Haïti entonne le Gangster Noster sur les ruines de l’État de droit — Erno RENONCOURT

Haïti entonne le Gangster Noster sur les ruines de l’État de droit — Erno RENONCOURT

Après 25 ans de réforme politique et judiciaire, portée par une experte et imposante ingénierie institutionnelle de renforcement, célébrée notamment par l’ONU et l’Union Européenne, Haïti entonne, en chœur, le Gangster Noster sur les ruines de l’État de droit. Où est l’erreur ?

Plus le rideau effiloché se dénude sur la scène hideuse du théâtre haïtien, plus l’intrigue devient macabrement odieuse. Et, conséquemment, plus machiavélique apparait le jeu criminel des acteurs qui s’y performent, plus nette et claire se révèle leur identité mafieuse et inhumaine. Si l’Italie a sa comedia del arte, Haïti peut s’enorgueillir d’avoir sa comédie des ratés. Les diplômes académiques, les prix littéraires, les distinctions honorifiques, les médailles des légions d’honneur qui ont été généreusement distribués dans le shithole ont produit l’effet voulu par les producteurs, les réalisateurs et les metteurs en scène des grandes mégapoles. Chemin faisant, là où généralement le talent se met en valeur par l’excellence et le sens des responsabilités pour faire briller l’intelligence éthique, en Haïti, c’est par une insoutenable indécence et indignité qu’on se bouscule pour entre dans l’enfumage pour réussir ou survivre.

Et l’éternelle question qui revient et qui dérange : comment un peuple prétendument bourré de talents individuels, dont les ancêtres ont été à l’avant-garde des luttes pour la liberté, il y a deux siècles à peine, peut-il se complaire à survivre à tout même au prix de la laideur et de l’indignité ? Cet article n’a pas la prétention de répondre à cette question, mais se propose de relancer quelques grandes questions qui bouclent la boucle des irresponsabilités entourant l’assassinat de Jovenel Moïse. Assassinat qui du reste permet de trouver d’innombrables exemples de cas comme autant d’application de l’axiomatique de l’indigence.

L’indigence universelle

Empressons-nous de dire, que ce serait trompeur de croire que le contexte d’indigence qui déshumanise Haïti n’est qu’une spécifié de shithole. Car, pour prendre en exemple le pays du Roi Soleil, qui revendique toutes les lumières, toute la culture, tout le luxe et toute la démocratie du monde, la France, puisqu’il faut la nommer, se retrouve presque dans une situation institutionnelle aussi indigente qu’Haïti. Avec un ancien président condamné à la prison pour corruption et poursuivi dans des dizaines d’autres affaires les unes plus crapuleuses que les autres, avec un ministre de la justice en fonction inculpé pour prise illégale d’intérêts, avec un ministre de l’intérieur en fonction faisant l’objet de poursuites judiciaires pour viol et avec des dizaines d’autres affaires, notamment celles de Benalla et de Koller, qui ont sérieusement entaché l’intégrité de sa présidence actuelle, oui, la France n’a pas, en regard de son passé glorieux, de leçons à donner à Haïti pour l’indigence de ses institutions. D’autant que l’indigence notoire d’Haïti n’est que le résultat d’un jeu déséquilibré entre le global et le local.

En effet, c’est le contexte géopolitique global qui impose, en amont, au contexte local haïtien des contraintes déshumanisantes et précarisantes contre lesquelles le collectif de ce pays a du mal à résister. Évidemment le déracinement et l’imposture culturelle des élites locales haïtiennes les empêchent de trouver la dignité et l’intelligence pour répondre responsablement à ces contraintes. Mais comme le dit Edgar Morin tous les pays du monde ont la même proportion de voleurs, et j’ajouterai d’indigents. La différence est qu’en Haïti, il n’y a presque personne pour oser défier l’indigence, alors qu’aux USA, on l’a vu récemment, des juges ont résisté à Trump ; on le voit aujourd’hui en France, des Juges résistent à la Macronie soumise au totalitarisme financier, comme hier en Italie, des juges, au péril de leur vie, avaient résisté à la Cosa Nostra.

