La leçon magistrale de Poutine à un journaliste US (interview NBC complète)

La leçon magistrale de Poutine à un journaliste US (interview NBC complète)

Un roquet insolent reçoit une correction méritée.

Vladimir Poutine a répondu aux questions du correspondant de NBC Keir Simmons. L’interview a été enregistrée le 11 juin au Kremlin.

Source : en.kremlin.ru, 14 juin 2021

Traduction : lecridespeuples.fr

Keir Simmons : Monsieur le Président, cela fait longtemps que vous n’avez pas été interviewé par une chaîne de télévision américaine. Presque trois ans, je crois. Merci pour votre temps. Il y a beaucoup de choses à discuter. J’espère que nous aurons le temps d’aborder toutes les questions.

Mais je veux commencer par quelques informations récentes aux États-Unis, parues aujourd’hui. Aux États-Unis, il a été rapporté que la Russie se prépare, peut-être dans quelques mois, à fournir à l’Iran un système satellitaire avancé, permettant à Téhéran de suivre des cibles militaires. Est-ce vrai ? (TRADUCTION COMPLÉTEMENT FAUSSE A DEUX REPRISES, ÉVOQUANT UN PIRATAGE ET UN TRANSFERT DE TECHNOLOGIE A L’IRAN POUR SON PROGRAMME NUCLÉAIRE)

Vladimir Poutine : Pourriez-vous répéter la question ? Nous nous préparerions à pirater quel type d’installations ?

Keir Simmons : Non. Les informations parues aujourd’hui affirment que la Russie se prépare à donner ou à offrir à l’Iran une technologie satellitaire qui permettra à l’Iran de viser militairement, de faire des cibles militaires.

Vladimir Poutine : (Rires) Non. Nous n’avons pas ce genre de programmes avec l’Iran. Non, c’est juste un non-sens encore une fois, encore une fois. Nous avons des plans de coopération avec l’Iran, y compris une coopération militaire et technique. Et tout cela s’inscrit dans le cadre des décisions qui ont été convenues dans notre programme, en ce qui concerne le programme nucléaire de l’Iran dans le cadre des décisions de l’ONU avec nos partenaires dans la préparation du JCPOA [accord sur le nucléaire iranien] par lequel certaines sanctions ponctuelles contre l’Iran, y compris dans le domaine de coopération militaire et technique, devaient être levées. Nous avons certains programmes qui concernent les armes conventionnelles, si cela va jusque-là. Cependant, nous ne sommes même pas encore allés à ce stade. Nous n’avons même pas de véritable coopération dans le domaine des armes conventionnelles. Donc, si quelqu’un invente quelque chose concernant la technologie spatiale moderne, ce n’est que pure fiction. C’est juste une fausse information. Du moins, je ne sais rien de ce genre de chose. Ceux qui en parlent en savent probablement plus à ce sujet. C’est juste un non-sens, de l’info-poubelle.

Keir Simmons : Donc je présume que vous conviendrez que donner à l’Iran une technologie satellitaire qui pourrait lui permettre de cibler des militaires américains dans des endroits comme l’Irak ou de partager ces informations avec le Hezbollah ou les Houthis au Yémen afin qu’ils puissent cibler Israël et l’Arabie saoudite, vous êtes d’accord que donner à l’Iran ce genre de technologie satellitaire serait dangereux ?

Vladimir Poutine : Écoutez, pourquoi parlons-nous de problèmes qui n’existent pas ? Il n’y a pas de sujet de discussion. Quelqu’un a inventé quelque chose, a tout simplement inventé quelque chose de toutes pièces. Peut-être que ce n’est qu’une histoire bidon afin de limiter tout type de coopération militaire et technique avec l’Iran. Je dirai encore une fois qu’il ne s’agit que de fausses informations dont je n’ai aucune connaissance. C’est la première fois que j’entends parler d’une telle information, par votre intermédiaire. Nous n’avons pas ce genre d’intentions. Et je ne suis même pas sûr que l’Iran soit capable d’accueillir ce genre de technologie. C’est un sujet à part, un sujet très high-tech.

