Ah, oui ! La question de « l’expertise »

Ah, oui ! La question de « l’expertise »

par Andrei Martyanov.

Bryan MacDonald – un homme qui a inventé un terme brillant – la Russophrénie – écrit (avec l’aimable autorisation de Patrick Armstrong et de ses Rapports de Situation sur la Russie dans son twitter).

« Une chose qui ne cesse de surprendre est la façon dont tant « d’experts de la Russie » occidentaux ne semblent pas comprendre la simplicité de la politique étrangère russe contemporaine. L’idéologie ne l’intéresse pas ».

Eh bien, c’est clair pour Bryan, pour moi et pour d’autres, mais pas pour D.C. ou Bruxelles, parce que, comme cela a été répété ad nauseam, ils sont incompétents là-bas.

Il est évident que la plupart des « experts » de la Russie à D.C. ne sont pas au courant de la dramaturgie russe (ils préfèrent la médiocrité de Soljenitsyne ou la prose médiocre de Pasternak), mais s’ils l’étaient, ils prêteraient certainement attention à une célèbre pièce à New York de 1868 d’Alexandre Ostrovsky « Assez de stupidité dans chaque homme sage », la pièce a été jouée sous le titre « Le journal d’une canaille ».

La pièce aurait pu être aussi bien écrite et mise en scène aujourd’hui à D.C. et dans ses environs, notamment en ce qui concerne les cadres des « experts de la Russie » qui s’y trouvent – des manipulateurs à double jeu avec les vanités des marais de Bruxelles et de Washington. Un environnement parfait pour perpétuer des non-sens et des mensonges purs et simples, qui conduisent à cette stupidité de sages, pour la plupart autoproclamés, qui prennent le pouvoir. Il est également parfait pour ne pas comprendre des choses très simples, comme la politique étrangère de la Russie.

Bernard Henry-Levy est un néocon franco-juif, pseudo-universitaire et, en général, pas très intelligent (mais bon démagogue), il est aussi très agressif, comme c’est souvent le cas avec les activistes qui n’ont aucune expérience militaire mais un solide pedigree mondialiste, et maintenant il essaie de pousser le fils de feu Ahmad Shah Massoud à prendre la place de son père assassiné et à faire du Panjshir le centre de la résistance aux Taliban. Bien sûr :

« Ahmad Massoud, aujourd’hui âgé d’une trentaine d’années, a relevé le flambeau de son père fin 2019, tentant de rallier ses partisans et de les préparer à un éventuel assaut des Taliban à la suite du retrait prochain de l’OTAN. En mai, les services de renseignement occidentaux se seraient abstenus de coopérer formellement avec lui, mais auraient gardé le contact.

Outre la loyauté qu’évoque son nom, il bénéficie de l’éducation militaire et politique qu’il a reçue dans diverses écoles prestigieuses du Royaume-Uni. Il a également un allié de poids en la personne du philosophe français Bernard-Henri Levy, qui était un ami personnel du Lion du Panjshir. En fait, l’appel aux armes du Washington Post commence par une anecdote sur la façon dont Levy a dit à Shah Massoud : “Quand vous vous battez pour votre liberté, vous vous battez aussi pour notre liberté” ».

Bien sûr, le principal problème ici est le fait que les fauteurs de guerre comme Levy, qui, à un moment donné, devront faire face à la Cour internationale des Crimes de Guerre, ne sont pas très doués pour la planification, notamment stratégique et opérationnelle.

Sergueï Lavrov a déclaré aujourd’hui que la Russie était favorable à un dialogue entre toutes les forces en Afghanistan et à la formation d’un gouvernement représentatif de toutes les factions. Mais en fin de compte, Levy et les autres sages de l’Occident devraient comprendre qu’il n’y a pas de combat contre les Taliban (si on en arrive là) sans que la Russie fournisse des armes et d’autres ressources (l’Alliance du Nord, ça vous dit quelque chose ?) à Massoud Jr. Comme l’écrit Pepe Escobar dans son excellent article :

« J’ai rencontré le père de Massoud – une icône. Les informations des initiés afghans sur le fils Massoud ne sont pas très flatteuses. Pourtant, il est déjà la coqueluche des Européens éveillés, avec une pose glamour pour l’AFP, une visite impromptue dans le Panjshir du philosophe escroc Bernard-Henri Levy, et la publication d’une sorte de manifeste dans plusieurs journaux européens, reprenant toutes les rengaines : « tyrannie », « esclavage », « vendetta », « nation martyre », « Kaboul hurle », « nation enchaînée », etc.

Toute cette mise en scène sent le « fils du Shah » [d’Iran]. Massoud fils et sa mini-milice sont complètement encerclés dans les montagnes du Panjshir et ne peuvent être efficaces de facto, même lorsqu’il s’agit d’enrégimenter les moins de 25 ans, soit les deux tiers de la population afghane, dont le principal souci est de trouver de vrais emplois dans une économie réelle naissante.

Les « analyses » de l’OTAN sur l’Afghanistan des Taliban ne sont même pas pertinentes, car elles insistent sur le fait que l’Afghanistan n’est pas stratégique et a même perdu son importance tactique pour l’OTAN. C’est un spectacle désolant qui illustre à quel point l’Europe est désespérément à la traîne, imprégnée du néocolonialisme caractéristique de la variété du fardeau de l’homme blanc, qui rejette un pays dominé par des clans et des tribus ».

Alors, devinez sur qui nous devrions tous parier pour réussir en Afghanistan ? Les forces « promues » par des sages atteints de stupidité aiguë ou la Russie et la Chine qui éteignent les feux de la guerre par ce qu’elles font le mieux, mieux que quiconque – la diplomatie soutenue par la puissance militaire et économique, des traits que l’Occident combiné, et surtout l’UE impuissante, n’ont plus. Mais même Stars and Stripes a publié l’article d’Isachenkov qui contient ceci :

« Kabulov, l’envoyé du Kremlin, a souligné que la reconnaissance des Taliban par Moscou dépendra de « leur capacité à gouverner le pays de manière responsable dans un avenir proche, et à partir de là, les dirigeants russes tireront les conclusions nécessaires ». Il a ajouté que la Russie ne retirerait les Taliban de sa liste d’organisations terroristes qu’après la décision du Conseil de Sécurité de l’ONU de les retirer de sa liste de terroristes.

Les diplomates russes ont fait valoir que la campagne menée par les États-Unis en Afghanistan a contribué à modifier la perception afghane de l’invasion soviétique et a rendu de nombreux dirigeants locaux disposés à accepter la médiation de Moscou ».

La dernière phrase sur l’invasion soviétique est particulièrement vraie. « Si nous avions su ce qui allait suivre le retrait soviétique, nous n’aurions pas résisté ». Savez-vous qui a dit cela ? Oui, feu Ahmad Shah Massoud. Faites votre propre conclusion.

P.S. Jetez un coup d’œil à l’interview d’Andrei Raevsky (The Saker) avec la légende du rock Roger Waters des Pink Floyd, qui en vaut vraiment la peine. Félicitations à Andrei pour un invité aussi légendaire.

Interview avec Roger Waters

Avoir Roger comme invité est un moment fort dans la carrière d’un journaliste.


source : https://smoothiex12.blogspot.com

traduit par Réseau International
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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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