Au mois de septembre de cette année 2021, aux Éditions Libre, nous publions une traduction du dernier livre de Theodore Kaczynski, Révolution Anti-Tech : Pourquoi et comment ? Immanquablement, machinalement, d’aucuns nous reprocheront — à tort — de faire la promotion d’un affreux « terroriste », d’un fou dangereux.
À tort, parce que si nous avons jugé pertinent de proposer une version française de cet ouvrage, ce n’est pas pour promouvoir Theodore Kaczynski, mais pour faire connaître certaines de ses idées, son analyse de la présente situation socio-écologique et ses propositions. Celles-ci ne sont absolument pas — ainsi que la lecture du livre vous le confirmera — des encouragements à assassiner plus ou moins n’importe qui ou à poser des bombes dans des endroits pour la seule raison qu’ils nous énervent. Car, bien entendu, les attentats et tentatives d’attentats de Kaczynski, les actes pour lesquels il fut condamné, étaient à la fois stupides, licencieux, dangereusement hasardeux et moralement indignes, donc condamnables[1].
Cependant, on note que si beaucoup considèrent Kaczynski comme un « terroriste » c’est, très simplement, parce qu’il a commis un certain nombre de meurtres, infligés des blessures et des souffrances. Les raisons de ses agissements et la qualité de ses victimes importent peu. Leur raisonnement est plutôt quantitatif que qualitatif. Kaczynski est un terroriste parce qu’il a tué ou blessé des gens (peu importe qui, peu importe pourquoi). Soit. Seulement, sur ce même plan moral abstrait, on remarque que Kaczynski a bien moins tué d’êtres humains que n’importe quel président des États-Unis[2] ou de France durant n’importe quel mandat ordinaire (au travers de ses agissements, décisions politiques, absence de décision politique [laisser mourir des gens dans les rues alors qu’on dispose du pouvoir de les aider, et parfois qu’on a promis de ce faire, par exemple], ventes d’armes, déclarations de guerre, interventions militaires, etc.), que nombre de généraux ou de soldats des armées des États-Unis ou de France, ou encore que nombre de PDG de multinationales (qui trafiquent des marchandises ou matières premières issues de zones en guerre ou de régions dans lesquelles des conflits sociaux font rage, qui imposent à des employés des conditions de travail cancérigènes, qui ordonnent de massacrer en masse des « animaux d’élevages », dont les décisions induisent parfois des guerres, des conflits sociaux, des destructions écologiques terribles, etc.).
(Certes, les victimes des guerres initiées par des chefs d’État sont facilement rationalisées. Il y a un motif valable, logique, respectable, à ces meurtres : il s’agit de terroristes, d’ennemis, de méchants — en tout cas de personnes désignées ainsi par le pouvoir. Tout comme les massacres d’animaux d’élevage en abattoirs sont facilement rationalisés au moyen d’une certaine idéologie, etc.)
Aussi, en condamnant la malfaisance d’un ignoble « terroriste » désigné à la vindicte populaire par les autorités, le respectable citoyen peut-il se sentir vertueux à peu de frais. Lui n’a pas tué, blessé, lui n’est pas mauvais, lui ne fait rien d’immoral — n’est-ce pas ? Pas vraiment. Mais ce qu’il y a de pratique avec la complexité, l’étendue et l’opacité des processus qui constituent la civilisation industrielle, c’est que lorsqu’on en consomme les produits, en bout de chaîne, en les collectant dans les rayons d’un supermarché, par exemple, on n’a pas l’impression de commettre le moindre mal. C’est en toute inconscience, ou ignorance, que l’on achète des marchandises produites grâce à l’exploitation d’êtres humains ici ou là, parfois d’enfants dans des mines au Congo, parfois issues de zones de guerre, ou d’endroits où des conflits sociaux font couler le sang, etc. C’est pourquoi les plus gros consommateurs (ceux qui disposent du pouvoir d’achat le plus conséquent) sont aussi ceux qui se retrouvent avec le plus de sang sur leurs mains. Qui connaît réellement les impacts sociaux et écologiques de tous ses choix de consommation, de tous ses achats (les afflictions humaines condensées dans un iPhone, les dommages écologiques condensées dans une voiture électrique, etc.) ? Qui peut prétendre n’avoir jamais cautionné la moindre infliction de souffrance ? Avant de juger férocement les agissements de Kaczynski, chacun devrait réfléchir, essayer d’évaluer les conséquences des siens. (Difficile, presque impossible ? Oui. Cela fait partie des inéluctables effets de la civilisation industrielle, du fait d’évoluer dans un système social ayant très largement dépassé la mesure de l’être humain, induisant le « décalage prométhéen » dont parlait Günther Anders et que dénonce aussi, à sa manière, Theodore Kaczynski.)
