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par Mohamed El Bachir.
Aux responsables algériens et marocains : relire l’histoire.
Natif du Rif, Abdelkrim El Khattabi, à la tête d’un soulèvement populaire, a mis en déroute en 1921 la grande armée coloniale espagnole dirigée par le général Sylvestre. Il est erroné de limiter son combat militaire et politique à la seule constitution de la République du Rif. Car le héros de la bataille d’Anoual a organisé, à partir de 1925, la résistance à l’occupation française de l’Afrique du Nord. Son combat contre l’occupation coloniale espagnole et française au Maghreb portait en germe l’idée de nation maghrébine. Le précurseur des guerres populaires comme l’ont qualifié Mao-Tsé-toung et Ho Chi Minh, fut Contraint à l’exil en 1926. Il passera la fin de sa vie en Égypte où il présida le comité de libération du Maghreb. En désaccord avec les membres du comité sur la question de l’unité de la nation maghrébine, il démissionna en 1960. Il meurt en 1963. Sa dépouille repose toujours dans le carré réservé aux héros arabes au Caire, car les autorités du Royaume marocain refusent qu’elle soit rapatriée dans son Rif natal. Et pour cause, Abdelkrim El Khattabi refusa de prêter allégeance à la royauté marocaine.
Faut-il rappeler que ce grand résistant n’est qu’un héritier culturel et politique d’un autre résistant contre le colonialisme français,espagnol et turc. Il s’agit de Mohammed ben Larbi ben Al Sidi Taj, surnommé Cheikh Bouamama. Né à Figuig en 1840, il devint un symbole de la résistance au Sud de l’Algérie (Ouest et Sud d’Oran) et à l’Ouest du Maroc (Région de l’Oriental). Sa lutte contre le colonialisme dura environ 30 ans. Très populaire dans la région, il fut soutenu, tout au long de son mouvement indépendantiste, par la coalition des tribus berbères. Combattant insaisissable, sa renommée est telle qu’il fut qualifié d’ « ennemi éternel de la France » par le maréchal Hubert Lyautey, premier résident général de France au Maroc (1912), (« Lettres du Sud-Oranais », 1903 – 1906). Cheikh Bouamama est mort et enterré à la ville d’El-Aïoun-Sidi Mellouk (Région d’Oujda)… Bouamama comme El Khattabi furent les héritiers spirituels et politiques de l’émir Abdelkader, né le 6 septembre 1808 à Mascara. Dès 1834, ce dernier prend la tête de la résistance dans la partie orientale du Maghreb contre le colonialisme français et turc. Réfugié dans la partie occidentale, il continua la résistance. Mais après la défaite militaire du sultan Abd Er-Rahman à Isly, près d’Oujda, face au maréchal Bugeaud (14 août1844), Emir Abdelkader fut expulsé par le sultan. Il revient dans la partie orientale où il continua la guérilla jusqu’en 1847. Exilé en Syrie, il meurt à Damas, le 26 mai 1883.
En 1956, début de la lutte armée de libération de l’Algérie, Abdelrahim Bouabid, ambassadeur du Maroc à Paris et compagnon de lutte de Mehdi Ben Berka, résuma les enjeux stratégiques dans la région en soulignant : « l’interdépendance des trois territoires nord-africains où tout joue, l’histoire, la géographie et l’économie ». Et interdépendance, il y a, puisque « dans le même temps, les militaires français en opération en Oranie révèlent qu’ils se trouvent face aux “marocains” mêlés aux “algériens” du Front de libération nationale »[1]. Rien de mystérieux dans ce constat puisque ce n’est que la continuité de la lutte de libération menée par l’émir Abdelkader, Cheikh Bouamama et A. El Khatabi. Une continuité historique à laquelle est resté fidèle Mehdi Ben Berka, assassiné le 29 octobre 1965 à Paris par l’État marocain avec la complicité du Mossad.
Modeste et incomplet résumé historique pour signifier que c’est avec un crayon et du papier que le colonialisme français a dessiné la carte géopolitique de l’Afrique du Nord. Une carte toujours d’actualité, inscrite dans le mental du maghrébin. Néanmoins, ce succinct rappel sert à aborder l’actualité géopolitique dans cette région.
