L’Iran et ses alliés comptent sur les accords passés par Soleimani avec les Taliban

L’Iran et ses alliés comptent sur les accords passés par Soleimani avec les Taliban

par Suadad al-Salhy.

Les Taliban ont promis à Téhéran que les chiites afghans seraient protégés. S’ils devaient rompre leur promesse, les paramilitaires irakiens jurent de défendre leurs coreligionnaires.

La réaction à la prise de pouvoir par les Taliban fut prompte. En début de semaine dernière, les paramilitaires irakiens soutenus par les Iraniens se sont montrés menaçants, laissant entendre qu’ils étaient prêts à se rendre en Afghanistan à tout moment pour protéger les Afghans chiites contre les Taliban.

Puis, quelques jours plus tard, ils ont commencé à se rétracter, et la pression a considérablement baissé.

Des commandants, politiciens et religieux irakiens ont expliqué à Middle East Eye que l’Iran avait donné à ses alliés (paramilitaires et factions politiques) des instructions strictes : ils ne sont pas censés jouer le moindre rôle en Afghanistan et ne doivent interférer en aucune manière sous aucun prétexte.

« Ce problème ne peut pas être résolu par l’action militaire. La bataille est perdue et envoyer toute force armée chiite là-bas maintenant signifie l’extermination de la communauté chiite en Afghanistan » ~ Un haut commandant irakien

Lorsque les Taliban contrôlaient Kaboul par le passé, avant le 11 septembre et l’invasion américaine de 2001, ils étaient un farouche ennemi de la République islamique.

Les choses ont toutefois changé ces dernières années et Téhéran n’a aujourd’hui absolument pas l’intention de laisser s’effondrer les accords de longue date et difficilement acquis avec les Taliban, en particulier maintenant que ce groupe sunnite fondamentaliste contrôle l’ensemble de l’Afghanistan et se prépare à réévaluer ses relations à travers la région.

Et si les véritables intentions des Taliban à l’encontre des chiites afghans restent à déterminer, l’Iran fait savoir à ses alliés que les persécutions de jadis ne se répèteront pas – du moins pour l’instant.

Après des entretiens avec des sources situées de Bagdad à Kaboul, Middle East Eye est en mesure de révéler :

  • que l’Iran a des garanties de la part des Taliban concernant la sécurité de la minorité chiite  ;
  • que Qasem Soleimani avait personnellement conclu des accords avec les Taliban en 2015 ;
  • que ces accords prévoient le financement et la formation de l’organisation par les Gardiens de la révolution ; et
  • que Téhéran a promis d’empêcher la Division des Fatimides de rentrer en Afghanistan.

La relation de l’Iran avec les Taliban remonte à plusieurs décennies et vacille entre hostilité et alliance. Si les Taliban n’ont émergé qu’en 1994, leurs prédécesseurs avaient des liens durables avec le voisin occidental de l’Afghanistan.

Lors de l’occupation soviétique de l’Afghanistan, les Iraniens ont soutenu les mouvements de résistance islamique – envoyant plus tard des officiers des Gardiens de la Révolution par-delà la frontière pour former et conseiller les moudjahidines afghans, dont certains ont plus tard rejoint les Taliban.

Soleimani, commandant de l’unité d’élite iranienne chargée des opérations extérieures qui a été assassiné par les États-Unis l’année dernière, figurait parmi eux jusqu’à la fin des années 1990.

En 1998, la relation entre l’Iran et les Taliban s’est totalement dissoute après l’assassinat par ces derniers d’une dizaine de diplomates et d’un journaliste iraniens en Afghanistan.

« Les Taliban seront patients et vont respecter leurs engagements jusqu’à ce qu’ils prennent le contrôle de toutes les provinces » ~ Nasir Ahmad Hossaini, professeur d’université, Kaboul

La répression des Taliban à l’encontre de la minorité chiite afghane (qui constitue aujourd’hui environ 20% de la population) n’a fait qu’envenimer leurs relations.

Mais en 2015, avec l’émergence d’un groupe affilié à l’État islamique (EI) en Afghanistan, une délégation de dirigeants Taliban s’est rendue à Téhéran pour discuter de l’ouverture d’un bureau politique là-bas, et une page a commencé à se tourner.