Nous n’excluons pas la coopération avec de nombreuses nations du monde dans l’espace. Mais il est probable que tout le monde connasse très bien notre position, à savoir que nous sommes catégoriquement opposés à la militarisation de l’espace. Nous pensons que l’espace devrait être exempt de toutes sortes d’armes situées sur des orbites proches de la Terre. Nous n’avons pas ce genre de plans ou de programmes, notamment concernant le transfert de technologie du niveau que vous venez de décrire.

Keir Simmons : D’accord. Passons à votre sommet avec le Président Biden.

Le contexte du sommet est qu’il rencontre le G7, un groupe auquel vous avez appartenu, avec l’OTAN, avec les dirigeants européens. Le Président Biden a défini son premier voyage en Europe comme, je cite, « visant au ralliement des démocraties du monde ». Il vous considère comme un chef autocrate déterminé à saper l’ordre démocratique libéral. Est-ce vrai ?

Vladimir Poutine : Eh bien, je ne sais pas. Certains présentent cela d’un certain point de vue. D’autres voient les choses et me considèrent moi-même d’une manière toute différente. Toutes ces allégations sont offertes au public d’une manière jugée opportune pour les cercles dirigeants d’un certain pays.

Le fait que le Président Biden ait rencontré ses alliés n’a rien d’inhabituel. Une réunion du G7 n’a rien d’inhabituel. Nous savons ce qu’est le G7. J’y suis allé à de nombreuses reprises. Je sais quelles sont les valeurs promues dans ce forum. Quand les gens se réunissent et discutent de quelque chose, c’est toujours bon. C’est mieux que de ne pas se réunir et de ne pas discuter. Parce que même dans le contexte du G7, il y a des questions qui nécessitent une attention et une considération continues car il y a des différences, aussi étranges que cela puisse paraître. Il peut y avoir des différences dans les évaluations des événements internationaux sur la scène internationale et entre les pays du G7 même. Et c’est très bien de se retrouver et d’en discuter.

En ce qui concerne l’OTAN, j’ai dit à plusieurs reprises que « C’est une relique de la guerre froide. » C’est quelque chose qui est né à l’époque de la guerre froide. Je ne sais pas pourquoi ça continue d’exister.

Il fut un temps où certains disaient que cette organisation serait transformée. Maintenant, c’est un peu oublié. Nous supposons qu’il s’agit d’une organisation militaire. C’est un allié des États-Unis. De temps en temps, il est logique de rencontrer vos alliés, même si je peux avoir une idée de la façon dont la discussion se déroule là-bas. De toute évidence, tout devrait être décidé par consensus. Cependant, il n’y a qu’une seule opinion qui est correcte [celle de Washington]. Alors que les autres opinions ne sont pas tout à fait aussi justes, pour s’exprimer en termes prudents. Eh bien, nous y voilà. Les alliés se rassemblent. Qu’est-ce qu’il y a de si inhabituel à ça ? Je n’y vois rien d’inhabituel. En fait, c’est un signe de respect envers les alliés des États-Unis avant un sommet entre les Présidents américain et russe. Cela est probablement présenté comme un désir de connaître leur opinion sur les questions clés de l’ordre du jour actuel, y compris les questions dont le Président Biden et moi-même discuterons. Cependant, je suis enclin à penser que malgré toutes ces subtilités, les États-Unis, en ce qui concerne leur relation avec la Russie, feront la promotion de ce qu’ils considèrent important et nécessaire pour eux-mêmes, avant tout pour eux-mêmes, dans leurs intérêts économiques et militaires. Cependant, entendre ce que leurs alliés ont à dire à ce sujet – cela ne fait probablement jamais de mal. C’est une procédure de travail.

Keir Simmons : Parlons donc de votre rencontre avec le Président Biden, le sommet qui aura lieu après ces rencontres. Le Président Biden vous a demandé de le rencontrer. Il n’a posé aucune condition préalable. Avez-vous été surpris ?

