Le principe NOMA, une critique

Le principe NOMA, une critique

On va discuter dans cet article du principe du « NOMA » (de l’anglais : Non- Overlapping Magisteria, non-recouvrement des magistères) qui prône le respect mutuel, sans empiètement quant aux matières traitées, entre deux composantes de la sagesse dans une vie de plénitude : notre pulsion à comprendre le caractère factuel de la Nature (c’est le magistère de la Science), et notre besoin de trouver du sens à notre propre existence et une base morale pour notre action (le magistère de la Religion).  

  
Il y a quelque chose de respectable dans ce vœu philosophique de concilier la raison et la foi en leur aménageant des espaces différents et dont les frontières sont infranchissables par les acteurs des deux domaines.  Mais il a été critiqué par les penseurs athées. Pour ma part, je considère ce principe comme inutile puisque la science et la religion sont en réalité étroitement liées. 
Richard Dawkins, le biologiste athée, critique le principe du NOMA. Voici ce qu’il en dit « A en croire ce cliché fastidieux (et qui à la différence de beaucoup d’autres n’est même pas vrai), la science s’occuperait du comment [en italiques dans le texte] alors que la seule théologie aurait les moyens de répondre au pourquoi.  Au nom du ciel, que peut bien être une question pourquoi [en italiques dans le texte] ? Les questions qui commencent par « pourquoi » ne sont pas toutes valables… Mais si la science ne peut pas répondre à une telle question fondamentale, qu’est ce qui donne à penser que la religion puisse y répondre ? Les théologiens n’ont rien d’intéressant à dire sur rien ; jetons-leur un os à ronger, qu’ils se cassent les dents sur une ou deux questions auxquelles personne ne peut et ne pourra peut-être jamais répondre… Mais est-ce que Gould veut vraiment concéder à la religion le droit de nous dire ce qui est bien et ce qui est mal ? Ce n’est pas parce qu’elle n’a rien d’autre à apporter à la sagesse humaine qu’il faut lui donner le droit de nous dire en toute liberté ce que nous devons faire  1 ». 
Mais ce que Dawkins a de plus important à nous dire sur le NOMA est résumé dans ces lignes « Quoi que cela puisse être, on est très loin du NOMA. Et quoi qu’il puisse dire par ailleurs, les scientifiques qui souscrivent à l’école de pensée des « magistères séparés » devraient admettre que l’univers qui possède un créateur surnaturel et intelligent et très différent de celui qui n’en a pas…..La présence ou l’absence d’une super-intelligence créatrice est sans équivoque une question scientifique….Il en va de même pour la vérité et la fausseté de chacun des récits des miracles sur lesquels se fondent les religions pour impressionner les foules de croyants…
Est-ce que Jésus avait un père humain, ou est-ce que sa mère était vierge au moment de sa naissance ?….Est-ce que Jésus a ressuscité Lazare d’entre les morts ? Lui- même était-il redevenu vivant trois jours après avoir été crucifié ? Il y a une réponse à chacune de ces questions et… elle est strictement scientifique 2  ».
Finalement, Dawkins veut enlever à la théologie et à la religion toute dimension cognitive et intellectuelle en considérant que le NOMA n’est qu’un refuge pour les théologiens, mais qui n’est rien d’autre qu’une lâcheté intellectuelle puisqu’il n’y a rien dans ce monde et dans l’histoire de l’humanité et même dans l’existence divine qui puisse échapper aux pouvoirs de la science.

On peut tout aussi bien se dispenser du NOMA en le considérant comme un terrain de repli pour les théologiens qui subissent de toutes parts les assauts des scientifiques et des philosophes athées. En vérité, il n’y a aucune ligne de démarcation entre science et théologie. Les deux domaines ont interagi dans l’histoire et des idées théologiques ont été reprises par les scientifiques comme, le principe orphique de la pluralité des mondes qui remonte aux Grecs et qui permet à la théorie copernicienne de devenir plus profonde. Selon l’astronomie moderne, la matière dont sont composées les planètes et les étoiles sont de même nature que celle de la Terre. Cette idée a été empruntée de l’orphisme qui est une forme de religion philosophique d’origine grecque. Il y a aussi le concept d’ordre divin de la nature qui est le fondement de la physique galiléenne. Pour Galilée, les mathématiques sont le langage de la nature tel que Dieu l’a décidé. Descartes assimile la certitude des mathématiques à la certitude divine.
Alexandre Kojève affirme que c’est le dogme de l’incarnation qui a favorisé la naissance de la physique mathématique dans le monde chrétien. Selon lui « … La possibilité pour le Dieu éternel d’être réellement présent dans le monde temporel où nous vivons nous-mêmes, sans déchoir pour autant de son absolue perfection 3  » permet de concevoir des relations éternelles entre des entités mathématiques dont la réalisation n’était possible dans le monde païen grec qu’aux corps célestes éthérés (Platon avec le Timée ou Aristote).

