FLOP26 : l’échec des négocations climatiques ou les victoires du mondialisme

FLOP26 : l’échec des négocations climatiques ou les victoires du mondialisme

Le mondialisme est dans une phase offensive que nul ne peut ignorer. À moins bien sûr de faire partie de la majorité intoxiquée par les médias serviles. Le covidisme aura servi d’accélérateur, en même temps que de révélateur aux yeux de ceux qui les avaient encore fermés mais étaient capables de les ouvrir. Accélérateur, car il faut bien dire que le réchauffement climatique était un levier pas assez efficace. En tout cas insuffisant seul, notamment dans une première phase.

Covid et climat ont bien sûr pour particularité d’ignorer superbement les frontières. L’idéal pour justifier une gouvernance mondiale. Des sujets typiquement transnationaux, que les nations prises isolément ne sauraient gérer puisqu’ils sont globaux, et qui commandent donc à celles-ci une coopération internationale dans des instances idoines, lesquelles, comme la société civile et notamment les jeunes gens, ne peuvent que constater l’incapacité de nos dirigeants à s’entendre. Ce qui conduit donc naturellement à considérer d’un bon œil la supranationalité, au moins, dans un premier temps, pour prendre à bras le corps les problèmes mettant en jeu, nous dit-on, l’avenir de l’humanité. Avec l’assentiment des foules conduites à la vouloir par ceux-là mêmes qui auront échoué à résoudre un faux problème qu’ils auront créé de toutes pièces.

Après deux ans de covidisme, dont on n’entrevoit pas la fin, le réchauffement climatique (toujours implicitement anthropique, inédit et catastrophique), est revenu en force dans l’actualité mondiale.

S’est tenue du 31 octobre au 12 novembre 2021 la vingt-sixième Conférence des parties, ou COP26. Les COP sont organisées par la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), pendant politique du GIEC, qui lui est censé être tourné vers la science. Il s’agit donc de traduire en actes politiques concrets la prise de conscience qu’impliquent les rapports du GIEC.

Même si vous n’avez rien suivi de tout cela depuis le début, la lecture de l’introduction vous permet de deviner que l’échec est la règle, puisque c’est ainsi que cela doit se passer. Oh, certes, on fait parfois la promotion d’une avancée : la COP3 a accouché du protocole de Kyoto, devant conduire à une diminution des émissions de dioxyde de carbone (CO2), et la COP21 de l’accord de Paris, qui devait contenir le réchauffement si possible en deçà de 1,5 °C, ou au moins sous les 2 °C, évidemment par le truchement d’une diminution des rejets de CO2 (et autres gaz dits à effet de serre) ; des accords présentés comme des victoires parce que signés, et vécus comme des échecs, puisque non respectés. Dans cette course à la réussite manquée, la COP25 qui s’était tenue à Madrid en 2019 avait été… un échec. D’où l’importance de la vingt-sixième édition, qui est celle de l’action ! Annulée en 2020 pour cause de covid, elle s’est donc tenue cette année, à Glasgow. En route pour un nouvel échec retentissant.

Pour que l’échec soit retentissant, il faut bien sûr une forte attente de l’opinion publique, qui doit donc être mise en forme par le matraquage médiatique ; ce qui s’appelle être informé. Il y a pour cela le travail de longue haleine, et les coups isolés, qui prennent d’autant mieux que le travail sur le fond crée un décor dans lequel des éléments singuliers peuvent aisément trouver place. Commenter la pluie et le beau temps de manière orientée et peu pédagogique permet de faire accroire que quelque chose a changé. Le peu de mémoire d’une population bien plus hors-sol que par le passé, ainsi qu’une information omniprésente rendant proche la moindre manifestation peu clémente des météores sont des atouts de première importance. Les médias nous montrent les preuves du changement climatique sur la planète avec les aléas météorologiques comme un ivrogne affirme qu’il est toujours l’heure de l’apéro quelque part sur Terre. Les urbains profonds, y compris ceux qui vivent à la campagne, y voient les premières manifestations de l’apocalypse thermocarbonée qui nous est promise. Et peu importe si un temps (réellement) plus violent est une caractéristique d’un refroidissement, et non d’un réchauffement. L’anomalie thermique mondiale était d’ailleurs en berne cet été, quand on nous mettait sous le nez telle ou telle catastrophe quelque part sur Terre. Et bien sûr on sélectionne l’info météo pour le quidam : on ne va tout de même pas brouiller les esprits avec l’un des hivers les plus froids qu’ait connu l’Antarctique depuis le début des mesures (soit une soixantaine d’années), avec quelques records… Ni avec les –37 °C atteint dès la fin novembre dans le nord de la Suède (et des températures inférieures à –40 °C début décembre dans la même région [1]). Ni avec la vingtaine de navires immobilisés dans une banquise reformée plus précocement qu’attendu au nord de la Sibérie, et qui doivent attendre les brise-glace russes pour être secourus. Ce qui ne manque pas de nous rappeler Aéroports de Paris se préparant à un monde réchauffé et manquant donc de glycol pour le dégivrage et ainsi dans l’incapacité de faire décoller ses avions lors de la vague de froid de décembre 2010. Il y a une différence entre devoir faire face à la réalité telle qu’elle est et vivre dans le monde fantasmé des médias.

Le sixième rapport du GIEC

L’un des coups précédant la COP26 a été le sixième rapport du GIEC, rendu public cet été. Il s’agit du rapport du groupe 1, le rapport « scientifique ». Il n’est pas encore officiellement terminé et sera finalisé dans la seconde moitié de l’année 2022. Au GIEC, on termine d’abord le résumé pour décideurs politiques et on ajuste au besoin le gros rapport ensuite. On sent un esprit scientifique affirmé.