Vladimir Poutine : Non. Nous avons une relation bilatérale qui s’est détériorée au point le plus bas de ces dernières années. Cependant, il y a des questions qui nécessitent une certaine comparaison des notes et l’identification et la détermination de positions mutuelles, afin que les questions d’intérêt commun puissent être traitées de manière efficace et efficiente dans l’intérêt à la fois des États-Unis et de la Russie. Il n’y a donc rien d’anormal à cela. En fait, malgré cette rhétorique apparemment dure, nous nous attendions à ces suggestions parce que l’agenda politique intérieur des États-Unis nous empêchait de rétablir la relation à un niveau acceptable. Cette réunion aurait dû avoir lieu à un moment donné. Ainsi, le Président Biden a lancé cette initiative. Auparavant, comme vous le savez, il avait soutenu l’extension du traité START, ce qui, bien entendu, ne pouvait manquer de rencontrer un soutien de notre part. Nous pensons que ce traité dans le domaine de la limitation des armes offensives stratégiques a été élaboré de manière approfondie et qu’il répond à nos intérêts et à ceux des États-Unis. On pouvait donc s’attendre à cette offre.

Keir Simmons : Allez-vous participer au sommet en acceptant d’entamer davantage de pourparlers sur le contrôle des armements immédiatement après le sommet ? Parce que comme vous l’avez mentionné, le Président Biden a prolongé le nouveau START de cinq ans. Washington aimerait que ce soit le début, pas la fin de cette conversation.

Vladimir Poutine : Nous savons ce qui compte et quels problèmes les Américains veulent discuter avec nous, et nous comprenons ces questions, ces sujets et ces problèmes. Nous sommes prêts pour ce travail commun. Nous avons des différences, voire des différends, par rapport à des compréhensions divergentes du rythme – à quel rythme et dans quelles directions nous devons avancer. Nous savons ce qui constitue des priorités pour la partie américaine. Et c’est, de manière générale, un processus qui doit être avancé au niveau professionnel à l’instar du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Défense du côté russe, du Pentagone et du Département d’État du côté américain. Nous sommes prêts pour ce travail.

Nous avons entendu des signaux indiquant que la partie américaine aimerait que ces négociations reprennent au niveau des experts professionnels. Nous verrons si les conditions pour cela ont été créées après le sommet. Bien sûr, nous ne disons pas non. Nous sommes prêts à faire ce travail.

Keir Simmons : Le Président Biden veut de la prévisibilité et de la stabilité. Est-ce que c’est ce que vous voulez ?

Vladimir Poutine : Eh bien, c’est la chose la plus importante. C’est la valeur la plus importante, si vous voulez, dans les affaires internationales.

Keir Simmons : Désolé de vous interrompre. Mais il dirait que vous avez causé beaucoup d’instabilité et d’imprévisibilité.

Vladimir Poutine : Eh bien, il dit une chose. Je dis autre chose. Mais peut-être qu’à un moment donné, à certains égards, notre rhétorique varie et est différente. Mais si vous me demandez mon avis maintenant, je vais vous le donner. La valeur la plus importante dans les affaires internationales est la prévisibilité et la stabilité. Et je crois que de la part de nos partenaires américains, c’est quelque chose que nous n’avons pas vu ces dernières années. Quel genre de stabilité et de prévisibilité pourrait-il y avoir si nous nous souvenons des événements de 2011 en Libye où le pays a été essentiellement démantelé, brisé ? Quel genre de stabilité et de prévisibilité y avait-il à cela ?

On a parlé d’une présence continue de troupes en Afghanistan. Et puis tout d’un coup, boum ! Les troupes se retirent d’Afghanistan. Est-ce de nouveau de la prévisibilité et de la stabilité ?

Maintenant, considérons les événements du Moyen-Orient. Est-ce de la prévisibilité et de la stabilité? A quoi tout cela mènera-t-il ? Et en Syrie ? Qu’est-ce qui est stable et prévisible à ce sujet ?