C’est grâce à la religion que la science s’est développée dans les mondes : chrétien et musulman. Dans la Bible et le Coran, le monde est représenté comme la matérialisation d’une histoire transcendante qui s’articule autour de la création, de l’évolution de l’Univers selon les lois divines, sa destruction à la fin de temps puis enfin la résurrection de l’humanité.
Dans ce processus surnaturel, le monde n’existe pas par lui -même 4 . Le monde nécessite donc pour son fonctionnement et son apparition, non seulement l’occurrence des entités physiques, mais également et surtout l’action de Dieu.
Une autre question surgit : si pour Dawkins la science dépasse la religion pour expliquer le monde et que même des questions éminemment religieuses doivent être résolues par la science, quel serait donc finalement le critère de la science ? Si c’est l’explication du monde, alors la religion possède sa propre explication et rien ne peut distinguer les deux mondes.
Si c’est la falsifiabilité qui a été vulgarisée par Karl Popper dans un livre célèbre Logique de la découverte scientifique 5 alors on doit vérifier s’il existe dans les sciences des concepts infalsifiables ?
L’échec de la falsifiabilité des théories scientifiques
Dans ce livre, Popper se pose la question : quel critère permet de distinguer une théorie scientifique d’une théorie qui ne l’est pas ? Comment, en fait, distinguer la science des « pseudosciences » ? Son interrogation traduit à l’évidence une question plus précise : Qu’elle est des trois domaines de connaissances (le marxisme, la psychanalyse, la théorie de la relativité d’Einstein), celui qui peut bénéficier de ce critère de scientificité. Selon lui, la théorie de la relativité l’emporte, car elle seule est falsifiable, c’est-à-dire qu’elle est sujette à des vérifications et à des tests susceptibles de la réfuter. Si nous extrapolons cette affirmation, nous arrivons à la conclusion suivante : une théorie scientifique donnée ne doit jamais contenir des concepts qui ne se prêtent pas à la falsification (la réfutation). Elle ne doit pas également prendre comme référence ou s’identifier par rapport à des théories ou des connaissances infalsifiables.
S’il existe des assertions infalsifiables, la théorie cesse d’être scientifique. Il est très difficile de se ranger derrière cette façon de voir sur la base des principes. Il est à la fois légitime et nécessaire de mettre ces affirmations à l’épreuve de l’histoire réelle de la pensée scientifique. À cette approche relative au critère de scientificité d’une théorie ou d’un savoir quelconque, nous apportons cette critique : d’abord, si l’on admet le critère de falsification (réfutabilité) pour qualifier une théorie de scientifique, nous sommes condamnés à renoncer à bon nombre de concepts actuellement contenus dans des théories scientifiques. Quatre exemples nous montrent clairement l’existence de concepts infalsifiables dans les sciences : «  la première loi newtonienne », « le principe anthropique », certaines « théories cosmogoniques » et enfin « les lois de conservation physique ».
Disons, tout de suite, que personne ne peut douter, à l’heure actuelle, de la scientificité de ces quatre domaines de connaissances. Pourtant, on est loin de pouvoir dire, a posteriori, qu’ils puissent être totalement falsifiables.
La première loi du mouve ment appelée principe d’inertie énonce : « tout corps, s’il n’est pas soumis à l’action d’une force, reste au repos ou est animé d’un mouvement rectiligne et uniforme ». Mais comment vérifier ce principe de validité cosmique ? Comment vérifier qu’un corps se déplace en ligne droite s’il n’est pas soumis à une force quelconque en l’absence de toutes les forces pouvant alors exercer sur lui une action d’accélération ou de décélération, puisqu’en fait, un corps est toujours soumis (en mouvement ou en repos) à l’action même minime de forces quelconques, qu’elles soient des forces de frottement dans le cas d’expériences effectuées sur Terre (en laboratoire par exemple) ou de forces gravitationnelles lorsqu’on est dans l’espace ? Il n’existe aucune expérience qui puisse démontrer l’existence d’une force d’inertie dans sa forme pure, puisque tout corps, où qu’il soit est toujours soumis à la force de la gravitation de l’ensemble des corps célestes.
D’un autre côté, « imaginons qu’on est dans l’espace, loin de la Terre, comment vérifier qu’un objet se déplace en mouvement rectiligne et uniforme sur une ligne droite, dans la mesure où il n’existe pas dans l’espace des bornes fixes en repos grâce auxquelles, on peut dire que le corps se déplacent en ligne droite ou est sont en repos ? Si nous prenons comme référence la Terre, elle ne serait pas d’un grand secours, car la Terre est en mouvement, elle tourne autour du Soleil 6  ». Il n’y a pas d’échappatoires à cette fatalité. Pour éluder ce problème, Newton avait été obligé de créer les concepts peu intuitifs d’espace et de mouvement absolus.
Quelle que soit la solution à donner à ce problème, il n’en demeure pas moins qu’il n’existe point d’espace ou de mouvements absolus. Einstein avait bien exploité cette manifestation de la nature pour établir un principe d’équivalence entre la force gravitationnelle et la force d’accélération.
Sans aller plus loin, on ne peut que se résigner à l’idée que le principe d’inertie renfermé dans l’écriture scientifique de la première loi newtonienne du mouvement est infalsifiable, parce que non réfutable par l’expérience seule. Quelles que soient les expériences menées, on ne peut jamais le « vérifier » scientifiquement. Il ne s’applique jamais de manière satisfaisante dans la nature.