Quoi qu’il en soit, une dernière chose. Les médias de masse et les institutions dominantes décidèrent — et continuent — de présenter Kaczynski comme un individu littéralement atteint de sévères troubles mentaux. « L’auteur de La Société industrielle et son avenir s’est évertué à plaider coupable, afin de souligner la rationalité de ses propos », comme le rappelle Renaud Garcia, mais le « recours des institutions à la vieille technique de psychiatrisation de l’accusé (schizophrène, paranoïaque) a néanmoins fait son chemin dans l’opinion ». Kaczynski ne serait rien qu’un fou (contrairement aux très sains d’esprit ingénieurs, scientifiques, techniciens qui conçoivent les bombes atomiques, les bombes et les armes modernes en général, les drones, les « armes bactériologiques » ou « biologiques » pour le compte de différents États, contrairement aux chefs‑d’État-marchands‑d’armes qui imposent d’ignobles inégalités et l’exploitation de tous par tous, aux PDG qui sacrifient le monde pour leurs profits immédiats, etc.). Pour comprendre la « psychiatrisation » de Kaczynski, voici quelques éléments de réflexion.
I.
Dans un texte intitulé “The Unabomber Returns” (« Le retour de l’Unabomber »), publié le 20 mai 2011, William Finnegan, journaliste de longue date pour le New Yorker — qui s’était chargé, en 1998, de couvrir le procès de Kaczynski, notamment au travers d’un célèbre article —, résume l’affaire comme suit :
Le procès se termina d’une mauvaise manière. Je fus amené à penser, du moins, qu’une alliance de convenance entre les procureurs, les psychiatres, les spécialistes de la prévention de la peine de mort, les avocats de Kaczynski et même le juge chargé de l’affaire, contraignit Kaczynski à plaider coupable et à être condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. Pour diverses raisons, personne ne souhaitait que l’Unabomber bénéficie de la possibilité d’expliquer, au tribunal, pourquoi il avait fait ce qu’il avait fait. Un psychiatre engagé par la défense me confia que ses opinions anti-technologie étaient en elles-mêmes une preuve de schizophrénie paranoïde. D’ailleurs, ces opinions avaient été amplement exposées dans un essai de trente-cinq mille mots intitulé La Société industrielle et son avenir, que le Times et le Washington Post avaient été contraints de publier en 1995, en échange de la promesse de l’auteur d’arrêter ses attentats à la bombe. Cet essai — plus connu sous le nom de Manifeste — n’était pas d’une lecture aisée, mais assez convaincante. James Q. Wilson, spécialiste conservateur des sciences sociales, écrivit dans une tribune libre du Times : « S’il s’agit de l’œuvre d’un fou, alors les écrits de nombreux philosophes politiques — Jean Jacques Rousseau, Tom Paine, Karl Marx — ne sont guère plus sains d’esprit. »
II.
Alston Chase, ex-professeur de philosophie diplômé d’Harvard, Oxford et Princeton, est l’auteur d’un livre intitulé Harvard and the Unabomber : The Education of an American Terrorist (« Harvard et l’Unabomber : l’éducation d’un terroriste américain »). Dans un article publié dans le numéro de juin 2000 du mensuel américain The Atlantic, intitulé “Harvard and the Making of the Unabomber” (« Harvard et la fabrique de l’Unabomber »), il commente la prétendue folie de Theodore Kaczynski :
Michael Mello, professeur à la Vermont Law School (école de droit du Vermont), est l’auteur d’un livre intitulé The United States of America vs. Theodore John Kaczynski (« Les États-Unis d’Amérique vs. Theodore Kaczynski »). De concert avec William Finnegan, journaliste au New Yorker, il affirme que le frère de Kaczynski, David, sa mère, Wanda, et leur avocat, Tony Bisceglie, ainsi que les avocats de la défense de Kaczynski, persuadèrent de nombreux médias de dépeindre Kaczynski comme un schizophrène paranoïaque. Dans une certaine mesure, c’est exact. Soucieux d’éviter l’exécution de Theodore Kaczynski, David et Wanda accordèrent une série d’interviews, à partir de 1996, au Washington Post, au New York Times et à Sixty Minutes, entre autres, dans lesquelles ils cherchèrent à dépeindre Kaczynski comme mentalement perturbé et pathologiquement antisocial depuis l’enfance. En contrepoint, contre sa volonté et à son insu, affirme Theodore Kaczynski, ses avocats recoururent à l’argument de la santé mentale défaillante pour le défendre.