Quoi de neuf ? Eh bien rien ! On prend les mêmes et on force encore un peu plus le trait. L’avenir s’assombrit encore un peu plus, puisque évidemment les climatologues du GIEC (Même si bien peu le sont – Y en a-t-il seulement ?!) prévoient un emballement de l’effet de serre. On connaît la chanson : il est déjà trop tard, mais on peut encore faire quelque chose, éviter le pire, qui bien sûr est certain si nous ne faisons rien…

Il y a quand même une petite nouveauté, un peu réchauffée, cependant : la résurrection de la crosse de hockey. La fameuse hockey stick est une reconstruction du passé thermique de la Terre faite de bric et de broc, qui a eu son heure de gloire dans le troisième rapport du GIEC en 2001, et que l’on doit à Michael Mann (pas le réalisateur de Heat) et deux collègues. Une courbe spectaculaire et marquante, qui rendait les temps présents tout à fait singuliers, et qui pour cela a dû réécrire le passé intégralement : exit la variabilité naturelle, exit l’optimum médiéval, le petit âge glaciaire.


Ce qui soudainement remet tout en cause, surtout dans un contexte particulier, ne peut qu’interroger. Nombre de scientifiques ont donc questionné les données, la méthode. Et tous ceux qui l’ont fait honnêtement sont arrivés à la même conclusion : tout est bidonné, ce travail ne vaut rien. Cela n’a pas empêché cette courbe de poursuivre sa route et son auteur principal de recevoir les honneurs. Les honneurs plutôt que l’honneur. La crosse s’était quand même fait bien discrète et avait pratiquement disparu, avant de resurgir dans le dernier rapport du GIEC, à peine changée.


Sylvestre Huet, journaliste « scientifique » à Libé puis au Monde, qui accueille son blog, n’en est pas étonné, puisque pour lui c’est le résultat d’une « bonne science ». Sans doute celle du clan du Bien, celui qui veut faire aller les choses dans le bon sens.

Pour les curieux, voilà à quoi ressemble une courbe s’approchant plus de la réalité. Il s’agit de la reconstitution de la température moyenne globale pour les deux derniers millénaires et pour l’hémisphère Nord, par un scientifique n’étant en rien un dissident (Moberg et al., 2005).


Degré de certitude : une science qui redoute le doute

Bien sûr, le degré de certitude ne peut que croître. À quoi bon marteler toujours la même chose si l’incertitude reste la même ? Le GIEC était sûr de lui à 90 % dans son rapport de 2007 (AR4), à 95 % dans le dernier en date (2014, AR5). Des articles spécialisés sortent à des dates qui ne semblent pas innocentes. Un premier, censé envoyer les climatosceptiques dans les cordes, est sorti en 2004.

L’historienne des sciences Naomi Oreskes prétendait avoir épluché la littérature abordant la question du réchauffement et n’y avoir trouvé aucun article pouvant donner des billes à ceux remettant en cause tout ou partie du dogme réchauffiste. Preuve a été faite peu après que ce travail n’était pas sans failles, sans que ni l’auteur ni la revue ne concèdent quelque correction que ce soit.

Puis en 2013, l’année précédant la publication du cinquième rapport du GIEC, un nouvel article paraît. Cette fois-ci, un questionnaire est envoyé par courriel à des scientifiques du climat. Les résultats bruts révèlent une petite fraction seulement rejetant clairement la théorie du réchauffement anthropique. On se demande bien qui peut oser répondre par l’affirmative à une telle question actuellement. Mais on imagine bien aussi des gens en désaccord avec le dogme réchauffiste mais pensant que les activités humaines peuvent jouer un rôle marginal, qui ne peuvent donc faire leur cette affirmation. Mais là n’est pas le plus intéressant. En effet, les résultats bruts indiquent que les deux tiers des scientifiques interrogés ne prennent pas parti. Cela n’est apparemment pas dérangeant. « Ne se prononce pas » devient quelque chose comme « ne prend pas part au sondage », et le consensus peut s’élever à 97 %. Le travail journalistique relaiera le chiffre sans plus d’esprit critique que lorsque que ce sont les données de températures qui sont torturées.

Le dernier article de cet acabit est sorti le mois dernier. Son auteur principal est Mark Lynas, un célèbre activiste vert, qui écrit sur la catastrophe climatique depuis 2004. Il s’est fait remarquer plus récemment pour avoir quelque peu apostasié sa foi écolo, déclarant que le nucléaire était bon, que finalement les OGM ne devaient pas être nos ennemis et que l’abandon du DDT dans certaines parties du tiers-monde avait été une erreur criminelle. Il se fait ici pardonner, en étudiant des articles ayant pour sujet le réchauffement global et en déterminant la part de ceux-ci qui valident le dogme. Les articles le réfutant sont repérés. La logique voudrait qu’ils soient comparés uniquement à ceux qui l’étudient en tant que tel, mais ce n’est pas le cas. Il suffit d’étudier l’évolution des températures d’une zone suburbaine ou encore la dynamique d’une population de rongeurs dans le cadre du réchauffement climatique, avec un court rappel des émissions de gaz à effet de serre et de la courbe ascendante de la température moyenne globale, et vous voilà gonflant le consensus sur le réchauffement anthropique, alors que ce n’est qu’un cadre que vous n’interrogez pas. De plus, la petite phrase validant le dogme sert de sésame, alors qu’à l’inverse questionner directement l’ampleur du réchauffement (qui a eu lieu et a fortiori à venir) et/ou sa cause vous ferme des portes. Ce fut l’un des enseignements du climategate que de montrer le rôle d’une petite coterie dans la fermeture des revues scientifiques qui comptent aux questions (et démonstrations) qui dérangent. Bref, on passera l’usage des algorithmes pour étudier des mots clés (l’usage semble dorénavant être de ne vraiment plus avoir de contact réel avec son objet d’étude), et on ira directement à l’éblouissante conclusion : le consensus scientifique sur le réchauffement climatique anthropique est de… 99,9 % ! Il n’y a donc pas de débat scientifique sur la question, juste une polémique…

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Scientifiques qui vous inscrivez en faux contre le réchauffisme, vous êtes dans le rouge.

