Même l’ACI s’inquiète de cet épiphénomène
Il fallait le génie de Dorimène et Alphonse Desjardins pour appliquer cette simplicité coopérative à une entreprise financière d’épargne et de crédit. Ils l’avaient bien mûrie et leur succès ne s’est pas démenti pendant plus de 90 ans. Mais depuis le milieu des années 1990, la dégénérescence du coopératisme même fait des ravages.
Depuis Claude Béland, le projet coopératif de Dorimène et Alphonse Desjardins a complètement déraillé de sa mission première : le membre qui était la « fin » de la coopérative est devenu un simple « moyen » à exploiter pour « l’intérêt « supérieur » du Mouvement. » (dixit Claude Béland à la veille de sa retraite comme président de Desjardins)
Partout au Québec, le mécontentement s’est exprimé avec force, mais l’autorité n’a fait que la sourde oreille aux attentes des sociétaires afin de plaire aux agences de notation financière internationales.
J’ai communiqué dernièrement avec l’archiviste de « La maison historique Alphonse Desjardins » afin de consulter des documents sur un voyage du président Béland durant les années 90 auprès des autorités financières américaines : la réponse de ce lieu de référence historique fut déconcertante :
« Les archives historiques du Mouvement Desjardins ne contiennent aucun document qu’il vous soit possible de consulter dans le cadre de ces recherches. »
J’ai donc dû faire appel à ma mémoire pour me souvenir qu’à la suite de ce voyage du président Béland, le Mouvement Desjardins a entrepris une « réégénierie » profonde sur ses pratiques de gestion : de cette réingénierie aboutie la disparition de plus de 1100 Caisses populaires partout au Québec, car les autorités américaines ne considéraient pas sérieux une « banque » avec plus de 1300 « succursales » pour une population aussi petite que celle du Québec.
Desjardins avait besoin des capitaux; les seules épargnes de ses sociétaires ne répondaient plus aux ambitions de croissance du siège social de Montréal! La dégénérescence du coopératisme commença!
Depuis l’ère bélandiste, ce sont les agences financières qui dirigent Desjardins : la volonté des membres, l’autonomie de gestion des Caisses, les principes coopératifs, tout ça bascula vers l’autoritarisme du capital financier.
En 2005, Alban D’Amours a réussi avec la complicité du gouvernement du Québec à légaliser la rémunération les élus des Caisses : en 2015, chacun recevait 150.$/l’heure pour siéger au conseil d’administration d’une Caisse!
Et depuis 2015, une nouvelle image philanthropique a vu le jour lorsque le responsable des communications chez Desjardins, André Chapleau, lança le « scoop » que la « coopérative » pouvait aussi faire des ristournes collectives! C’est alors qu’on a vu apparaître en masse des dons, commandites, subventions et toutes sortes de cadeaux en provenance des directions des Caisses afin de dorer la générosité de Desjardins!
Les « trop-perçus » issus de l’exploitation des sociétaires se transforment maintenant de plus en plus en « ristournes » aux collectivités! On a même vu le président Cormier s’accaparer en 2016 de 100 millions de ces « trop-perçus » lors de sa nomination à la présidence, afin d’en faire des cadeaux aux entreprises de son choix!
Allez savoir la proportion des ristournes remises aux sociétaires par rapport à celles données « à la collectivité »: Desjardins se tait sur ce point névralgique et de vérité « coopérative ».
François Champoux, Trois-Rivières, 29 octobre 2022
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