Une psychologue travaillant pour la défense, Karen Bronk Froming, conclut que Kaczynski présentait une « prédisposition à la schizophrénie ». Un autre, David Vernon Foster, perçut en lui « une image claire et cohérente de schizophrénie, de type paranoïaque ». Un autre encore, Xavier F. Amador, décrivit Kaczynski comme « typique de centaines de patients atteints de schizophrénie ». Comment ces experts étaient-ils parvenus à leurs conclusions ? Si des tests objectifs, seuls, avaient suggéré à Froming que les réponses de Kaczynski étaient « compatibles avec » la schizophrénie, elle confia à Finnegan que c’étaient ses écrits — en particulier ses opinions « anti-technologie » — qui l’avaient amenée à cette conclusion. Foster, qui rencontra Kaczynski à quelques reprises mais ne l’examina jamais formellement, cita ses « thèmes délirants » comme preuve de sa maladie. Amador, qui ne rencontra jamais Kaczynski, fonda son jugement sur les « croyances délirantes » qu’il avait détectées dans les écrits de Kaczynski. Quant au diagnostic provisoire de Sally Johnson, selon lequel Kaczynski souffrait d’une schizophrénie de type paranoïaque, il reposait en grande partie sur sa conviction qu’il entretenait des « croyances délirantes » au sujet des menaces posées par la technologie. Les experts trouvèrent également des preuves de la folie de Kaczynski dans son refus d’accepter leurs diagnostics ou de les aider à les établir.
La plupart des allégations de maladie mentale à son encontre reposaient sur les diagnostics d’experts dont les jugements, par conséquent, découlaient en grande partie de leurs opinions concernant la philosophie de Kaczynski et ses habitudes personnelles — il s’agissait d’un ermite, d’un homme en apparence sauvage, qui ne faisait pas beaucoup le ménage, d’un célibataire — et de son refus d’admettre qu’il était malade. En effet, Froming affirma que « l’inconscience de sa maladie » était un signe de sa maladie. Foster se plaignit du « refus [de l’accusé] de coopérer pleinement à l’évaluation psychiatrique, découlant de ses symptômes ». Amador déclara que l’accusé souffrait « de déficits sévères dans la conscience de sa maladie ».
Mais Kaczynski n’était pas plus négligé que beaucoup d’autres personnes qui vivent aujourd’hui dans nos rues. Sa cabane n’était pas plus en désordre que les bureaux de nombreux professeurs d’université. Le Montana sauvage est rempli de déserteurs comme Kaczynski (et moi). Le célibat et la misanthropie ne sont pas des maladies. Kaczynski n’était même pas un véritable ermite. N’importe quel journaliste pourrait rapidement découvrir, comme je l’ai fait en interrogeant des dizaines de personnes l’ayant connu (camarades de classe, professeurs, voisins), qu’il n’était pas le solitaire extrême que les médias dépeignirent. En outre, il serait passablement absurde de sérieusement considérer le refus d’admettre que l’on est fou ou de coopérer avec des personnes payées pour nous déclarer fou comme une preuve de folie.
