L’homme qui a vendu l’Ukraine — Mike WHITNEY

L’homme qui a vendu l’Ukraine — Mike WHITNEY

Volodymyr Zelensky est l’actuel président de l’Ukraine. Il a remporté une victoire écrasante à l’élection de 2019 sur la promesse d’apaiser les tensions avec la Russie et de résoudre la crise dans les républiques séparatistes de l’est de l’Ukraine. Il n’a pas même essayé de tenir aucune de ces deux promesses. Au contraire, il a considérablement exacerbé la crise interne de l’Ukraine, tout en provoquant sans relâche la Russie. Zelensky a eu de nombreuses occasions d’aplanir les difficultés avec Moscou et d’empêcher le déclenchement des hostilités. Au lieu de cela, il a constamment aggravé la situation en suivant aveuglément les directives de Washington.

Zelensky est adulé par l’Occident et loué pour sa bravoure personnelle. Mais, dans les faits, il a échoué à rétablir l’unité nationale et à mettre en œuvre l’accord de paix crucial qui est la seule voie vers la réconciliation. Le président ukrainien n’aime pas le protocole dit de Minsk et a refusé d’en respecter les exigences fondamentales. En conséquence, la guerre fratricide à forte connotation ethnique qui a embrasé l’Ukraine au cours des huit dernières années se poursuit aujourd’hui sans qu’aucune issue ne soit en vue. Le président Vladimir Poutine a fait référence à l’obstination de Zelensky dans un récent discours prononcé au Kremlin. Il a déclaré :

 » Lors de l’événement d’hier… les dirigeants ukrainiens ont déclaré publiquement qu’ils n’allaient pas respecter ces accords. Qu’ils ne les respecteraient pas. Eh bien, que peut-on dire de plus ?  » (Vladimir Poutine)

La plupart des Étasuniens ne réalisent pas que le rejet de Minsk par Zelensky a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les responsables russes avaient travaillé pendant huit ans sur Minsk, élaborant des conditions acceptables pour toutes les parties. Puis, à la onzième heure, Zelensky a mis le holà à l’accord d’un simple geste de la main. Pourquoi ? Qui a dit à Zelensky d’abandonner l’accord ? Washington ?

Bien sûr.

Et pourquoi Zelensky a-t-il déployé 60 000 soldats le long de la ligne de contact (dans l’est de l’Ukraine), d’où ils pouvaient lancer des obus meurtriers sur les villes et villages des Russes ethniques qui y vivaient ? De toute évidence, le message envoyé à la population était qu’une invasion était imminente et qu’elle devait sortir immédiatement des maisons et/ou s’abriter dans ses caves. Quel objectif Zelensky espérait-il atteindre en forçant ces gens à se tapir dans leurs maisons en craignant pour leur vie ? Et quel message entendait-il envoyer à Moscou, dont les dirigeants étaient absolument horrifiés par ce qui se passait ?

Savait-il que ses actions allaient déclencher l’alerte en Russie, forçant Poutine à mobiliser son armée et à la préparer à une éventuelle invasion pour protéger son peuple de ce qui semblait être une opération massive de nettoyage ethnique ?

Il le savait.

Alors, ces actions sont-elles cohérentes avec les promesses de campagne de Zelensky de restaurer l’unité nationale et de résoudre pacifiquement les problèmes de l’Ukraine avec la Russie ?

Elles ne sont pas du tout cohérentes, elles sont diamétralement opposées. En fait, Zelensky semble fonctionner sur la base d’un scénario totalement différent. Prenez, par exemple, son refus absolu de prendre en compte les préoccupations minimales de la Russie en matière de sécurité. Zelensky savait-il que Poutine avait déclaré à plusieurs reprises que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était une  » ligne rouge  » pour la Russie ? Savait-il que Poutine n’a cessé de répéter la même chose depuis 2014 ? Savait-il que Poutine avait averti que si l’Ukraine prenait des mesures pour rejoindre l’OTAN, la Russie serait obligée de prendre des mesures  » militaro-techniques  » pour assurer sa propre sécurité ? Zelensky sait-il que l’OTAN est une alliance contrôlée par Washington qui s’est livrée à de nombreuses agressions contre d’autres États souverains. Voici une courte liste des haut-faits de l’OTAN :

La destruction de la Yougoslavie

La destruction de l’Afghanistan

La destruction de la Libye

La destruction de l’Irak

La destruction de la Syrie

Zelensky sait-il que l’OTAN est ouvertement hostile à la Russie et considère la Russie comme une menace sérieuse pour ses ambitions expansionnistes ?

Oui, il sait tout cela. Pourtant, il a exprimé publiquement son souhait de développer des armes nucléaires. Qu’est-ce que cela signifie ? Imaginez le problème que cela poserait à la Russie. Imaginez qu’une marionnette soutenue par les États-Unis, comme Zelensky, ait des missiles nucléaires sous la main. Comment pensez-vous que cela pourrait affecter la sécurité de la Russie ? Pensez-vous que si Poutine ignorait tous ces développements, il serait fidèle à son devoir de protéger le peuple russe ?