Pour qu’on puisse supposer que cette loi pourrait être fausse, c’est-à-dire réfutable, il faudrait qu’il soit possible de trouver un endroit qui ne soit pas soumis à la force de gravitation.
Or il est impossible de supposer qu’un tel endroit existe, étant donné que la force de gravitation est partout omniprésente. Elle perturbera toujours notre expérience, et on ne peut pas établir que la première loi de Newton pourrait être fausse. On dirait plutôt qu’elle est infalsifiable.
Quant au principe anthropique, il est lui aussi un principe infalsifiable. Dans sa version initiale, il exige « que les conditions de l’univers soient compatibles avec l’existence d’êtres humains 7  ». Dans une autre version, il est affirmé que la branche particulière de l’histoire sur laquelle nous nous trouvons possède les caractéristiques nécessaires pour qu’existe notre planète et que s’y épanouisse la vie, la vie humaine y compris 8 . Suivant la définition de Stephen Hawking, « C’est parce que nous existons que nous voyons l’univers tel qu’il est… Pourquoi l’univers est-il tel que nous le voyons ? (La réponse, disait Hawking), est simple : s’il avait été différent, nous ne serions pas là ! 9 ». Loin de constituer une curiosité exotique du monde de la physique moderne, ce principe est à la base de nombreuses théories sur la naissance et l’évolution de l’univers. Sa scientificité est donc largement admise. Or, il n’est pas possible de le réfuter. Le principe anthropique repose sur le fait que peu de variations des paramètres physiques permettent l’émergence de la vie et de l’intelligence humaine. Au-delà de ces limites, les univers possibles ne peuvent être observés, parce qu’aucune vie intelligente n’aurait été possible pour permettre cela. Sa réfutation supposerait l’existence réelle de ces univers parallèles où la vie intelligente n’est pas possible, ce qui est absolument impossible à démontrer.
Beaucoup de théoriciens en astrophysique ont tenté de prouver qu’il est pos sible que différentes régions de l’univers primitif issu du Big-bang présentent les mêmes propriétés physiques. Mais leurs théories sont indémontrables et infalsifiables. Cela devrait-il nous conduire à rejeter bon nombre des recherches actuelles en cosmologie comme « pseudosciences » sous le prétexte qu’elles seraient « infalsifiables » ?

Ce paradoxe nous amène à parler du troisième domaine de connaissance qu’est la cosmologie. Bien que la théorie du Big-bang fût confirmée par la découverte du rayonnement centimétrique fossile par Penzias et Wilson, il n’en demeure pas moins que notre connaissance des grandes structures de l’univers reste très hypothétique.
«  L’on raconte qu’un jour un savant célèbre donna une conférence sur l’astronomie. Il décrivit comment la Terre tournait autour du Soleil et de quelle manière le Soleil tournait autour du centre du rassemblement d’étoiles que l’on appelle une galaxie. À la fin, une vieille dame au fond de la salle se leva et dit : « Tout ce que vous venez de raconter, ce sont des histoires. En réalité le monde est plat et posé sur le dos d’une tortue géante. » Le scientifique eut un sourire hautain avant de rétorquer : « Et sur quoi se tient la tortue ? — Vous être très perspicace, jeune homme, vraiment très perspicace, répondit la vieille dame. Mais sur une autre tortue, jusqu’en bas 10  »
Cette histoire a été rapportée par S. Hawking dans Une brève histoire du temps. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, notre auteur n’en revient pas à considérer cette explication comme absolument ridicule. « Mais pourquoi ce que nous savons vaudrait-il mieux que cela 11  », s’interroge-t-il en réfléchissant au contenu actuel de nos connaissances et il a, sans doute, absolument raison. Nos connaissances sur les grandes structures de l’univers, comme celles susceptibles d’expliquer pourquoi les étoiles et les galaxies, ne sont pas uniformément réparties dans l’espace reposent en fait sur des théories dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles procèdent par des conjectures qui ne peuvent faire l’objet d’une expérimentation, comme la théorie des cordes cosmiques, dont la réfutabilité serait problématique.
Ce genre de théories est d’autant plus difficile à confirmer qu’à réfuter, tenant compte aussi des limites physiques d’expérimentation. Afin de savoir, par exemple, si certaines particules élémentaires ont survécu aux premiers instants de l’univers pour composer la « matière sombre » intergalactique qui constituerait l’essentiel de la masse actuelle de l’univers, il faudrait étudier expérimentalement les phénomènes à des énergies très élevées. Le diamètre d’un accélérateur de particules est proportionnel à l’énergie qu’il communique. Il existe donc une limite à concentrer des quantités d’énergies aussi importantes. Dans ce cas précis, le critère de falsifiabilité rencontre certainement des limites.
L’horizon indépassable de nos connaissances sur le futur de l’univers (théorie des étapes cycliques, théorie de l’inflation) est un autre exemple des spéculations infalsifiables qui peuvent parfois marquer un aspect problématique, mais authentique et irremplaçable de la pensée scientifique moderne. À défaut, une bonne partie de la recherche scientifique devrait tout bonnement être abandonnée.