Cette année-là, Soleimani s’est lui aussi rendu en Afghanistan, concluant plusieurs accords avec les chefs Taliban, selon des commandants irakiens de factions armées soutenues par l’Iran qui étaient proches du général.

Ces accords étaient divers et variés. Il s’agissait notamment d’empêcher la création de bases militaires américaines près de la frontière iranienne, de mettre un terme à la contrebande de drogue vers le Golfe via l’Iran, de multiplier et d’accroître l’intensité des attaques visant les forces américaines déployées en Afghanistan et de cesser totalement les attaques contre les Afghans chiites.

En contrepartie, l’Iran a promis d’apporter un soutien financier et technique illimité aux Taliban. L’Iran a envoyé des officiers des Gardiens de la Révolution pour entraîner et conseiller les combattants Taliban, et leur a permis d’établir des camps et des refuges pour les dirigeants du groupe au sein des frontières iraniennes.

Téhéran a également promis de s’assurer que la Division des Fatimides, la plus acharnée des milices chiites afghanes soutenues par les Iraniens, ne revienne pas en Afghanistan depuis la Syrie, ont déclaré ces commandants à MEE.

« Depuis lors, les Taliban n’ont plus visé les chiites là-bas et l’ensemble des attaques contre eux ont été menées par l’État islamique », indique un haut commandant d’une faction armée qui était très proche de Soleimani.

Les médias iraniens et des gens proches de l’Iran avec qui MEE s’est entretenu affirment que la majorité des Taliban ne sont pas des sunnites fondamentalistes mais en réalité des soufis, essayant ainsi de dépeindre l’État islamique et al-Qaïda comme les seuls extrémistes. Le commandant a lui aussi avancé ce discours, rejeté par l’ensemble des sources afghanes.

« La majorité des Taliban sont des soufis et n’ont aucun problème idéologique avec les chiites, ce sont eux qui ont conclu des accords avec Soleimani », assure-t-il.

« Le problème, ce sont les Taliban salafistes. Ils ont rejoint al-Qaïda et l’État islamique et sont responsables de la plupart des attaques contre les chiites ces dernières années ».

« Les chiites sont désormais en sécurité »

Jusqu’à son renversement par l’invasion américaine en 2001, le régime taliban en Afghanistan était connu pour sa brutalité exceptionnelle. Maintenant qu’il a repris le pays, nombreuses sont les craintes pour les droits de l’homme dans le pays. En outre, les femmes, les journalistes, les minorités religieuses et ethniques ainsi que quiconque a travaillé avec l’Occident sont désormais en danger.

Les Hazaras, troisième groupe ethnique en Afghanistan, constituent l’épine dorsale de la minorité chiite et se concentrent dans les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan, en particulier dans les provinces de Hérat, Kaboul, Bâmiyân, Helmand, Ghazni et Mazar-e-Charif.

Les Taliban ont toujours considéré les chiites comme des infidèles et en ont tué des milliers ces dernières décennies. La prise de contrôle des Taliban a donc suscité la panique dans les cercles religieux et politiques chiites de Nadjaf et Bagdad la semaine dernière.

Les groupes armés soutenus par les Iraniens, se sentant de plus en plus écartés depuis que les États-Unis ont commencé à négocier avec Téhéran pour qu’il rejoigne l’accord sur le nucléaire, ont saisi cette occasion de prendre part à l’histoire mondiale en promettant de protéger les chiites.

Aujourd’hui cependant, leurs médias perpétuent l’idée que les Taliban ont changé, sont modérés, ne viseront pas les chiites comme ils l’ont fait par le passé. La campagne médiatique insiste sur le fait que la prise de pouvoir des Taliban est une défaite écrasante des États-Unis et une victoire pour l’Islam.

« Les chiites là-bas n’ont désormais plus à craindre des attaques de la part des Taliban. L’Iran a conclu une série d’accords avec les Taliban il y a plusieurs années qui incluent le fait de ne pas attaquer les chiites. Et les choses se passent conformément à ces accords, jusqu’à présent », a déclaré à MEE un haut commandement de faction armée soutenue par les Iraniens.

