La répression chinoise contre « l’opium spirituel » des jeux fait partie d’une grande révolution sociale qui oppose le collectivisme à l’individualisme

La répression chinoise contre « l’opium spirituel » des jeux fait partie d’une grande révolution sociale qui oppose le collectivisme à l’individualisme

Les Chinois nous disent : « Nous vivons une nouvelle ère fascinante de réformes socialistes, très ambitieuse et radicale, qui ne vise qu’un seul résultat : gagner la bataille technologique contre l’Amérique ».

L’ampleur de la révolution sociale de Xi Jinping s’intensifie chaque jour, et rien ne semble à l’abri de sa portée. En plus de la réorganisation spectaculaire des cours particuliers, de la mise à mal des grandes entreprises technologiques et de la campagne contre la culture des célébrités, l’État chinois s’intéresse désormais à ce qu’il perçoit comme un excès de jeux chez les jeunes. De nouvelles réglementations strictes visent à limiter leurs activités sur les plateformes de jeux à seulement trois heures par semaine, en les décrivant comme un « opium spirituel » et en soulignant qu’elles ont un impact négatif sur leur santé mentale, tout en cherchant à faire en sorte que les enfants se concentrent davantage sur leur éducation.

Il s’agit d’un nouvel effort pour aligner la société chinoise sur ses priorités nationales, et d’une nouvelle indication que les intérêts des « grandes entreprises » ne représentent pas toujours les intérêts de la société dans son ensemble, comme de nombreux pays occidentaux le supposent habituellement. George Soros a récemment exprimé son inquiétude, mais c’est probablement plus un signe que la Chine est sur la bonne voie qu’autre chose.

Dans le contexte, l’évolution et la croissance des jeux vidéo ont complètement changé nos vies et notre façon de nous divertir. En l’espace d’une quarantaine d’années, les jeux vidéo et les consoles ont transformé les activités récréatives et les passe-temps de millions de personnes, reléguant les « jeux de société familiaux » classiques au rang d’antiquités. Tous les enfants des années 1990 ont grandi avec différentes consoles, de la Playstation à la Nintendo, en passant par la XBox et les plateformes en ligne massives comme Stream. Outre son impact sur les modes de vie, le jeu moderne a également donné naissance à une méga industrie qui se chiffre en centaines de milliards.

La répression chinoise contre « l’opium spirituel » des jeux fait partie d’une grande révolution sociale qui oppose le collectivisme à l’individualisme

La Chine possède une énorme part de ce gâteau. Mais c’est là que réside le problème aux yeux de Xi. L’industrie des jeux vidéo s’efforce de perpétuer ses produits et d’accaparer une part toujours plus grande du temps et des ressources des jeunes, même si cela perturbe leur développement social et éducatif. Si les jeux sont amusants et divertissants, ils ne correspondent pas au monde réel. Les efforts qui y sont déployés ne débouchent jamais sur quelque chose de tangible ou de valable, et c’est pourquoi la Chine s’y oppose fermement, en disant effectivement « ça suffit : les enfants doivent se concentrer sur les vraies priorités de leur vie ». Et la priorité numéro un est l’éducation, pas l’univers fantastique des jeux.

C’est une mauvaise nouvelle pour les plus grands conglomérats chinois du secteur des jeux, tels que Tencent, qui ont déjà subi les contrecoups du vaste remaniement opéré par Pékin, mais il y a là une sagesse innée, liée à l’intensification de la lutte technologique entre la Chine et les États-Unis et à sa propre vision du développement.

La répression chinoise contre « l’opium spirituel » des jeux fait partie d’une grande révolution sociale qui oppose le collectivisme à l’individualisme

Cette sagesse est la suivante : la Chine devrait développer de meilleures entreprises de semi-conducteurs, d’intelligence artificielle et de puces technologiques haut de gamme, et non des entreprises de jeux vidéo de plus en plus grosses. S’il y a un message qui ressort des événements de ces derniers mois, c’est que la force économique d’un pays ne se définit pas seulement par le nombre de « Mark Zuckerberg » qu’il possède. Xi articule sans relâche une vision directe et claire de l’économie chinoise et utilise les principes socialistes pour la défendre. Il a décidé que certaines choses sont plus importantes que d’autres pour l’économie de la Chine et son développement stratégique.

Il ne s’agit pas simplement de savoir qui a le plus de milliardaires ou les plus grandes entreprises, mais le défi avec les États-Unis signifie qu’il y a un domaine très spécifique dans lequel le pays doit exceller, et son avenir stratégique et son succès en dépendent. C’est pourquoi Xi s’est attaqué aux jeunes et aux habitudes de jeu dans le cadre de son approche globale de l’éducation, qui a également mis fin au soutien scolaire à but lucratif.

Mais comment cette limite de trois heures va-t-elle être appliquée ? Qui dira aux enfants « tu as eu tes trois heures, éteins maintenant ! », surtout si les parents ne sont pas coopératifs ? La Chine va sans aucun doute faire peser la charge réglementaire sur les sociétés de jeux pour qu’elles l’appliquent, et les punira si elles ne le font pas. Compte tenu de la manière dont la Chine moderne gère l’identité et les données, les gens pourraient être obligés de s’inscrire sur des plateformes de jeux pour vérifier leur âge et leurs documents d’identité, qui limiteront ensuite leur temps en conséquence. Il existe sans doute des moyens de contourner ces limites – il suffit de demander aux centaines de millions de Chinois qui utilisent des VPN (réseaux privés virtuels qui masquent votre identité réelle ou votre localisation) – et l’efficacité de cette mesure n’est pas claire, et elle dépend en grande partie de la volonté des parents d’être responsables et de discipliner leurs enfants.

La répression chinoise contre « l’opium spirituel » des jeux fait partie d’une grande révolution sociale qui oppose le collectivisme à l’individualisme

En résumé, la Chine dit clairement qu’elle ne veut pas, n’a pas besoin et n’apprécie pas les joueurs. Il s’agit d’un passe-temps qui est fondamentalement une distraction, quelque chose qui est acceptable avec modération, mais pas en tant qu’addiction à grande échelle, étant donné qu’il a une faible valeur sociale. En le qualifiant d’ « opium spirituel », la Chine évoque métaphoriquement un puissant souvenir historique : elle est enfermée dans une nouvelle « guerre de l’opium » contre l’Occident, avec une série de pays qui veulent imposer leurs préférences idéologiques, économiques et stratégiques à la Chine, tout comme les Britanniques ont cherché à le faire au XIXe siècle avec leurs exportations de drogue depuis le sous-continent indien.

Mais cette fois, Pékin a décidé que ce type d’asservissement ne pourra plus jamais se reproduire. Xi ne veut pas d’une société de joueurs, il veut une société d’ingénieurs, de scientifiques, de médecins et d’innovateurs ; le genre de personnes qui peuvent faire en sorte que Pékin gagne la course technologique et prenne le dessus dans la lutte avec l’Amérique. Ce faisant, il utilise les principes les plus forts du collectivisme contre la nature individualiste des sociétés occidentales, où les enfants font à peu près ce qu’ils veulent. Il s’agit d’une nouvelle ère de réforme socialiste, très ambitieuse et radicale sans équivoque. Il s’agira d’une expérience fascinante.


source : https://katehon.com

via http://euro-synergies.hautetfort.com

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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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