Mascarade et tromperie

Il n’y a qu’une seule façon de qualifier le lancement de la campagne électorale de Justin Trudeau. Un véritable exercice de duperie. Du pur Tartuffe.  

La mascarade

Une mascarade dans la mesure où, dans cette entrée en scène, le chef libéral a répété une vingtaine de fois qu’il fallait bénéficier de l’avis des citoyens, laisser les Canadiens parler et dire ce qu’ils pensent, notamment sur la gestion de la pandémie. 

Or, depuis mars 2020, le premier ministre fédéral a été le seul capitaine à bord et n’a aucunement tenu compte des oppositions et de la diversité d’opinion. Il n’a reculé que lorsqu’il se trouvait lui-même au pied du mur. 

On l’a bien vu dans les débats entourant la fermeture des frontières et du rang Roxham, l’arrêt des vols de l’étranger, le resserrement de l’immigration, l’approvisionnement en masques, le contrôle strict des aéroports, mais aussi à propos de l’acquisition des vaccins avec garantie de livraison, engagement que le gouvernement n’avait bizarrement pas jugé nécessaire d’imposer. 

Dans la spirale des centaines de milliards engagés, de l’inadéquation de certaines mesures et de l’endettement de l’État fédéral, le gouvernement Trudeau est tout simplement demeuré sourd. 

Quant aux Québécois et Québécoises que Justin Trudeau prétend écouter, il ne cesse, avec la complicité du NPD et des Verts, de les accuser de racisme et d’islamophobie du fait de leur adhésion massive au principe de laïcité de l’État, un des fondements premiers de tout État démocratique. Pour abattre cette laïcité, il est d’ailleurs en train d’échafauder un système de contrôle du débat démocratique au nom de la lutte contre les « discours haineux » tout en finançant des associations musulmanes intégristes proches des Frères musulmans qui n’acceptent aucune contestation de leurs dogmes. Peut-on parler ici d’un sens de l’écoute ou d’une immense fourberie? 

Enfin, il y a ici une criante mascarade, car le jour du scrutin fixé correspond à l’échéance la plus rapprochée permise par la loi électorale. Après la fête du Travail, il ne restera que deux semaines au débat électoral. La manipulation crève donc les yeux. 

La tromperie

Il s’agit d’une tromperie, car le seul véritable objectif de Justin Trudeau est l’obtention d’un mandat majoritaire. Il a tout fait pour esquiver la question lors de son adresse. 

Cette majorité absolue, il la veut tout de suite. Bientôt, ce seront les élections municipales à Montréal, les élections ontariennes au printemps 2022 et celle du Québec l’automne suivant. Après avoir déjà envisagé la tenue d’une élection au printemps dernier, perspective stoppée par la COVID-19, Justin Trudeau saute maintenant sur l’occasion qui lui reste pour se positionner en position de force face aux oppositions, contestations et idées contraires aux siennes qui ne manqueront pas de rugir dans un contexte de quatrième vague. D’autant plus que les députés et la population voudront débattre des comptes de la pandémie et des futurs budgets, des rendez-vous qui seront des sources probables de débats coriaces. 

«Dictature élective»

Avec un gouvernement majoritaire, c’est bien connu, le cabinet fait la pluie et le beau temps au Parlement. Comme l’expliquait jadis Claude Ryan, un tel type de gouvernement fait régner une forme de « dictature élective ». 

Or, c’est exactement ce que recherche Justin Trudeau. À la manière de Duplessis, il achète les votes en lançant des milliards et des milliards de dollars d’est en ouest, notamment au Québec qui demeure hautement stratégique dans la présente campagne. Justin veut conserver les mains sur le volant sans que personne d’autre ne puisse y toucher. C’est là un sens de l’écoute qui masque une arrogance flagrante. À l’image de son père en d’autres temps. 

André Lamoureux

Politologue

Département de science politique – UQAM

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