Vers la bataille d’Avdeevka

Vers la bataille d’Avdeevka

Sur le front de Donetsk, au lendemain de la tête de pont réalisée à Peski, les forces alliées exploitent la déstabilisation du dispositif ukrainien qu’elle a provoqué pour mener des assauts contre le bastion d’Avdeevka à partir de plusieurs directions.

Avdeevka est certainement l’un des bastions les plus importants du corps de bataille ukrainien du Donbass, organisé autour de plusieurs lignes défensives extérieures, entourant une zone industrielle fortifiée depuis 8 années et couverte par une artillerie nombreuse et tirant quotidiennement sur les positions et cités républicaines voisines (Donetsk, Makeevka et Yasinovataya).

Situation générale du front de Donetsk.

Devant les bombardements ukrainiens de plus en plus importants, la destruction du bastion d’Avdeevka est devenu une priorité aussi importante que celles des autres bastions ukrainiens situés sur le front Nord Donbass et augmentée par l’urgence de mettre un terme aux bombardements terroristes sur les populations civiles républicaines.

Appuyés par des tirs intenses d’artillerie et aériens, de violents combats se sont engagés autour du bastion d’Avdeevka où tous les assauts menés par les forces alliées, qu’ils soient victorieux ou parfois repoussés, infligent des pertes et des destructions importantes aux défenses de la garnison d’Avdeevka.

Le front d’Avdeevka au 19 août 2022.

• Au Sud-Ouest, la percée réalisée à Peski se poursuit en direction de Pervomaïske, un point d’appui de la deuxième ligne ukrainienne et surtout le bouclier qui protège la dernière route de l’approvisionnement ukrainien vers Avdeevka,

• Au Sud-Est, une percée est engagée à partir du secteur de Spartak pour aborder le point d’appui d’Opitnoe par son flanc Est et ainsi pouvoir contourner cette deuxième ligne de front ukrainienne qui s’appuie sur une succession de petits étangs,

• À l’Est, dans le secteur de la zone industrielle de Promka qui sépare Avdeevka de Yasinovataya les forces alliées mènent des assauts répétés contre les avants postes ukrainiens dont plusieurs sont déjà tombés, ou ont été abandonnés,

• Au Nord-Est, sur la route H20 une offensive blindée alliée est menée contre les défenses extérieures du point d’appui ukrainien de Kamianka, qui protège le flanc droit du bastion d’Avdeevka,

• Au Nord, les progressions alliées se poursuivent en direction de Krasnogorovka (à ne pas confondre avec celui situé à l’Ouest de Donetsk), pour réaliser un encerclement par le Nord d’Avdeevka qui à terme devrait rejoindre la percée venant du Sud.

Avant de se lancer dans un assaut frontal d’Avdeevka qui risquerait d’être très coûteux, les forces russo-républicaines semblent vouloir :

• Réduire la ligne de défense ukrainienne Opitnoe-Vodiane-Pervomaïske pour pouvoir avancer au plus près de la périphérie d’Avdeevka et détruire ou faire reculer d’autant l’artillerie ukrainienne bombardant  Donetsk, Yasinovataya et Makeevka.

• Réaliser un encerclement opératif d’Avdeevka par des percées au Nord (Krasnogorovka) et au Sud (Pervomaïske), qui bloqueront (au minimum par leurs feux) les dernières voies d’approvisionnement ukrainien venant de Dnipropetrovsk et Krasnoarmeïsk

Obusier républicain de 122mm D30 en action sur le front d’Avdeevka.
Un barrage de feu roulant 

Après 6 mois de combats, non seulement l’intensité des appuis feux russes et républicains ne cesse d’augmenter, au grand dam d’une propagande occidentale de plus en plus débile qui fantasme sur l’épuisement des stocks de munitions russes, mais ils deviennent de plus en plus précis, grâce notamment à l’expérience du combat mais aussi aux renseignements omniprésents des drones dont le nombre est en continuelle augmentation jusqu’aux plus petits échelons opératifs.

Au Sud d’Avdeevka, une position ukrainienne organisée sous le tablier
d’un pont autoroutier
est détruite avec des tirs corrigés par un drone

Même Valery Zaluzhnyi, le chef d’état-major ukrainien qui a au moins la qualité d’être  réaliste contrairement aux marionnettes kiéviennes de l’OTAN, a admis que « les Russes continuent d’avancer, tirant environ 700 à 800 coups d’artillerie sur nos positions chaque jour. La situation la plus tendue est maintenant dans la direction d’Avdiivka de Pisky et Marinka. »

Il y a 4 types de bombardements à distinguer :

• Les bombardements d’écrasement préparatoires, qui consistent à noyer les ceintures défensives ennemies sous un déluge d’explosions afin de détruire le maximum de positions et de matériels, de désorganiser les chaînes de commandement et d’assommer physiquement et psychologiquement les soldats sur qui l’assaut va être lancé.

