La fausse « paix linguistique » des anglo-Québécois

La fausse « paix linguistique » des anglo-Québécois

Quand les leaders de la communauté anglo-québécoise ressortent le vieux disque usé de la pseudo «paix linguistique» qu’ils chérissent tant, leur jupon dépasse largement. Cette fausse « paix » est, en réalité, une autre façon de décrire les longues périodes de torpeur linguistique des francophones, ces interminables décennies où ils se tiennent tranquilles sur ce front et laissent agir librement les forces du marché de l’anglicisation.

Or, devant les statistiques alarmantes du déclassement du français au cœur même du Québec, l’heure du réveil a sonné. Si les francophones n’ont que très peu de contrôle sur leur minorisation dans l’ensemble canadien, ils peuvent néanmoins la ralentir dans ce morceau du Canada qu’on appelle le Québec. Et chaque fois qu’ils veulent occuper tout l’espace qui leur revient dans leur carré de sable, les anglophones sont terrifiés. Normal : ils se sont habitués à vivre confortablement dans des maisons trop grandes pour eux et à occuper graduellement des pièces auparavant dévolues aux francophones. À l’opposé, les francophones hors Québec, eux, doivent se contenter d’être tolérés dans de fragiles cabanons sur pilotis qu’on condescend à leur laisser.

Les francophones a mari usque ad mare savent depuis longtemps que le deal canadien est en fait un marché de dupes qui repose sur le consentement à leur minorisation graduelle, mais constante dans le grand tout canadien. Passer de 40 % de la population totale du pays vers 1850 à moins de 23 % en 2021, selon la principale langue officielle parlée, n’est pas un détail insignifiant ni un accident de l’histoire.

Quand Russell Copeman, directeur général de l’Association des collèges anglophones du Québec, a conseillé au gouvernement lors des audiences du projet de loi 96 de maintenir le droit permanent à l’école anglaise pour les enfants des travailleurs étrangers temporaires pour préserver la «paix linguistique», il s’est plaint le ventre plein.

Non, M. Copeman, désolé : pour la deuxième fois depuis 1977, les moutons canadiens-français du Québec vont troubler votre si précieuse paix linguistique parce qu’ils ne sont pas prêts à disparaitre uniquement pour défendre votre quiétude. Mais ne vous en faites pas : au terme du processus, soyez convaincus que vous aurez encore plus de privilèges que les francophones hors Québec, d’égal à égal avec les autres Québécois.

Mais d’ici là, pour ne pas nous empêcher de tenter de freiner le recul du français, vous devrez mettre plus d’eau dans votre vin que vous ne l’auriez cru.
 

 
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