétendent qu’au bout du compte, nous serions « tous trans » ; plus d’hommes, de femmes, de filles et de garçons, seulement des personnes trans, des hybrides (NdE)]. La visibilité et l’acceptation de toutes les personnes n’exigent pas de défendre l’idée absurde selon laquelle il arriverait de naître dans le mauvais corps, d’exalter la subjectivité et l’irrationalité. Le chemin vers l’égalité cherche à construire des communs sur la base de catégories vérifiables propres à la rationalité qui nous unit tous.
José Errasti et Marino Pérez Álvarez, de la faculté de psychologie de l’université d’Oviedo, sont les auteurs de Nadie nace en un cuerpo equivocado (Personne ne naît dans le mauvais corps) (Editorial Deusto, février 2022).
Traduction : El Bichofue
Édition : Nicolas Casaux
- NdT : La Section Féminine, créée en 1934, était la branche féminine du parti de la Phalange espagnole, qui serait, après la guerre, le parti unique de l’Espagne franquiste. « La Sección Femenina défendait un modèle de femmes subordonnées à leur mari et vouées à donner des enfants à la patrie. Elles devaient également rester à l’écart de la vie politique afin de se consacrer à leur foyer. » ↑
- NdT : Partis espagnols. Unidas Podemos (« Unies, nous Pouvons ») et Ciudadanos (« Citoyens »). Le premier est une coalition de différents mouvements et partis de la gauche et du « progressisme », crée en 2016 et renommé au féminin en 2019 ; le deuxième est un parti politique de centre droit, semblable aux partis macronistes en France. ↑
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