Connaissez-vous Rishi Sunak ? — Bernard GENSANE

Connaissez-vous Rishi Sunak ? — Bernard GENSANE

Lors de son ultime discours à la Chambre des Communes, Boris Johnson a encouragé les députés de son camp à ne pas augmenter les impôts et à déréguler toujours davantage. Si l’on considère les deux candidats qui ont le plus de chance de lui succéder, il n’a pas de crainte à avoir.

J’évoque tout d’abord brièvement Liz Truss. Profil classique d’une femme de 52 ans appartenant à la bourgeoisie éduquée ayant suivi de bonnes études au collège Merton d’Oxford et ayant occupé plusieurs fonctions de ministre (ministre des Femmes et des Égalités puis secrétaire d’État aux Affaires étrangères). Elle se singularise en 2016 : jusque-là, opposante au Brexit, elle tourne casaque après la victoire des Brexiteurs et adopte une posture eurosceptique radicale.

Après le long passage de Margaret Thatcher au 10 Downing Street, son élection à la tête du parti conservateur, en tant que femme, serait un peu du réchauffé. En revanche, on entendrait parler de celle de Rishi Sunak – un Britannique d’origine indienne – pendant un bon moment. Un peu comme celle du métis Obama.

Sunak, dernier chancelier de l’Échiquier de Boris Johnson, n’est pas n’importe quel Indien. Né sur le sol britannique en 1980, il est le fils d’un médecin indien et d’une mère pharmacienne ayant fui – comme beaucoup d’autres Indiens – le Kenya dans les années soixante. 200 000 Indiens résidaient au Kenya en 1963, quand ils furent accusés de reproduire le système colonial des Blancs.

Sunak étudie la philosophie, la politique et l’économie à Oxford (il s’agit dans cette université d’un cursus commun), puis l’administration des affaires à Stanford en Californie. Il épouse Akshata Murty, fille de l’homme d’affaires indien Narayana Murty, cinquième fortune indienne (4 milliards de dollars en 2022). L’épouse de Sunak est l’une des femmes anglaises les plus riches (430 millions de livres sterling, devant la reine : 365 millions, donc loin derrière Paul McCartney : 970 millions).

Sunak travaille chez Goldman Sachs comme analyste financier, puis pour des fonds spéculatifs à la Cité de Londres.

Député de Richmond, il soutient le Brexit. Il succède à Sajid Javid, d’origine pakistanaise qui, comme ministre de l’Intérieur, avait signé l’ordre d’extradition de Julian Assange vers les États-Unis le 13 juin 2019. Sunak s’oppose à l’augmentation des dépenses publiques visant à soutenir l’économie pendant la pandémie de Covid 19. Il s’oppose également à l’introduction d’une taxe carbone pour réduire les émissions de CO2.

Il a été récemment accusé d’être “ déconnecté ” lorsqu’une vidéo a fait surface dans laquelle il suggérait, alors qu’il était étudiant, qu’il n’avait « pas d’amis de la classe ouvrière ». Il a déclaré à la BBC qu’il avait « des amis qui sont des aristocrates, j’ai des amis qui sont de la classe supérieure, j’ai des amis qui sont, vous savez, de la classe ouvrière ». Il s’est ensuite repris en disant : « Eh bien, pas de la classe ouvrière. »

Le 7 avril 2022, The Independent révèle que son épouse dispose d’un statut lui permettant de ne pas payer d’impôts au Royaume-Uni sur ses revenus générés hors du pays. Ce, au moment où les Britanniques connaissent la plus forte hausse d’impôts depuis 50 ans. Pour Sunak, une réduction d’impôt pour le commun ne peut se concevoir avant une baisse de l’inflation.

Il fait partie de la fronde des démissionnaires du gouvernement Johnson. Juste après la démission de “ Bojo ”, il annonce sa candidature à sa succession.

J’allais oublier : il porte des mocassins en daim de marque Prada à 490 livres sterling lors de ses visites de chantier.

Adblock test (Why?)

Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You