Aldous Huxley, les Zuñis, les femmes et le progrès technologique (par Nicolas Casaux)

Aldous Huxley, les Zuñis, les femmes et le progrès technologique (par Nicolas Casaux)

Pho­to de cou­ver­ture : quelque part au sud-ouest des États-Unis (Nou­veau-Mexique), sur le ter­ri­toire tra­di­tion­nel des Zuñis.


Dans un livre ini­tia­le­ment paru en 1937, tra­duit en fran­çais sous le titre La Fin et les Moyens (der­nière édi­tion Les Belles Lettres, février 2022), Aldous Hux­ley affirme :

« Tel est le monde dans lequel nous nous trou­vons — un monde qui, d’après le seul cri­tère accep­table du pro­grès, est mani­fes­te­ment en régres­sion. Le chan­ge­ment tech­no­lo­gique est rapide. Mais sans pro­grès dans la cha­ri­té, le déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique est inutile. Il est même pire qu’inutile. Le pro­grès tech­no­lo­gique n’a fait que nous four­nir des moyens tou­jours plus effi­caces pour régresser. »

Il observe par exemple (des décen­nies avant l’in­ven­tion d’internet, du smart­phone, de l’or­di­na­teur, etc.) :

« Le pro­grès tech­no­lo­gique a dimi­nué les contacts phy­siques, appau­vri les rela­tions spi­ri­tuelles entre les membres d’une communauté. »

Un peu plus loin, il remarque cepen­dant que la volon­té de pou­voir, qui gou­verne la civi­li­sa­tion indus­trielle et se trouve à l’o­ri­gine de bien des maux qui la carac­té­risent, n’est pas une tare iné­luc­table de toute socié­té humaine :

« Il est pos­sible d’organiser une socié­té de sorte que même cette pro­pen­sion fon­da­men­tale que consti­tue la soif du pou­voir puisse avoir du mal à s’exprimer. Chez les Indiens zuñis, par exemple, les indi­vi­dus ne sont pas ame­nés à connaître cette ten­ta­tion qui pousse les hommes de notre civi­li­sa­tion à tra­vailler en vue d’acquérir de la célé­bri­té, des richesses, une posi­tion sociale ou du pou­voir. Chez nous, le suc­cès est tou­jours exal­té. Par­mi les Zuñis, il est tel­le­ment mal vu de recher­cher la dis­tinc­tion per­son­nelle que très peu aspirent à s’élever au-des­sus des autres ; ceux qui essaient sont consi­dé­rés comme de dan­ge­reux sor­ciers et punis en consé­quence. Il n’y a pas d’Hitler, pas de Kreu­ger, pas de Napo­léon et de Cal­vin. La soif de pou­voir ne trouve aucune occa­sion pour se mani­fes­ter. Dans les com­mu­nau­tés tran­quilles et équi­li­brées des Zuñis et d’autres Indiens des Plaines, toutes les ten­ta­tions de l’ambition per­son­nelle — les débou­chés poli­tiques, finan­ciers, mili­taires, reli­gieux aux­quels notre his­toire nous a si dou­lou­reu­se­ment accou­tu­més — sont endiguées.

Le sché­ma social des Indiens des Plaines ne peut pas être repro­duit par la socié­té indus­trielle moderne. Il ne serait d’ailleurs pas dési­rable que nous pre­nions ces socié­tés indiennes pour modèle. Parce que la vic­toire des Indiens des Plaines sur la soif de pou­voir a un cout éle­vé. Les Indiens des Plaines ne recherchent pas le pou­voir et la richesse, comme nous, mais ils croulent sous le poids de la tra­di­tion. Ils sont atta­chés à tout ce qui est vieux et ter­ri­fiés par tout ce qui est nou­veau ou incon­nu. Ils perdent beau­coup de temps et d’énergie à exé­cu­ter des rites magiques et à répé­ter d’interminables for­mules. Dans le lan­gage de la théo­lo­gie, nous pour­rions dire que les péchés mor­tels qui nous accablent sont l’orgueil, l’avarice et la malice. Leur péché mor­tel est la paresse — par-des­sus tout la paresse men­tale, ou la stu­pi­di­té, contre laquelle les mora­listes boud­dhistes aver­tis­saient tant leurs dis­ciples. Le pro­blème auquel nous sommes confron­tés est le sui­vant : pou­vons-nous com­bi­ner les mérites de notre culture à ceux des socié­tés des Indiens des Plaines ? Pou­vons-nous créer une nou­velle socié­té dont les défauts de ces deux modèles, les Indiens des Plaines et la civi­li­sa­tion indus­trielle, seraient absents ? Est-il pos­sible pour nous d’acquérir les admi­rables habi­tudes de non-atta­che­ment à la richesse et au suc­cès per­son­nel tout en pré­ser­vant notre acui­té intel­lec­tuelle, notre inté­rêt pour la science, notre capa­ci­té à pro­mou­voir un pro­grès tech­no­lo­gique et un chan­ge­ment social rapide ? Impos­sible de répondre à ces ques­tions. Seules l’expérience et l’expérimentation déli­bé­rée pour­ront nous dire si notre pro­blème peut être résolu. »