L’exemple des lois de co nservation est également une illustration de la « non- falsifiabilité » de certaines de nos plus grandes prémisses scientifiques. L’existence de lois de conservation de l’énergie, de l’impulsion ou du moment cinétique en physique est déduite de notre « croyance » (croyance et non pas connaissance) en l’existence d’une uniformité de l’espace et du temps. La conservation de l’énergie est déduite de l’existence d’une homogénéité du temps. Celle de l’impulsion est déduite de l’homogénéité de l’espace. Mais pourquoi de telles corrélations ? Si l’homogénéité du temps permet de conserver l’énergie, c’est précisément pour nous affranchir d’une connaissance exacte et précise d’une origine au temps, car si celui-ci était « hétérogène », il faudrait d’un point de vue logique remonter à l’origine du temps pour pouvoir parler d’une conservation de l’énergie ; et si l’espace n’était pas homogène, la constante de Kepler sur le mouvement des planètes, par exemple, devrait dépendre de la position du Soleil, foyer de l’ellipse dans le système galactique puis dans l’espace intergalactique, ce que Kepler n’aurait jamais pu connaître et n’aurait certainement pas même pu imaginer. Nos expériences et nos observations ont besoin d’isoler une chose pour qu’elle ne puisse pas interagir avec l’ensemble de l’Univers dans le temps et dans l’espace.
Par ailleurs, il faudrait que l’espace et le temps soient homogènes, c’est -à-dire identiques. Cette « croyance » est née de l’impossibilité de dérouler l’univers entier sous l’empire de notre perception. Si le temps n’est plus homogène, il faudrait le parcourir jusqu’à l’origine et si l’espace n’était pas homogène, il faudrait en faire un inventaire intégral et le « dérouler » sous l’empire de notre connaissance, mais notre bon sens ne peut que se résigner à l’impossibilité d’une telle entreprise. Les lois de conservation sont indémontrables puisqu’on ne peut, objectivement, les vérifier ni par l’expérience ni par aucune autre chose. Elles ne sont donc ni falsifiables ni réfutables. Pourtant ces lois de conservation (de l’énergie, de l’impulsion, du moment cinétique…) sont une condition sine qua none pour toutes les théories physiques. Sans elles, il serait problématique de pouvoir représenter des grandeurs (comme masse, moment cinétique, impulsion, fréquence…) en nombres parfaitement calculables.
Par conséquent, il n’y a pas de critère précis qui permet de séparer la théologie et la science et qu’on n’avance pas à énoncer comme différence entre les deux domaines, une différence entre le rationalisme et l’irrationalisme ou la superstition puisqu’on peut rationnellement démontrer l’existence de Dieu.