J’ai demandé à mes homologues américains : « Vous voulez qu’Assad parte ? Qui le remplacera ? Que se passera-t-il lorsqu’il sera remplacé par quelqu’un ? » La réponse est étrange. La réponse est : « Je ne sais pas. » Eh bien, si vous ne savez pas ce qui va se passer ensuite, pourquoi changer ce qui existe ? Ce pourrait être une deuxième Libye ou un autre Afghanistan. Voulons-nous cela ? Non. Asseyons-nous ensemble, parlons, cherchons des solutions de compromis acceptables pour toutes les parties. C’est ainsi que la stabilité est atteinte. On ne peut y parvenir en imposant un point de vue particulier, le point de vue « correct », alors que tous les autres sont considérés incorrects. Ce n’est pas ainsi que la stabilité est atteinte.

Keir Simmons : Passons à d’autres problèmes. Je veux juste parler un peu plus de votre relation avec le Président Biden. Ce ne sera pas le sommet d’Helsinki (avec Trump). Le Président Biden n’est pas le Président Trump. Vous avez un jour décrit le Président Trump comme une personne brillante, talentueuse. Comment décririez-vous le Président Biden ?

Vladimir Poutine : Eh bien, même aujourd’hui, je pense que l’ancien Président des États-Unis, M. Trump, est un individu extraordinaire, un individu talentueux, sinon il ne serait pas devenu Président des États-Unis. C’est un individu haut en couleur. Vous pouvez l’aimer ou non. Et il ne venait pas de l’establishment américain. Il n’avait jamais fait partie de la grande politique auparavant, et certains l’aiment, d’autres ne l’aiment pas, mais c’est un fait.

Le Président Biden, bien sûr, est radicalement différent de M. Trump parce que le Président Biden est un homme de carrière. Il a passé pratiquement toute sa vie adulte en politique. Il le fait depuis de nombreuses années, je l’ai déjà dit et c’est une évidence. Il suffit de penser au nombre d’années qu’il a passées au Sénat, et combien d’années il a été impliqué dans les questions de politique internationale et de désarmement, pratiquement au niveau d’expert. C’est un autre type de personne, et j’espère sincèrement que oui, il y a des avantages et des inconvénients, mais il n’y aura pas de réactions ampulsives de la part du Président américain en exercice, que nous serons en mesure de respecter certaines règles d’engagement, certaines règles de communications et saurons trouver des points de contact et des points communs.

Keir Simmons : Eh bien, le Président Biden a dit qu’une fois, lorsque vous vous êtes rencontrés, que vous étiez à quelques centimètres l’un de l’autre, proches l’un de l’autre, il vous a dit : « Je vous regarde dans les yeux et je ne vois pas d’âme. » Et vous auriez répondu : « Nous nous comprenons. » Vous souvenez-vous de cet échange ?

Vladimir Poutine : En ce qui concerne l’âme, je ne suis pas sûr. Il faut penser à ce qu’est l’âme. Mais je ne me souviens pas de cette partie particulière de nos conversations, pour être honnête avec vous. Je ne m’en rappelle pas. Nous tous, lorsque nous nous rencontrons, lorsque nous nous réunissons, lorsque nous discutons, lorsque nous travaillons et nous efforçons de trouver des solutions, nous procédons tous à partir des intérêts de nos nations et de nos États. Et c’est fondamental, c’est le fondement de toutes nos actions et intentions. Et c’est la force motrice et le motif pour organiser des réunions de ce genre. Et en ce qui concerne l’âme, c’est quelque chose qui relève plutôt de l’église.

Keir Simmons : Oui. Vous êtes un homme religieux. Le Président Biden dit qu’il vous a dit en face : « Vous n’avez pas d’âme. »

Vladimir Poutine : (Rires.) Je n’en ai aucun souvenir. « Quelque chose ne va pas avec ma mémoire. »

Keir Simmons : Il dit que c’était il y a environ 10 ans, quand il était vice-président.