En réa­li­té, la réponse était déjà claire en son temps. Non. Non, la tech­no­lo­gie, le déve­lop­pe­ment tech­nos­cien­ti­fique, pro­duit du sys­tème capi­ta­liste, de la socié­té de masse, indus­trielle et de ses hié­rar­chies struc­tu­relles, de son hyper­di­vi­sion du tra­vail, de la concen­tra­tion du savoir, de l’avoir et du pou­voir, est incom­pa­tible avec l’équilibre (l’égalité) et la tran­quilli­té. En outre, en prê­tant des carac­té­ris­tiques dou­teuses aux Zuñis (cli­chés des sau­vages ter­ri­ble­ment super­sti­tieux, ter­ri­fiés par l’inconnu, indo­lents, pas bien intel­li­gents), Hux­ley fait montre d’un racisme évident. Mais sur­tout, la ques­tion qu’il pose est absurde. Tout au plus témoigne-t-elle du fait qu’à l’instar de la plu­part des civi­li­sés, Aldous Hux­ley était envoû­té par le Dieu Tech­nos­cience, adepte, lui aus­si, du culte du « pro­grès technologique ».

Par ailleurs, concer­nant les Zuñis, peuple autre­fois pros­père du sud-ouest des États-Unis, qui occu­pait la par­tie cen­trale et sep­ten­trio­nale de l’actuel Ari­zo­na et du Nou­veau-Mexique — un ter­ri­toire aride ou semi-aride — où il vivait, depuis au moins l’an 700 apr. J.-C., d’agriculture, de chasse, de pêche et d’élevage[1], l’anthropologue états-unienne spé­cia­liste des socié­tés amé­rin­diennes Nan­cy Bon­vil­lain note[2] :

« Les familles zuñis étaient appa­ren­tées par les femmes — les filles mariées res­taient dans le foyer dans lequel elles étaient nées, mais les fils mariés quit­taient géné­ra­le­ment la mai­son et s’installaient dans le foyer de leur épouse. Un foyer zuñi tra­di­tion­nel com­pre­nait une famille élar­gie com­po­sée d’un couple, de leurs filles, des maris et des enfants de leurs filles, et de leurs fils non mariés. Cette struc­ture sociale avait pour effet d’amoindrir l’autorité des hommes dans le foyer ; par consé­quent, la per­sonne qui orga­ni­sait tra­di­tion­nel­le­ment les acti­vi­tés des rési­dents — et s’assurait que tous les tra­vaux néces­saires étaient effec­tués — dans un foyer zuñi était la femme la plus âgée. Elle était éga­le­ment la per­sonne à consul­ter pour obte­nir des conseils sur les pro­blèmes ou les déci­sions importantes.

En plus de la famille élar­gie, le sys­tème social des Zuñis com­pre­nait des groupes de parents appe­lés lignages. Un lignage est consti­tué de per­sonnes liées par une des­cen­dance directe d’un ancêtre ou d’un aîné connu. Les lignages zuñis étaient matri­li­néaires, ou basés sur le prin­cipe de la suc­ces­sion par les femmes. La femme sur­vi­vante la plus âgée d’une lignée était géné­ra­le­ment consi­dé­rée comme le chef de cette lignée et jouait un rôle actif dans la vie de ses membres en pro­di­guant des conseils, en réglant les conflits et en orga­ni­sant les acti­vi­tés du groupe. En outre, la femme-chef pro­té­geait cer­tains objets sacrés qui étaient consi­dé­rés comme la pro­prié­té de son lignage ; ces objets étaient géné­ra­le­ment conser­vés dans un paquet pla­cé sur un autel éri­gé dans une pièce spé­ciale de la maison.

[…] Ces lignées étaient com­bi­nées en de plus grandes uni­tés de paren­té appe­lées clans. Un clan est un regrou­pe­ment de per­sonnes qui s’estiment liées à un ancêtre com­mun. Un membre de plus d’une dou­zaine de clans zuñis n’était pas tou­jours en mesure d’établir son lien de paren­té spé­ci­fique avec tous les autres membres, mais les membres du clan se consi­dé­raient tous comme les des­cen­dants d’un per­son­nage spé­ci­fique d’un pas­sé loin­tain. À l’instar des autres groupes de paren­té zuñis, les clans zuñis étaient matri­li­néaires, et les enfants zuñis appar­te­naient auto­ma­ti­que­ment au clan de leur mère.

