La Chine estime que la guerre entre les États-Unis et la Chine est imminente — Éric ZUESSE

La Chine estime que la guerre entre les États-Unis et la Chine est imminente — Éric ZUESSE

Les impérialistes devraient faire attention : lors de la guerre de Corée, il y a 70 ans, une armée chinoise mal équipée et sans force aérienne a pu vaincre les Étasuniens et leurs alliés bien armés.

Les élites dégénérées étasuniennes courtisent la folle idée d’une victoire à la Pyrrhus sur la Chine. Au lieu de cela, ils risquent fort de se retrouver devant un tribunal de Nuremberg.

La Chine ne permettra jamais aux États-Unis et à leurs alliés de gagner une guerre contre elle. La seule option de Washington est donc de recourir au nucléaire, ce qui revient à assassiner la planète entière, y compris une grande partie de la population des EU.

La Chine vient d’annoncer publiquement que, à moins que le gouvernement des EU ne retire rapidement de la province chinoise de Taïwan les forces militaires qu’il y a récemment envoyées, la Chine enverra bientôt des forces militaires dans cette province, parce que, non seulement les États-Unis ont secrètement envoyé des « forces d’opérations spéciales » sur cette île, mais aussi parce que, « depuis que les États-Unis ont révélé la nouvelle par l’intermédiaire de fonctionnaires anonymes, ils ont fait un pas de plus pour saper, de manière secrète à semi-ouverte, les conditions essentielles à l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine continentale et les États-Unis ».

Cette déclaration – menaçant de couper les relations diplomatiques avec les États-Unis – provient de l’éditorial du journal du Parti communiste chinois, le Global Times, du 8 octobre. Ses éditoriaux parlent au nom du gouvernement chinois, au moins autant que les déclarations de la Maison Blanche des États-Unis parlent au nom du gouvernement américain.

L’éditorial chinois poursuit en expliquant que :

« La Chine continentale doit répondre aux nouvelles provocations des États-Unis pour que Washington et l’île de Taïwan prennent pleinement conscience de la gravité de leur collusion. Sinon, la prochaine étape consistera à faire apparaître des militaires américains sur l’île de Taïwan, portant publiquement des uniformes, et leur nombre pourra passer de plusieurs dizaines à plusieurs centaines, voire plus, pour former une garnison américaine de facto sur l’île ».

En d’autres termes : Les « forces d’opérations spéciales » étasuniennes pourraient être tuées lorsque la Chine enverra ses forces militaires à Taïwan pour faire face à l’insurrection qui se produit actuellement dans cette province. La Chine affirme qu’elle enverra ces troupes et ces avions sur l’île avant que l’Amérique ne l’envahisse publiquement, afin d’être en meilleure position pour faire face à l’invasion étasunienne si et quand elle se produit. La Chine vise clairement à éviter qu’il y ait « une garnison américaine de facto sur l’île ». La Chine – si elle doit tuer des troupes étasuniennes sur cette île – veut tuer uniquement les quelques membres des « forces d’opérations spéciales », et non une « garnison ». Elle veut minimiser les dégâts.

Le gouvernement des EU a officiellement reconnu que Taïwan est – comme le dit le gouvernement chinois lui-même – une province de la Chine, et non une nation distincte. Par conséquent, ce que fait actuellement l’administration Biden est en fait une violation de la politique officielle (et de longue date) du gouvernement des EU en la matière.

Comme je l’ai signalé le 14 septembre, sous le titre « La Chine et les États-Unis sont au bord de la guerre » :

« À l’heure actuelle, les néoconservateurs dont Biden s’est entouré menacent de l’accuser d’avoir « perdu Taïwan » si Biden revient sur ses nombreuses menaces à l’égard de la Chine, menaces selon lesquelles le gouvernement des EU reviendrait sur la politique étasunienne d’ « une seule Chine », qui est en vigueur depuis le « communiqué de Shanghai » du 28 février 1972, lorsque le gouvernement des EU a signé avec la Chine la promesse et l’engagement suivants : « Les États-Unis reconnaissent que tous les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan soutiennent qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taïwan fait partie de la Chine. Le gouvernement des États-Unis ne conteste pas cette position. Il réaffirme son intérêt pour un règlement pacifique de la question de Taïwan par les Chinois eux-mêmes ».

