Le rouge à ongles hypersonique

Le rouge à ongles hypersonique

Le rouge à ongles hypersonique

• Les Chinois, nous disent des sources crédibles répercutées par l’increvable ‘Financial Times’, ont réussi une percée exceptionnelle avec l’essai sur une autonomie globale d’un système stratégique hypersonique. • Grand émoi chez les prévisionnistes occidentaux qui n’avaient rien prévu de ce genre, si vite. • Ce type d’avancée réduit à néant les perspectives de la “nouvelle stratégie” US dans le Pacifique (traité AUKUS). • Par contre, les forces armées US consolident leur avantage en fait de wokenisation inclusive et même de rouge à ongle pour la générale.

Ils ont été nombreux, comme par exemple Jack Prosobiec sur son compte tweeter, à mettre en regard la nouvelle d’un vol d’un engin hypersonique chinois autour de la terre, et celle de la préoccupation affichée de la générale Jo Clyborne, officiellement et glorieusement de l’US Army, pour ses ongles manucurée. Sur son tweet, Clyborne, qui est ainsi magnifiquement en phase avec l’attitude doctrinale et stratégique du Pentagone, se plaint de ne pouvoir manucurer ses ongles selon une couleur classique et bien connue, une sorte de ‘French touch’ sans doute, d’un rouge classique… Pour le cas, nous laisserons son constat et sa plainte en langue originale : bien que la chose ne soit pas couverte par le secret défense, elle ne doit tout de même pas être trop ébruitée (les Russes, vous savez… Et les Chinois, donc ! [Voir plus loin]).

« Why the Army thinks a French Manicure is an “obnoxious” color compared to the civilian world which views it as an understated yet professional look is beyond me. But I have to be in uniform tomorrow, so here we are. It looked nice while it lasted. »

A ce propos, ‘ZeroHedge.com’ observe plaintivement et avec un certain découragement, comme nombre d’observateurs et notamment Jack Prosobiec, la chronologie qui place ces deux “événements” dans un temps presque similaire, comme deux symboles des préoccupations respectives des forces armées US et chinoises… Nous empruntons donc nous aussi cette voie de réflexion qui est aussi bien une image de la puissance chinoise que celle des forces armées américanistes et wokenisées, comme deux mondes étrangement différents et comme deux mondes étrangers et distants l’un de l’autre d’un gros paquet d’années-lumière

« Dans l’Amérique de Joe Biden, une générale de division de l'armée américaine s’est plainte sur Twitter de la politique de l'armée concernant les ongles manucurées [pour les officiers généraux du genre féminin, sans doute]. Dans le même temps, les Chinois sont occupés à lancer une arme hypersonique qui fait le tour du monde. »

Quoi qu’il en soit et malgré ces préoccupations concernant les ongles manucurées, on s’est donc intéressés au nouveau système d’armes chinois qui s’avère être un engin planant capable de vitesses hypersoniques et d’une autonomie de type “global”. La nouvelle vient du ‘Financial Times’ et est en général considérée avec le plus grand sérieux, d’autant qu’elle serait initialement identifiée comme ayant été communiquée par des sources proches des services de renseignement anglo-saxons.

« Le monde a appris samedi soir que la Chine avait fait “des progrès stupéfiants en matière d'armes hypersoniques et était bien plus avancée que ne le pensaient les responsables américains”, ont déclaré des sources au F.T.

» En août, l’armée chinoise a lancé une fusée qui a catapulté un véhicule planant hypersonique en orbite terrestre basse. Il a fait le tour du monde avant de manquer sa cible de seulement deux douzaines de miles, selon trois sources.