Exemple de bombardement républicain sur des positions ukrainiennes avant
un assaut d’infanterie.
Ici dans l’Est de Marinka au Sud Ouest de Donetsk

• Les destructions ciblées, qui sont assurées par des tir de précision d’artillerie ou d’aviation sur des objectifs prioritaires géolocalisés (bunker, blindé ou canon, dépôt ou état-major, pont…). Ces destructions interviennent à tout moment dans les opérations en cours, qu’elles soient offensives ou défensives.

Un T72 ukrainien posté dans une « Zilonka » à l’Est d’Avdeevka est détruit par
un obus « Krasnopol »,
une munition russe de 152mm guidée par laser 

• Les tirs appuyant les assauts terrestres, ce sont les plus difficiles car ils doivent répondre à la fois à une urgence du combat et une précision imposée par la présence d’unités amies à proximité des cibles. Ce sont souvent des tirs directs réalisés par obusiers rapprochés, des canons antichars, et des chars de combat.

Des positions ukrainiennes sont détruites par des canons antichars de 100mm
MT12 « Rapira »
près de Nevelskoe (point d’appui à l’Ouest de Peski)

• Les bombardements aériens, réalisés principalement par des chasseurs bombardiers Sukhoï 25 mais aussi des hélicoptères d’attaque Ka 52, et qui peuvent réaliser les 3 types de bombardements précédemment décrits : tirs préparatoires, tirs de précisions et appuis feu des opérations au sol.

Sukhoï 25 russes sur le front d’Avdeevka

Des assauts et combats terrestres violents

Combinés à ces appuis feu donnés par l’artillerie et l’aviation d’attaque au sol, les troupes au sol mènent à la fois des assauts contre les positions ukrainiennes à conquérir et des pressions sur l’ensemble des autres positions du secteur pour y fixer leurs unités ukrainiennes et disperser les ripostes de leur artillerie.

Sur la zone de « Promka », entre Avdeevka et Yasinovataya, les forces
républicaines de 
Donetsk engagent les forces ukrainiennes

Sur les 4 axes d’attaques décrits plus haut (Krasnogorovka, Kamianka, Opitnoe et Pervomaïske) les assauts alliés rencontrent de fortes résistances ukrainiennes qui ralentissent leurs progressions et dans certains secteurs comme Kamianka réussissent même à repousser temporairement des attaques.

Les difficultés rencontrées lors des assauts alliés 
Sur cette carte du secteur d’Avdeevka on peut observer les reliefs et surtout les réseaux hydrographiques (augmentés par de nombreux étangs) et sur lesquels s’appuient les lignes de défense ukrainiennes, notamment au Sud du bastion.

• Depuis 8 années ce front ukrainien devant Donetsk, particulièrement important militairement et politiquement, est aménagé dans la profondeur autour de lignes de défenses profondément enterrées et fortifiées autour de plans de feu croisées. Dans Avdeevka, le secteur industriel dispose aussi d’abris stratégiques datant de l’époque soviétique et de dépôts de produits chimiques dissuadant des saturations d’artillerie.

• Le terrain de ce secteur d’Avdeevka est protégé, soit par des coupures humides (rivières et étangs) comme par exemple de Pervomaïske à Opitnoe ou derrière Kamianka (un étang dont le barrage a même été saboté pour créer une zone inondée élargie), soit par des zones industrielles « bunkérisées » comme celle de « Promka » devant Yasinovataya, soit par des corridors routiers ou ferroviaires à découvert et fortement minés.

Un T72 ou T80BV russe explose sur une mine antichar ukrainienne dans le secteur d’Avdeevka

• Les unités ukrainiennes défendant le secteur d’Avdeevka, à part quelque unités de mobilisés,  sont parmi les plus aguerries du corps de bataille ukrainien, notamment la 25e brigade parachutiste et la 56e brigades mécanisée qui ont été renforcées par plusieurs groupes de radicaux nationalistes (DUK, Secteur Droit…) ou de mercenaires (snipers géorgiens par ex) et disposant d’une artillerie d’appui importante.

• Beaucoup des aides militaires occidentales à l’Ukraine ont été déployées sur ce secteur de Donetsk depuis plusieurs années et sont en augmentation depuis janvier : radars, mines, drones, missiles antichars, obusiers de 155mm, HIMARS étasuniens… sans compter l’assistance très importance des satellites de renseignement de l’OTAN qui renseignent en temps réel l’état-major ukrainien des évolutions tactiques du secteur.