Lentement, mais sûrement, le gouvernement des EU a donné, ces dernières années, de plus en plus de signes indiquant qu’il allait abroger cette politique et accorder à Taïwan une reconnaissance officielle et une ambassade à Washington. En agissant ainsi, il s’opposerait de manière flagrante, non seulement au « Communiqué de Shanghai » du 28 février 1972, mais aussi à d’autres politiques officielles des États-Unis.

Prenons par exemple la Crimée, dont le gouvernement des EU exige qu’elle fasse partie de l’Ukraine et non de la Russie. En ce qui concerne la relation entre la Crimée – qui était une province de la Russie entre 1783 et 1954 mais qui a ensuite été soudainement et arbitrairement transférée à l’Ukraine par le dirigeant soviétique Khrouchtchev en 1954 – et l’Ukraine, le gouvernement des EU exige que la Crimée soit ce que Khrouchtchev a arbitrairement décidé qu’elle devienne en 1954 : une partie de l’Ukraine. Les États-Unis ont cette politique bien que les sondages d’opinion publique que le gouvernement étasunien a lui-même fait réaliser auprès des Criméens, tant en 2013 avant le coup d’État étasunien de février 2014 en Ukraine qu’après ce coup d’État, aient montré un soutien public écrasant des Criméens pour que la Crimée soit restituée à la Russie et ne fasse plus partie de l’Ukraine (comme c’était le cas depuis 1954). Le gouvernement des États-Unis exige que les Criméens – qui préfèrent à plus de 90% faire partie de la Russie plutôt que de l’Ukraine – n’aient pas le droit de déterminer leur nationalité, mais que les Taïwanais (qui souhaiteraient surtout ne pas faire partie de la Chine) aient le droit de déterminer leur nationalité). Le gouvernement des EU exige que la Crimée soit restituée à l’Ukraine, ce à quoi les habitants de la Crimée se sont toujours opposés (et s’y opposent encore), mais il exige maintenant que Taïwan ne soit pas restituée à la Chine (qui faisait partie de la Chine depuis 1683 et jusqu’à ce que le Japon conquière Taïwan en 1895 et la conserve jusqu’à ce que Taïwan soit restituée à la Chine en 1945.

« Peut-être que la propagande américaine contre la Chine a eu trop de succès, et qu’elle entraînera un anéantissement nucléaire. Peut-être que les propriétaires de sociétés telles que Lockheed Martin, et de sociétés telles que CNN – les personnes qui ont, effectivement, placé les dirigeants « élus » de l’Amérique au pouvoir – s’avéreront avoir été trop efficaces dans ce qu’ils font. Pour l’instant, cette situation ressemble à un train fou qui se dirige vers un crash catastrophique… »

Les prétentions des EU à soutenir la démocratie dans les affaires internationales sont une fraude manifeste visant à perpétuer l’empire des EU qui s’est établi après la Seconde Guerre mondiale au moyen de nombreuses sanctions, coups d’État et invasions.

Andrew Bacevich, président du Quincy Institute for Responsible Statecraft, titrait le 30 septembre : « “A Horrible Mistake” : Recovering From America’s Imperial Delusions », et il a écrit :

« Plutôt que de prendre parti dans les conflits régionaux – Arabie Saoudite contre Iran, Israël contre Hamas et Hezbollah – les États-Unis devraient se repositionner comme un médiateur véritablement honnête. Plutôt que de critiquer certains pays qui violent les droits de l’homme et d’en épargner d’autres, ils devraient les soumettre tous (et eux-mêmes) à une norme commune. Plutôt que d’inonder la région d’armes de pointe, ils devraient user de leur influence pour réduire les ventes d’armes. Plutôt que de s’opposer de manière sélective à la prolifération nucléaire, ils devraient le faire de manière cohérente et générale. Au lieu de disperser les forces américaines dans la région, ils devraient réduire radicalement le nombre de bases qu’ils y maintiennent. Au maximum, deux devraient suffire : une base aérienne au Qatar et une installation navale à Bahreïn ».