» Ce dernier test soulève une multitude de questions sur la modernisation militaire rapide de la Chine, qui devance les États-Unis dans la course aux armes hypersoniques. “Nous n’avons aucune idée de la façon dont ils ont fait cela”, a déclaré une quatrième source, faisant référence à cette capacité de la Chine à faire voler un tel véhicule hypersonique à travers le monde. »

Deux des sources du FT ont déclaré que la Chine pourrait, en théorie, faire voler l’arme au-dessus du pôle Sud, précisant qu’il s’agit d’une zone que les systèmes de défense antimissile américains ne couvrent pas. De toutes les façons, les missiles antimissiles US sont inopérants contre les armes stratégiques de cette catégorie, opérant à des vitesses hypersoniques et capables de manœuvres d’évitement significatives.

Après l’annonce et les commentaires du côté occidental, les Chinois ont réagi officieusement par leur “porte-parole médiatique officieux”, le ‘Global Times’. La réaction est neutre, mais entérine les informations du FT en remarquant que les sources US consultées, qui viennent de milieux de la sécurité nationale, ont la capacité de repérer des tirs de cette catégorie.

« Le ‘Global Times’, considéré comme un “porte-parole” officieux de Pékin, a publié un éditorial dimanche, ne confirmant ni n’infirmant les affirmations, mais reconnaissant que les États-Unis “ont généralement la capacité de surveiller les lancements de missiles à capacités globales”.

» “Si l’on en croit le rapport du FT, cela signifie qu'il y a un nouveau élément-clef dans le système de dissuasion nucléaire de la Chine, ce qui est un nouveau coup porté à la mentalité de supériorité stratégique des États-Unis sur la Chine”, a-t-il déclaré. Le journal poursuit en soulignant que “l'amélioration de la capacité de survie et de pénétration des missiles nucléaires chinois est clairement accélérée par une variété de nouveaux missiles”.

»“La Chine n'a pas l'intention de s'engager dans une course aux armements nucléaires”, a ajouté Hu Xijin, rédacteur en chef du Global Times, dans un tweet. “Mais elle améliorera certainement la qualité de sa dissuasion nucléaire pour s’assurer que les États-Unis abandonnent l'idée de faire du chantage nucléaire contre la Chine, ou d’utiliser les forces nucléaires pour suppléer à la faiblesse de leurs forces conventionnelles qui ne peuvent vaincre la Chine”. »

Cette performance chinoise semble donc décalquer, avec 2-3 ans de retard, les performances ruses dans un domaine où aucun pays occidental, et bien entendu les USA en premier (ou en dernier), n’arrive à démarrer sérieusement. Elle constitue une confirmation d’une des grandes craintes prévisionnelles des USA, soit le développement considérable des forces nucléaires stratégiques chinoises, sauf que ce développement semble encore plus rapide que prévu.

Il faut noter que les Occidentaux, et les USA plus précisément, s’exclament avec horreur des progrès considérables faits par les Russes et les Chinois. Jusqu’ici, le Pentagone a riposté en ratant quelques tests d’hypersoniques au berceau, mais en réussissant la wokenisation de son armée, – en dénonçant les suprémacistes blancs, en dessinant des uniformes pour pilotesses (proposition de néologisme inclusif) d’avions de combat enceintes de plus de six mois, en développant des toilettes transgenres et, sans doute depuis avant-hier, en examinant la possibilité pour la générale Clyborne de parer ses ongles d’un rouge très ‘French touch’.

Il nous semble que ce développement accéléré des forces nucléaires chinoises, axée sur le développement d’engins menaçant en un temps très court les États-Unis, a effectivement pour but de dissuader cette puissance de risquer une attaque nucléaire contre la Chine à la suite du constat, d’ailleurs déjà fait, d’aller à une défaite certaine si l’on reste sur le seul terrain du conventionnel. (« …s’assurer que les États-Unis abandonnent l'idée de faire du chantage nucléaire contre la Chine, ou d’utiliser les forces nucléaires pour suppléer à la faiblesse de leurs forces conventionnelles. »)