L’indigence en fragments morcelés

C’est donc par la capacité de résistance de leur avant-garde éthique que les peuples cherchent leur équilibre dans l’opacité des incertitudes de la vie. La particularité d’Haïti est que ce pays n’a pas d’avant-garde et que son écosystème se présente comme un territoire d’affaires morcelé où différents cartels d’entrepreneurs liés aux intérêts géopolitiques internationaux se partagent les ressources nationales en s’assurant chacun de fidéliser une partie de ceux et de celles qui devaient jouer les avant-gardes conscientisées pour forcer le passage et extraire le collectif de son impuissance. En Haïti, parmi ceux qui revendiquent les palmes académiques, ceux qui ne sont pas les portefaix des uns, sont leurs éboueurs, ceux qui ne sont pas les messagers des autres, sont leurs hommes ou leurs hommes à tout faire. Regardez bien le profil académique et l’inhumanité de ceux que la communauté internationale recherche pour ses projets politiques en Haïti. Ce serait une erreur de croire que l’indigence ne se répand que sur le terrain politique. Car c’est par la culture que la barbarie s’infiltre toujours dans le corps social, d’où la structuration invariante de la bêtise grâce aux boucles de rétroactions entre culture, médias et politique. Une réalité fragmentée qui laisse très peu de disponibilité pour se responsabiliser face aux problématiques de ses défaillances et résister contre les assauts de l’indigence. C’est le sens profond de ce cri déshumanisant qui résonne dans la culture haïtienne et qui pousse les uns et les autres à assumer la laideur et l’indignité au nom de la survie : Pito nou lèd nou la !

Malgré ce poids culturel infamant dans l’errance du collectif haïtien, le drame de ce peuple ne peut être compris dans ses dimensions structurantes que son projette les postures irresponsables de ses élites sur les supports des foyers diplomatiques et économiques qui font régner l’impunité sur ce territoire comme le principal ferment métamorphique de l’indigence. Sauf à être profondément incompétent ou totalement corrompu, on ne peut ne pas s’interroger sur les liens entre le global et le local en Haïti. Comment un pays, qui a connu de 1996 à 2021, 25 ans de renforcement de l’État de droit par les agences internationales de développement et par la fine fleur de l’expertise internationale du renforcement institutionnel, peut se retrouver au milieu de ce mois de juillet 2021 sans une seule autorité légitime ? Pas de parlement, pas de justice, pas de police, pas de gouvernement, pas de président. Toutes ces institutions qui ont été renforcées à coup de millions de dollars par une armée d’experts internationaux et nationaux ne sont plus que des lieux de déshérence gangrénés par la corruption, la médiocrité et la criminalité. L’État haïtien n’est qu’un territoire contrôlé par des seigneurs de cartels d’affaires qui, pour survivre dans un contexte de rivalités intenses en raison de la rareté des ressources financières à exploiter, font régner un chaos structurel propice à leur business. Mais, comme la défaillance de cet État laisse un vide sécuritaire, ils arment les gangs locaux pour protéger leur business et font appel aux mercenaires internationaux pour protéger leur famille. Tout cela avec la bénédiction des diplomates étrangers dont certains sont eux-mêmes membres du secteur privé haïtien des affaires.

L’enquête improbable

On ne peut continuer de nourrir la version du shithole gangréné par la corruption sans pointer la responsabilité des tuteurs internationaux, des acteurs locaux qui n’ont jamais caché leur préférence pour travailler avec les plus vils, les plus soumis et les plus affreux. L’échec haïtien rayonne comme un miroir crasseux dans le bordel des projets des agences internationales qui ne sont que des boucles d’insignifiance, de corruption et de médiocrité. S’il y avait une quelconque institution de justice internationale compétente et intègre sur terre, il devait y avoir des mandats d’arrêt internationaux contre ceux qui ont célébré pendant ces 25 ans les succès de la MINUSTAH, de la MINUJUSTH et du BINUH alors que les instituions de l’État de droit et de la justice en Haïti ne sont qu’un vaste champ de ruines à la merci des cartels mafieux.