Le prix Nobel du meilleur scénario

Ils sont sûrs, et même certains, que le réchauffement climatique est réel, bien quantifié et dû aux activités humaines. Comme ils sont sûrs et même certains de la trajectoire que prendra la courbe de la température moyenne globale : ascendante, terriblement ascendante. Ils l’ont vu dans leurs boules de cristal assistées par ordinateur : les modèles numériques ! Lesquels devaient donc être célébrés cette année, avant le grand raout de la COP. Le grand Raoult, lui, n’aime pas trop les modèles, même si c’est une autre histoire, mais pas si éloignée.

Quoi de plus clinquant qu’un prix Nobel pour glorifier ces belles prédictions ? Le prix Nobel de la paix avait déjà été attribué en 2007 au GIEC (et non à ses membres, rappelons-le à M. Jouzel) et à Al Gore, pour… eh bien pour son documentaire, Une vérité qui dérange, qui faisait bien sûr la part belle aux projections dans l’avenir, donc aux modèles. Un beau ramassis d’âneries et de prédictions foireuses, mais qui lui ont permis de faire le tour du monde pour donner des conférences à 200 000 dollars l’unité (et tous frais payés par ailleurs), et de façonner l’opinion à son avantage direct, puisqu’il a fait fortune grâce à la première bourse carbone, celle de Chicago (décidément un repaire de gangsters !). C’était juste avant la COP13 de 2007, qui avait bénéficié comme la précédente, et plus encore, d’une couverture médiatique très importante.

Le coup a été refait cette année. Mais avec le prix Nobel de physique, qui confère une aura tout de même un peu plus sérieuse en matière scientifique. Il a été remis à trois personnes : il récompense pour moitié deux experts de la modélisation du changement climatique, l’Américano-Japonais Syukuro Manabe, 90 ans, et l’Allemand Klaus Hasselmann, 89 ans, « pour la modélisation physique du climat de la Terre et pour en avoir quantifié la variabilité et prédit de façon fiable le réchauffement climatique » ; et pour l’autre moitié le théoricien italien Giorgio Parisi, 73 ans, « pour la découverte de l’interaction du désordre et des fluctuations dans les systèmes physiques de l’échelle atomique à planétaire ».

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Manabe, Hasselman et Parisi

La critique des modèles faite dans Climat, mensonges et propagande en 2010, reste pertinente. Extrait :

À ceux qui les critiquent, il est généralement répondu que les modèles s’appuient sur une physique éprouvée et qu’en cela ils sont dignes de confiance. Nier leurs capacités prédictives reviendrait en somme à nier la physique. Pourtant, aux yeux de beaucoup de spécialistes, la confiance accordée aux modèles est bien trop grande. Ainsi, pour John Theon [qui a été physicien de l’atmosphère à la NASA, dont il fut un haut responsable], « les modèles ne simulent pas le système climatique de manière réaliste parce qu’il existe de très importants phénomènes se déroulant à une échelle plus fine que la maille des modèles, qui les intègrent de manière insatisfaisante, quand ils ne les omettent pas complètement ». La Terre virtuelle des modèles est composée d’une grille en trois dimensions, dont la maille est de plus en plus fine grâce à la puissance de calcul croissante des ordinateurs. Mais cela reste bien en deçà de ce qu’il faudrait pouvoir atteindre (et qui ne le sera probablement jamais) afin de rendre compte des processus en jeu. Lors d’une conférence donnée en octobre 2009 au Bureau des longitudes, Pierre Morel, qui fonda le Laboratoire de météorologie dynamique (LMD) du CNRS, s’est longuement exprimé sur la question des modèles. Selon ses propres mots, les modèles climatiques ne représentent pas la réalité, pas plus qu’ils ne découlent de la physique, comme on peut souvent le lire ou l’entendre. Le modélisateur est contraint de faire des moyennes sur des surfaces de l’ordre de 10 000 km2 minimum, voire 100 000 km2, parce qu’il lui est impossible de représenter le détail de ce qu’il se passe dans les divers compartiments de la grille du modèle. Les lois de la physique sont microscopiques et s’appliquent dans le monde réel, mais pas à l’échelle imposée par le modèle, pour lequel sont utilisées des formules empiriques afin de représenter les différents flux. Dans ces formules, des coefficients correcteurs sont utilisés, arbitraires et ajustés pour coller au mieux à la réalité. Pierre Morel explique que ces ajustements sont réalisés « en essayant de reproduire le cycle saisonnier », ce qui est fait depuis le début de ces modélisations et expliquerait l’absence d’évolution de la fourchette d’augmentation de la température moyenne prévue pour 2100, qui était déjà de 1,5 à 4,5 °C il y a trente ans. Ce statu quo n’est donc pas dû au déjà remarquable travail effectué à l’époque et confirmé depuis, mais à l’absence de progrès.

Jean-Pierre Vigneau [géographe climatologue] résume ainsi le chemin emprunté par la modélisation du climat : « Cette aventure est exaltante pour ses auteurs ; mais ses projections sur l’avenir constituent un pari. Si les rétroactions sont prises dans le bon sens, si leur paramétrisation pifométrique est réussie, si l’effet additionnel de serre est correctement évalué, alors le pari peut être gagnant. Sinon… On ne peut oublier qu’une science dure n’est pas forcément exacte, ni que la vérité scientifique est la vérité d’un moment. Finalement, cette aventure est respectable à condition de ne pas atteindre au statut de dogme ».