Et pourquoi Zelensky a-t-il accepté que soient livrées à l’Ukraine des cargaisons successives d’armes létales s’il recherchait sincèrement la paix avec la Russie ? Pensait-il que Poutine était trop stupide pour voir ce qui se passait juste sous son nez ? Pensait-il qu’il normalisait ses relations en développant son arsenal, en menaçant son propre peuple et en se pliant à toutes les exigences de Washington ?

Ou pensait-il que les demandes de garanties de sécurité de Poutine étaient déraisonnables ? C’est cela ? Pensait-il que, si la situation était inversée, les États-Unis permettraient au Mexique d’installer des bases militaires, des pièces d’artillerie et des missiles le long de la frontière sud des Etats-Unis ? Y a-t-il un président dans l’histoire étasunienne qui n’aurait pas fait la même chose que Poutine ? Y a-t-il un président dans l’histoire étasunienne qui n’aurait pas lancé une attaque préventive sur ces armes mexicaines et vaporisé tout être vivant dans un rayon de 30 km ?

Non, les demandes de Poutine étaient tout à fait raisonnables, mais Zelensky les a quand même ignorées. Pourquoi ?

Zelensky sait-il qu’il y a des membres du Secteur droit, des néo-nazis au sein du gouvernement, de l’armée et des services de sécurité. Sait-il que, même s’ils sont peu nombreux, ils constituent une force avec laquelle il faut compter et qui joue un rôle important dans la haine et la persécution des Russes ethniques ? Sait-il que ces éléments d’extrême droite participent à des défilés aux flambeaux, impriment des croix gammées ou des tatouages SS sur leurs bras, et vénèrent l’idéologie racialiste d’Adolph Hitler ? Se rend-il compte que nombre de ces nazis se sont livrés à des actes criminels d’une grande violence, qu’ils ont notamment brulé 40 civils dans le bâtiment des syndicats à Odessa en 2014 ? Se figure-t-il que les programmes secrets de la CIA pour armer et former ces militants d’extrême droite renforcent la confiance mutuelle ou se figure-t-il que cela rappelle à Moscou une guerre catastrophique au cours de laquelle 27 millions de Russes ont été exterminés par la Wehrmacht allemande ?

N’est-il pas évident que tout ce que Zelensky a fait, a été fait dans l’intention de provoquer la Russie ?

Toutes les discussions sur l’adhésion à l’OTAN, toutes les discussions sur le développement d’armes nucléaires, l’accumulation constante d’armes létales, le mouvement des troupes vers l’est, le refus d’appliquer le traité de Minsk et le rejet des demandes de sécurité de Poutine. Tout cela était des provocations délibérées. Mais pourquoi ? Pourquoi « appâter l’ours » (1), telle est la question ?

Parce que Washington veut attirer la Russie dans une guerre pour pouvoir diaboliser davantage Poutine, isoler la Russie, lancer une opération de contre-insurrection contre l’armée russe et imposer des sanctions économiques sévères qui infligeront un maximum de dommages à l’économie russe. C’est en deux mots la stratégie de Washington, et Zelensky aide Washington à atteindre ses objectifs. Il se fait l’outil de Washington. Il sacrifie son propre pays pour faire avancer les intérêts des États-Unis.

Tout cela contribue à souligner un point qui n’est jamais pris en compte par les médias et jamais discuté par les experts des chaînes câblées, à savoir que l’Ukraine va perdre la guerre, et Zelenskyy le sait. Il sait que les forces armées ukrainiennes ne font pas le poids face à l’armée russe. C’est comme écraser une mouche avec un marteau. L’Ukraine est la mouche. Les gens doivent le savoir mais personne ne le leur dit. Au lieu de cela, on les abreuve de blablas sur des Ukrainiens héroïques qui combattent l’envahisseur russe. Mais ce sont des absurdités, des absurdités dangereuses qui encouragent les gens à sacrifier leur vie pour une cause perdue. L’issue de ce conflit n’a jamais fait de doute : l’Ukraine va perdre. C’est certain. Et si vous lisez entre les lignes, vous verrez que la Russie est en train de gagner la guerre haut la main ; ils écrasent l’armée ukrainienne à chaque pas, et ils continueront à les écraser jusqu’à ce que l’Ukraine se rende. Regardez cette brève interview du colonel Douglas MacGregor sur Tucker Carlson et vous comprendrez ce qui se passe réellement :

Tucker : « Où en est la guerre ce soir ? » (1er mars)

Colonel McGregor : « Eh bien, les 5 premiers jours, nous avons assisté à un mouvement très lent et méthodique des forces russes entrant en Ukraine… Elles se sont déplacées lentement et prudemment et ont essayé de réduire les pertes parmi la population civile, en essayant de donner aux forces ukrainiennes l’opportunité de se rendre. C’est terminé. Et dans la phase dans laquelle nous nous trouvons maintenant, les forces russes ont manœuvré pour encercler et entourer les forces ukrainiennes restantes et les détruire par une série de frappes massives de roquettes d’artillerie, de frappes aériennes avec les blindés russes qui se rapprochent lentement mais sûrement et anéantissent ce qui reste. Donc, c’est le début de la fin de la résistance ukrainienne.

