Après Arrêt sur images, Libération et 20 minutes, c’est au tour du plus célèbre des quotidiens français, le journal Le Monde, de montrer son allégeance envers l’Église Trans en vomissant sur les féministes critiques du genre et du transgenrisme (sur les prétendues TERF). Tristement, ce sont deux femmes, Marie Slavicek et Camille Froidevaux-Metterie, qui s’y sont collées.
Bon, de la part de Camille Froidevaux-Metterie, c’était attendu. Cette brillante philosophe écrivait en effet, dans son livre Un corps à soi, paru en 2021 au Seuil, que « s’il y a bien des femmes qui endurent tous les maux associés au fait d’être un corps féminin, ce sont les femmes trans ». Traduction : s’il y a bien des femmes opprimées, ce sont les hommes. Et puis, désormais que les idées trans sont devenues idées d’État, aucun universitaire ne peut les questionner sans risquer de perdre son poste. Bon, et de la part du Monde aussi, c’était attendu (le capital ne valorise que ce qui le valorise).
Dans leur splendide article paru ce jour dans Le Monde, donc, Slavicek commence par accuser les féministes critiques du transgenrisme de considérer que « sexe et genre vont de pair », de ne pas dissocier « le sexe biologique du genre ». Quelques lignes après, Froidevaux-Metterie explique que ces féministes sont « opposées au genre ». En à peine quelques lignes, donc, une contradiction flagrante. Les féministes opposées aux trans, les prétendues TERF, considèrent-elles que sexe et genre vont de pair, ou sont-elles opposées au genre ? Il faudrait savoir. Ou peut-être que, considérant que sexe et genre vont de pair, et étant opposées aux genre, elles sont aussi opposées au sexe ? En quelques lignes à peine, Froidevaux-Metterie et Slavicek s’embrouillent dans leurs mensonges. Non, la vérité, que n’importe qui peut constater en s’y intéressant 30 secondes, c’est que les féministes critiques du genre sont… critiques du genre. Elles ne considèrent pas que sexe et genre vont de pair, au contraire, elles estiment que le sexe est une réalité mais que le genre est une fiction oppressive, hiérarchique, dont nous devrions nous débarrasser.
Froidevaux-Metterie prétend ensuite que la perspective des féministes critiques du genre évoque une sorte de panique face aux « avancées de la pensée féministe sur cette question fondatrice : qu’est-ce que c’est être une femme ? ». Faute de place, sans doute, ou manque de bol, aucune de nos philosophes transféministes ne répondra à cette question de savoir ce qu’est une femme dans tout l’article. En revanche, à défaut de nous expliquer ce qu’est une femme, nos deux philosophes transféministes nous assurent qu’une « femme trans » (c’est-à-dire un homme) en est une. En d’autres termes, grâce aux formidables « avancées de la pensée féministe sur cette question fondatrice : qu’est-ce que c’est être une femme ? », désormais, les plus avancées des féministes se retrouvent si avancées qu’il leur est impossible de définir ce qu’est une femme, qu’elles ne savent plus ce qu’est une femme. Glorieux.
Plus loin, Slavicek remarque qu’un « argument majeur des féministes opposées aux trans est que les femmes trans ne feraient que renforcer les stéréotypes de genre contre lesquels les féministes luttent depuis des décennies ». À quoi Froidevaux-Metterie rétorque :
« C’est tout de même très ironique que celles qui se fondent, de façon essentialisante, sur des arguments biologiques (une femme, ce serait un utérus) affirment en même temps que les personnes trans renforceraient la binarité des sexes. Les anti-trans assument de définir les femmes comme des “femelles”, les réduisant à leur corps sexuel et procréateur selon une logique typiquement patriarcale. Elles dénient la possibilité nouvelle qui est la nôtre de choisir les modalités genrées dans lesquelles nous nous présentons au monde et gomment ainsi trois décennies de pensée et de conquêtes féministes. »
Qui passe donc du sexe au genre de manière on ne peut plus confuse ? À la question de savoir si les « femmes trans » ne font que « renforcer les stéréotypes de genre », Froidevaux-Metterie répond qu’il est osé de la part des « féministes opposées aux trans » d’affirmer « que les personnes trans renforceraient la binarité des sexes ». Stéréotypes de genre = binarité des sexes ? En outre, il n’y a absolument rien de « typiquement patriarcal » dans le fait de reconnaître que le mot femme désigne un des deux sexes de l’espèce humaine, une réalité biologique. Comme si réaliser qu’il existe des lions et des lionnes, des chevaux et des juments, était « patriarcal ». Comme si mettre des mots sur cette réalité que l’espèce humaine est composée de deux sexes, qu’il n’existe que deux types de systèmes reproducteurs chez l’être humain, était patriarcal. Aucun argument ne sera donné à l’appui de cette absurdité, si ce n’est que nous devrions pouvoir « choisir les modalités genrées dans lesquelles nous nous présentons au monde », ce qui ne veut rien dire, le genre désignant tout et n’importe quoi au pays des transmerveilles.
Mais peu importe la « modalité genrée » que vous choisissez pour vous présenter, votre corps sexué reste votre corps sexué. Peu importe la « modalité genrée » que vous choisissez pour vous présenter, si vous deviez avoir une crise cardiaque, vos symptômes continueraient d’être déterminés par le sexe auquel vous appartenez (ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes).
(En fin de compte, l’accusation d’essentialisme brandie à tout va par les partisans de l’Église Trans semble correspondre à un refus du fait de définir les termes du langage, à un refus du principe même de la définition. Pour les disciples de l’Église Trans, définir les mots (de manière cohérente, avec une définition digne de ce nom), c’est être essentialiste, c’est « réduire » le mot, le concept, à quelque chose de précis, c’est préciser ce qu’il désigne, et donc ce qu’il ne désigne pas, ce qui revient à être excluant. Or, exclure, c’est mal. C’est presque être nazi. Au contraire, ne pas définir les mots, laisser à chacun la possibilité de les définir comme bon lui semble, c’est être inclusif, c’est le progrès, c’est le bien, c’est Libé, c’est Le Monde.)
Avec le transgenrisme, le niveau intellectuel et philosophique des médias, qui n’était déjà pas fameux, qui était même déjà catastrophique, s’effondre dans un incroyable abîme d’absurdités.
Nicolas Casaux
Source: Lire l'article complet de Le Partage