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Campagne de dons Juin 2022
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par Thierry Meyssan.
Si Stepan Bandera était un agent de la Gestapo qui n’a laissé le souvenir (positif pour certains) que des massacres et des tortures qu’il a organisés, Dmytro Dontsov était – et est toujours – le penseur de référence des nationalistes ukrainiens. C’est lui qui a inventé le racialisme ukrainien et imaginé comme une arme le fanatisme de ses combattants.
Si dans des articles précédents j’ai présenté l’histoire du mouvement bandériste depuis l’entre-deux-guerres jusqu’à aujourd’hui, je voudrais ici parler de leur idéologie.
Leur intellectuel de référence, hier et aujourd’hui, est Dmytro Dontsov (1883–1973). Bien qu’il soit mort au Canada et ait été enterré aux États-Unis, ses œuvres n’ont pas été traduites, mais ses disciples nous les ont fait connaître. Cette absence dans les librairies d’autres pays explique qu’il soit ignoré à l’étranger. C’était cependant, après une longue période d’absence, un des auteurs les plus vendu ces dernières années en Ukraine.
Se nourrissant comme les nazis de son interprétation de Nietzsche, Dmytro Dontsov appelait à la naissance d’un « homme nouveau » avec « une foi brûlante et un cœur de pierre » qui n’aurait pas peur de détruire sans pitié les ennemis de l’Ukraine. Penseur du « nationalisme ukrainien intégral », il a construit une philosophie où tout ce qui est nationaliste est contre la Russie et contre les juifs.
Il entendait créer un peuple d’élite, loin de « l’égalitarisme des esclaves » de la Révolution russe d’octobre et des « idéaux universels » de la Révolution française.
Il affirmait que l’imaginaire des vrais Ukrainiens doit se « nourrir de la légende de la dernière bataille », du « déni de ce qui est » et de « l’image fascinante de la catastrophe qui apportera du nouveau ». Ils doivent servir « un ordre catégorique » avec une « obéissance imprudente ».
Selon lui, le « nationalisme ukrainien » se caractérise par :
« l’affirmation de la volonté de vivre, de puissance, d’expansion » (il promeut « Le droit des races fortes d’organiser les peuples et les nations pour renforcer la culture et la civilisation existantes »)
« le désir de combattre et la conscience de son extrémité » (il loue la « violence créatrice de la minorité d’initiative »)
Ses qualités sont :
- « le fanatisme » ;
- « l’immoralité ».
Le fanatisme renvoie au caractère religieux de sa doctrine. Dontsov note que c’est cela qui rend les guerriers invincibles. Il est donc parfaitement logique qu’après la guerre mondiale, Stepan Bandera et Yaroslav Stetsko aient accepté de travailler à Munich avec la société secrète des Frères musulmans ou qu’en 2007 leurs disciples aient pu former un Front anti-russe avec les djihadistes tchétchènes.
Au début de son œuvre, Dontsov ne s’est pas inspiré du fascisme italien ou du national-socialisme allemand, mais il apparaît marqué par les mêmes raisonnements que les oustachis croates, la Garde de fer roumaine, le Glinka slovaque, l’Oboz Narodowo-Radykalny polonais.
Au contact des nazis, Dontsov commença à se réclamer d’une géographie et d’une histoire mythiques. Les « vrais Ukrainiens » seraient d’origine scandinave ou proto-germanique et descendraient des Varègues, une tribu viking de Suède. Leurs ancêtres auraient fondé la ville de Novgorod en Russie et soumis les slaves russes.
Dans cette mythologie, les « nationalistes ukrainiens » sont le Bien, tandis que les « Moscovites » incarnent le Mal. Il est donc tout à fait normal que l’égérie du Parti Svoboda (Liberté), la député Irina Farion, déclare bien avant l’intervention militaire russe : « Nous sommes venus en ce monde pour détruire Moscou ».
En 2015, le président Petro Porochenko et son Premier ministre Arseni Iatseniouk firent voter un ensemble de loi qui d’un côté interdirent les symboles communistes et nazis et de l’autre réhabilitèrent les symboles bandéristes. Dans la pratique, comme personne ne se réclamait du nazisme, il s’est agi de détruire les monuments à la victoire de l’armée rouge sur les nazis et de les remplacer par d’autres à la gloire de Stepan Bandera – pourtant responsable de l’assassinat d’1,6 million de ses compatriotes – et de son maître à penser, Dmytro Dontsov.
Le Conseil de l’Europe avait alors critiqué ces lois de « décommunisation » qui jettent l’opprobre sur des régimes en général sans citer les actes qu’elles condamnent.
C’est à la suite de ces lois que la devise des bandéristes est entrée dans le discours officiel : « Gloire à l’Ukraine ! ». Je n’ai évidemment rien contre ce slogan, pas plus que contre le cri des musulmans « Allah Akbar ! », cependant après l’avoir entendu chanter par les djihadistes qui voulaient m’égorger je ne parviens plus à penser que « Dieu est grand ! » et je suis toujours hanté par ce que les jihadistes entendent par là.
