Nous préparer à ce qui s’en vient

Nous préparer à ce qui s’en vient

On vient d’annoncer un plan de déconfinement et, si un nouveau variant (ou autre chose…) ne vient pas brouiller les cartes, on assistera (peut-être…) d’ici peu à un (presque…) retour à la normale.

On aura donc alors possiblement un moment pour se livrer à des bilans, pour réévaluer nos décisions et chercher à comprendre les conséquences que ces deux terribles années auront eues sur tant d’aspects de nos vies, sur tant de gens et sur nos institutions.

En éducation, le travail ne manquera pas et je formule ici le souhait qu’on s’y prépare avec sérieux.

Voici des exemples de ce qui nous attend.

De grands chantiers

Un bilan des effets du numérique à tous les niveaux d’enseignement s’impose. Nous aurons, bien malgré nous, procédé à une sorte d’expérimentation qui devrait nous éclairer sur les effets réels de ces outils, dont on sait qu’ils sont vantés très fort notamment par des technophiles sincères, mais aussi par des entreprises dont le jupon dépasse souvent de beaucoup.

On devra aussi se pencher sur les répercussions de ces temps tragiques sur les jeunes, entre autres sur les retards scolaires accumulés par eux et sur les effets psychologiques causés par tout ce qu’ils ont vécu et tout ce dont ils ont été privés. De premières données provenant d’un peu partout laissent déjà entendre que ces retards et ces effets seront importants, surtout chez les plus pauvres et chez ceux qui sont à risque. Il faut dès à présent nous préparer à prendre les mesures qui s’imposeront, et pour cela déterminer avec précision ce qui s’est passé, en incluant les causes et les effets.

Les enseignants seront indispensables pour accomplir tout ce qui nous attend. Mais nous avons sur ce plan un sérieux problème.

La formation des enseignants

Pour commencer, on manque, au Québec, d’enseignants, et le tragique épisode que nous traversons nous l’a rappelé en nous contraignant à demander de l’aide à des retraités, à des enseignants en formation, et même… à des parents.

Parmi les causes de cette pénurie, on trouvera ce que la littérature appelle la désertion professionnelle : ces enseignants formés, diplômés, qui ont commencé leur carrière mais qui, au bout de quelques années, ont abandonné le métier.

À ces personnes, il faut ajouter celles qui entreprennent des études universitaires en éducation mais qui ne les achèvent pas. Sans compter la (relative) pauvreté des dossiers des personnes admises dans les facultés d’éducation, dont la première responsabilité, faut-il le rappeler, est justement de former des maîtres.

Si tout cela se passait dans une autre faculté formant d’autres professionnels (médecine, dentisterie, etc.), ce serait grave et on devrait d’urgence se pencher sur la question. Ce l’est encore plus ici, puisqu’il s’agit justement du lieu spécialisé dans la formation d’enseignants : dans cette discipline plus qu’ailleurs, de telles défaillances doivent être étudiées.

Vous le savez sans doute : des voix s’élèvent de plus en plus pour dire que la formation donnée aux futurs enseignants est inadéquate et qu’il s’agit d’une des causes de la pénurie d’enseignants. Certaines de ces voix réclament même qu’on confie la formation des enseignants à de nouvelles institutions, peut-être à des instituts nationaux de formation du personnel enseignant, qui restent à concevoir. D’autres jugent irrecevable cette proposition et exagéré ce qui la motive, voire entièrement faux, et ils invoquent d’autres facteurs, comme les indéniables et inédites difficultés d’être enseignant aujourd’hui, dans notre société.

L’enjeu est capital et j’aimerais avoir l’heure juste sur tout cela, ce qui demande, il me semble, des travaux menés par des partis indépendants des personnes et des institutions en cause.

Je rêve, par exemple, d’entrevues menées auprès d’un vaste échantillon d’enseignants en exercice, mais aussi auprès de personnes ayant abandonné leur formation en cours de route et d’autres ayant déserté la profession, pour connaître ce qui les a motivées à prendre ces décisions, ce qui leur semble problématique dans le métier et ce qu’elles pensent de la formation qui leur a été donnée.

On devrait en profiter pour chercher à savoir ce qu’ont appris durant leur formation les futurs enseignants, ce qu’ils ont retenu de tout ce vaste bagage de connaissances que tous devraient posséder, selon les meilleurs experts crédibles. La charge cognitive, vous connaissez ? La mémoire de travail ? Follow through ?

On devrait aussi chercher à savoir dans quelle mesure ont raison celles et ceux qui assurent que les facultés d’éducation enseignent parfois des idées et des théories fausses et des légendes pédagogiques. Par exemple, vous a-t-on, durant votre formation, parlé des styles d’apprentissage ? Du cerveau gauche et du cerveau droit ? Si oui, que vous en a-t-on dit ?

On devrait enfin chercher à cerner quels savoirs, sur les plans philosophique, sociologique et historique, leur ont été transmis. Vous connaissez John Dewey ? Les habitus ? La théorie du capital humain ? Et tant d’autres choses…

Je rêve, pour ma part, de ce que j’ai parfois appelé des hussardes et hussards de la République, des enseignants solidement formés tant sur le plan des données probantes et des pratiques qu’elles commandent que sur les plans philosophique et culturel, qui nourrissent un sens profond de la mission de celles et ceux que Bertrand Russell appelait, avec raison, les gardiens de la civilisation.

Ces personnes mériteraient toute la confiance que le public leur témoignerait et les meilleures conditions de travail qu’on leur accorderait.

<h4>À voir en vidéo</h4>

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Source : Lire l'article complet par Le Devoir

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À propos de l'auteur Le Devoir

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