En une dizaine d’années, la capacité de calcul a progressé, mais pas de manière si significative que ce qui précède en serait invalidé. Surtout, quand l’erreur est originelle, plus de capacité de calcul ne signifie rien d’autre que se tromper avec plus de précision. Un modèle atmosphérique auquel vous voulez faire dire que plus de CO2 conduit à un accroissement de température ne dira rien d’autre. Les émissions de CO2 sont à des niveaux importants (que relativisent cependant les stocks et flux naturels) et l’évolution de la température moyenne globale telle que la montrent les satellites est d’après les prévisions des modèles que l’on doit louer au niveau de ce qui aurait dû se passer en cas d’arrêt de ces émissions. Ce que le comité Nobel appelle prédire « de façon fiable » le réchauffement climatique. Les courbes faites à partir des données des stations au sol, torturées au possible, permettent de sauver les meubles et d’entretenir l’illusion.

Confiance doit donc être faite aux modèles, qui nous expliquent par ailleurs et comme conséquence du réchauffement que les calamités météorologiques se multiplieront. Or, on ne le répétera jamais assez, un mode de circulation atmosphérique rapide est caractéristique d’un refroidissement, quand un mode lent accompagne un réchauffement. Dans la science Nintendo, on peut être physicien et prédire le climat, sans donc avoir jamais réellement étudié celui-ci. Le Nobel de physique de cette année consacre ce basculement et l’avènement de ce monde virtuel dans lequel on nous somme de vivre. Le physicien de l’atmosphère Richard Lindzen, qui fut professeur de météorologie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), éminent chercheur dans son domaine, résuma ainsi la situation :

« En un mot, nous sommes entrés dans un nouveau paradigme dans lequel la simulation et les programmes ont remplacé la théorie et l’observation, où le pouvoir politique détermine largement la nature de l’activité scientifique, et où le rôle principal des sociétés savantes consiste en des actions de lobbying auprès de la puissance publique pour obtenir des avantages particuliers. »

Dans un tel contexte, on ne s’attendra pas à une reconnaissance post-mortem de Marcel Leroux (1938-2008), qui aura pourtant contribué, lui, de manière majeure à la compréhension du système climatique, et ce, en se basant sur l’observation du monde réel. Ce qui l’a naturellement conduit à s’inscrire en faux contre le dogme réchauffiste dès la première heure, et à voir sa page Wikipédia en anglais supprimée. Dans un monde où tout est inversé, on peut y voir une forme de reconnaissance.

Les revues médicales au chevet du climat

En ces temps de convergence des luttes, le monde de la santé ne pouvait rester à l’écart. Un communiqué aux dix-neuf signatures mais représentant 254 revues médicales (Il y en a donc tant ?!), publié en septembre, appelle le monde à se saisir d’urgence de la question climatique. Et de rappeler la hausse de la mortalité liée à la chaleur chez les plus de 65 ans, en se basant sur une étude unique. Ce à quoi on répondra par une banalité connue de tous : le froid hivernal tue beaucoup plus, et de loin. Les auteurs en sont étonnamment restés au réchauffement climatique et ne sont donc pas passés au changement climatique, qui permet d’expliquer tout et son contraire, du moment que le sujet est un aléa météorologique fâcheux. Ils auraient ainsi pu comptabiliser les morts dues à la chaleur, certes, mais aussi au froid marqué, à la sécheresse et aux inondations, aux tempêtes, cyclones et tornades. Voici comment se conclue le plaidoyer paru dans le Lancet, le New England Journal of Medicine et 252 autres revues n’ayant pas peur de la moraline.


En tant que professionnels de la santé, nous devons faire tout notre possible pour faciliter la transition vers un monde durable, plus juste, résilient et plus sain. En plus d’agir pour réduire les dommages causés par la crise environnementale, nous devons contribuer de manière proactive à la prévention mondiale de nouveaux dommages et à l’action sur les causes profondes de la crise. Nous devons demander des comptes aux dirigeants mondiaux et continuer à éduquer les autres sur les risques sanitaires de la crise. Nous devons nous joindre aux travaux visant à mettre en place des systèmes de santé respectueux de l’environnement avant 2040, en reconnaissant que cela impliquera de changer la pratique clinique. Les établissements de santé ont déjà cédé plus de 42 milliards de dollars d’actifs aux combustibles fossiles ; d’autres devraient les rejoindre.

La plus grande menace pour la santé publique mondiale est l’échec persistant des dirigeants mondiaux à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 °C et à restaurer la nature. Des changements urgents à l’échelle de la société doivent être apportés et conduiront à un monde plus juste et plus sain. Nous, en tant qu’éditeurs de revues de santé, appelons les gouvernements et autres dirigeants à agir, marquant 2021 comme l’année où le monde change enfin de cap.


L’affaire du LancetGate avait déjà prouvé ce dont était capable une revue médicale de tout premier plan, en osant publier une étude grossièrement bidonnée qui aura servi de justification à des prises de décisions politiques dans la gestion de la pseudo-pandémie de covid. Cette tribune, prétextant une hausse de la mortalité chez des vieux dont on aura tout fait par ailleurs pour laisser leur état se dégrader jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour les tirer d’affaire, voire en les aidant à passer sur l’autre rive avec du rivotril, ne sert que l’agenda politique d’une clique mondialiste qui a colonisé les esprits d’une part faramineuse d’idiots diplômés.

« Total savait »

Les précédents accords pris lors des COP visaient un contrôle du réchauffement prétendument anthropique, par un contrôle des émissions de gaz à effet de serre, au premier rang desquels le dioxyde de carbone. Dans la science 2.0 du bidonnage assisté par ordinateur, on tourne le thermostat du CO2 pour faire varier la température sur Terre. Peu importe si sur le temps long, les deux variables ne sont guère corrélées comme le voudraient les réchauffistes [2]. Mais curieusement, ces accords ne mentionnaient jamais certains mots pourtant essentiels dans un tel débat : pétrole, charbon… La COP26 avait pour objectif de prendre à bras le corps ce problème. L’ennemi doit être nommé. Sus aux énergies fossiles !