C’est fort de ce constat que je reviens sur l’assassinat de Jovenel Moïse pour montrer en quoi et pourquoi l’enquête actuelle a déjà été biaisée et que, comme l’affaire PetroCaribe, la communauté internationale n’a aucun intérêt à laisser la vérité transparaitre dans ce dossier. Et c’est d’ailleurs pourquoi le FBI est sur les lieux. En effet, cet assassinat, étant un Crime autorisé en haut lieu mais Imparfaitement Accompli, laisse sur le terrain des traces capables de remonter aux sources diplomatiques et mafieuses qui ont conjugué leurs intérêts et leurs ressources pour se débarrasser d’un homme qui n’était plus qu’un embarras. En cela cet assassinat arrange tous les acteurs sur le terrain, quoi qu’ils disent. Mais le hic est ailleurs.

Pouvoir, Médias collusion et opacité

Les images insoutenables du (vraisemblable) cadavre tuméfié et torturé de Jovenel Moïse témoignent d’une immonde sauvagerie. Et qu’importe l’opinion qu’on avait du personnage, plus homme de main bouffon que véritable homme d’état, on ne peut s’empêcher de demander : quels intérêts a-t-il pu trahir pour lui valoir ce traitement bestial ? Un traitement dont le mode opératoire correspond à un crime lié à la grande délinquance, ce qui exclut tout mobile politique ?

Rappelons que l’équation d’une enquête pénale se structure autour de trois variables : l’infraction, le mobile et l’arme du crime. Or dans le cadre de l’affaire Moise, par un de ces paradoxes, les mêmes autorités suspectées d’office, sont les mêmes qui conduisent l’enquête et donc ont déjà eu toutes les opportunités pour manipuler ces trois variables. D’ailleurs fait étrange et surprenant, tous les suspects nationaux et internationaux ont eu le temps de se concerter entre eux pendant au moins 72 heures après le crime. Fait paradoxal, les médias privés haïtiens, contrairement à ceux d’autres pays, souvent instigateurs de leur propre enquête pour faire jaillir la vérité dans de telles circonstances, ne font que reprendre la version officielle des autorités policières, elles-mêmes suspectées de complicité dans le crime.

Comment ne pas rappeler que de grandes affaires de corruption, de criminalité ou de violence sexuelle dans des lieux de pouvoir ont été résolus par des journalistes courageux, compétents et éthiques ? Le cinéma s’est emparé de ces cas et nous les présenté sous les titres qui ont magnifié le courage des lanceurs d’alerte qui ont risqué leur vie pour défendre le climat, la justice, la vérité et la liberté. On pense à l’Affaire Pélican, à Spotlight, à Official Secrets et plus près de nous à Julian Assange. À contrecourant de ces exemples, on vient de voir en Haïti qu’à peine un pseudo média proche des gangs au pouvoir ait lancé une information bidon pour enfumer l’enquête, la majorité des grands médias haïtiens ont relayé et crédité l’information. Pourtant, ces mêmes médias font preuve de grande prudence et de grande retenue quand un véritable média colombien avance envers et contre tous que des officiels actuellement au pouvoir seraient les recruteurs des prétendus mercenaires colombiens.

Au vrai, un bon enquêteur analytiquement intelligent ne peut manquer de constater des zones d’ombre dans le récit construit par la police haïtienne. En premier lieu, l’état du cadavre révèle une agression au corps à corps qui met en vrilles le mobile de la Police. On eut dit que les assaillants voulaient infliger une correction, une souffrance à la victime pour lui rappeler ses limites de vassal. C’est là un code de communication propre au milieu gangstérisé, où les hommes de main, quand ils dépassent leurs prérogatives, sont souvent torturés, par les lieutenants du chef des chefs, du saint des saints, Il capo di tutti capi pour servir d’exemple dans tout le réseau. Ce mode opératoire exclut le mobile politique où l’objectif est de se débarrasser vite fait de la cible et souvent à distance. Or dans ce cas, les assaillants ont agi comme s’ils avaient la certitude qu’ils ne seraient pas dérangés et ont pris leur temps. Donc, ils opéraient en territoire connu et reconnu. D’où ces questions.