Pourquoi les médias et le public furent-ils été si prompts à considérer Kaczynski comme fou ? Kaczynski tenait de volumineux journaux. Dans l’un d’entre eux, datant apparemment d’avant le début des attentats, il anticipait cette question :
« Je compte commencer à assassiner des gens. Si j’y parviens, et si l’on me capture (pas vivant, j’espère fortement !), il est possible que les médias spéculent sur les raisons m’ayant incité à tuer. […] Le cas échéant, il est certain qu’on me fera passer pour un lunatique, qu’on m’attribuera des motifs de type sordide ou qu’on me fera passer pour un “malade”. Bien évidemment, le terme “malade”, dans un tel contexte, représente un jugement de valeur. […] les médias d’information auront peut-être quelque chose à dire sur moi lorsque je serai tué ou attrapé. Ils essaieront certainement d’analyser ma psychologie et de me présenter comme un “fou”. Ce biais majeur devra être pris en compte dans toute tentative d’analyse de ma psychologie. »
Michael Mello suggère que le public préférait qu’on lui présente Kaczynski comme un fou parce que ses idées sont trop extrêmes pour que nous puissions les contempler sans malaise. Il remet en question nos croyances les plus chères. Mello écrit,
« Le manifeste [La Société industrielle et son avenir] remet en question les croyances élémentaires de pratiquement tous les groupes d’intérêt impliqués dans l’affaire : les avocats, les experts en santé mentale, la presse et les politiques, de gauche comme de droite. […] L’équipe de défense de Kaczynski persuada les médias et le public que Kaczynski était fou, même en l’absence de preuves crédibles […] [parce que] nous avions besoin de le croire. […] Ils décidèrent que l’Unabomber était un malade mental et que ses idées étaient folles. Puis ils oublièrent l’homme et ses idées, et fabriquèrent un conte rassurant. »
III.
Dans un livre paru en 2004 et intitulé Psychological Jurisprudence : Critical Explorations in Law, Crime, and Society (« Jurisprudence psychologique : explorations critiques de la loi, du crime et de la société »), Michael P. Arena, analyste et formateur pour une importante agence gouvernementale, et Bruce A. Arrigo, professeur de criminologie à l’université de Charlotte en Caroline du Nord, aux États-Unis, consacrent un chapitre[3] au procès de Theodore Kaczynski. Ils y exposent « la façon dont Kaczynski fut linguistiquement et socialement marginalisé, se vit refuser l’opportunité d’utiliser une stratégie de défense de son propre choix, et fut empêché de s’exprimer à travers l’auto-représentation ». Quelques extraits de leur enquête :
Le 5 janvier, les déclarations préliminaires furent retardées lorsque Kaczynski demanda le droit de renvoyer ses avocats et d’en engager un qui organiserait une défense basée sur ses convictions politiques et non sur sa prétendue maladie mentale. Par désespoir, Kaczynski tenta de se suicider en se pendant dans sa cellule. Il expliqua qu’il se sentait frustré et déprimé par la façon dont son affaire se déroulait, et qu’il préférait être mis à mort plutôt que d’endurer ce procès avec une stratégie de défense dont il ne voulait pas (Johnson, 1998).
Le 8 janvier 1998, Kaczynski demanda s’il pouvait s’auto-représenter (pro se). En réponse à cette demande, le Juge Burrell ordonna qu’une évaluation psychiatrique soit menée afin de déterminer s’il était apte à être jugé et s’il était prêt à se représenter lui-même. Le 17 janvier 1998, la psychiatre du Bureau des Prisons, le Dr. Sally Johnson, déclara que Kaczynski était apte à être jugé mais lui diagnostiqua une potentielle schizophrénie paranoïde. Cinq jours plus tard, au mépris de cette évaluation, le Juge Burrell rejeta la demande de Kaczynski de s’auto-représenter en accord avec le Sixième Amendement de la constitution des USA.
[…]
Le Dr. Johnson estimait que Kaczynski était en mesure d’être jugé directement. Elle nota :
« M. Kaczynski possède une intelligence supérieure ; il dispose de la capacité de lire et d’interpréter des écrits complexes, il peut contribuer à l’examen de documents ; il comprend parfaitement le rôle des différents membres du personnel du tribunal ; il comprend les accusations portées contre lui et les peines potentielles s’il est reconnu coupable ; il apprécie la nature de la procédure et comprend la séquence probable des événements dans un procès. […] Il comprend que le fait de continuer à faire appel à [ses avocats] pour sa défense lui assurerait un meilleur niveau de représentation que l’autoreprésentation. Il continue à vouloir prendre les décisions cruciales qui le concerne, quand bien même elles pourraient mener à une peine moins clémente. » (Johnson, 1998, p. 45)
[…]
La description de Kaczynski comme malade mental commença presque immédiatement après son arrestation. Des photos de son apparence ébouriffée et négligée, avec ses cheveux longs et sa barbe envahissante, envahirent les journaux, les magazines et les journaux télévisés du soir (Glaberson, 1998b ; Klaidman & King, 1998). Convaincus qu’une défense fondée sur l’idée d’une déficience mentale était le seul moyen de lui éviter la peine de mort, les avocats de la défense de Kaczynski et sa famille travaillèrent ensemble afin d’organiser une campagne médiatique visant à le présenter comme un idéaliste complexe atteint d’une incurable maladie mentale (Finnegan, 1998).