« Les factions armées irakiennes ou non ont l’interdiction d’interférer à ce stade. Les Iraniens nous l’ont dit ouvertement lors de notre réunion avec eux il y a quelques jours à Bagdad ».

Au cours de cette réunion, les Iraniens ont expliqué à leurs alliés que les villages chiites étaient vulnérables et que les Taliban pourraient aisément les « annihiler » si l’accord de l’Iran s’effondrait.

« Ce problème ne peut pas être résolu par l’action militaire. La bataille est perdue et envoyer toute force armée chiite là-bas maintenant signifie l’extermination de la communauté chiite en Afghanistan. C’est ce que les dirigeants iraniens ont déclaré en réponse à nos questions », rapporte ce commandant.

« Les commandants qui se sont précipités pour offrir leurs services n’étaient pas conscients de ce qui se passait, donc ils ont fini par garder le silence ».

« Les ordres sont désormais de rester calmes et d’attendre, l’événement étant décrit dans les médias comme une défaite américaine et la leçon étant que les agents et les collaborateurs de l’Amérique paieront le prix lorsque l’Amérique partira et se retirera de l’Irak sous peu ».

« Le message est passé et tout le monde en Irak l’a bien reçu et l’a bien compris ».

Calme nerveux

Depuis deux semaines, les Taliban cherchent à rassurer les communautés chiites dans les villes principales où elles sont situées, en particulier Kaboul, Mazar-e-Charif, Ghazni et Kandahar.

Les chefs Taliban se sont excusés auprès de la communauté chiite après que leurs combattants ont abaissé des drapeaux chiites dimanche dernier. Certains chefs Taliban se sont empressés de se rendre à des rassemblements chiites pour les rassurer et participer aux rituels annuels d’Achoura.

Jeudi, les commémorations d’Achoura en Afghanistan se sont poursuivies dans la nervosité, mais dans la paix.

Mawlawi Najibullah, chef du comité taliban d’Orientation et de la Daawa de la province de Hérat, a publié une décision mardi – dont MEE a obtenu une copie – interdisant le harcèlement des processions et mosquées chiites locales.

Malgré cela, l’inquiétude et la nervosité prévalent dans la ville sainte irakienne de Nadjaf, centre du monde chiite et lieu qui abrite une grande communauté d’Afghans, des étudiants en religion pour la plupart.

« Nos étudiants nous ont dit que les dirigeants chiites avaient reçu des garanties de la République islamique d’Iran selon lesquelles les Taliban ne les attaqueraient pas s’ils s’engageaient à maintenir le calme et à ne pas résister » ~ Cheikh Khaled al-Hamdani, professeur au séminaire de Nadjaf

« Nous étions très inquiets pour nos étudiants et leurs familles, en particulier à Kaboul, Kandahar et Mazar-e-Charif. Nous avons contacté le bureau des écoles [religieuses] à Kandahar et les bureaux des marjiya [membres du clergé] dans les autres villes. Ils nous ont annoncé qu’il n’y avait pas de problème jusqu’à présent et que la vie suivait son cours », rapporte à MEE le cheikh Khaled al-Hamdani, professeur au séminaire de Nadjaf en charge des étudiants étrangers.

« Nos étudiants nous ont dit que les dirigeants chiites avaient reçu des garanties de la République islamique d’Iran selon lesquelles les Taliban ne les attaqueraient pas s’ils s’engageaient à maintenir le calme et à ne pas résister ».

À Mazar-e-Charif, les combattants Taliban sont entrés dans la province conformément à un accord supervisé par l’Iran, ont expliqué des sources à MEE.

L’Iran a ordonné aux combattants du parti Hazara al-Wahdat, qui appartenaient aux forces antiterroristes afghanes officielles, de se retirer au profit des Taliban, conservant leurs armes jusqu’à nouvel ordre, selon les sources de Nadjaf et Kaboul.

« Les Taliban craignent que le conflit prenne un tournant ethnique qui serait plus sanglant qu’un conflit confessionnel », indique Hamdani.

Certains redoutent qu’en cas de conflit ethnique avec les Hazaras, d’autres groupes d’Afghanistan se retournent contre les chiites, pas uniquement les Taliban.