On peut alors se dispenser du NOMA 

Le NOMA n’est pas une solution durable pour la théologie et il ne repose pas sur un critère précis qui permet de distinguer la science de la théologie. 
D’ailleurs, les notions du comment et du pourquoi ne sont pas des notions scientifiques, mais plutôt métaphysiques. Par ailleurs, des notions plus opérationnelles et plus scientifiques n’existent pas. 
Dès lors que les critères d’explication et de falsifiabilité ne sont pas des critères décisifs, pourquoi alors priver la théologie et la religion en général de leurs pouvoirs cognitifs ? 
Dans les théories scientifiques, il y a non seulement des équations mathématiques, mais aussi des concepts infalsifiables comme les concepts métaphoriques. La théologie utilise également des concepts métaphoriques. Par exemple, dans le Coran, il y a des versets qui utilisent la métaphore « fumée » 12 pour désigner la matière interstellaire ayant donné naissance aux étoiles et au système solaire et cette matière se comporte exactement comme de la fumée.       
Quant à l’affirmation de Dawkins concernant la différence qui existe entre un Univers créé par Dieu et un Univers qui n’aurait pas eu de créateur, nous avons du mal à la comprendre. La théorie de l’ajustement-fin nous démontre que les paramètres physiques ont des valeurs tellement précises qu’elles permettent l’existence de l’Univers. En fait, l’existence du créateur permet l’existence de l’Univers parce qu’il a créé les paramètres qu’il faut pour cela. Ainsi, l’affirmation de Dawkins n’est pas intelligible. 
S’agissant des miracles et contrairement à ce que cet auteur a affirmé, ils ne peuvent pas être expliqués par la science parce qu’ils violent le principe de causalité ainsi que les lois physiques. Les effets de Dieu dans le monde ne sont pas uniquement naturels. Ils sont également surnaturels et les miracles font précisément partie du monde surnaturel d’essence divine même s’ils sont très rares et en ayant marqué l’histoire.
Dawkins évoque ensuite les prières qui sont, selon lui, des expériences qui ne permettent pas de démonter une intervention divine en évoquant des expériences ratées aux États-Unis. En réalité, les prières sont des actes personnels et Dieu utilise mille et mille manières pour répondre aux prières des personnes. On dit que les voies du seigneur sont impénétrables. Les expériences qui sont conçues pour détecter une intervention divine évoluent dans un espace tellement restreint qu’elles ratent leur but. Par ailleurs, l’action de Dieu intervient parfois sur le long terme qui n’est pas du domaine de ces expériences.

Cet auteur s’amuse également à critiquer les évolutionnistes qui s’attaquent au créationnisme en priorité et non à la religion en général en citant l’exemple des religieux qui sont les alliés des évolutionnistes qui appartiennent, selon Dawkins, à l’école de Neville Chamberlain 13 (ce nom est celui du Premier ministre britannique qui à la veille de la Seconde Guerre mondiale s’est allié à Hitler et a laissé la Tchécoslovaquie se faire envahir par l’armée allemande).
Dawkins n’aime pas ce groupe et préfère plutôt une lutte sans merci contre les créationnistes et leurs frères religieux qui acceptent la théorie de l’évolution en considérant que l’enjeu de la lutte n’est pas de choisir des alliés parmi les écoles en cherchant des avantages tactiques (lutter contre les créationnistes en s’alliant aux religieux qui acceptent la théorie de l’évolution comme l’a fait Chamberlain vis-à-vis du nazisme hitlérien), mais plutôt de choisir son camp dans la bataille entre la superstition (portée, selon lui, par la religion) et le rationalisme (représenté par la science). Toutefois, ces rivalités entre différentes écoles ont créé une tendance chez certains chercheurs musulmans qui défendent la théorie de l’évolution et critiquent le créationnisme. C’est une évolution fâcheuse. Mais de tels efforts ne trompent pas quelqu’un d’aussi bien renseigné que Richard Dawkins.
L’échec de l a consolation par la science
Après avoir nié la réalité d’une consolation rendue possible par la religion, il trouve que la science et la beauté de la vie sont suffisantes pour nous consoler et pour nous satisfaire entièrement. Toutefois, ce qui est étonnant c’est qu’il nous donne une sorte de rhétorique basée sur la loterie universelle de l’existence humaine. « J’ai essayé de montrer comme nous avons de la chance d’être en vie, étant donné que l’immense majorité de ceux qui pourraient potentiellement sortir de la loterie combinatoire de l’ADN en fait ne naitrons jamais ».
C’est une étrange manière de justifier son existence. Un tel raisonnement brise l’unité de la personne humaine en comparant celle-ci aux millions d’individus qui auraient pu naître, mais qui ne sont pas nés. De quel droit, on peut faire une telle chose ? Chaque personne a une histoire et un destin, mais surtout un chemin à parcourir pour faire bien le mal et éviter le mal. Chacun est responsable de ces actes. Mais surtout, chaque personne a une expérience particulière qui le rend unique. Or, Dawkins considère que la vie vaut d’être vécue parce que la loterie universelle nous a choisis. Or, un tel choix nous rend semblables à toutes les personnes qui ne sont pas nées, et ce, virtuellement, c’est-à-dire au néant.