Il en va de même pour des questions telles que Taïwan et la Crimée. Bacevich conclut (en se référant à l’exemple de l’Afghanistan) que,

L’ultime « horrible erreur », pour reprendre l’expression du secrétaire à la Défense Austin, date de l’immédiat après-Guerre froide, lorsque les États-Unis ont succombé à une forme d’auto-intoxication : des illusions impériales alimentées par un engouement pour la puissance militaire.

Les sanctions, les coups d’État et les invasions militaires des EU doivent cesser. Comme le Quincy Institute for Responsible Statecraft pourrait le dire (s’il était plus direct) : ce que le gouvernement des EU fait depuis 1945 n’est pas de la « gestion responsable de l’État ». Ces sanctions, coups d’État et invasions militaires sont, au contraire, des « illusions impériales », comme le dit Bacevich.

Cependant, les milliardaires étasuniens, dont les dons déterminent quels candidats seront politiquement compétitifs pour avoir ne serait-ce qu’une chance d’être nommés afin d’avoir une chance d’être ensuite élus à des postes publics au sein du gouvernement fédéral, sont essentiellement unanimes en faveur de leur complexe militaro-industriel, qui est le domaine le plus rentable dans lequel ils peuvent investir. Par conséquent, le néoconservatisme – qui est l’impérialisme étasunien – est bipartisan et dominant dans les deux partis politiques des EU, chaque parti étant financé par un groupe différent de milliardaires. Ils sont pratiquement unanimes en faveur de l’impérialisme, les deux partis votant massivement au Congrès pour l’impérialisme – à peu près la seule chose qu’ils soutiennent de manière bipartisane – parce que c’est rentable pour les milliardaires qui financent chacun des deux partis (ou équipes) du Congrès. C’est pourquoi Joe Biden poursuit, et généralement intensifie, les politiques étrangères de Donald Trump, et pourquoi Donald Trump avait poursuivi, et généralement intensifié, les politiques étrangères de Barack Obama – tous les présidents des EU récents ont été (et l’actuel est) néoconservateurs (ou impérialistes), quoi qu’ils puissent être par ailleurs. Un exemple : le 10 janvier 2021, juste avant la fin de la présidence Trump, Zero Hedge titrait « La politique d’une seule Chine à Washington est morte alors que Pompeo lève les restrictions sur les relations entre les États-Unis et Taïwan ». Biden ne fait qu’intensifier la politique de Trump à l’égard de la Chine.

En fait, cet impérialisme a été énormément profitable aux milliardaires étasuniens, et en particulier à ceux qui ont le plus investi dans les industries de la « défense ». Cela a été le cas de la manière la plus claire et la plus flagrante après que la « justification » « idéologique » (l’anticommunisme) du début de la Guerre froide par Truman et Eisenhower, en 1945, eut pris fin en 1991. À partir de 1990 environ – la même période où George Herbert Walker Bush a commencé à donner des instructions secrètes aux « alliés » des EU pour que la guerre froide se poursuive du côté étasunien même après que l’Union soviétique se fut désintégrée, eut mis fin à son communisme et eut terminé sa partie de la Guerre froide – les « rendements cumulatifs, indexés à 1951 » pour l’ensemble du « marché » des actions par rapport aux » industries » par rapport à la » Défense « . Ces trois segments, qui avaient auparavant évolué en tandem, ont fortement divergé après 1990, de sorte que le secteur de la défense s’est envolé depuis, beaucoup plus rapidement que les deux autres secteurs, qui ont tous deux continué d’évoluer en tandem après 1990 (marché et secteur industriel). C’est en 1990 que les valorisations boursières des producteurs d’armement ont soudainement décollé, laissant le reste de l’économie de plus en plus à la traîne. Cela signifie que la décision de G.-H. Bush d’aller chercher du sang, au lieu de servir les besoins du peuple des EU, a été largement profitable pour l’aristocratie du pays. Il est également intéressant de noter que la période qui a suivi 1990 a été celle où le gouvernement s’est de plus en plus impliqué dans l’invasion du Moyen-Orient. Le marché de l’armement s’est développé à pas de géant.

