Provocation d’un navire militaire britannique près de la Crimée – Le Royaume-Uni joue avec le feu

Provocation d’un navire militaire britannique près de la Crimée – Le Royaume-Uni joue avec le feu

par Christelle Néant

Le 23 juin 2021, un navire militaire britannique, le HMS Defender, parti d’Ukraine pour rejoindre la Géorgie, a violé la frontière maritime de la Russie au large de Sébastopol, en Crimée, dans ce qui semble être une provocation planifiée. Le navire de guerre n’a changé de cap qu’après des tirs de semonce de la part des navires et avions russes.

Deux ans et demi après la provocation de l’Ukraine dans le détroit de Kertch, c’est le Royaume-Uni qui a décidé de titiller la Russie en envoyant un navire militaire dans les eaux territoriales de la Crimée, au risque de déclencher un conflit de grande ampleur (le pays étant membre de l’OTAN le risque d’extension d’un conflit est tout à fait réel).

Alors que les exercices conjoints « Sea Breeze » doivent avoir lieu, la Russie a de nouveau, par mesure de sécurité, interdit le passage des navires de l’OTAN dans certaines zones proches de la Crimée, et du détroit de Kertch, au cas où « des missiles se perdraient ».

Carte montrant les zones interdites en bleu :

Mais le commandement britannique a décidé de ne pas tenir compte de ces restrictions et a décidé d’envoyer son navire militaire suivre une route passant par une des zones interdites, et pénétrer dans les eaux territoriales de la Crimée près de Sébastopol.

Vidéo de la route du HMS Defender:


À 11 h 52, le navire militaire britannique a franchi la frontière maritime de la Russie en Crimée, et est entré dans les eaux territoriales dans la zone du cap Fiolent sur 3 km. Les navires russes de la Flotte de la mer Noire et du service des frontières du FSB lui demandent alors de changer de cap, faute de quoi ils lui tireront dessus. Mais le HMS Defender ignore les avertissements et continue comme si de rien n’était.
Conformément à l’avertissement envoyé plus tôt, un navire russe de la patrouille frontalière effectue alors des tirs de semonce à 12 h 06 et 12 h 08. En vain. La Russie passe alors le cran au-dessus et envoie des bombardiers Su-24M larguer quatre bombes à fragmentation sur la trajectoire du HMS Defender, à 12 h 19. C’est ce bombardement d’avertissement qui décidera le HMS Defender à quitter les eaux territoriales russes à 12 h 23, car le commandant comprend alors que les prochains tirs auront pour but de tuer.

Suite à cet incident, le ministère britannique de la Défense s’est alors lancé dans un déni pathétique, déclarant sur leur fil Twitter qu’il n’y avait pas eu de tirs de semonce contre le HMS Defender et que le navire traversait pacifiquement les eaux territoriales ukrainiennes (ce qui est faux puisque la Crimée est de facto russe depuis 2014 que cela plaise ou pas aux autorités britanniques).

Leur propagande est même allée jusqu’à dire dans un deuxième tweet pitoyable, que les Russes semblaient faire un exercice de tir dans la mer Noire mais qu’aucun tir n’était dirigé vers le HMS Defender.

Le problème pour le ministère britannique des Affaires étrangères c’est qu’un correspondant de la BBC, Jonathan Beale, était à bord du HMS Defender et que l’histoire qu’il raconte colle plus avec la version russe qu’avec la version britannique. Et il va être difficile d’accuser la BBC d’être pro-russe.

En effet, le journaliste dit clairement que le navire a délibérément été envoyé dans les eaux territoriales russes pour attirer l’attention des Russes, et que les armes à bord étaient chargées ! « Traversée pacifique des eaux territoriales » vous avez dit ?

« L’équipage est déjà aux postes de combat alors qu’il s’approche de la pointe sud de la Crimée occupée par la Russie. Les systèmes d’armement à bord du destroyer de la Royal Navy ont déjà été chargés. Il s’agit d’une manœuvre délibérée pour attirer l’attention de la Russie. Le HMS Defender allait naviguer dans la limite des 12 milles (19 km) des eaux territoriales de la Crimée », raconte le journaliste de la BBC.

