Vous ne connaissez pas l’Organisation de coopération de Shanghai ? Eh bien c’est là que se dessine le monde de demain

Vous ne connaissez pas l’Organisation de coopération de Shanghai ? Eh bien c’est là que se dessine le monde de demain

par Jean Goychman.

L’Organisation de coopération de Shanghai : de quoi parlez-vous ? La Russie, la Chine, le Kazakhstan, Kirghizistan, le Tadjikistan, le Pakistan, l’Inde, l’Ouzbékistan, l’Iran… et peut-être demain la Turquie, se réunissent régulièrement pour imaginer le monde de demain, multipolaire, où la volonté hégémonique américaine soit neutralisée. L’OCS se réunissait hier en Ouzbékistan. Non seulement la Russie en est sortie confortée géopolitiquement mais on peut être sûr que l’Union européenne a eu tort de renoncer à sa mission de construction de la paix.

Ouzbékistan, la fin du modèle occidental ?

Dans cette période de changements profonds, certains événements paraissant – à-priori – non reliés entre eux peuvent néanmoins être des témoins, voire des balises, de ce changement qui s’opère d’une façon lente, mais continue, de la géopolitique de la planète.

La tentation est forte, pour les gens des médias, toujours en quête de titres accrocheurs, de voir dans l’actualité leur cause unique. C’est notamment le cas de la rencontre Chine-Russie qui se déroule actuellement en Ouzbékistan dans le cadre plus général du groupe de Shangaï.

Pour la plupart des pays occidentaux, habitués à parler d’une seule voix pourvu qu’elle soit celle des États-Unis, cette rencontre répond au besoin incontournable qu’aurait la Russie de Vladimir Poutine d’obtenir le soutien de la Chine pour la guerre en Ukraine. L’interpréter ainsi, est certainement beaucoup trop réducteur et masque la partie immergée.

Des visées beaucoup plus larges

Les chiffres sont simples et incontournables, même si d’aucuns aiment à les perdre de vue.

En 1970, l’Occident représentait 25% de la population mondiale et 90% du PIB mondial. Parler d’un modèle occidental se justifiait en ce sens que la richesse occidentale, due à la mise en application d’un certain nombre de concepts nés de l’après-guerre, pouvait inciter les autres pays à appliquer les mêmes concepts, qui se déclinaient sur les plans économique, financier et politique.

En 2022, l’Occident ne représente plus que 12,5% de l’Humanité et seulement 45% du PIB.

Entre temps, beaucoup de pays, après avoir été séduits par ce modèle, en sont revenus, souvent après en avoir été les victimes. Était-il transposable et pouvait-il s’étendre à toute la planète ? Dans la réalité, même les pays occidentaux n’étaient pas logés à la même enseigne. Exclusivement mis en œuvre par la puissance et le rayonnement des États-Unis, il fonctionnait à sens unique.

Quels étaient les instruments de cette puissance ?

Le premier existait à l’état latent : c’était la monnaie américaine. Avant-guerre, la monnaie la plus utilisée dans le commerce international était la livre-sterling. Celle-ci n’était plus de taille à s’opposer au dollar lors des « accords de Bretton-Woods » de 1944. Contrairement à la livre, le dollar avait conservé, du moins en apparence, la parité-or, de façon à inspirer confiance. Mais il est apparu que cela n’était que transitoire, juste le temps de s’y habituer, mais que la puissance du dollar ne prendrait son essor que lorsque l’institution émettrice, la Réserve Fédérale, déciderait de mettre un terme à cette parité afin de pouvoir créer sans limite cette monnaie émise à partir de rien, donc sans valeur intrinsèque. Ceci fut réalisé en 1971.

On notera que c’est à partir des années 70 que nombre de banques centrales évoluèrent vers le modèle de la FED. Rendues indépendantes des pouvoirs politiques, elles ne pouvaient plus financer sans intérêts les déficits budgétaires, ce qui conduisit la plupart de ces pays à des endettements exponentiels, avec leurs cortèges de « mesures de rigueur » insupportables dans certains cas.

Mais le dollar a également une autre facette, celle d’être la monnaie « de réserve internationale ».

Pour cela, il doit être émis en quantité suffisante pour les besoins grandissants du commerce international. Et pour être émis, le dollar ne peut l’être que sur une émission de « bons du Trésor américain », c’est-à-dire de la dette américaine. Ainsi, cette dette américaine utilisée pour les besoins du commerce international est payée par ceux qui l’utilise, naturellement avec un taux d’intérêt fixé par la FED. Un tel système ne peut, à l’évidence, qu’enrichir ceux qui le maîtrisent et appauvrir les autres.

Le second attribut de cette puissance est l’armée américaine, dotée depuis 1945 de l’arme nucléaire.

Cette facilité à créer de la dette a permis au « complexe militaro-industriel », aujourd’hui partie intégrante de l’État Profond américain, de faire du budget militaire américain le plus important au monde, loin devant tous les autres.

2001, le début de la fin de l’hégémonie américaine

Le premier sommet de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) est né cette année là. Voici ce qu’écrit Guillaume Lagane, de la revue « Atlantico » :

« L’Organisation de coopération de Shanghai est née dans sa forme actuelle en 2001. Elle illustre la volonté de la Chine, autour de laquelle elle a été formée, d’organiser l’Asie en écartant les Occidentaux et notamment les États-Unis qui venaient à l’époque d’arriver en Afghanistan. Depuis, l’OCS, qui regroupe, outre la Chine, la Russie, les puissances d’Asie centrale, l’Inde et le Pakistan s’est affirmée comme une organisation clairement dirigée contre l’Occident ».

