Traduction d’un article initialement publié, en anglais, le 16 septembre 2022 à l’adresse suivante.
Dans chaque berceau, les idéologues du genre voient un saint enfant potentiel.
Des milliards de personnes croient en la réincarnation. Si nous vivions dans une société où cette croyance était la norme, il serait parfaitement logique, un an ou deux après la mort d’un chef spirituel, de supposer qu’un bambin, d’apparence ordinaire, pourrait être une nouvelle incarnation du chef spirituel qui se cachait là, à la vue de tous.
C’est ainsi que cela fonctionne pour les bouddhistes tibétains. Un oracle d’État est consulté afin de guider l’équipe de recherche vers le district présentant le plus haut potentiel. Ils visitent de nombreuses maisons. Lorsqu’un enfant leur fait forte impression, ils lui présentent des objets appartenant à l’ancien dalaï-lama, ainsi que d’autres objets insignifiants. Si l’enfant choisit de jouer avec les objets non sacrés, c’est qu’il n’est pas la réincarnation du précédent chef spirituel. S’il choisit les possessions de l’ancien dalaï-lama, son monde est bouleversé.
Immédiatement retiré de la maison de ses parents, il entame le voyage de sa vie, séparé des personnes et des expériences qu’il aurait autrement connues. Ses parents peuvent être attristés par ce transfert de tutelle, mais ils sont compensés par l’honneur et la révérence que leur confère leur nouveau statut au sein de leur communauté. Imaginez — si vous êtes croyant — l’émerveillement que procure la réalisation d’avoir produit ce saint enfant à votre insu, cependant que son caractère unique vous est révélé par les « chercheurs » et leur test, simple mais infaillible.
En revanche, si vous ne croyez pas à la réincarnation, vous ne considèrerez pas du tout que l’enfant est intrinsèquement saint, simplement qu’il est victime des circonstances et d’une série de coïncidences.
De plus, si vous ne croyez pas en la réincarnation et que vous vivez dans une culture façonnée par les rubriques (autrefois) libérales de la rationalité, de la logique et du respect des droits individuels, y compris des droits de l’enfant, vous serez sans doute affligés, et non émerveillés, par des parents confiant leur enfant aux grands prêtres d’un système de croyances fondé sur la superstition.
Je suis sûr que vous voyez où je veux en venir. Laissons le vrai dalaï-lama derrière nous et tournons notre attention vers les nombreux pseudos dalaï-lamas d’aujourd’hui, vers les saints enfants et leurs fiers parents qui constituent le troupeau fidèle d’un système de croyances aussi sérieux que la théorie de la réincarnation — l’idéologie du genre.
Non seulement ces parents, qui sont de « vrais croyants » au sens d’Éric Hoffer, sont prêts à livrer leurs enfants aux « chercheurs » de sainteté sur la base du plus léger des signaux présumés de l’aura spéciale de leur enfant, mais ils en sont également très fiers : ils s’empressent de le faire savoir et se prélassent ensuite au soleil des honneurs qui leur sont décernés par les autres croyants de la communauté.
Un exemple. Noella McMaher, un garçon qui s’identifie comme une fille, qui a été socialement transitionné à l’âge de quatre ans, qui a maintenant dix ans et qui serait apparemment le « plus jeune mannequin transgenre » du monde. Par une étonnante coïncidence, la mère biologique de Noella s’identifie comme transgenre et son conjoint aussi. Selon la mère de Noella, Dee McMaher, l’enfant savait qu’il était destiné à être une fille dès l’âge de deux ans. Dee a donc traité et habillé Noella comme une fille et « a apparemment prévu une opération chirurgicale pour les 16 ans de Noella ».
En février de cette année (2022), Dee a déclaré au magazine Forbes : « À deux ans, elle a commencé à nous dire qu’elle n’était pas un garçon. À quatre ans et demi, elle a fait une transition sociale et à sept ans, elle a fait une transition légale. » Depuis lors, Noella est devenue une performeuse chevronnée, habituée des podiums.
Bien sûr, il est possible que Noella McMaher souffre réellement de dysphorie de genre et que ce qu’elle s’est mise à « dire » à sa mère à l’âge de deux ans coïncide avec la réalité, tout comme il est possible que chaque dalaï-lama choisi soit réellement la réincarnation du précédent. Mais d’après ce que nous savons des enfants et de leur développement à l’âge tendre, il y a de fortes chances pour que Noella ait simplement traversé une phase insignifiante que sa mère a rendue permanente en l’« affirmant » et en renforçant la disparité que Noella percevait entre sa psychologie et son anatomie. Le dalaï-lama semble heureux et serein. Peut-être s’agit-il de son tempérament. Peut-être qu’il aurait été un agriculteur, un mari et un père heureux et serein. Nous ne le saurons jamais.