« Les Taliban ne considèrent pas les Hazaras comme indigènes et remettent en cause leurs origines. Si le conflit passe de confessionnel à ethnique, cela signe la fin des Hazaras », estime Hamdani.

Des appels à une intervention de Sistani

La situation à Nadjaf est tendue et le grand ayatollah Ali al-Sistani, chef de la communauté chiite, observe de près l’Afghanistan.

Sistani a le pouvoir de mobiliser les chiites à tout moment, comme il l’a fait lorsque l’État islamique a assailli l’Irak en 2014. Cependant, il ne devrait pas interférer d’une quelconque façon en l’état actuel des choses, ont indiqué à MEE des chercheurs, des dirigeants de factions armées soutenues par les Iraniens et des religieux proches de l’ayatollah.

« Certaines personnes demandaient aux marjiya de Nadjaf, en particulier monsieur Sistani, d’intervenir et de lancer une fatwa au djihad ou de se servir de sa réputation mondiale pour défendre la minorité chiite d’Afghanistan », indique Ali al-Madan, chercheur irakien spécialiste de la pensée religieuse et des mouvements de l’Islam politique.

« Il est peu probable qu’il réponde favorablement. Un tel comportement ne viendra pas de Sistani. Il sait que les chiites là-bas sont en infériorité numérique par rapport aux autres confessions et ethnies, et qu’ils n’ont pas les capacités de se battre ».

Madan note également que Sistani a construit sa réputation sur les appels au pluralisme, à la tolérance et à la coexistence pacifique entre les religions et les confessions et que cela serait remis en cause s’il interférait pour défendre uniquement les chiites.

« Je pense qu’il mettra sa réputation en jeu pour quelque chose de bien plus grand et appellera à des efforts internationaux concertés pour protéger l’ensemble des Afghans et garantir leur droit », précise-t-il.

Véritable visage

Lors des commémorations d’Achoura la semaine dernière, les étudiants afghans de Nadjaf ont appelé anxieusement leurs proches à Kaboul, Mazar-e-Charif, Bâmiyân et Helmand, qui les ont rassurés : jusqu’à présent, la situation reste relativement calme et les rituels chiites ont été autorisés à se poursuivre paisiblement.

« Tout le monde là-bas est d’accord pour ne pas affronter les combattants Taliban et attendre la formation d’un nouveau gouvernement qui comprendra des représentants chiites », a déclaré un étudiant à MEE.

Toutefois, les commandants des factions armées irakiennes ont prévenu que ce calme ne tenait qu’à la capacité des Taliban à contrôler leurs combattants.

Les dirigeants Taliban s’efforcent de projeter l’image d’une organisation plus tolérante et inclusive qu’elle ne l’était par le passé. Cependant, des informations selon lesquelles des combattants mèneraient des purges et s’en prendraient aux femmes, aux journalistes et aux personnes associées à l’Occident émergent déjà.

Mercredi, au moins trois personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans la ville de Jalalabad, à 150 km à l’est de Kaboul, lorsque les militants Taliban ont tiré sur des habitants qui manifestaient contre le retrait du drapeau national par l’organisation, selon des témoins.

Quelques heures plus tard, les militants Taliban ont fait exploser la statue du dirigeant hazara assassiné Abdoul Ali Mazari, qui a combattu les Taliban dans les années 1990, a rapporté un témoin oculaire à MEE par téléphone. Mazari a été tué par les Taliban en 1995 avec un certain nombre de ses camarades après avoir été kidnappés et torturés.

Dans le même temps, Amnesty International a révélé vendredi que les combattants Taliban avaient massacré neuf Hazaras entre le 4 et le 6 juillet dans la province de Ghazni.

Les chercheurs et commandants de factions armées en Irak et Afghanistan disent croire que les Taliban ne pourront prétendre longtemps avoir adopté un comportement incompatible avec leur idéologie et que ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne révèlent leur vrai visage.

« Les Taliban seront patients et respecteront leurs engagements jusqu’à ce qu’ils prennent le contrôle de toutes les provinces », déclare à MEE Nasir Ahmad Hossaini, professeur d’université, depuis Kaboul.

« Ils changeront peut-être leur politique après cela. Ce n’est qu’une question de temps ».


source : https://www.middleeasteye.net

traduit par VECTranslation

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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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