Tucker :  » Quel est l’objectif de Poutine ici ? « 

Colonel McGregor : “ Poutine est en train de tenir la promesse qu’il a faite en 2007 à la Conférence sur la sécurité de Munich : ‘ Nous ne permettrons pas l’expansion de l’OTAN jusqu’au point où l’OTAN touche notre frontière, en particulier en Ukraine et Géorgie ’. Nous considérons ces pays comme des chevaux de Troie de la puissance militaire de l’OTAN et de l’influence des États-Unis… ”. Il a répété cet avertissement à maintes reprises, dans l’espoir de ne pas avoir à nettoyer l’est de l’Ukraine de toute force d’opposition, quelle qu’elle soit, et de ne pas avoir à placer ses forces dans une position, par rapport à l’OTAN, qui nous dissuaderait de toute nouvelle tentative d’influencer l’Ukraine ou d’en faire un tremplin pour projeter la puissance américaine et occidentale en Russie.

Son objectif – à ce jour – est de s’emparer de toute cette zone de l’est de l’Ukraine (à l’est de la rivière Dniepr) et il a traversé la rivière et il se prépare à entrer et à capturer entièrement cette ville (Kiev).

À ce stade, Poutine doit décider de ce qu’il veut faire d’autre. Je ne pense pas qu’il veuille aller plus à l’ouest. Mais il veut s’assurer que quelle que soit la forme que prendra ensuite l’Ukraine… elle “ neutre ”, non alignée et, de préférence, amicale envers Moscou. Cela, il l’acceptera. S’il ne l’obtenait pas, sa guerre n’aurait servi à rien. »(« Colonel Douglas MacGregor avec Tucker Carlson », Rumble)

Lien vidéo

Que pouvons-nous déduire de cette courte interview :

1. La Russie va l’emporter et l’Ukraine va perdre.

2. L’Ukraine va être divisée. Poutine va créer le tampon dont il a besoin pour assurer la sécurité de son pays.

3. Quiconque gouvernera la partie occidentale de l’Ukraine devra déclarer sa “ neutralité ” (par écrit) et rejeter toute offre d’adhésion à l’OTAN. S’ils violent cette promesse, ils seront démis par la force.

Mais la chose la plus importante est que tous les principaux acteurs de ce fiasco savaient dès le départ que l’Ukraine n’avait aucune chance de vaincre l’armée russe. C’était couru d’avance.

Ce que nous voulons savoir, c’est pourquoi Zelensky n’a pris aucune mesure pour éviter la tragédie avant qu’elle ne se produise ?

La réponse à cette question permet de comprendre « qui est vraiment Zelensky ».

Posez-vous cette question : Pourquoi Zelensky n’a-t-il pas négocié avec Poutine quand il pouvait le faire ? Pourquoi n’a-t-il pas retiré ses 60 000 soldats de l’Est ? Pourquoi n’a-t-il pas arrêté les livraisons d’armes de Washington ? Pourquoi n’a-t-il pas appliqué le traité de Minsk ? Pourquoi n’a-t-il pas rejeté l’offre d’adhésion à l’OTAN ?

Enfin, pourquoi était-il si déterminé à faire exactement ce qui allait mettre Moscou en colère et accroître la probabilité d’une guerre ?

Il n’est pas difficile de répondre à ces questions.

Zelensky a agi sur les ordres de Washington depuis le début. Nous le savons. Il a également mis en œuvre l’agenda de Washington, pas le sien et certainement pas celui de l’Ukraine. Nous le savons aussi. Mais cela ne l’exonère pas de sa responsabilité. Après tout, c’est un adulte capable de distinguer le bien du mal. Il sait ce qu’il fait, et il sait que c’est mal ; pire que mal, c’est impardonnable. Il envoie des hommes mourir dans une guerre qu’il sait qu’ils ne peuvent pas gagner ; il inflige des souffrances et des blessures incalculables à son propre peuple sans aucune raison ; et – le pire de tout – il a ouvert la voie à la dissolution de l’Ukraine elle-même, le pays qu’il avait juré de défendre. Ce pays va être brisé en morceaux dans le cadre d’un règlement final avec la Russie, et Zelensky aura une bonne part de responsabilité.

Comment un homme tel que lui peut-il se regarder dans un miroir ?

Traduction : Dominique Muselet

Notes :

(1) L’appâtage d’ours est un sport sanglant impliquant l’encouragement/la force d’un chien et des combats d’ours enchaînés. Il peut également s’agir de dresser un ours contre un autre animal (Wikipedia).

»» https://www.unz.com/mwhitney/the-man-who-sold-ukraine/

Adblock test (Why?)

Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You