Vladimir Poutine : Eh bien, il a probablement une bonne mémoire. Je n’exclus pas cela, mais je ne m’en souviens pas. Dans les rencontres personnelles, les gens essaient d’agir de manière appropriée. Je ne me souviens d’aucun comportement inapproprié de la part de mes homologues. Je ne pense pas que quelque chose comme ça se soit produit. Peut-être qu’il a dit quelque chose, mais je ne m’en souviens pas.

Keir Simmons : Auriez-vous pensé que c’était une chose inappropriée à dire ?

Vladimir Poutine : Eh bien, cela dépend du contexte. Cela dépend de la forme sous laquelle ce serait dit. On peut le dire de différentes manières. Ça peut être présenté de différentes manières. Mais généralement, les gens se rencontrent pour établir une relation et créer un environnement et des conditions de travail en commun, en vue d’obtenir une sorte de résultats positifs. Si quelqu’un veut se disputer avec quelqu’un d’autre, pourquoi s’embêter et avoir une réunion ? Il vaut mieux se pencher sur les politiques budgétaires et sociales au niveau national. Nous avons de nombreux problèmes que nous devons résoudre. A quoi ça servirait (de se rencontrer pour s’invectiver) ? Ce serait juste une perte de temps.

Bien sûr, on peut présenter cela pour la consommation politique intérieure, ce qui, je crois, est ce qui a été fait aux États-Unis au cours des deux dernières années, où les relations américano-russes ont été sacrifiées au nom d’un conflit politique féroce à l’intérieur des États-Unis.

On peut voir ça. Nous le savons très bien. Nous avons été accusés de toutes sortes de choses : ingérence électorale, cyberattaques, etc. Et pas une fois, pas une seule fois ils n’ont pris la peine de produire une quelconque preuve ou élément tangible. Juste des accusations sans fondement. Je suis surpris que nous n’ayons pas encore été accusés d’avoir provoqué le mouvement Black Lives Matter. Cela aurait été une bonne ligne d’attaque. Mais nous ne l’avons pas fait.

Keir Simmons : Que pensez-vous du mouvement Black Lives Matter ?

Vladimir Poutine : Je pense que, bien sûr, ce mouvement a été utilisé par l’une des forces politiques au niveau national au cours des campagnes électorales. Mais il y a des raisons à cela. Rappelons-nous Colin Powell qui était Secrétaire d’État, était en charge du Pentagone. Il a écrit dans son livre que même lui, en tant que haut fonctionnaire, avait ressenti une sorte d’injustice envers lui-même toute sa vie en tant que personne au teint foncé.

Même depuis l’époque soviétique, nous en Russie, nous avons toujours traité avec compréhension le combat des Afro-Américains pour leurs droits. Et il y a certaines racines à cela. Et il y a un certain fondement à cela. Mais peu importe la noblesse des objectifs qui poussent quelqu’un, s’il arrive à certains extrêmes, s’il déborde sur… s’il acquiert des éléments d’extrémisme, nous ne pouvons pas approuver cela. Nous ne pouvons pas l’accueillir favorablement. Notre attitude à cet égard est donc très simple. Nous soutenons la lutte des Afro-Américains pour leurs droits, mais nous sommes contre tous les types et formes d’extrémisme, dont malheureusement parfois, malheureusement, nous sommes témoins de nos jours.

Keir Simmons : Vous évoquez des cyberattaques et niez toute implication de la Russie. Mais Monsieur le Président, il existe désormais un poids de preuves, une longue liste de prétendues cyberattaques parrainées par l’État. Laissez-moi vous en donner cinq.

Il y en a beaucoup, mais c’est éloquent. La communauté du renseignement américaine affirme que la Russie est intervenue dans les élections de 2016. Les responsables de la sécurité électorale ont déclaré que la Russie avait tenté d’interférer avec les élections de 2020. Des chercheurs en cybersécurité ont déclaré que les pirates du gouvernement ciblaient les chercheurs sur les vaccins COVID, piratant les vaccins COVID.