Cependant, après 2020, les gouvernements des EU et ceux des alliés semblent se recentrer à nouveau sur la « compétition entre grandes puissances » (y compris les sanctions et autres opérations visant à promouvoir un « changement de régime » contre tout gouvernement qui ne coopère pas avec les efforts du régime étasunien contre ce qu’il déclare être « les ennemis de l’Amérique »). Ils assimilent maintenant ouvertement la « concurrence » économique contre de telles cibles, comme étant quelque chose qu’il est légitime de traiter, même par des moyens militaires. Ils présument ouvertement que l’armée doit servir leurs milliardaires et non plus la défense « nationale » (c’est-à-dire publique). Ils présument ouvertement que l’impérialisme est juste, et qu’il est normal que les nations se battent entre elles afin d’enrichir davantage leurs aristocraties respectives.

C’est à cela que sert en réalité le soutien du gouvernement des EU à l’indépendance de Taïwan : rendre les milliardaires étasuniens encore plus riches.

L’article de Gideon Rachman paru dans le Financial Times le 12 octobre 2021, intitulé « Le moment de vérité sur Taïwan se rapproche », fournit une excellente documentation sur le fait que la classe dominante étasunienne (y compris ses médias) a extrêmement bien réussi ces dernières années à accroître la négativité de l’opinion publique étasunienne à l’égard du gouvernement chinois, et que ce succès a augmenté la pression exercée sur le président Biden pour qu’il entre en guerre contre la Chine. Cependant, Rachman a omis de noter que, le 26 juillet 2021, le site d’information militaire étasunien DefenseOne avait titré, à propos des jeux de guerre américains qui venaient de se terminer contre la Chine, « “Cela a misérablement échoué” : après la perte de Wargaming, les chefs interarmées révisent comment l’armée des EU se battra », et ils ont rapporté que si la « révision » des chefs d’état-major réussit, ce ne sera pas avant 2030, au plus tôt. Ainsi, si les États-Unis envahissent bientôt la Chine, les forces armées des EU perdront probablement cette guerre et la pression exercée sur Biden pour qu’il utilise l’arme nucléaire contre la Chine deviendra alors énorme, afin de transformer cette défaite en « victoire ».

Peut-être que la propagande anti-chinoise des États-Unis a eu trop de succès et qu’elle entraînera un anéantissement nucléaire. Peut-être que les propriétaires d’entreprises telles que Lockheed Martin et de sociétés telles que CNN – les personnes qui ont effectivement placé les dirigeants « élus » de l’Amérique au pouvoir – s’avéreront avoir été trop efficaces dans leur travail. Pour l’instant, cette situation ressemble à un train fou qui se dirige vers un accident catastrophique.

La question qui se pose aujourd’hui est peut-être la suivante : dans quelle mesure les milliardaires étasuniens insistent-ils vraiment pour que leur gouvernement devienne le tout premier empire mondial englobant à 100%, dictant sa loi à toutes les autres nations ? Sont-ils prêts à risquer l’anéantissement nucléaire pour cet objectif suprématiste suprême ? Après le coup d’État réussi des États-Unis contre l’Ukraine en 2014, ils ont acheté de luxueux et profonds bunkers souterrains pour se préparer à cela (la Troisième Guerre mondiale). Mais est-ce vraiment le type de monde dans lequel ils veulent vivre – et mourir ? Telle est la question.

source

traduit par Avic pour Réseau International

»» https://reseauinternational.net/la-chine-estime-que-la-guerre-entre-le…

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

About the Author: Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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