Dans ce contexte, on ne s’étonnera donc pas que la préparation au grand barnum du réchauffisme institutionnel ait été marqué aussi par des attaques envers les industriels des énergies fossiles. Il y a quelques années, on nous avait déjà fait le coup : Exxon savait ! Leurs scientifiques avaient les preuves que nous courrions à la catastrophe, ils ne les ont pas rendues publiques. Admettons pour l’instant. Et alors ? Leurs scientifiques étaient tellement meilleurs que les autres qu’eux seuls avaient en mains les données clés sur l’avenir de la Terre dans un contexte d’émissions anthropiques de CO2 ? Compte tenu de l’alarmisme en matière de réchauffement depuis disons un trentaine d’années, on en doute ! Dans ce cas, qu’ils aient eu ou pas des infos, qu’importe, puisque d’autres les avaient aussi. En réalité, les scientifiques de l’entreprise ont participé à des recherches originales, ils ont même pris part à la rédaction des rapports du GIEC, des études extérieures ont été financées, les alternatives aux énergies fossiles ont été explorées, comme les biocarburants, de même que l’atténuation (supposée) du réchauffement via la séquestration du carbone : tout ce que l’on peut attendre d’un bon petit soldat du réchauffisme. Des rapports internes faisaient mention de l’état de la recherche dans le domaine, c’est-à-dire avec ses incertitudes, au contraire des articles de la presse grand public. Ce qui, pour un activiste, qu’il ait ou non une carte de presse, revient à minorer un problème, taire une certitude, cacher une vérité.

Cette année, c’était au tour de Total. Un article publié dans Global Environmental Change par trois chercheurs en histoire et sociologie entend faire la lumière sur la responsabilité morale du pétrolier. Le Monde nous explique la genèse de ce travail d’enquête :

Tout a commencé lorsque les chercheurs sont tombés sur une preuve de la connaissance précoce du réchauffement climatique par la major : un long article publié en 1971 dans Total Information, le magazine de l’entreprise. L’auteur, François Durand-Dastès, un géographe parmi les plus informés de l’époque sur le changement climatique, y explique clairement que « depuis le XIXe siècle, l’homme brûle en quantité chaque jour croissante des combustibles fossiles », charbon, pétrole et gaz, ce qui libère dans l’atmosphère des « quantités énormes de gaz carbonique », dont la concentration augmente « de façon sensible ». Il prévient qu’à ce rythme une « augmentation de la température moyenne de l’atmosphère [est] à craindre » et envisage « une fonte au moins partielle des calottes glaciaires des pôles », entraînant une élévation du niveau de la mer. « Ses conséquences catastrophiques sont faciles à imaginer », conclut-il.

Diantre ! Vu comme ça, en effet, on ne comprend pas que Total n’ait pas immédiatement cessé ses activités d’extraction et mis la clef sous la porte afin de préserver notre avenir à tous. À moins bien sûr de n’être poussé que par l’appât du gain, contrairement à tous ceux qui luttent vaillamment contre l’altération du climat par l’homme occidental. Comme tout s’explique aisément pour un esprit simple… Les chercheurs ont trouvé les mots qu’ils voulaient et ils les ont consciencieusement extrait de l’ensemble auquel ils appartiennent. Alors allons voir ce qui était réellement dit, et à côté de quoi nos militants de l’EHESS et de Sciences Po ont préféré passer sans s’arrêter.


L’article de François Durand-Dastès dans la revue de Total s’intitule « La pollution atmosphérique et le climat ». Il n’y est fait allusion à l’échelle globale que de manière très sommaire et courte. Et le propos y est beaucoup plus nuancé que ce que l’on veut bien nous faire croire. Qu’on en juge (nous soulignons) :

À côté de ses conséquences directes bien connues, notamment sur la santé des hommes, les végétaux et les matériaux, on doit tenir compte des changements notables que la pollution [atmosphérique] peut provoquer dans les caractères climatiques des régions où elle est importante. Il est même possible qu’elle puisse modifier certains équilibres à l’échelle mondiale et avoir ainsi des effets majeurs que l’on ne fait actuellement qu’entrevoir.

Il est donc possible qu’une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère soit à craindre. Les ordres de grandeur calculés sont évidemment faibles (de 1 à 1,5° centigrade), mais pourraient avoir des effets importants. La circulation atmosphérique pourrait s’en trouver modifiée, et il n’est pas impossible, selon certains, d’envisager une fonte au moins partielle des calottes glaciaires des pôles, dont résulterait à coup sûr une montée sensible du niveau marin. Ses conséquences catastrophiques sont faciles à imaginer… Il s’agit là de prospectives à long terme, dont la prévision est incertaine.

Celui que les auteurs considèrent comme « l’un des experts français alors le plus au fait de la recherche climatologique » nous montre au contraire que les hypothèses d’alors n’étaient en rien des certitudes. Si tel avait été le cas en 1971, on s’étonnerait que dans son ouvrage Géographie des airs, publié deux ans plus tôt, il n’ait fait aucune mention de cette problématique, alors que la relation entre climat et pollution y est abordée. Dans un entretien mené pour leur recherche en 2020, le géographe se hausse un peu du col en affirmant que tout cela était bien connu, qu’on en parlait dans les revues en anglais que lui lisait, et qu’on sentait bien ce qui allait arriver quelques décennies plus tard (mais grands dieux, pas si rapidement !). Pourtant, en faisant un travail élémentaire de journaliste ou de chercheur, ils auraient pris connaissance de ses écrits postérieurs sur la question, ce qui aurait largement relativisé leur propos. Il est vrai que cela l’aurait aussi beaucoup desservi. La vérité, l’exactitude ne sont pas amies de tous.