Depuis 2001, cette organisation s’est développée et regroupe de plus en plus de pays mus par cette même volonté et devient maintenant une véritable alliance anti-occidentale, pour rester vague, mais surtout anti-État profond américain, qui a assujetti nombre d’entre eux par une dette inextinguible.

En 2003, l’épisode devant les Nations unies des « armes de destruction massive » a considérablement affaibli le crédit américain, et les guerres successives du Moyen-Orient menées par l’armée américaine, sans l’aval des Nations unies ont encore augmenté cette défiance.

La réunion de l’Ouzbékistan ne doit pas, à mon sens, interprétée comme liée à la guerre en Ukraine et ceux qui scrutent au microscope les attitudes respectives, pensant pouvoir en conclure ou non un rapprochement quelconque ou un renforcement des relations entre la Chine et la Russie sur cette affaire n’en perçoivent pas toute la portée.

Le dollar, atout majeur dans la main de l’État profond

Cette guère en Ukraine, par contre, peut jouer le rôle double d’un catalyseur et d’un accélérateur. Le véritable danger pour l’État profond n’est pas le rapport des forces militaires, mais la perte de pouvoir du dollar. Sa force tient de son double rôle de monnaie domestique et monnaie de réserve internationale, à la condition « sine qua non » d’exercer un monopole quasi-absolu sur les échanges commerciaux. L’extra-territorialité du Droit américain en est une conséquence directe, par laquelle la Justice américaine peut exercer sa pression sur des entreprises qui n’ont souvent pas d’autre choix que de se vendre aux multinationales américaines. Ce système du dollar, que les accords de Bretton Woods avait complété par le FMI et la Banque mondiale, ont permis de contrôler l’économie et la finance planétaire. Tous les achats de produits ou denrées à l’international devant se faire en dollars, les pays acheteurs devaient se procurer des dollars en quantité suffisante pour les faire. Et le prix d’achat était fixé par la FED, conjointement au taux d’intérêt taux. Lorsqu’un pays « ne filait pas droit », on faisait s’écrouler sa monnaie en l’entraînant dans la spirale de l’inflation, provoquant les troubles sociaux et la famine. Ces pays étaient obligés de recourir à l’aide du FMI et de la Banque mondiale, qui les dépossédait littéralement de leurs actifs en les condamnant à l’asservissement.

Or, ce monopole du dollar « international » est en train d’être mis à mal par la guerre en Ukraine.

Pétrole payé en roubles, la « botte secrète » de Vladimir Poutine

On a l’impression que les sanctions à l’encontre de la Russie ont ouvert « la boîte de Pandore ».

Depuis quelques années, les transactions dans des monnaies « locales » se faisaient entre États, mais toute tentative de généraliser le phénomène a été « étouffé dans l’œuf » quelquefois par la force militaire. La guerre en Ukraine et les sanctions afférentes ont permis à la Russie de justifier ces transactions, du fait qu’elle n ‘avait plus accès au système SWIFT.

Or, ceci n’aurait pu prospérer sans le concours, voire la complicité, des pays acheteurs, parmi lesquels on trouve la Chine, l’Inde, l’Iran et beaucoup d’autres. Seule une partie des pays de l’Union européenne préfère (du moins le disent-ils) se passer des produits russes plutôt que d’accepter ce paiement en roubles. Il n’échappera à personne que la plupart des pays qui ont accepté font partie du groupe de Shangaï, comme titulaires ou comme observateurs. Il faut garder présent à l’esprit que ce groupe recouvre plus de 3 milliards d’individus et, comme l’écrit Sébastien Boussois dans « La Tribune » :

« Aujourd’hui, l’OCS est la plus grande organisation régionale du monde. Le territoire total des pays appartenant à l’OCS dépasse 34 millions de km², soit plus de 60% du territoire du continent eurasien. La population totale des pays de l’OCS est de plus de 3 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale. L’enjeu est donc de taille. Au total, la « grande famille de l’OCS », qui compte 21 pays, couvre trois continents – l’Asie, l’Europe et l’Afrique. »

Une nouvelle étape est franchie

Cette réunion, même si elle se déroule durant la guerre russo-ukrainienne, dépasse de très loin ce cadre et confirme la volonté des participants de mettre un terme à l’hégémonie de l’État profond américain. De nombreux indices, parmi lesquels des discours officiels de plus en plus fréquents, et surtout le projet de mise en vigueur d’une nouvelle monnaie de réserve internationale dans le cadre des BRICS, montrent clairement cette intention. La réunion d’Ouzbékistan qui a donné lieu à une prise de parole du président chinois Xi Ling Pin, fera certainement date et marquera un tournant important de la géopolitique mondiale. Il affirme clairement être, avec la Russie, les leaders de cette opération destinée à mettre un terme à ce modèle occidental globaliste qui ne correspond pas à la vision d’une majorité des peuples, sur au moins trois continents.

Personne ne peut prédire l’avenir, mais une chose paraît néanmoins certaine, c’est qu’il y aura un avant et un après. Pour paraphraser le Général de Gaulle :

« Là où il y a une volonté, il y a un chemin »

source : Le Courrier des Stratèges
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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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