En avril, le Département du Trésor a déclaré que l’attaque de SolarWinds était la pire au monde, y compris neuf agences fédérales. Et juste avant votre sommet, Microsoft dit avoir découvert une autre attaque avec des cibles dont des organisations qui vous ont critiqué, M. Poutine.

Monsieur le Président, menez-vous une cyberguerre contre l’Amérique ?

Vladimir Poutine : Cher Keir, vous avez dit qu’il existe de nombreuses preuves de cyberattaques par la Russie. Et puis vous avez énuméré les agences américaines officielles qui l’ont déclaré. C’est ce que vous venez de faire ?

Keir Simmons : Eh bien, je vous donne des informations sur qui l’a dit afin que vous puissiez répondre.

Vladimir Poutine : Exact. Vous me communiquez des informations sur qui a dit cela. Mais où est la preuve que cela a bien été fait ? Il est facile de dire que telle personne a dit ceci, telle personne a dit cela. Mais où sont les preuves ? Où est la preuve ? Lorsqu’il y a des accusations sans preuves, je peux vous dire que vous pouvez déposer votre plainte auprès de la Ligue internationale de réforme sexuelle (sic).

C’est une conversation vaine. Mettez quelque chose sur la table pour que nous puissions regarder et répondre. Mais il n’y a rien de tel.

L’une des dernières attaques, pour autant que je sache, était contre le système de pipeline aux États-Unis. D’accord, oui. Et alors ?

Keir Simmons : Mais c’est… mais vous mentionnez…

Vladimir Poutine : Un instant. Autant que je sache, les actionnaires de cette société ont même pris la décision de payer la rançon. Ils ont payé les cyber-gangsters. Si vous avez pu répertorier un ensemble complet de services spéciaux américains, puissants, mondiaux, respectables, après tout, ils peuvent trouver la personne qui a reçu la rançon. Et une fois qu’ils auront fait cela, ils se rendront compte que la Russie n’a rien à voir avec cela.

Ensuite, il y a la cyberattaque contre une usine de transformation de la viande. La prochaine fois, ils diront qu’il y a eu une attaque contre des œufs de Pâques. Ça devient une farce, comme une farce continue, une farce sans fin. Vous avez dit « beaucoup de preuves », mais vous n’avez cité aucune preuve. Mais encore une fois, c’est une conversation vide, une conversation inutile. De quoi parle-t-on exactement ? Il n’y a aucun élément de preuve.

Keir Simmons : Vous êtes passé à cette question des ransomwares et des criminels. Des criminels russophones, c’est l’allégation, ciblent le mode de vie américain : nourriture, gaz, eau, hôpitaux, transports. Pourquoi laisseriez-vous des criminels russophones perturber votre diplomatie ? Ne voudriez-vous pas savoir qui est responsable ?

Vladimir Poutine : Vous savez, la chose la plus simple à faire serait de nous asseoir calmement et de nous mettre d’accord sur un travail commun dans le cyberespace. Nous avons suggéré cela à l’administration d’Obama…

Keir Simmons : En septembre.

Vladimir Poutine : En octobre. Nous avons commencé en septembre, et au cours de sa dernière année en fonction. En octobre, au début, ils n’ont rien dit. Puis en novembre, ils sont revenus vers nous et nous ont dit que oui, c’était intéressant. Ensuite, ils ont perdu l’élection.

Nous avons réitéré cette proposition à l’administration de M. Trump. La réponse a été que c’est intéressant, mais cela n’a pas abouti à de véritables négociations.

Il y a des raisons de croire que nous pouvons construire un effort dans ce domaine avec la nouvelle administration, que la situation politique intérieure aux États-Unis n’empêchera pas que cela se produise. Mais nous avons proposé de faire ce travail ensemble. Mettons-nous d’accord sur les principes du travail mutuel. Découvrons ce que nous pouvons faire ensemble. Mettons-nous d’accord sur la façon dont nous allons structurer les contre-efforts contre le processus qui prend de l’ampleur. Ici, en Fédération de Russie, les cybercrimes se sont démultipliés au cours des dernières années. Nous essayons d’y répondre. Nous traquons les cybercriminels. Si nous les trouvons, nous les punissons.