En 1990, dans le premier volume de la (nouvelle) Géographie universelle, François Durand-Dastès rédige les parties réservées à la géographie physique. Il y aborde très brièvement la question d’un effet de serre additionnel, avant de rappeler que « des boucles de rétroaction positive peuvent voir leurs effets atténués par des boucles de rétroaction négatives. […] [L’augmentation des températures] tend donc à se contenir elle-même, selon un processus tout à fait classique. » On est loin du sonneur d’alerte que nos chercheurs ont voulu faire de lui. En 1990, ont ne parlait qu’assez peu du réchauffement, beaucoup plus du trou dans la couche d’ozone, qui fait donc l’objet d’un développement plus important. Cependant, le géographe conclut : « Il est possible aussi que les effets de la destruction de l’ozone soient limités. On n’est même pas très sûr que les fluctuations de sa teneur ne soient pas dues à un cycle normal, et que la responsabilité du chlorofluorocarbone soit bien établie. » Il n’en faut pas plus de nos jours pour être déclaré comme appartenant au clan du mal, aux semeurs de doute. Enfonçons le clou avec son article « Cent ans de climatologie » paru en 2020 dans le Bulletin de l’association des géographes français, pour le centenaire de la revue. Il y écrit : « La recherche est très active en matière d’évolution des climats, les acquis sérieux se renforcent, mais les emballements parfois naïfs ne manquent pas. La controverse n’est pas près de s’éteindre. »

Voilà le point de départ de nos trois chercheurs en sciences humaines et sociales pour nous dire que « Total savait ». Le reste est à l’avenant. Des documents internes, des notes, des comptes-rendus font mention de la recherche en « changement global », évidemment en mentionnant les incertitudes, voire en livrant un point de vue critique, donc argumenté (et il y a de quoi) sur la production scientifique sur le sujet. Prétendre que Total savait est ridicule. Comment les scientifiques qui sont en son sein auraient-ils pu ignorer des publications mettant en cause les conséquences directes et indirectes de leur activité d’extraction ? Personne n’était dans l’ignorance. Quant aux affirmations du renversement de stratégie au milieu des années 2000, avec une reconnaissance de la réalité du changement climatique et des conclusions du GIEC, elles prennent les lecteurs pour des idiots et tentent de les enfermer (il est vrai avec un certain succès) dans un récit infantile avec des bons et des méchants. Face à ce qui est devenu une réalité sociale à force de matraquage médiatique, scolaire, politique, l’image de l’entreprise, sa communication, ne peuvent pas ne pas épouser l’air du temps. L’image de la respectabilité, même si elle est critiquable, ne peut être contournée. Même si elle irrite les tartuffes qui crient au greenwashing, tout en profitant de leur vie confortable avec moult trajets en avions, sans oublier de reprocher son activité à Big Oil, et ses trajets polluants au beauf de la campagne ou de la banlieue voisine, qui n’a pas les moyens de se payer le même hybride qu’eux et encore moins de se déplacer dans les airs.

L’article fait remonter la certitude de la catastrophe au début des années 1970. Nos chercheurs ont-ils été biberonnés aux interventions télévisées de Jean Jouzel, qui n’a eu de cesse de répéter que cela faisait quarante ans (cinquante, depuis le temps qu’il l’affirme) que ses collègues et lui alertaient sur la situation ? On leur rappellera le célèbre article d’Ichtiaque Rasool, de la NASA, et Stephen Schneider, de l’université de Columbia (New York), paru dans Science en 1971, donc la même année que le point fait par Durand-Dastès pour Total, et intitulé « Atmospheric carbooon dioxyd and aerosols : effects of large increase onglobal climate ». Ils y étudient l’effet sur le climat global de l’accroissement du dioxyde de carbone atmosphérique et des aérosols, particules naturellement présentes dans l’air, mais aussi largement produites par la pollution. Le CO2 est certes un gaz à effet de serre, mais l’effet refroidissant des aérosols doit être pris en compte. Impossible de dire si le contexte de refroidissement déjà marqué a influé sur leur manière d’appréhender leurs effets respectifs, mais le fait est qu’ils donnent très largement la primauté à ceux-ci plutôt qu’à celui-là. Certes, la pollution, due aux activités industrielles et aux transports, est émettrice de dioxyde de carbone et introduit donc dans l’atmosphère un élément qu’ils jugent susceptible d’augmenter la température. Cependant, selon eux, la hausse attendue pour les trente années à venir n’est que de 0,1 °C. À l’inverse, la baisse susceptible d’être engendrée par les aérosols qui accompagnent cette pollution est, d’après les auteurs, d’un autre ordre de grandeur. Utilisant notamment un modèle informatique développé par James Hansen, qui étudie à cette époque l’atmosphère de Vénus à la NASA, ils concluent qu’un quadruplement de la quantité d’aérosols rejetée dans l’atmosphère aurait pour conséquence de faire baisser la température moyenne de la Terre de 3,5 °C. Le maintien d’une telle situation pendant plusieurs années, estiment les chercheurs, pourrait conduire au déclenchement d’une nouvelle ère glaciaire. Une telle hypothèse est bien sûr conditionnée par beaucoup de si, mais elle est néanmoins suffisamment prise au sérieux pour être évoquée dans une revue scientifique de premier plan. Le Washington Post du 9 juillet 1971 s’empare de cette étude et titre, ne retenant au passage que la figure d’Ichtiaque Rasool et avec le sensationnalisme habituel de la presse : « Un scientifique américain voit arriver un nouvel âge de glace ».