De même, il est logique que l’Ukraine se soit dotée d’un dispositif juridique légalisant une forme de discrimination raciale. Le 21 juillet 2021, le président Volodymyr Zelensky a signé une loi, présentée à son initiative, sur les « peuples autochtones d’Ukraine ». Elle pose que les Tatars et les juifs Karaïtes ont « le droit de jouir pleinement de tous les Droits de l’homme et de toutes les Libertés fondamentales » (sic). Ce texte qui semble très généreux ne l’est pas du tout car il est interprété par défaut. Il complète les textes reconnaissant les droits des Ukrainiens d’origine scandinave ou proto-germanique. Dans les faits, il est utilisé par les Tribunaux pour nier les droits des Ukrainiens qui ne se reconnaissent ni dans la définition générale, ni dans une de ces minorités, en clair dans ceux qui se disent slave d’origine slave. Ces derniers ne peuvent pas évoquer devant un tribunal leur « droit de jouir pleinement de tous les Droits de l’homme et de toutes les Libertés fondamentales ».
Le 20 mars 2022, le président Volodymyr Zelensky a déclaré dans une vidéo diffusée sur son compte Telegram : « Toute activité de la part de politiciens participant à diviser la société ou à collaborer avec l’ennemi ne réussira pas, et recevra une réponse sévère ». Sur ce, il a interdit 11 partis politiques (Plateforme d’opposition – Pour la vie, Parti de Charij, Nachi, Bloc d’opposition, Opposition de gauche, Union des forces de gauche, Derjava, Parti socialiste progressiste d’Ukraine, Parti socialiste d’Ukraine, Socialistes, Bloc de Volodymyr Saldo). Si la plupart d’entre eux n’étaient pas représentés à la chambre unique, la Verkhovna Rada, Plateforme d’Opposition-Pour la vie était la seconde formation du pays. Il avait reçu 13% des suffrages et obtenu 43 députés sur 450.
Toujours le 20 mars, le président Zelensky a également signé des décrets interdisant pour cinq ans trois chaînes d’opposition « suspendues » depuis plusieurs mois. En outre, il a fusionné toutes les chaînes restantes sous le contrôle du Conseil de Sécurité et de Défense.
Il n’y a donc plus de liberté d’expression, ni pour les politiques, ni pour les journalistes. La démocratie ukrainienne est morte, non pas de l’intervention militaire russe, mais par la volonté de son propre gouvernement.
Un Conseil pour le développement des bibliothèques a été créé le 5 mai 2022. Il doit notamment se prononcer sur les livres russes qui surchargent les rayons. Le ministre de la Culture et de la Politique de l’information, le journaliste Oleksandr Tkachenko, a déclaré qu’ils pourraient devenir une matière première pour imprimer des livres ukrainiens sur papier recyclé.
Les autodafés sont un grand classique des dictatures. Cette fois, on ne brûlera rien en public, mais on recyclera le papier. C’est moins voyant et plus écologique.
Venons-en maintenant à la manière de faire la guerre. Une particularité de l’armée ukrainienne relève l’attention : elle ne ramasse pas les corps de ses soldats morts au combat. Toutes les autres armées du monde n’hésitent pas à se mettre en danger pour cela. Donner une sépulture digne à leurs morts est indispensable à leurs yeux. Ne pas le faire aurait des conséquences désastreuses sur le moral de leurs compagnons. Alors pourquoi l’armée ukrainienne agit-elle différemment ?
Si je comprends la pensée de Dmytro Dontsov, il s’agit là de la préparation du combat eschatologique entre le Bien et le Mal. Selon la mythologie scandinave, lorsqu’un combat était livré par les Varègues, les Valkyries descendaient sur le champ de bataille en chevauchant des loups. Elles décidaient qui des valeureux vikings mourraient. Puis elles emportaient leurs âmes au Valhalla pour constituer avec eux la future armée de la « dernière bataille ». Ainsi, les hommes tombés sur le champ d’honneur n’étaient pas des victimes du sort, mais étaient choisis pour un destin glorieux.
Selon le rapport de l’IERES de l’Université George Washington (2021), l’Ordre Centuria a déjà pénétré
les armées en Allemagne, au Canada, en France, en Pologne, au Royaume-Uni et aux États-Unis
Cette idéologie sacrée renvoie à la « prière des nationalistes ukrainiens », rédigée par Josef Mashchak en 1922. Elle est enseignée et récitée dans les camps de jeunesse des bandéristes. Elle est au centre des cérémonies de l’ordre secret Centuria que les bandéristes ont introduit dans les armées de l’OTAN.
La guerre des « nationalistes ukrainiens » contre les slaves ne fait donc que commencer.
source : Réseau Voltaire
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