Sur cette vidéo de drone prise fin juillet, 2 chars alliés T72 sont stoppés
devant Kamianka par
un tir antichar avec missile étasunien « Javelin »

Loin d’être dans l’état décrit par les propagandistes pro-russes de salon qui nous racontent depuis mars que les forces ukrainiennes sont détruites, démotivées, sans munitions… force est de constater que, tout en subissant des revers tactiques continuels et des pertes très importantes, elles continuent d’opposer sur le terrain une résistance honorable aux assauts vigoureux des forces alliées. Dans leurs combats de freinage désespérés (car ne disposant pas à l’arrière d’une force capable de contre attaquer ou des appuis feux capables de fournir des tirs de barrage suffisants), les forces ukrainiennes tentent de mener une stratégie d’attrition dans laquelle l’État major ukro-atlantiste espère épuiser et ralentir l’offensive russo-républicaine offrant ainsi à Kiev ce gain de temps nécessaire pour reconstituer à l’arrière des brigades suffisamment nombreuses, équipées et entrainées pour renforcer ses corps de bataille que 6 mois d’offensives russes ont rendu exsangues.

Une priorité donnée à l’économie des forces terrestres alliées

L’état-major russe doit donc trouver une stratégie de manœuvre entre prudence et audace et qui consiste à maintenir ses progressions offensives pour ne pas accorder un temps de répit et de reconstruction aux forces ukrainiennes, mais sans procéder à des assauts téméraires qui provoqueraient une trop grande attrition des forces engagées et que Moscou veut garder dans des effectifs limités entre 200 et 220 000 hommes pour tous le fronts du conflit (environ 1000 km).

Sur le terrain on peut donc observer une alternance entre des bombardements massifs de l’artillerie et souvent prolongées et des progressions rapides mais courtes des unités d’infanterie mécanisées qui, lorsqu’elles arrivent en butée d’une forte résistance n’insistent pas, ouvrant alors une nouvelle séquence « écrasement/assaut ».

Lorsque les obus classiques ne réussissent pas à détruire les positions,
l’artillerie russe
applique alors sur elles des tirs incendiaires

Les forces alliées, même lorsqu’elles ne montent pas à l’assaut maintiennent dans un roulement d’unités permanent d’importantes pressions offensives sur des postions ukrainiennes harassées. Chaque campagne de bombardement aérien ou d’artillerie est accompagné de tirs de harcèlement sur les positions bombardées et chaque assauts d’infanterie est accompagnés de tirs de barrage sur les replis ou contre attaques ukrainiennes.

Ici un sniper russe vise les soldats ukrainiens cherchant à échapper aux bombardements de leurs positions situées devant Avdeevka

En conclusion

L’étau se resserre autour d’Avdeevka et les prochaines étapes de son encerclement seront certainement les captures des villages de Krasnogorovka au Nord et Pervomaïske au Sud, ce qui permettra à moyen terme une jonction de ces percées à l’Ouest du bastion ukrainien.

Ailleurs, le front ukrainien devant Donetsk craque également à Marinka notamment où les forces républicaines ont déjà inverti les quartiers Est et mènent là aussi de violents combats contre les forces ukrainiennes.

Septembre arrive et avec lui le risque, que ne peut se permettre l’état-major russe, de voir le conflit stagner. Il est donc fortement probable que nous assistions à l’automne à une troisième phase stratégique des opérations militaires russes afin de maintenir une dynamique offensive et aussi régler la menace des bombardements longue portée ukrainiens qui continuent notamment sur le front Sud.

La destruction de l’étau ukrainien meurtrier enserrant depuis 8 ans Donetsk interviendra sans nul doute avant la fin de l’année., ce qui permettra de soulager les populations bombardées et de déplacer des unités de combat vers d’autres secteurs du front.

Volontaires de la brigade Piatnashka, reformée autour de son créateur « Abkkaz ».

Je laisserai le mot de la fin au président serbe Vucic commentant la situation du front et l’attitude des occidentaux vis à vis du conflit russo-ukrainien :

« Je sais ce qui nous attend. Dès que M. Poutine aura terminé ses affaires à Seversk, Bakhmut et Soledar, puis sur la deuxième ligne : Slaviansk, Kramatorsk, Avdiivka, sa proposition suivra. S’ils ne l’acceptent pas et qu’ils n’écoutent pas, nous irons en enfer. »

source : Alawata rebellion

illustration : Le bastion ukrainien d’Avdeevka, au Nord de Donetsk, sous les bombardements alliés
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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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