Nous sommes disposés à nous engager avec des participants internationaux, y compris les États-Unis. C’est vous qui avez refusé de vous engager dans un travail commun. Que pouvons-nous faire? Nous ne pouvons pas construire ce travail, nous ne pouvons pas structurer ce travail unilatéralement.

Keir Simmons : Eh bien, je ne suis pas le gouvernement, M. Poutine. Je ne suis qu’un journaliste qui vous pose des questions.

Vladimir Poutine : Je le comprends.

Keir Simmons : Mais si vous voulez clairement négocier, vous devez avoir quelque chose avec quoi négocier. Quand on demande une trêve, c’est parce qu’on est en train de mener une guerre.

Vladimir Poutine : Vous savez, en ce qui concerne la guerre, l’OTAN, et j’aimerais attirer votre attention là-dessus, a officiellement déclaré qu’elle considère le cyberespace comme un champ de bataille, une zone d’action militaire, et qu’elle mène des exercices sur ce champ de bataille.

Keir Simmons : Et vous êtes impliqué dans ce domaine.

Vladimir Poutine : Non.

Keir Simmons : La Russie se bat sur ce champ de bataille. C’est juste ?

Vladimir Poutine : Non, non, ce n’est pas correct.

Keir Simmons : Vraiment ?

Vladimir Poutine : Ce n’est pas le cas. Vraiment. Si on voulait faire ça… L’OTAN a dit qu’elle considérait le cyberespace comme une zone de combat. Et il prépare et même conduit des exercices. Qu’est-ce qui nous empêche de faire ça ? Si vous faites cela, nous ferons la même chose. Mais nous ne voulons pas de cela : tout comme nous ne voulons pas que l’espace soit militarisé, nous ne voulons pas que le cyberespace soit militarisé. Et nous avons suggéré à de nombreuses reprises de convenir d’un travail mutuel dans le domaine de la cybersécurité dans ce domaine. Mais votre gouvernement refuse.

Keir Simmons : Ce n’est pas le cas, je veux dire. J’ai vu votre proposition de septembre, juste en septembre. N’est-ce pas ce que vous proposez ? Que si vous parvenez à un accord sur le piratage et l’ingérence électorale, alors vous annulerez le piratage et l’ingérence électorale si les Etats-Unis acceptent de ne pas commenter vos élections et vos opposants politiques ?

Vladimir Poutine : Ce sur quoi nous comptons, c’est que personne ne devrait s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays, ni les États-Unis dans les nôtres, ni nous dans les processus politiques des États-Unis ou de toute autre nation. Toutes les nations du monde devraient avoir la possibilité de se développer sereinement. Même s’il y a des situations de crise, elles doivent être résolues par les gens au niveau national, sans aucune influence ou ingérence de l’extérieur.

Je ne pense pas que cet appel de l’administration américaine, l’administration d’aujourd’hui, vaille quoi que ce soit. Il me semble que le gouvernement américain continuera à s’ingérer dans les processus politiques d’autres pays. Je ne pense pas que ce processus puisse être arrêté, car il a pris beaucoup d’ampleur. Cependant, en ce qui concerne le travail conjoint dans le cyberespace pour la prévention de certaines actions inacceptables de la part des cybercriminels, c’est certainement quelque chose sur lequel on peut s’entendre. Et c’est notre grand espoir que nous serons en mesure d’établir ce processus avec nos partenaires américains.

Keir Simmons : Si vous étiez aux Etats-Unis, que craindriez-vous qu’il se passe ensuite ? Les lumières éteintes comme elles l’étaient dans l’ouest de l’Ukraine en 2015 ?

Vladimir Poutine : Vous voulez dire si j’étais aux Etats-Unis, de quoi aurais-je peur ? C’est ça la question ?

Keir Simmons : De quoi les Américains devraient-ils s’inquiéter ? Que pourrait-il se passer ensuite s’il n’y a pas d’accord sur le cyberespace ?