En tout cas, le dalaï-lama aura mené une vie physiquement saine. Il faut un adepte de l’idéologie du genre pour rechercher et espérer trouver des signes indiquant que son enfant possède une identité impliquant une dépendance continue à des traitements médicaux, le sacrifice du plaisir sexuel et de la fertilité et, en l’occurrence, une possibilité d’altération corporelle extrême et risquée.
Plutôt que de simplement juger la mère de Noella responsable de maltraitance infantile, ce que je pense qu’elle est, je m’inquiète, pour des raisons polémiques, de savoir comment elle en est arrivée à croire qu’à l’âge de deux ans, son enfant « a commencé à [lui] dire qu’elle n’était pas un garçon ». Que veut-elle dire par là ? L’enfant a‑t-il montré un intérêt pour les poupées ? A‑t-il montré une préférence pour l’équivalent sexué des « vraies possessions » de l’ancien dalaï-lama ?
Toute personne rationnelle devrait se demander comment cette mère en est venue à croire que chez un enfant de deux ans, un comportement, n’importe quel comportement, pouvait constituer un indicateur fiable d’une identité permanente et authentique entrant en totale contradiction avec son être corporel et valant la peine de prendre des mesures draconiennes, au risque d’impacter sa vie de manière potentiellement irréversible.
Cette idée lui est venue de la même manière que les parents du dalaï-lama ont acquis les croyances qui sont les leurs : par le biais de figures d’autorité spirituelle. En ce qui la concerne, il est possible, voire probable, que Dee McMaher ait été exposée aux théories de l’« oracle » Diane Ehrensaft, psychologue clinicienne et spécialiste du développement, et auteur de The Gender Creative Child (« L’enfant créatif en matière de genre »). Ehrensaft est l’une des voix les plus influentes du mouvement transgenre pédiatrique. Pourtant, son raisonnement concernant les enfants et le genre est si risiblement antilogique qu’elle ferait passer les chercheurs du dalaï-lama pour des génies aristotéliciens.
J’ai découvert Ehrensaft par le biais d’une vidéo de la présentation qu’elle a donnée devant 400 participants, lors d’un événement de formation continue à Santa Cruz en février 2016. Cette présentation a été référencée de nombreuses fois par les critiques de l’idéologie du genre. Mais il vaut la peine de revenir dessus, parce que ce qu’elle y expose représente le nec plus ultra de la folie radicale des genristes. Il s’agit d’une sorte de psychologie vaudou, mais représentative de l’absurdité qui se trouve au cœur de ce système de croyances promouvant une forme de maltraitance infantile. Il faut donc vraiment la voir et la diffuser afin qu’une audience la plus large possible le réalise.
Ehrensaft méprise l’école de pensée basée sur le principe de « l’attente vigilante » en ce qui concerne le traitement des enfants exhibant une « non-conformité de genre ». Fervente promotrice du modèle d’affirmation, sa devise est « écouter et agir ». Ehrensaft est consciente, et admet l’être, que la plupart des enfants dépassent leur confusion de genre avec le temps. Pourtant, lorsqu’on lui demande, durant la séance de questions-réponses qui suit sa présentation, comment savoir si un enfant encore en phase « préverbale » est transgenre, voici sa réponse (à partir de 2:06:08) :
« [Les enfants préverbaux] sont très orientés vers l’action. C’est là que la réflexion est vraiment importante. Et l’écoute des actions….
Ils peuvent vous montrer ce avec quoi ils veulent jouer […] et s’ils se sentent mal à l’aise par rapport à la façon dont vous réagissez à leur égard et à l’égard de leur genre […] si vous les mégenrez. Donc soyez attentifs à ce genre d’actions […] comme arracher une jupe. […] Dans l’émission de Barbara Walters, un enfant portait une petite grenouillère avec des boutons-pression entre les jambes. Et à l’âge d’un an, il les détachait pour faire une robe, afin que la robe volette. Cet enfant avait été assigné mâle. Il s’agissait d’une communication, d’une communication préverbale concernant le genre. […] Et les enfants sauront [qu’ils sont transgenres] dès la deuxième année de leur vie… ils le savent probablement avant mais c’est du pré-préverbal. »
« […] pour faire une robe, afin que la robe volette. »
Sans la moindre preuve, elle relie le comportement du bébé à un motif genré. Voilà sa prémisse. Vous pourriez mettre une grenouillère à un bébé singe, et il se pourrait qu’il déclipse les boutons-pression. Y aurait-il un mobile dans ce cas, ou le singe jouerait-il au hasard avec ce que ses pattes peuvent atteindre ? Sa prémisse est manifestement démente. C’est pourquoi, après qu’elle ait fait ces déclarations, je m’attendais à entendre le public s’esclaffer. Mais il n’y eut pas le moindre rire. Quand la caméra a balayé la salle, j’ai vu des visages pensifs, hochant la tête avec des lèvres pincées.