Dawkins fait disparaître l’individu humain dans un état d’une infinité de configurations, d’une infinité d’existences, mais qui sont virtuelles et non réelles. 
L’existence huma ine est une réalité vécue par chaque personne et la seule chose qui permet de ne pas la noyer dans l’infinité des configurations imaginée par Dawkins c’est la relation entretenue entre cet individu et Dieu. Dans un verset du Coran, Dieu dit « « Ô hommes !  Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous fassiez connaissance entre vous.  Certes, le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est celui qui a la meilleure conduite.  Certes, Dieu est omniscient et très bien informé 14 » 
Dawkins termine sa démonstration en parlant des efforts humains pour comprendre le monde en comparant cet effort à la construction d’un modèle qui a débuté à un stade minimal lorsque les hommes étaient des chasseurs-cueilleurs dans la savane africaine, mais qui s’avère beaucoup plus riche grâce aux capacités du cerveau humain. Il semble que le processus ayant permis ce passage de la primitivité aux stades de la science et du savoir technologique est celui de la sélection naturelle. Or, celle-ci permet l’adaptation au milieu et plutôt la survie à ce milieu et non la complexification de la pensée humaine. Ces aptitudes ne s’expliquent pas par le hasard et par la sélection naturelle. Ce n’est que grâce à Dieu que cette transformation a été rendue possible. 
Alors que leur cerveau avait déjà atteint sa taille actuelle, il y a 150  000 ans, les Sapiens n’avaient réalisé rien de particulier et ne sont même pas parvenus à surpasser les espèces qui vivaient non loin d’eux et ce, durant presque un millénaire jusqu’à 70 000 ans. À partir de 70 000, le Sapiens a commencé à envahir le Moyen-Orient, l’Europe et l’Asie de l’Est en refoulant l’homme du Neandertal. Entre 70 000 et 30 000, des inventions stupéfiantes ont été réalisées : objets d’art, bijoux, armes de guerre (arcs et flèches), moyens de transport comme les bateaux, etc., et ce, sans parler du langage et de la pensée. Il n’y a aucune explication à cette transformation. Avec le même cerveau, l’Homo Sapiens a réussi à créer la civilisation et à coloniser la Terre. On ne peut pas expliquer ce changement majeur dans l’histoire de la vie et de l’humanité par l’évolution ou par quelques mutations génétiques. 
Il y a un verset du Coran qui montre comment le développement des attitudes de l’homme est une bénédiction divine : « Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam.  Nous les transportons sur terre et sur mer et nous leur donnons de bonnes choses comme nourriture.  Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures 15  ». 

Dawkins prend l’exemple de la Burqa qui est une tenue considérée par certaines communautés musulmanes comme la norme sur le plan vestimentaire. J’épargne le lecteur des accusations de Dawkins portées contre cette tenue. Il compare la fente de la burqa au champ de vision de l’homme qui correspond à la lumière visible. À partir de là, il affirme que cette fenêtre qui permet de voir la lumière visible n’est qu’une infime partie du spectre électromagnétique qui comprend les longueurs d’onde les plus longues comme les ondes radio et les longueurs d’onde courte comme les rayons gamma et les rayons X. Il veut montrer à travers cette comparaison que la fenêtre de la burqa ne permet de voir qu’une infime partie du monde alors que la science permet d’élargir cette vision aux différentes longueurs d’onde comme avec les télescopes à lumière visible, les radiotélescopes et les télescopes aux rayons X. 
On peut s’arrêter là pour affirmer quelque chose d’important. Au -delà des autres longueurs d’onde, la perception de la lumière visible est un miracle divin. Depuis longtemps, on a imaginé que l’œil fonctionne comme un appareil photographique. Mais en réalité, c’est une caméra équipée de fibres optiques. Dawkins a affirmé dans un autre livre The Blind Watchmaker « Tout ingénieur supposerait naturellement que les photocellules pointeraient vers la lumière, avec leurs fils dirigés vers l’arrière vers le cerveau. Il se moquait de toute suggestion que les photocellules pourraient pointer loin de la lumière, leurs fils partant du côté le plus proche de la lumière. Pourtant, c’est exactement ce qui se passe dans toutes les rétines vertébrées ». Or, Dawkins s’est trompé sur toute la ligne. Par exemple, George Marshall, a déclaré en réponse à Dawkins : « L’idée que l’œil est câblé en arrière vient d’un manque de connaissance de la fonction oculaire et de l’anatomie 16  ». 
L ’affirmation de Dawkins, selon laquelle, les nerfs sont reliés en avant de l’œil en gênant la lumière a été réfutée. Des chercheurs de l’Université de Leipzig ont démontré que l’œil des vertébrés collecte la lumière à travers un réseau nerveux qui contourne le problème posé des nerfs situés devant les récepteurs de lumière, et ce, grâce aux cellules de Müller qui sont en fait des fibres optiques de l’œil qui guident la lumière vers les cellules nerveuses. De plus, les nerfs doivent passer en avant plutôt que passer derrière l’œil, car cet espace est réservé à la choroïde, qui fournit le riche apport sanguin nécessaire à l’épithélium pigmentaire rétinien (RPE) destiné à la régénération et l’absorption de la chaleur.  
La théorie de l’évolution et de la sélection naturelle ne peuvent pas expliquer cette architecture ingénieuse et intelligente qui confirme la théorie du dessein intelligent. L’œil présente un câblage inversé et des fibres optiques bien confinées qui permettent une vision de jour et de nuit sans distorsions.
Dans le Coran, on trouve un verset qui confirme cet état de fait : « Nous leur montrerons nos signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur devienne évident que c’est cela (le Coran), la vérité 17 ».
Ainsi, la fenêtre de perception de la lumière visible est déjà un miracle divin. Dieu a permis aux hommes de voir la lumière visible selon une architecture complexe. Cette lumière contient les couleurs et permet de voir ce qui entoure les choses.
Par un saut inattendu, Dawkins évoque l’étrangeté de la science en partant de la physique quantique et de la théorie de la relativité restreinte. Il veut nous impressionner en montrant les concepts assez étranges de la science physique comme les paradoxes du chat du Schrödinger, la dualité onde-particules et les intrications quantiques. Mais là, au lieu de voir que la science est un domaine du savoir aux possibilités infinies, on peut considérer plutôt que les théories scientifiques sont faillibles et qu’au lieu qu’elles nous permettent de voir des horizons insoupçonnés du monde physique, elles nous dévoilent plutôt des incertitudes, des doutes, mais aussi une fragmentation des concepts qui sont parfois contradictoires. Il se passe comme si la science malgré les progrès spectaculaires des connaissances et les découvertes magistrales, demeure quand même faillible, surtout sur le plan théorique. Il n’y a pas seulement les difficultés d’unifier la théorie de la relativité générale et l’échec de la théorie du multivers, mais il y a aussi et surtout les incertitudes ontologiques de la physique des particules et les notions irréductibles et tellement opposées de la fonction d’onde.
Malgré ses succès, la mécanique quantique des champs soulève des difficultés d’interprétation des notions de particule et de champ qui sont héritées de la physique classique. Tout d’abord, la distinction entre les deux entités, à savoir les particules et les champs, est artificielle au sein même du cadre conceptuel de la théorie, car celle-ci associe à chaque particule un champ. Par exemple, il y un champ électronique pour l’électron, un champ pour chaque quark, etc. Il y a également des particules pour chaque type de champ. Par exemple, le photon est la particule associée au champ électromagnétique.
La notion de particule suscite des difficultés insurmontables en matière d’interprétation si on retient les caractéristiques de la notion classique de particule. Il n’est pas facile de croire que l’univers soit composé de particules si on stipule que la localisation, l’individualité et le comptage sont des éléments importants étroitement liés au concept de particules.