Gangs locaux, mercenaires internationaux pour un même contrat d’affaires

Ce qui nous amène à interroger la piste des mercenaires.

  • Des mercenaires professionnels auraient-ils couru le risque de prendre leur temps pour torturer la victime en présence de sa femme en laissant celle-ci vivante avec la possibilité de révéler leur identité à la police ? Il y a lieu de croire qu’elle partage avec les assassins de son défunt mari des secrets qu’elle emportera dans sa tombe.
  • Depuis quand les mercenaires opèrent-ils sur le territoire haïtien ? Qui protègent-ils ? Ne sont-ils pas des agents recrutés pour protéger les différents cartels mafieux qui utilisent Haïti comme territoire de transit pour des activités de grande criminalité ? Faut-il rappeler qu’en 2018, Michel-Ange Gédéon, à l’époque Directeur Général de Police Nationale d’Haïti, dans une communication faite à la radio, avait déclaré ne pas reconnaître ces « policiers » dont l’uniforme est différent de ce que portent les différentes brigades spécialisées de la PNH ; et avait aussi précisé que la Police haïtienne ne possède pas les armes M-60 que portent ces faux policiers circulant à bord de véhicules affichant l’insigne de la brigade « USPGN ».
  • N’y a-t-il que les Colombiens qui opèrent comme mercenaires en Haïti ? N’y avait-il pas eu en 2019 sept mercenaires américains qui avaient été arrêtés par la PNH et qui, sur injonction de l’ambassade américaine et du ministre de la justice d’alors de Jovenel Moïse, avaient été libérés et avaient été priés de regagner leur pays sans aucune poursuite, sans qu’aucune explication ait été fournie au public ?
  • Est-il improbable que la branche haïtienne de la DEA ait été à l’œuvre à la résidence de Jovenel Moïse et se soit fusionnée avec les mercenaires colombiens ? Faut-il rappeler qu’en 2018, Le Congressman Mario Rubio avait demandé que des enquêtes soient menées sur l’administration de la Drug Enforcement Administration (DEA) en Haïti en raison de lourds dysfonctionnements dans ce service et de la collusion des agents avec les criminels en Haïti.
  • Est-il probable qu’un président impopulaire, contesté pendant tout son mandat, maintenu au pouvoir, jusqu’au-delà même, rien que par l’appui indéfectible des États-Unis et de la communauté internationale, en raison de sa soumission envers leurs intérêts, aurait-il pu être assassiné si facilement dans sa demeure sans la permission de ses tuteurs internationaux et notamment américains ? Les chrétiens se rappelleront que même le diable avait jugé bon d’obtenir l’autorisation de Dieu avant de s’acharner sur Job. Il ne s’agit nullement de comparer Jovenel et Job, mais de préciser que quand un serviteur est sous la protection d’un maitre puissant, nul ne peut atteindre celui-là qu’avec la permission de celui-ci.
  • Est-il probable que la Colombie, qui héberge 7 bases militaires américaines sur son territoire dans le cadre d’une stratégie de mobilité pour contrôler la région, ait pu mobiliser un escadron de 300 tueurs professionnels, tous anciens militaires, sans l’aval des américains ? Les services américains du renseignement militaire ne surveillent-ils pas étroitement les services colombiens dans le cadre du plan de lutte contre le trafic de la drogue ? Des mercenaires russes, iraniens ou chinois auraient-il pu entrer aussi librement sur le territoire haïtien ?