Et la suite de son récit confirme là aussi la version russe. En effet, Beale explique que le HMS Defender a été suivi par des navires des garde-côtes russes qui ont tenté de le forcer à changer de cap, et que des avertissements ont été envoyés au navire militaire britannique par radio, avant que des avions de combat ne larguent des bombes à proximité.

« Deux navires des garde-côtes russes qui suivaient le navire de guerre de la Royal Navy ont tenté de le forcer à changer de cap. À un moment donné, l’un des navires russes s’est approché à environ 100 m (328 pieds). Des avertissements de plus en plus hostiles ont été lancés par radio, dont un qui disait « si vous ne changez pas de cap, je vais tirer ». Nous avons entendu des tirs au loin, mais nous pensions qu’ils étaient hors de portée. Alors que le HMS Defender naviguait dans le couloir de navigation, il a été bombardé par des avions de combat russes. Le capitaine, Vincent Owen, a déclaré que le navire a détecté plus de 20 avions militaires à proximité. Le commandant Owen a déclaré que sa mission était sûre mais non conflictuelle », écrit le journaliste.

Dans la vidéo publiée avec l’article on entend même les avions russes qui survolent encore le HMS Defender alors que Beale fait son rapport en direct depuis le navire militaire britannique qui s’éloigne de la Crimée.

Le ministère russe de la Défense a ensuite publié des vidéos montrant le changement de cap du HMS Defender après l’action des SU-24M. Finissant de prouver une fois pour toute que le ministère britannique de la Défense a menti de A jusque Z.

Suite à cet incident, l’attaché militaire de l’ambassade britannique à Moscou a été convoqué en urgence au ministère russe de la Défense, où il a reçu une note de protestation. Les autorités russes ont demandé aux Britanniques d’enquêter sur les causes de cet incident. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a indiqué que l’ambassadeur britannique serait lui aussi convoqué suite à cet incident.

Cette provocation a entraîné de nombreuses réactions en Russie. Sur sa chaîne Telegram, le sénateur russe Alekseï Pouchkov a dénoncé une provocation visant à créer un nouveau scandale international et une nouvelle crise d’hystérie russophobe.

« Que faisait un destroyer britannique dans nos eaux territoriales – près du Cap Fiolent en mer Noire ? Protéger la sécurité de la Grande-Bretagne ? Bien sûr que non. La Grande-Bretagne, comme nous le savons, se trouve dans des mers absolument différentes. A-t-il montré le fier drapeau de l’ancienne « reine des mers » ? Mais la Grande-Bretagne n’est plus une reine. La seule possibilité est donc qu’ils ont voulu organiser une provocation, tester la réaction de la Russie, et créer la base d’un nouveau scandale international et d’une nouvelle crise d’hystérie anti-russe », a écrit le sénateur russe.

Le vice porte-parole du parlement de Crimée, Efim Fix a lui aussi dénoncé le franchissement de la frontière russe par un navire militaire britannique comme une provocation délibérée et inacceptable.

Au vu des propos tenus tant par le ministère britannique de la Défense et par le journaliste de la BBC qui était à bord du navire militaire, le but de cette provocation délibérée était de montrer à la Russie que le Royaume-Uni ne reconnaît pas la Crimée comme étant russe, et donc que les eaux territoriales au large de la péninsule ne sont pas russes (et par corollaire qu’ils peuvent y faire ce qu’ils veulent). Chose que les Britanniques auraient « prouvé » si la Russie n’avait pas réagi.

Le problème pour les Britanniques c’est que leur avis à ce sujet, la Russie s’en fiche comme d’une guigne et qu’elle défend avec fermeté sa frontière, reconnaissance internationale ou pas. Si Londres espérait que la Russie les laisserait faire sous prétexte qu’il s’agit d’un navire militaire de l’OTAN et que le Royaume-Uni ne reconnaît pas la Crimée comme russe, c’est que les Britanniques n’ont toujours rien compris aux Russes, et qu’il est temps qu’ils changent de conseillers avant de déclencher une guerre de grande ampleur pour avoir voulu jouer à celui qui pisse le plus loin.

Christelle Néant

source:https://www.donbass-insider.com/fr/

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