On pourra difficilement les accuser de chercher à semer le doute, surtout Stephen Schneider, qui a viré sa cuti lorsqu’il a vu la courbe des températures remonter, et qui aurait plutôt fait tout son possible pour faire entrer dans le crâne du grand public des certitudes qu’il n’aurait pas dû avoir. En 1989, peu après la création du GIEC, pour lequel il sera auteur principal et coordinateur, il déclarait : « Nous avons besoin de soutiens importants, de captiver l’imagination du public. Cela implique bien sûr une vaste couverture médiatique. Nous devons donc proposer des scénarios effrayants, faire des déclarations simples et dramatiques, et omettre le moindre doute que nous pourrions avoir. »

Le club de Rome

La citation de Stephen Schneider en rappelle une autre :

[…] les dangers que court l’humanité sont probablement plus grands et plus pressants qu’en 1972, et nous allons sans doute être accusés comme alors de nous faire les messagers du désastre. C’est peut-être bien là notre rôle, et un titre de gloire. Le catastrophisme n’est pourtant en aucune façon au centre de notre projet ; ce n’est que le prélude nécessaire à l’action correctrice.

Ce sont les propos d’Alexander King et Bertrand Schneider en 1991 dans un rapport du club de Rome intitulé The First Global Revolution, traduit en français par Question de survie. La révolution mondiale a commencé.


Dès la fin des années 1960, Alexander King, chimiste de renom inventeur du DDT (il remettra en cause son invention), veut créer un groupe ayant des « rapports très étroits » avec l’industrie et le pouvoir politique. « L’establishment lui-même, craignant les suites d’une croissance économique, démographique et technologique rapide, commence à se pencher sur ces problèmes. » Avec l’Italien Aurelio Peccei, industriel, cofondateur d’Alitalia, responsable du Conseil économique de l’Institut Atlantique, succursale civile de l’OTAN, il crée un groupe dont la première réunion se tiendra à Rome, grâce à la fondation du patron de Fiat, qui va la financer et prêter une salle. Le club de Rome est né, un club oligarchique dans lequel on entre par cooptation.


Trois autres membres intègrent rapidement le club :

- Erich Jantsch, astrophysicien réputé, qui a été consultant pour l’OCDE ;

- Max Kohnstamm, néerlandais, qui a été secrétaire privé de la reine des Pays-Bas, diplomate, secrétaire de la CECA, où il est bras droit de Jean Monnet, mais aussi président de la Commission trilatérale ;

- Eduard Pestel, professeur de mécanique allemand, qui plus tard deviendra membre du conseil scientifique de l’OTAN, puis ministre des Sciences et des Arts de la CDU.

Ce petit club de gens qui pensent avoir une vision objective de la situation d’alors, de sa dynamique et des nombreux problèmes qui font aller le monde droit dans le mur, a pour objectif de produire d’abord un constat et mais aussi des idées pour réorienter la trajectoire prise par l’humanité. La diffusion de rapports écrits souvent pour le club, parfois par le club lui-même, a pour but de faire essaimer ses idées. Avec une réussite certaine.


En 1972 paraît The Limits to Growth (Les Limites à la croissance), paru la même année en français sous le titre Halte à la croissance ?, qui sera vendu à 12 millions d’exemplaires. La thèse défendue et qui paraît de nos jours d’une grande banalité est celle du danger encouru par l’environnement, et donc in fine l’humanité, à cause des croissances économique et démographique dans un monde fini. La peur de la courbe que l’on pense exponentielle et que l’on n’imagine pas devenir logistique.


La diffusion de ces idées est perceptible en France par exemple dans l’ouvrage de René Dumont, au titre évocateur : L’Utopie ou la Mort !, paru en 1973, ainsi bien sûr que lors de sa campagne présidentielle l’année suivante, en tant que premier candidat écologiste en France, durant laquelle il cite souvent le club de Rome. Mais pas la crainte d’une crise climatique, dont le thème est cependant succinctement abordé dans son livre. Succinctement car à l’époque, contrairement à ce que veulent nous faire croire des journalistes et pseudo-chercheurs en sciences bien molles, la question n’envahit pas vraiment les débats et il n’y a absolument aucune certitude d’affichée, pas même au club de Rome. Voici ce qu’en dit leur premier rapport :

[…] on ne sait pas à quel point nous pouvons perturber l’équilibre écologique naturel de la Terre sans conséquences graves. On ne sait pas combien de CO2 ou de pollution thermique [3] peuvent être libérés sans provoquer d’irréversibles changements dans le climat de la Terre […].

On suppose que pour nos chercheurs de pacotille, cela montre que Total en savait effectivement plus et que la vérité a été cachée…

Beaucoup d’adultes d’aujourd’hui auront été sensibilisés aux idées du club de Rome par le dernier épisode de la série animée Il était une fois… l’Homme, intitulé « Il était une fois… la Terre ». La série se veut historique, mais la fin est plutôt un essai d’histoire du temps présent et de prospective. La référence au club de Rome y apparaît clairement.


Un groupe d’économistes, de savants, de futurologues s’assemblent pour jeter un cri d’alarme.

« Halte à la croissance, ou nous allons vers des temps difficiles, car les ressources de la Terre sont limitées et elles ne peuvent pas entretenir une croissance illimitée. »

Mais qui veut entendre ces illuminés ?

L’épisode en entier :

On constate ici une certaine incompréhension que le club a déplorée par la suite : Halte à la croissance ?, la traduction de Limits to Growth en français, pas très heureuse il est vrai, comporte un point d’interrogation à son titre, qui a souvent été omis, et par ceux qui ont critiqué le rapport et par ceux qui se sont approprié la problématique soulevée. Or nos chers membres oligarchiques ne souhaitaient pas la fin de la croissance, qui leur était plutôt bénéfique, pour le moins, mais en tout cas d’une certaine croissance. Pour une autre croissance est le titre du livre de Robert Lattès (1973, avec une préface d’Edgar Faure), mathématicien (CNRS, CEA, Paribas) qui intégrera le club, et avait préfacé Halte à la croissance ? À lui de lever l’ambiguïté. Il doit s’agir d’une croissance éthique profitant au plus grand nombre, laissant de côté PNB, taux de profit et niveau de vie, pour se concentrer sur le genre de vie et le niveau de bonheur. Bien sûr, il souligne que la civilisation industrielle a des objectifs correspondant aux souhaits du peuple. La conclusion logique, et clairement exprimée, est que, pour qui veut faire bouger les lignes, la démocratie est un obstacle.