[…]
Les médias acceptèrent aveuglément l’image de Kaczynski comme malade mental ; cependant, ils semblèrent aussi donner leur propre interprétation de la schizophrénie paranoïaque du personnage. Dans un article du New York Times, Cooper (1998) écrit : « Theodore J. Kaczynski, l’ermite accusé d’être l’Unabomber, a déclaré à son équipe de défense qu’il croit que des satellites contrôlent les gens et placent des électrodes dans leur cerveau. Il a également dit à ses avocats qu’il était lui-même contrôlé par une organisation omnipotente [à laquelle] il ne pouvait résister. C’est donc avec une certaine réticence qu’ils [ses avocats] ont finalement accepté la semaine dernière de ne pas présenter une défense basée sur l’aliénation mentale » (p. 5). Finnegan (1998) contesta catégoriquement la véracité de ces déclarations, affirmant qu’il s’agissait d’un collage de différents fragments de conversation provenant de diverses sources, visant à produire des phrases qui n’avaient jamais été formulées. En outre, si Kaczynski avait tenu de tels propos, ils auraient certainement été protégés par le privilège avocat-client. Néanmoins, les commentaires de Finnegan n’empêchèrent pas la fabrication de l’image d’un Theodore Kaczynski mentalement perturbé. Dans un article publié ultérieurement dans le New York Times, Glaberson (1998b) écrit : « La modification de son image publique, qui a commencé avec l’arrestation de Kaczynski, lequel avait mené dix-huit années durant une campagne d’attentats à la bombe qui a fait 3 morts et 28 blessés, s’est accéléré après que ses avocats ont déclaré qu’il était un schizophrène paranoïaque délirant, qui croyait que les gens avaient des électrodes implantées dans le cerveau. » (p. 6)
[…]
Si Kaczynski tenait à la vie, il semble que son intégrité, son honneur et ses principes lui importaient plus encore. Comme il l’expliqua au Dr Johnson (1998), contrecarrer les efforts des psychiatres visant à dénigrer et rejeter ses choix politiques et de style de vie comme étant le fait d’un malade mental ou d’un dérangé aurait été, en soi, une « victoire symbolique » sur la technologie. Kaczynksi était prêt à renoncer à la vie pour y parvenir.
IV.
Dans un célèbre article pour le New Yorker intitulé “Defending the Unabomber” (« Défendre l’Unabomber »), en date du 16 mars 1998, William Finnegan rapporte ces propos du Juge Burrell (celui-là même qui refusa à Kaczynski la possibilité de se représenter lui-même) au sujet de Kaczynski :
« Je le trouve lucide, calme. Il a l’air intelligent. D’après moi, il comprend très bien les enjeux. Il m’a toujours paru concentré sur les problématiques durant ses contacts avec moi. Ses manières et ses contacts visuels ont été appropriés. Je sais qu’il existe un conflit dans les éléments médicaux concernant si oui ou non sa conduite, du moins dans le passé, a pu être contrôlée par quelque trouble mental, mais je n’ai rien perçu durant mes contacts avec lui qui puisse témoigner d’un tel trouble. Si une telle chose est présente, je ne parviens pas à la détecter. »
Nicolas Casaux
- « Même si l’on trouve légitime de frapper le spectacle de l’horreur technologique en terrorisant ses indispensables ingénieurs, les dommages subis par des personnes non impliquées dans ce processus sont injustifiables », note à raison John Zerzan (Futur primitif, p. 25) ↑
- Un seul exemple (on pourrait en donner d’innombrables, de quoi remplir des encyclopédies), tout à fait anecdotique : en une seule journée, le 23 janvier 2009, Barack Obama ordonna une frappe de drone qui tua 9 civils au Pakistan. Voir : https://www.theguardian.com/world/2016/jan/23/drone-strike-victim-barack-obama ↑
- Chapitre 4 : « Media Images, Mental Health Law, and Justice — A Constitutive Response to the “Competency” of Theodore Kaczynski » (« Images médiatiques, droit de la santé mentale et justice — Une réponse constitutive à la question de la “compétence” de Theodore Kaczynski ») ↑
Source: Lire l'article complet de Le Partage