[…] En plus de leur rôle dans la déter­mi­na­tion des mariages appro­priés, les clans rem­plis­saient plu­sieurs autres fonc­tions dans la socié­té zuñi. Chaque clan contrô­lait cer­taines zones de terres agri­coles sur le ter­ri­toire zuñi. Les femmes les plus âgées d’un clan, qui étaient les chefs de clan, dis­tri­buaient les terres aux lignées et aux foyers de leur groupe. Les femmes d’un même foyer dis­po­saient de par­celles de terres agri­coles et pou­vaient en héri­ter, mais ces par­celles n’étaient pas de véri­tables pro­prié­tés pri­vées appar­te­nant à des indi­vi­dus. La terre était plu­tôt consi­dé­rée comme une res­source contrô­lée, en der­nier res­sort, par le clan dans son ensemble, et les membres du clan avaient le droit d’utiliser la terre en fonc­tion de leurs besoins. Si les femmes d’un foyer héri­taient des terres agri­coles, c’étaient les hommes qui effec­tuaient les tra­vaux agri­coles. Un homme tra­vaillait sur la terre de sa mère jusqu’à ce qu’il se marie, après quoi il s’installait dans le foyer de sa femme et tra­vaillait sur la terre de sa famille.

Comme les parents zuñis vivaient et tra­vaillaient ensemble et par­ta­geaient la nour­ri­ture et les autres biens, les membres de la famille avaient ten­dance à être pro­fon­dé­ment loyaux et émo­tion­nel­le­ment proches les uns des autres. Les liens entre parents et fils et entre sœurs et frères res­taient éga­le­ment forts, même lorsqu’un homme quit­tait le foyer après le mariage. On s’attendait à ce que les hommes retournent fré­quem­ment dans leur foyer d’origine pour aider à célé­brer les fêtes fami­liales et don­ner un coup de main à leurs proches.

[…] Les Zuñis for­maient des liens avec des non-parents par le biais du mariage. Les couples mariés devaient agir comme des par­te­naires, coopé­rer dans leur tra­vail et aider à sou­te­nir leurs familles res­pec­tives. Le mariage était consi­dé­ré comme une acti­vi­té très per­son­nelle, et la conduite au sein d’un mariage n’était pas régle­men­tée par une quel­conque loi (même si elle pou­vait ali­men­ter des ragots). La plu­part des mariages fonc­tion­naient, mais si un couple ne s’entendait pas bien, les conjoints étaient entiè­re­ment libres de divor­cer (la femme gar­dait tou­te­fois ses enfants). Si l’homme choi­sis­sait de divor­cer, il quit­tait sim­ple­ment le foyer de sa femme et retour­nait chez sa mère. Si la femme vou­lait mettre fin au mariage, elle pla­çait les biens de son mari à l’extérieur de la mai­son afin que l’homme les récu­père et s’en aille.

Mais lorsque le mariage était heu­reux, les liens qu’il éta­blis­sait s’étendaient au-delà du couple pour inclure les deux ensembles de parents, et les enfants nés du couple pou­vaient dépendre des membres de leur propre foyer et de la famille de leur père (ou, si leurs parents divor­çaient, de la famille de leur beau-père) pour leur sou­tien. Chez les Zuñis, l’éducation des enfants n’était pas seule­ment la res­pon­sa­bi­li­té des parents, mais de toute la famille. »

Les vil­lages zuñis com­pre­naient aus­si des conseils de prêtres, com­po­sés d’hommes, qui nom­maient à leur tête un « pew­kin », choi­si pour « sa géné­ro­si­té » et pour le res­pect que tous et toutes les Zuñis du vil­lage lui témoi­gnaient. Tou­jours en ce qui concerne la vie sociale des Zuñis, Nan­cy Bon­vil­lain note que « les Zuñis réprou­vaient for­te­ment les indi­vi­dus van­tards, que­rel­leurs, peu coopé­ra­tifs ou avares ». Elle rap­porte les pro­pos de Ruth Bun­zel, une anthro­po­logue ayant séjour­né chez les Zuñis de 1928 à 1933 :

« Dans toutes les rela­tions sociales, que ce soit au sein du groupe fami­lial ou à l’extérieur, les traits de per­son­na­li­té les plus hono­rés sont une conduite agréable, un tem­pé­ra­ment coopé­ra­tif et un cœur géné­reux. Celui qui a soif de pou­voir, qui veut être, comme ils le disent avec mépris, “un chef du peuple”, ne fait l’objet que de reproches. »

En fin de compte, explique Nan­cy Bonvillain :

« Grâce à un sys­tème de gou­ver­ne­ment unique, à une exploi­ta­tion judi­cieuse des res­sources qui les entou­raient et à un sys­tème social qui met­tait l’accent sur le sou­tien mutuel et la coopé­ra­tion, les Zuñis avaient créé une socié­té fonc­tion­nant sans heurts et offrant à la plu­part des indi­vi­dus une vie pai­sible et pleine de sens. »

Nan­cy Bon­vil­lain cite d’ailleurs un offi­cier espa­gnol, Fran­cis­co Vas­quez de Coro­na­do qui, en 1540, consi­gna, à pro­pos des Zuñis, qu’ils avaient « de très bonnes mai­sons », qu’ils parais­saient « très intel­li­gents », qu’ils étaient « bien bâtis » et « accueillants », que leur nour­ri­ture était « abon­dante » et qu’ils fai­saient « les meilleures tor­tillas » qu’il avait jamais mangées.

