Un « agrégat de désespoirs et de folies ». C’est ainsi que Riesel et Semprun désignent la civilisation industrielle contemporaine dans leur excellent Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable. Rien ne l’illustre davantage, sans doute, que l’essor de ce qu’on appelle désormais « transactivisme », de l’idéologie du « transgenrisme » (mieux nommée « genrisme »), elle-même liée au galimatias « queer » (postmoderne) échappé des divagations, entre autres, d’une certaine Judith Butler (prestigieuse universitaire états-unienne, illustre penseuse de notre temps, et à son image).
Quiconque affirme, aujourd’hui, dans un tweet, une publication Facebook ou n’importe où en public, qu’une femme est un « être humain de sexe féminin » — à la manière du Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL) et de la plupart des dictionnaires —, ou qu’il n’existe que deux sexes, ou qu’un homme ne peut pas devenir une femme (ou inversement) étant donné que la sexuation c’est dans toutes les cellules du corps et pour la vie, c’est-à-dire des vérités biologiques élémentaires, risque d’être accusé de « transphobie » (c’est ce qui est arrivé à J. K. Rowling[1]).
Grâce aux médias de masse, les idées confuses et contradictoires qui composent l’imbroglio « trans » (« genriste ») ont rapidement, aveuglément — et profondément, viscéralement — été adoptées par une large partie de la jeunesse (stars d’Hollywood « transitionnant » et séries « queers » sur Canal+ aidant), y compris par de jeunes militant·es prétendument « anarchistes » ou « anticapitalistes ».
M’étant exprimé, ayant traduit des articles et sous-titré des documentaires sur le sujet, et continuant de ce faire, j’ai — comme bien d’autres — régulièrement droit à d’aimables réprobations sur les réseaux sociaux, de la part d’individus qui refusent catégoriquement tout questionnement des idées trans (au point de refuser de lire ou de comprendre les objections qui leur sont adressées), et au contraire semblent trouver un malin plaisir à dénigrer, cracher, attaquer, diaboliser, quiconque ose critiquer ou questionner leur validité. Les femmes (féministes) qui osent s’exprimer sur le sujet publiquement sont souvent traitées de tous les noms, injuriées (exemple : « étouffe-toi avec ma bite de femme »), menacées de toutes les violences possibles et imaginables (de viol, de mort).
On constate par exemple (tout en bas de l’image ci-dessus) que, tout en n’ayant jamais rien lu d’elle, aucun de ses livres, même pas celui qu’ils citent pour le diffamer, les honorables militants radicaux qui tiennent le site « d’aspiration révolutionnaire, anti-capitaliste et anti-autoritaire » expansive.info n’hésitent pas à vomir sur la professeure émérite Janice Raymond, 78 ans, connue pour son travail contre la violence, l’exploitation sexuelle, les abus médicaux envers les femmes et les personnes parfois dites « intersexes » (nées avec un trouble du développement sexuel), mais aussi pour ses critiques du transsexualisme et du transgenrisme.
Dans L’Empire transsexuel (à l’époque, on ne parlait pas encore de « transgenrisme », uniquement de « transsexualisme », mais les choses que ces deux expressions désignent se recoupent et se confondent parfois), paru en 1979 , traduit et publié en français en 1981, Raymond notait que :
« […] fondamentalement, une société qui assigne un rôle stéréotypé à chacun des deux sexes ne peut qu’engendrer le transsexualisme. Bien entendu, cette explication ne figure pas dans la littérature médicale et psychologique qui prétend établir l’étiologie du transsexualisme. Cette littérature ne remet nullement le stéréotype en cause […]. Toutefois, tant que ces spéculations sur les causes de transsexualisme persistent à évaluer l’adaptation ou l’inadaptation des transsexuels en fonction de normes masculines ou féminines, elles sont à côté de la vérité. À mon avis, la société patriarcale et ses définitions de la masculinité et de la féminité constituent la cause première de l’existence du transsexualisme. En désirant les organes et le corps spécifiques au sexe opposé, le transsexuel ne cherche simplement qu’à incarner l’“essence” du rôle qu’il convoite.
Au sein d’une telle société, le transsexuel ne fait qu’échanger un stéréotype contre un autre, et renforce ainsi les maillons qui maintiennent la société sexiste, ce qui exerce une influence fondamentale sur les aspects du traitement du transsexualisme. En effet, dans une telle société, il est désormais parfaitement logique d’adapter le corps du transsexuel à son esprit si son esprit ne peut s’adapter à son corps. »
Véritablement visionnaire, le livre de Raymond devrait être réédité cette année (vous pouvez d’ores et déjà le commander ici).
Somme toute, l’anathème « transphobe » — qui n’a fondamentalement aucun sens, étant donné que l’idée de « trans », d’être « trans », est une absurdité, n’a aucune validité — se retrouve aujourd’hui utilisé de deux manières :
- Pour désigner diverses manifestations de sexisme (dénigrement d’une personne sur la base d’un comportement jugé inadéquat en regard des stéréotypes sociosexuels, autrement dit en regard du genre, par exemple une fille qui aime le foot, un homme qui porte du rouge à lèvres, etc.).
- Pour dénigrer, calomnier ou diffamer des personnes objectant de manière solidement argumentée aux implications sociales, humaines et juridiques d’une doctrine irréaliste, incohérente, nuisible pour les femmes, les enfants et les hommes qu’elle encourage à se mutiler, homophobe (cela ressort tout particulièrement en Iran où il est plus acceptable d’être considéré trans et opéré pour devenir hétérosexuel que d’être homosexuel), misogyne (destruction de la catégorie femme, destruction donc des droits que les femmes avaient spécialement acquis dans la société, espaces réservés, etc.), qui, dans l’ensemble, ne fait que renforcer le genre et ses stéréotypes. Rien à voir, donc, avec une véritable « phobie » : en l’occurrence, ces personnes ne sont pas plus « transphobes » que les anticapitalistes seraient « capitalophobes ».
Celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur les tenants et aboutissants de l’idéologie trans (encore une fois, mieux nommée « idéologie genriste », dans la mesure où elle renforce le système d’oppression et d’imposition de stéréotypes que constitue le genre) trouveront sur www.partage-le.com des documentaires, des articles et des textes qui en parlent. Par exemple :
Transgenrisme, effacement politique du sexe et capitalisme (par le Collectif anti-genre)
Nicolas Casaux
- Lire, à ce sujet, ce texte qu’elle a publié afin d’exposer ses motifs : https://www.partage-le.com/2021/04/19/j‑k-rowling-detaille-les-raisons-de-sa-prise-de-position-au-sujet-du-genre-et-du-sexe/ ↑
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