Les entités les plus fondamentales de la théorie quantique des champs ne se comportent pas du tout comme des particules de la physique classique, car elles n’ont rien à voir avec des particules au sens classique du terme 19 . Nous ne pourrons peut-être jamais vaincre les obstacles conceptuels soulevés par la nature des entités quantiques dans le cadre de la mécanique quantique des champs. 
Ainsi, les physiciens ne sont pas tombés d’accord sur l’entité la plus fondamentale du monde quantique. Certains réclament une théorie quantique basée sur la notion de champ et d’autres revendiquent les particules comme les entités fondamentales de la théorie. Il n’y a pas donc de consensus sur les notions théoriques de la mécanique quantique des champs. L’incertitude qui règne dans le vocabulaire qui décrit le monde quantique est un obstacle à un développement futur de la mécanique quantique des champs, un développement qui serait marqué notamment par l’unification de la compréhension des forces de la nature. Par ailleurs, les notions classiques inhérentes aux particules et aux champs ne sont pas compatibles avec la mécanique quantique des champs. Ainsi, les particules décrites par cette théorie n’ont pas les caractéristiques d’entités individualisées et localisées comme le sont les entités de la physique classique. Elles n’ont pas de positions bien définies et ne possèdent pas de trajectoires 20 . 
Par ailleurs, il y a plusieurs interprétations de la réalité de la fonction d’onde. Il y a l’école de Copenhague qui admet une réalité mathématique à cette entité. Ensuite, il y a l’interprétation de Bohm qui considère la fonction d’onde comme une onde réelle. Enfin il y a l’interprétation basée sur plusieurs branches de l’univers qui permet d’éviter le problème de l’effondrement de la fonction d’onde. 
Il est int éressant de faire remarquer qu’une telle fragmentation épistémologique entre plusieurs interprétations de la fonction d’onde est un processus en pleine expansion. La liste des interprétations possibles n’est pas close. D’autres ont été proposées et d’autres encore le seront dans les prochaines années. 
Dans la mesure où les constructions théoriques développées pour expliquer la nature de la fonction d’onde ne correspondent à aucune autre construction théorique de la mécanique quantique et a fortiori de la physique classique et que certaines caractéristiques de ces constructions sont continuellement remises en cause par les autres constructions, la physique devient une science relativiste et faillible. 
Toutefois, cette situation ne signifie pas que la mécanique quantique ne soit la plus grande théorie physique que l’humanité ait conçue en ayant une grande capacité de prédiction. Tout ce qu’on veut dire est que l’esprit humain fait face à des limites infranchissables en termes de compréhension du monde et de ses fondements. Cette réalité s’accompagne paradoxalement d’un accroissement spectaculaire de nos connaissances scientifiques. Or, ces connaissances aussi riches soient-elles, sont néanmoins fragmentées et ne permettent pas de développer une théorie unique sur le monde physique.
Il en est de même de la biologie qui selon les chimistes n’est pas parvenue jusqu’à maintenant à comprendre comment la vie est née et elle se trouve incapable de fabriquer une seule molécule ou d’assembler deux molécules constituantes de la vie. La biologie et la chimie modernes n’arrivent même pas à expliquer comment deux molécules sont assemblées. Les interactions entre ces molécules obéissent à une physique qui n’existe pas à l’heure actuelle. Ce sont là des limites qui ne peuvent pas être éludées parce c’est Dieu qui l’a voulu. L’origine de la vie, la nature exacte de la conscience, de l’âme et de la réalité ultime du monde physique sont les secrets de Dieu. Il nous a donné beaucoup de connaissances afin qu’on puisse découvrir la vérité divine. Celles-ci sont en soi suffisantes pour admirer la beauté de la création du monde et son architecture. Dans le Coran, on trouve ce verset qui le montre clairement « Et il apprit à Adam les noms [de toutes choses], puis les montra aux anges et dit : “Dites-moi les noms de ces choses si vous êtes véridiques”.
Toutefois, l’orgueil de l’homme comme celui immémoria l de Nimrud qui a fait face au prophète Ibrahim, lui fait prétendre qu’il est omniscient dans un effort désespéré pour remplacer Dieu. Cependant, cet orgueil s’effondrera devant ces obstacles. On a par le passé connu des moments comme cela : l’orgueil de mathématiciens et de logiciels comme David Hilbert et Bertrand Russel de trouver l’ensemble des fondements logiques des mathématiques s’est brisé devant les théorèmes d’incomplétude de Kurt Gödel. Les physiciens se retrouvent aujourd’hui dans la même situation en reconnaissant que la théorie de la relativité générale est peut-être erronée et ils butent dans les difficultés inextricables de la théorie des cordes et la théorie du multivers qui sont certainement fausses. Ils seront amenés un jour ou l’autre à reconnaître qu’il y a vraiment un ajustement fin des paramètres physiques, dicté par la puissance divine.
Les biologistes évolutionnistes seront aussi obligés un jour ou l’autre d’admettre que la théorie de la sélection naturelle est erronée et qu’il y a vraiment un dessein intelligent et une complexité irréductible du monde biologique.