Vingt ans plus tard, le constat est le même pour King et Schneider (1991).

Pourquoi, en dépit d’une prise de conscience remontant à plusieurs décennies, en dépit d’innombrables débats internationaux et de nombreuses propositions constructives, l’action et les résultats concrets ont-ils été tellement restreints ?

Résoudre les problèmes d’un système complexe est donc d’autant plus difficile que, dans beaucoup de cas, l’opinion publique n’est pas en état d’accepter les solutions proposées.

La démocratie est un obstacle, car le petit peuple a du mal à appréhender la situation et que, une fois le diagnostic posé, il se résout difficilement à accepter le remède. Les États en sont un autre, notamment parce que ledit petit peuple n’imagine pas qu’ils ne sont pas à la hauteur pour les tirer d’affaire. En bref, quand on n’est pas membre de l’oligarchie, on tend à freiner plus ou moins consciemment des quatre fers face au supranational, au mondialisme.

Les citoyens ont du mal à croire que les gouvernements ne sont pas capables de remédier à leurs difficultés ou à leurs petits ennuis.

Pour les problèmes mondiaux, nous avons besoin d’un forum mondial.

L’objectif déclaré est de faire le bien du peuple malgré lui, puisqu’il n’est pas en mesure de savoir ce qui est bon pour lui. Une révolution oligarchique mondiale pour le bien du peuple, quitte à lui forcer la main. Qui peut encore s’étonner que le premier Jour de la Terre ait eu lieu le 22 avril 1970, soit pour le centenaire de Lénine, et penser qu’il ne s’agisse là que d’une coïncidence ?

Les élites se réconcilient facilement, en dépit de leurs polémiques superficielles. Le grand public, lui, n’est pas intéressé par les débats de ce genre, seulement manipulé. Entre la pensée de l’élite et la pensée populaire, il y a un gouffre béant. C’est là que se trouvent des déformations et des tensions qu’il est difficile, ou même impossible de surmonter.

Depuis 1991, de l’eau a coulé sous les ponts. Le grand public est toujours manipulé, de manière plus aboutie que jamais. Une part non négligeable de la population plébiscite le discours du club de Rome, sans même souvent connaître son existence. Ayant fait leur le constat de la catastrophe annoncée, quand bien même les prédictions du club n’ont pas eu lieu, ils ne peuvent que constater l’inaction des États, qui font tout pour ne pas s’entendre et ne pas passer des grands discours (« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », dit au monde Jacques Chirac au quatrième sommet de la Terre à Johannesburg en 2002) à l’action, comme cela aurait dû être enfin le cas à la COP de cette année, déjà la vingt-sixième.

De FLOP26 en défaite réchauffiste jusqu’à la victoire mondialiste

Pour ceux qui attendent quelque chose de ces réunions ne débouchant jamais que sur des vœux pieux au rabais, l’effet désastreux du pitoyable spectacle donné est à la hauteur de l’impression qu’il fait sur leurs opposants idéologiques. Les flottes d’avions mobilisés alors que l’ennemi déclaré est le pétrole ; les centrales à charbon devant fonctionner à plein régime pour pallier le manque de vent laissant les éoliennes improductives, quand le charbon est déclaré ennemi de l’humanité (ce qui pour un bon écolo signifie qu’il n’y a pas assez d’éoliennes – même si mille fois zéro égale cent fois zéro !) ; les flottes de voitures électriques pour faire bonne impression, alors que rien n’est adapté et qu’il faut faire fonctionner des générateurs diesel pour produire l’électricité leur permettant d’être rechargées (du déjà-vu) ; des chefs d’États faisant officiellement la chasse aux énergies fossiles, mais qui, dans un contexte d’envol des prix de l’énergie, s’inquiètent d’un approvisionnement possiblement insuffisant cet hiver ; un Joe Biden s’endormant alors que le sort de l’humanité est en jeu, ou pire : accroissant l’effet de serre additionnel…



Camilla « n’a cessé de dire » qu’elle avait entendu le président [Biden] lâcher un vent lors d’une discussion à la COP26, le sommet sur le climat à Glasgow.

• Le président Joe Biden a rencontré la duchesse de Cornouailles durant la réception de lundi

• Ils ont eu un échange poli et Camilla a été choquée d’entendre Biden lâcher un vent.

• La réception a eu lieu quelques heures après que Biden a semblé s’assoupir à l’ouverture de la COP26

… tout cela n’a qu’un seul résultat : envoyer le message clair et univoque que le personnel politique des États est non seulement risible, mais aussi dans la parfaite incapacité de gérer les problèmes globaux. La France, sous la pression nous dit-on, aura certes pris l’engagement de cesser de financer les énergies fossiles à l’étranger, mais le texte sera peut-être amendé, la date de mise en application est inconnue, etc. Et Total continuera la prospection et l’extraction. L’impression générale est une nouvelle fois celle de l’échec. Comme attendu.



Le scientifique français Christophe Cassou, l’un des nombreux auteurs du sixième rapport du GIEC, a coutume de dire que le changement climatique a embarqué l’humanité dans « un voyage sans retour ». Cela ne manque pas de rappeler le proverbe juif : « Avec un mensonge on va loin, mais sans espoir de retour ». Doit-on comprendre tout à la fois qu’on nous aurait menti et qu’il n’y aura pas de retour au monde d’avant ?

Hacène Arezki


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« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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