Sahara marocain : porte d’entrée du sionisme politique au Maghreb
L’Espagne se désengage du Sahara occidental en 1975 suivi, le 6 novembre 1975, de la marche verte organisée par l’État marocain pour revendiquer l’appartenance de ce territoire au Maroc. Quant à l’État algérien, il opte pour l’indépendance de ce territoire et soutient dans ce sens, l’organisation de libération du Sahara sahraouie, le Polisario, né en 1973. Le 26 juin 1981, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) réuni à Nairobi opte pour un référendum d’autodétermination au Sahara occidental avec l’accord de l’État marocain. En effet, présent à Nairobi, le roi du Maroc, Hassan II, avait déclaré : « Nous avons décidé de tenir compte du processus d’un référendum et dont les conditions d’application tiennent compte des objectifs des récentes recommandations du Comité spécial ».
Erreur de calcul : puisque marocain, nul besoin de référendum.
Une erreur, conséquence de l’abandon par les classes dirigeantes algérienne et marocaine de la route tracée par l’émir Abdelkader, Cheikh Bouamama… A. Khattabi et … M. Ben Barka.
À n’en pas douter, en acceptant le référendum, l’État marocain a donné la corde pour se faire ligoter par l’impérialisme. Et la reconnaissance en 2020 de la marocanité du Sahara par les États-unis n’a pas, pour autant, annulé la Résolution d’autodétermination de l’ONU. Au contraire, elle la remet à l’ordre du jour. De plus, cette reconnaissance n’a pas plus de valeur que celle qui affirme que Jérusalem est la capitale de l’entité sioniste.
Erreur de calcul qui, par ailleurs, légitime la colonisation de la Palestine. À ce stade de la réflexion, deux questions s’imposent :
1°) La reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-unis n’est-elle pas la pilule à faire avaler à la population marocaine pour mieux lui faire digérer les Accords d’Abraham ?
2°) À défaut d’être le tremplin pour l’édification du Maghreb, le Sahara occidental est-il devenu la porte d’entrée de l’entité sioniste avec pour cible l’Algérie. Avec l’espoir, pour l’État marocain, de devenir une puissance économique de l’Afrique sous protectorat de l’impérialisme ?
Ces deux questions nous ramènent aux conflits géopolitiques du XXIe siècle. Ils surviennent toujours sous le masque des droits de l’homme. Concernant l’Algérie : … Hirak… Autonomie de la Kabylie (MAK)… Autonomie des touaregs… Sans perdre de vue, l’émergence éventuelle d’organisations « incontrôlables » dans le Sahel…
Stratégie pour l’État d’Israël dans les années 80
Tous les stratèges israéliens partagent une conviction commune : la survie de l’entité sioniste est dépendante de sa suprématie militaire et économique. Ce qui implique, entre autres, le morcellement des États arabes suivant une cartographie ethnique et religieuse … Libye… Soudan. Objectif que l’impérialisme a tenté de produire en Irak, au Liban et en Syrie. Tout stratège sioniste pense ainsi : « tout conflit à l’intérieur du monde arabe (nous) est bénéfique » à l’entité sioniste[3].
Pour s’en convaincre, il suffit de traduire les propos tenus à Rabat par le ministre des Affaires étrangères de l’entité sioniste, Yaïr Lapid. En effet, en faisant part, au ministre des Affaires étrangères marocain, N. Bourita, de ses « inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine », Yaïr Lapid ne fait que préparer le terrain pour le rôle futur de l’entité sioniste dans la région. Et afin de clarifier sa pensée, il souligne qu’ « Israël et le Maroc sont une partie importante d’un axe pragmatique et positif dans la région face à un axe qui va en sens inverse et qui inclut l’Iran et l’Algérie ».
Traduire « va en sens inverse » par : contre les intérêts de l’entité sioniste.
Ce qui signifie qu’un tel axe incluant « l’Iran et l’Algérie » sans exclure la Résistance arabe dont le Hezbollah ne peut qu’aboutir à une confrontation directe ou indirecte…
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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