Attendez un peu avant de vous détester

Attendez un peu avant de vous détester

La crise sanitaire se prolonge. Les privations – consenties ou imposées – pèsent de plus en plus. La patience des uns et des autres tire à sa fin. Entre vaccinés et non-vaccinés, le ton se durcit. Sur la scène politique, la tension monte.

Dans ce contexte, les meilleures relations sont mises à l’épreuve. Des proches qui avaient une relation chaleureuse en viennent à se détester. C’était déjà vrai quand on parlait des mesures de confinement et ça devient beaucoup plus vrai maintenant qu’on parle de passeport vaccinal et d’obligation vaccinale. Les enjeux ne sont ni légers ni abstraits. On parle de gens qui sont exclus et de gens qui perdent leur emploi. On parle de gens qui souffrent et de gens qui meurent.

Divisions durables ou temporaires ?

Je vois des relations qui se brisent. J’ignore si ces cassures seront durables ; peut-être que plusieurs réconciliations viendront naturellement après la crise. Mais peut-être pas. Et peut-être que la crise se prolongera durant des années. Quand une relation se brise, rien n’est certain pour son futur.

Avant de se dissocier de gens qu’on aime, il faut conclure qu’on a eu tort de les aimer. Ce n’est pas impossible mais c’est rare. Beaucoup plus rare qu’on le suppose quand on se laisse entrainer dans les exaspérations collectives de la crise sanitaire.

Mais pourquoi les relations se brisent-elles ? En quoi une opposition au sujet de la crise sanitaire compromet-elle les fondements d’une relation ?

J’avance cette question rhétorique en sachant que les réponses sont nombreuses. La crise sanitaire touche plusieurs de nos valeurs les plus intimes. La solidarité, la sécurité, la liberté, la conscience sociale et l’autonomie corporelle sont toutes impliquées par cette crise. Quand on s’oppose au sujet de la crise, on s’oppose au sujet de plusieurs enjeux cruciaux.

Pourtant… Pourtant…

Les opinions des gens (les miennes aussi, bien sûr) sont dues en large partie aux accidents de leur vie personnelle. La personne abandonnée craint l’isolement. La personne abusée craint la contrainte. La personne vulnérable craint l’imprévu. La personne honteuse craint l’humiliation.

Souvent, l’écart de nos opinions n’est pas tant dû à des valeurs différentes qu’à des parcours différents.

Pour s’en convaincre, il suffit de donner le bénéfice du doute aux gens auxquels on s’oppose. On peut présumer que nos opposants sont tous stupides et égoïstes. Cette présomption est facile mais, de façon générale, elle ne correspond pas à la réalité.

Chercher à (se) comprendre

Les gens sont complexes. Les gens sont insaisissables. On ne peut pas vraiment comprendre les gens différents de nous. Je ne suis pas sûr qu’on puisse comprendre quelqu’un d’autre que soi-même. Si je voulais sombrer dans la croissance personnelle (oh que non !), je poserais la question à savoir si on peut se comprendre soi-même.

Bref, je ne comprends pas les gens différents de moi. Parfois, ils me paraissent stupides et égoïstes. D’autres fois, je suis touché par leur sensibilité et par leur courage. D’autres fois encore, je leur découvre des qualités que je ne suspectais pas et que je ne possède pas. Des fois, je réalise que c’est moi qui ai été stupide et égoïste. La vie humaine est troublante.

Tout ça pour dire que, avant de rompre des relations, il faut être bien certain que la réalité correspond aux implications qu’on suppose. Avant de se dissocier de gens qu’on aime, il faut conclure qu’on a eu tort de les aimer. Ce n’est pas impossible mais c’est rare. Beaucoup plus rare qu’on le suppose quand on se laisse entrainer dans les exaspérations collectives de la crise sanitaire.

C’est pourquoi je vous implore : attendez plus longtemps avant de vous détester. Nous sommes tous sous pression. Nous sommes tous à fleur de peau. Maintenant n’est pas le bon moment pour décider que certaines de nos relations ne méritent plus d’être maintenues. Cette crise va peut-être se prolonger durant des années additionnelles, mais nos relations ont des ramifications beaucoup plus vastes encore. Nos relations se déploient sur des vies entières, sur des générations entières.

Donnez le bénéfice du doute et attendez. Attendez longtemps.

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