Autrement dit, l’assassinat de Jovenel Moise se trouve aux confluents d’intérêts hétéroclites. Il semble qu’il y a une conjonction forte entre ces intérêts pour éliminer un pion devenu encombrant sur l’échiquier du théâtre politique haïtien. Et comme ce théâtre politique est un haut lieu de paradoxes, d’ambigüité et de contradictions, les stratèges qui contrôlent le shithole se sont arrangés pour que cette élimination soit sous-traitée comme un crime mafieux auquel on veut donner des couleurs de crime politique.

Haïti, une économie sous traitée par la criminalité financière

On tachera de ne pas perdre de vue qu’avant son investiture Jovenel Moise avait été inculpé par la justice haïtienne dans une affaire de blanchiment d’argent et de corruption. Il dégageait de lui le profil certain d’un homme de main qui avait prêté son nom aux activités mafieuses des seigneurs des différents cartels d’affaires qui contrôlent Haïti, et en retour, on lui avait laissé l’illusion d’un pouvoir pour lequel il n’avait en réalité aucun contrôle réel. Et comme toujours, le piège s’est refermé mortellement sur lui, une fois qu’il ne servait plus à rien et devenait encombrant pour ses tuteurs tant nationaux qu’internationaux. Tel le fou d’un roi indigent se prenant pour le roi et voulant changer la main de la chance du roi, l’esclave a été ramené à la réalité de son destin indigent : un vulgaire pion sacrifiable pour que survive le pacte faisant d’Haiti un territoire livré au business de la criminalité. En cela, je vous invite à relire ce texte de 2015 dans lequel j’insistais à dire que le choix de Martelly en 2011 par les Clinton n’a pas été un hasard, mais un coup stratégique qui annonçait la fin du business démocratique pour un nouveau cycle d’imposture. Le banditisme et le gangstérisme politique sont l’expression politique des intérêts économiques des élites sociales et culturelles haïtiennes. Mais ce serait une erreur de croire que c’est un cas haïtien isolé, car les Sarkozy, les Berlusconi, les Trump, les Bolsonoao ne sont que des expressions contextuelles de ce même gangstérisme politique. Ce qui m’avait d’ailleurs conduit à universaliser ma théorie de l’indigence avec le triomphe de Macron en France en 2017 en voyant dans le triomphe marketing politique annonçant la mort de l’idéologie un creuset de l’indigence pour tous.

Pour comprendre le statut d’Haiti aux yeux de la communauté internationale, il faut avoir pris le temps de regarder ces mini séries ou ces films comme Private Banking, Quartier des Banques, Dirty Money, Bad banks qui surfent sur les liaisons dangereuses entretenues par les banques avec la grande criminalité financière. En effet, depuis la levée du secret bancaire, l’argent sale de l’économie mondiale, qui transitait dans les banques occidentales et les paradis fiscaux, a dû être disséminé vers ces pays tropicaux où les états ne sont que des fictions et où la corruption et la soumission sont les marqueurs vitaux de la réussite. Ainsi, l’occident a dû s’adapter pour que ses capitaux voyagent incognito vers les pays tropicaux via des prêtes noms pour revenir blanchis et propres dans le circuit financier mondial.

Alors, osons demander est-il improbable que l’assassinat de Jovenel Moise ne soit que la pointe visible d’un iceberg international de corruption qui utilise l’état haïtien pour couvrir différents trafics illicites : trafic d’organes, trafic d’enfants, trafic de drogue et blanchiment d’argent.

Comment ne pas profiter du contexte pour rappeler que depuis le séisme de 2010 de puissants réseaux de trafic d’enfants ont ressurgi pour opèrent en Haïti. A-t-on déjà oublié qu’en 2017, un vaste réseau d’êtres humains et de pédophilie avait été identifié en Haïti ? Il semblerait même qu’en cette même année une ressortissante d’Europe du Nord, venue enquêter sur le trafic d’êtres humains et d’enfants en Haïti aurait été retrouvée morte mystérieusement alors qu’elle était sur la piste d’un puissant réseau opérant en Haïti ? Un réseau qui sème depuis des lustres la terreur dans le bidons villes des Caraïbes et de l’Amérique Latine, sous la fausse filière d’adoption, en organisant des enlèvements d’enfants pour letrafic d’organes. Rien d’inhumain dira-t-on, juste un business comme le veut la loi du marché.