Il s’agissait de personnes instruites. Qu’était-il arrivé à leur cerveau ?
Avant l’âge de sept mois, un bébé ne sait pas qu’il existe en tant qu’entité distincte de sa mère. Et nous sommes censés croire qu’à peine cinq mois plus tard, il est non seulement conscient d’en être séparé, mais également de posséder ce qu’on appelle un « genre » — une chose à la fois liée à la petite chose noueuse qu’il a entre les jambes, mais qui en est aussi totalement distincte. Nous sommes censés croire que l’enfant réalise qu’il ne devrait pas avoir cette petite protubérance amusante, qu’il ne devrait rien avoir à cet endroit. Plus encore, nous sommes censés croire qu’il sait également à l’âge de 12 mois — d’après l’exemple de la grenouillère — que le « genre » auquel il appartient souhaite porter un vêtement qui « volette ».
Bien évidemment, qu’il sache cela impliquerait aussi qu’il soit conscient de vivre en Amérique du Nord et non, par exemple, en Arabie saoudite, où il est courant que les hommes portent une longue tunique appelée thawb (dishdasha). Ou au Pakistan, où hommes et femmes portent le même costume unisexe, le Salwar kameez.
Décidément, le petit garçon de l’émission spéciale de Barbara Walters était très intelligent ! Et quelle chance il a d’être né à l’ère des grenouillères à boutons-pression (à l’époque où je suis née, il n’y avait que des boutons qu’aucun enfant ne pouvait défaire). Il sait donc quel est son sexe, il sait qu’il diffère de son genre, il sait qu’il préférerait ressembler au sexe opposé (quoi que cela puisse signifier), même si, à ce stade de la vie, seuls ses organes génitaux le distinguent du sexe opposé et qu’il n’a probablement jamais vu d’autres organes génitaux que les siens (qu’il n’a pas vraiment « vus » non plus). Et, bien sûr, il sait aussi que les coutumes vestimentaires de sa culture diffèrent de celles des autres cultures. Et tout cela bien avant d’avoir compris à quoi servent les toilettes. Et toutes ces informations, il les a transmises à ses parents en déboutonnant sa grenouillère.
Mince alors, peut-être que cet enfant est le prochain dalaï-lama !
Comment se fait-il que pas une seule personne, dans cette salle de 400 personnes, ne se soit levée pour crier « Pardon ?!! » ? Je suppose qu’il s’agissait de gens raisonnablement bien éduqués. Avaient-ils été hypnotisés ? Je sais qu’il est difficile d’être la seule personne à se lever et à dire à l’empereur qu’il est nu, mais comment se fait-il qu’il n’y ait pas au moins eu quelques rires spontanés, ou quelques murmures bruyants cependant que certains se tournaient vers leurs voisins pour leur demander : « Est-ce qu’elle plaisante ou est-ce qu’elle est sérieuse ? », ou leur faire part de leur désarroi : « Je n’arrive pas à croire que j’ai payé pour cette conférence » ; « Téléporte-moi, Scotty, les habitants de cette planète me rendent nerveux ».
Est-il étonnant, au vu de ces 400 personnes instruites qui sont restées assises là à écouter ce baratin en fronçant les sourcils et en hochant la tête, qu’une femme moins instruite, comme Dee McMaher, ait été amenée à croire qu’il est parfaitement logique et normal pour un bambin de deux ans quelque peu verbal (tellement plus avancé dans sa compréhension du genre qu’un bébé préverbal) de savoir avec une certitude absolue qu’il est destiné à être une fille et à vivre comme une fille, puis comme une femme pour toujours et à jamais ?
Les bouddhistes tibétains ne choisissent d’empêcher un enfant de vivre sa vie normale, afin qu’il prenne en charge la direction spirituelle qui lie leur communauté, que tous les 60 ou 70 ans. En revanche, la religion des idéologues du genre voit un dalaï-lama potentiel dans chaque berceau. Leurs « oracles » prêchent depuis un million de chaires, et leurs « chercheurs » en ont après vos bébés en grenouillère. S’il vous plaît, renoncez à l’« honneur » de les leur livrer.
Barbara Kay
Traduction : Nicolas Casaux
Source: Lire l'article complet de Le Partage