L’auteur est un fier résident du Saguenay
Depuis sa banlieue montréalaise, Éric Tétrault a fait paraître dimanche le 13 mars une lettre dans notre journal régional et, surtout, il a réussi à se faire inviter dans des émissions d’affaires publiques de Radio-Canada pour vendre sa camelote. Comme si ce monsieur pouvait encore bénéficier d’une quelconque crédibilité dans le débat en sa qualité de porte-parole de l’Association pétrolière et gazière du Québec, un lobby qui se présente depuis quelques années sous le nom d’emprunt d’Association de l’énergie du Québec.
Le problème d’approvisionnement en énergie de l’Europe consécutif au conflit ukrainien sert cette fois de prétexte à M. Tétrault pour revenir à la charge. Il sait pourtant que le gouvernement de François Legault a définitivement renoncé au projet Énergie Saguenay, et ce pour des raisons autant économiques que environnementales. Avec son potentiel d’énergies renouvelables, le Québec n’a pas intérêt à se lancer dans la liquéfaction et l’exportation du gaz naturel de fracturation en provenance de l’Ouest canadien. Si le gouvernement de Justin Trudeau le juge opportun, le Canada pourrait au pis aller exporter par bateau du GNL issu des sables bitumineux pour dépanner l’Europe, en remplacement du gaz russe pourtant plus écologique.
M. Tétrault fait la promotion de l’industrie des hydrocarbures albertaine en dénigrant du même coup les efforts que les gouvernements du monde entier ont déployés jusqu’ici pour passer aux énergies renouvelables et assurer une véritable transition. Il passe commodément sous silence les plus récentes conclusions du GIEC voulant que l’humanité renonce à toute nouvelle exploitation de gisements de combustibles fossiles afin de freiner le réchauffement climatique.
Cette récente intervention du porte-parole de l’Association pétrolière et gazière du Québec a ravivé la frustration d’une partie de la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui estime que notre région aurait dû être la seule à se prononcer sur l’acceptabilité sociale du projet Énergie Saguenay. Ces partitionnistes invoquent le fait qu’ils n’ont pas droit au chapitre quand les grandes agglomérations urbaines décident, elles, de se doter de nouvelles infrastructures onéreuses afin de régler leurs problèmes de transport ou d’assurer leur développement économique. Comme si on pouvait mettre sur le même pied l’avènement d’un REM, d’un troisième lien routier, d’un tramway, voire l’agrandissement du port de Montréal, avec la construction d’un méga complexe de liquéfaction de gaz albertain destiné à l’étranger !
Les tenants de cette idéologie répandent dans les médias sociaux un flot d’insultes à l’endroit de tous ceux qui ne partagent pas leur opinion. Avec l’appui de bonimenteurs comme Éric Tétrault, leur logique populiste nourrie de désinformation et de théories du complot n’a pas fini de nous empoisonner.
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