Il y a donc de fortes chances que l’assassinat de Jovenel Moïse soit une vendetta mafieuse métamorphosée en coup d’état pour permettre aux stratèges internationaux de ne pas perdre la main qu’ils ont sur le pays depuis l’avènement du banditisme légal. Souvenez-vous de ce cri qui a fait bondir toute la racaille mafieuse de l’occident au chevet du PHTK : Haiti is open for business. Tout individu intelligent doit se demander, mais purée, quelles affaires peuvent prospérer dans un pays ou la justice est en lambeaux ? Quel modèle d’affaires peut s’intéresser aux outils technologiques pour la performance de la finance en se désintéressant paradoxalement du fonctionnement performant de la justice ? Ne dit-on pas que c’est la justice qui élève une nation ? Concrètement, quand en un lieu la prospérité des affaires se préoccupe peu de la justice, cette nation ne peut que s’enliser dans les eaux marécageuses de l’indigence.

Comme disait Confucius, ce ne sont pas les réponses qui importent, mais la pertinence des questions. Car c’est à travers elles que l’on peut voir ce que personne n’ose voir. Surtout, celles que l’on refuse de se poser par paresse mentale, par corruption, par lâcheté et par soumission. D’où ma question finale : pensez-vous que la France, les USA, le Canada, l’ONU et l’UE ont intérêt à élucider un meurtre qui permettrait de remonter aux connexions mafieuses entre gangs locaux, mercenaires internationaux, capitaux étrangers, banques locales et trafic de toutes sortes ?

Voilà autant de questions qui montrent à qui veut le comprendre que la montagne de cette enquête accouchera comme toujours d’une petite souris. Bien fou pour croire que le FBI est là pour résoudre l’enquête. D’ailleurs, il est fort probable que les éléments matériels reliant les stratèges diplomatiques à ce crime ont déjà été éliminés. Car il y a eu de nombreuses maladresses de Madame La lime dans ce dossier. Au lendemain du crime, sans une note officielle de sympathie, sans les convenances diplomatiques habituelles, elle s’est précipitée à désigner qui dirigera la poubelle en prétextant que le ministre nommé n’avait pas eu le temps de prêter serment. Madame La Lime peut-elle dire devant quel parlement Claude Joseph avait prêté serment pour avoir la légitimité de diriger le pays ? Devant quel parlement le CEP inconstitutionnel, qui a reçu le financement de tous les bailleurs de fonds internationaux, malgré les déclarations officielles disant le contraire, avait-il prêté serment ? Devant quel parlement le Directeur de la PNH, suspecté de complicité avec les gangs, avait-il prêté serment ? Quel parlement avait ratifié les ambassadeurs en poste dans les capitales occidentales nommés par Barbecue, l’enfant chéri de l’ONU et des Américains ? Mais n’avez-vous pas vu que depuis l’annonce de l’implication de Claude Joseph dans l’assassinat par le journal colombien, les américains l’ont invité à faire profil bas. Car à force de s’entêter, il peut lui aussi devenir un fou du roi encombrant pour le jeu du maitre blanc.

Étrange tout de même qu’un pays, qui a bénéficié d’un si imposant renforcement institutionnel pendant 25 ans, puisse voir un beau matin toutes ses institutions se métamorphoser en des cartels de gangs. Oui, je sais, cet article m’expose un peu plus. Mais surtout ne pleurez pas ma mort, car si vous êtes vivant à pleurer ceux et celles qui se font tuer pour leur courage de dire la vérité, c’est que vous êtes de mèche avec ceux qui tuent. À moins que vous ne soyez résilient et compatiblement indigent.

Erno Renoncourt

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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