Il est alors temps d’offrir quelques commentaires d’un prestigieux universitaire américaniste, le professeur émérite Michael Brenner (*), extraits d’une interview donnée le 13 octobre à Finian Cunningham. L’interview porte essentiellement sur la “nouvelle stratégie” US dans le Pacifique, avec la mise en œuvre du traité AUKUS. On se rappelle les analyses et cris d’admiration devant un tel “grand tournant stratégique”, de la plume de la plupart des analystes des pays du bloc-BAO. Brenner, lui, tourne en ridicule cette “nouvelle stratégie”, indiquant que la base de sous-marins de Perth, en Australie occidentale, où seront basés les 12 submersibles français-devenus-américanistes, ne sera pas opérationnelle avant 2045-2050 après avoir souligné que la tension actuelle entre Chine et USA était quasi-exclusivement le résultat de la politique de provocation des USA. (Par contre, Brenner signale un intéressant rapprochement entre la Chine et le Japon avec le nouveau Premier ministre Kishida.)

Nous considérons comme une grande nouvelle qu’un universitaire de ce calibre soit capable de parler avec une telle franchise de l’état des lieux intellectuels et politiques en Occident. Pour nous, c’est un véritable “événement stratégique” bien plus important que la pantomime de l’AUKUS.

Question : « Les trois membres de l'AUKUS risquent de perdre économiquement si les relations avec la Chine continuent de s'effondrer. Les économies des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Australie sont fortement tributaires des vastes marchés chinois, alors comment expliquer l'antagonisme autodestructeur de leurs gouvernements envers Pékin ? Pourraient-ils être aussi stupidement myopes ? »

Michael Brenner : « Oui, – tout comme les Européens à l’égard de la Russie. Il n’y a pas un esprit stratégique en position d'autorité où que ce soit en Occident. Le Royaume-Uni est dirigé par une bande de bouffons qui vivent dans un monde mental de “joyaux de la couronne”. Quant au Premier ministre australien Scott Morrison, il ne fait que prendre des postures. Il sera pris de court lorsque les pertes économiques toucheront inévitablement la population australienne. En revanche, la grande nouvelle se trouve au Japon, où Fumio Kishida, le nouveau Premier ministre, a modifié d'au moins 90 degrés l'attitude du pays vis-à-vis de la RPC. Lors d'un échange cordial avec le président chinois Xi la semaine dernière, les deux dirigeants ont convenu de poursuivre des “relations constructives et stables” fondées sur un dialogue accru. »

Question : « Pensez-vous que les Etats-Unis finiront par accepter l'émergence d'un monde multipolaire et par renoncer à leurs ambitions hégémoniques ? Que doit-il se passer dans la politique américaine pour que cela se produise ? »

Michael Brenner : « A court ou moyen terme : non. Il n'y a ni l'esprit ni le leadership politique. Je crains que nous ayons besoin de quelque chose comme la crise des missiles de Cuba en 1962, lorsque les États-Unis et l'Union soviétique ont frôlé la guerre nucléaire, pour remettre les gens d'aplomb. Tant au niveau de l'élite que de la population, seule la peur de la guerre pourra, sur une base purement pragmatique, briser l’état intellectuel/politique comateux dans lequel se trouvent enfermés les Etats-Unis. »

En conclusion de ces courtes remarques, On répètera pour la beauté de l’effet, les quelques expressions réjouissantes résumant le regard de complète dérision du professeur Brenner sur les élites du bloc-BAO, avec l’“anglosphère” en premier comme il se doit :
« stupidement myopes », « pas un esprit stratégique en position d’autorité où que ce soit en Occident », « dirigé par une bande de bouffons », « ni l’esprit ni le leadership politique », « l’état intellectuel/politique comateux […][des] États-Unis »

Note

(*) Michael Brenner est professeur émérite de relations internationales à l'université de Pittsburgh. Il est également Senior Fellow au Center for Transatlantic Relations, SAIS-Johns Hopkins (Washington, DC). Auparavant, il a occupé des postes d'enseignement et de recherche à Cornell, Stanford, Harvard, MIT, Brookings Institution, Université de Californie-San Diego, et il a été Distinguished Visiting Fellow à la National Defense University. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la politique internationale, dont ‘Toward a More Independent Europe’.

 

Mis en ligne le 17 octobre 2021 à 14H45

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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