Ainsi, il ne servirait à rien de se réfugier dans des principes comme le NOMA qui tolèrent la religion comme productrice de sens. En réalité, l’histoire, la science et la religion nous démontrent que la religion est vraie et que le développement spectaculaire de la science n’a jamais remis en cause sa véracité.

Rafik Hiehemzizou

Rafik Hiehemzizou est un essayiste et philosophe, auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’épistémologie des sciences, de la physique théorique et du cycle des civilisations. Il est également l’auteur de recueils poètiques.

Notes:

1 Richard Dawkins, En finir avec Dieu, p.77.

2 Ibid., p. 80. 

3 Alexandre Kojève, L’Origine Chrétienne de la Science Moderne, article accessible sur Internet.

4 Karl Jaspers Introduction à la Philosophie, Trad. De l’Allemande par Jeanne Hersh, Plon, 1965, p. 88.

5 Karl Popper Logique de la découverte scientifique, Payot, 1973.

6 Banesh Hoffman, La Relativité : Histoire d’une grande idée, Pour la Science, 2000, p. 47.

7 Murray Gell-Mann, Le Quark et le Jaguar, éd. Flammarion, coll. « Champs », Paris, 1997, p. 238.

8 Hubert Reeves Patience dans l’Azur, Editions du Seuil, coll. « Science ouverte », Paris, 1981.

9 Stephen Hawking, Une brève histoire du temps, éd. Flammarion. coll. « Champs », Paris, 1991, p. 162. 

10 Ibid.

11 Ibid.

12 Dans la sourate 44.

13 Op.cit. Dawkins, p.90-91

14 Sourate Al Hujurat-49-13.

15 Sourate Al Israa 17-7.

16 Marshall, G. (interview). An eye for creation, Creation 18 19-21,1996. 

17 Sourate Fussilat-41-53. 

18 Meinard Khlmann, Particules et Champs sont-ils réels, Pour la Science, 27-09-2013.

19 Ibid. 
20 Ibid. 

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À propos de l'auteur Strategika 51

« Portail indépendant de l’information stratégique asymétrique et non linéaire. »Journal of a Maverick. A Pre-Socratic and a Non-linear Observer of the World. Carnet de bord d'un observateur de crise, pré-socratique, iconoclaste et évoluant en mode non-linéaire.Contact: strategika51link@gmail.com

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