Somme toute, sans être idyl­lique, la situa­tion des Zuñis sem­blait plu­tôt dési­rable. Aldous Hux­ley se trom­pait. Le « pro­grès tech­no­lo­gique » (le déve­lop­pe­ment des tech­no­lo­gies indus­trielles et des hautes tech­no­lo­gies) est iné­luc­ta­ble­ment syno­nyme de désastres sociaux et éco­lo­giques. Et puis, tout de même, les meilleures tor­tillas, c’est déjà pas mal.

Nico­las Casaux

*

Apos­tille : Dans La Fin et les Moyens, Hux­ley obser­vait d’ailleurs :

« Les plus puis­sants dic­ta­teurs ont besoin du sou­tien de l’opinion publique ; mal­heu­reu­se­ment, la tech­no­lo­gie moderne a pla­cé dans les mains d’une mino­ri­té régnante de nou­veaux ins­tru­ments per­met­tant d’influencer l’opinion publique, incroya­ble­ment plus effi­caces que tous ceux que pos­sé­daient les tyrans du pas­sé. La presse et la radio sont déjà avec nous et dans quelques années la télé­vi­sion sera cer­tai­ne­ment per­fec­tion­née. Voir, c’est croire, bien plus encore qu’entendre. Un gou­ver­ne­ment en mesure d’inonder les foyers de sub­tiles images, textes et dis­cours de pro­pa­gande sera sans doute lar­ge­ment en mesure de fabri­quer le genre d’opinion publique dont il a besoin. »

Presque un siècle après, tel est essen­tiel­le­ment le cas. Comme dans d’autres de ses ouvrages, Hux­ley per­ce­vait jus­te­ment une large part des pro­blèmes intrin­sè­que­ment liés au déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique, à la haute tech­no­lo­gie. Mais comme dans ses autres ouvrages, Hux­ley per­sis­tait néan­moins à consi­dé­rer le déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique comme le prin­ci­pal objec­tif à pour­suivre. Civi­li­sa­tion, quand tu nous tiens.


  1. Concer­nant leur mode de sub­sis­tance, Nan­cy Bon­vil­lain rap­porte qu’ils « culti­vèrent jusqu’à 4000 hec­tares de maïs, pro­dui­sant un sur­plus assez impor­tant dans les bonnes années pour dis­po­ser d’une réserve de deux ans en cas de pertes dues à la séche­resse ou aux dégâts cau­sés par les insectes.En plus de l’agriculture, les hommes zuñis chas­saient dans les plaines, les déserts et les mon­tagnes envi­ron­nantes. La chasse se fai­sait géné­ra­le­ment en groupe com­pre­nant par­fois jusqu’à cent ou deux cents per­sonnes. Près des vil­lages, les petits ani­maux, tels que les lapins, les sou­ris et autres ron­geurs du désert, abon­daient, tan­dis que les forêts et les mon­tagnes plus éloi­gnées abri­taient de grands ani­maux, comme des cerfs, des anti­lopes, des élans, des mou­flons et des ours. Les hommes Zuni chas­saient les lapins avec des bâtons lan­cés comme des boo­me­rangs et chas­saient les cerfs en les condui­sant soit dans des enceintes clô­tu­rées soit dans des fosses creu­sées dans le sol, où ils pou­vaient être faci­le­ment tués. Les hommes Zuni pêchaient éga­le­ment dans la rivière Zuni et ses affluents et cap­tu­raient des oiseaux au moyen de sub­tils pièges en bois et en ficelle conçus spé­ci­fi­que­ment pour chaque espèce. Ils pié­geaient des aigles, des canards, des dindes sau­vages, des fau­cons, des hiboux, des cor­beaux et des geais bleus, dont ils uti­li­saient la chair pour se nour­rir et les plumes pour déco­rer les vête­ments et les équi­pe­ments céré­mo­niels. En plus des oiseaux sau­vages cap­tu­rés, les familles Zuni éle­vaient des trou­peaux de dindes domes­ti­quées, dont s’occupaient tous les membres de la famille. » (Nan­cy Bon­vil­lain, The Zunis)
  2. Nan­cy Bon­vil­lain, The Zunis (Chel­sea House Publi­shers, 1995).

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