Vladimir Poutine : Vous savez, c’est comme la militarisation de l’espace. C’est une zone très dangereuse. À un moment donné, afin de parvenir à quelque chose dans le domaine nucléaire en termes de confrontation dans le domaine des armes nucléaires, l’URSS et les États-Unis se sont mis d’accord pour contenir cette course aux armements particulière. Mais le cyberespace est un domaine très sensible. À ce jour, une grande partie des efforts humains reposent sur les technologies numériques, y compris le fonctionnement du gouvernement. Et bien sûr, les interférences dans ces processus peuvent causer beaucoup de dégâts et beaucoup de pertes. Et tout le monde le comprend. Et je le répète pour la troisième fois : asseyons-nous ensemble et convenons d’un travail commun sur la manière d’assurer la sécurité dans ce domaine. C’est tout. Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? Je ne le comprends même pas.

Je ne vous le demande pas. Je n’essaie pas de vous mettre dans l’embarras. Mais pour moi en tant que citoyen ordinaire, ce ne serait pas clair et compréhensible : pourquoi est-ce que votre gouvernement refuse de le faire ? Les accusations continuent d’affluer, y compris jusqu’à l’ingérence, l’implication dans une cyberattaque contre une sorte d’usine de transformation de viande. Mais notre proposition d’entamer des négociations dans ce domaine est rejetée. C’est une sorte d’absurdité, mais c’est exactement ce qui se passe.

Je répète encore une fois. J’espère que nous pourrons commencer à nous engager dans un travail positif dans ce domaine.

Pour ce qui est de ce dont il faut avoir peur, pourquoi suggérons-nous de nous mettre d’accord sur quelque chose ? Parce que ce dont les gens peuvent avoir peur aux Etats-Unis, sont inquiets aux Etats-Unis, la même chose peut être un danger pour nous. Les États-Unis sont un pays de haute technologie. L’OTAN a déclaré le cyberespace zone de combat. Cela signifie qu’ils planifient quelque chose. Ils préparent quelque chose. Alors évidemment, cela ne peut que nous inquiéter.

Keir Simmons : Craignez-vous que le renseignement américain se trouve au plus profond des systèmes russes et ait la capacité de vous infliger beaucoup de dégâts dans le cyberespace ?

Vladimir Poutine : Je n’ai pas peur, mais je garde à l’esprit que c’est une possibilité.

Keir Simmons : Permettez-moi de vous poser une question sur les droits de l’homme, une question que le Président Biden soulèvera. Monsieur le Président, il évoquera la question d’Alexei Navalny, visé pour assassinat, actuellement emprisonné en Russie. Monsieur le Président, pourquoi êtes-vous si menacé par l’opposition ?

Vladimir Poutine : Qui a dit que je me sentais menacé par l’opposition ou que nous sommes menacés par l’opposition ? Qui vous a dit que j’avais peur de l’opposition ? C’est juste drôle.

Keir Simmons : Eh bien, un tribunal russe vient de… Excusez-moi, je suis désolé. Un tribunal russe vient d’interdire les organisations liées à M. Navalny. Littéralement, chaque figure de l’opposition non systémique fait face à des accusations criminelles. Dans le journalisme, Meduza et VTimes ont été frappés par des étiquettes « agent étranger » et risquent de s’effondrer. Monsieur le Président, c’est comme si la dissidence n’était tout simplement plus tolérée en Russie.

Vladimir Poutine : Vous le présentez comme de la dissidence et de l’intolérance envers la dissidence en Russie. Nous le voyons complètement différemment. Vous avez évoqué la loi sur les agents étrangers, mais ce n’est pas quelque chose que nous avons inventé. Cette loi a été adoptée dans les années 1930 aux États-Unis. Et votre législation est beaucoup plus sévère que la nôtre, et elle vise et vise, entre autres, à empêcher l’ingérence dans les affaires politiques intérieures des États-Unis.

Keir Simmons : Mais Monsieur le Président…

Vladimir Poutine : Et dans l’ensemble, je pense que c’est justifié.

Keir Simmons : Écoutez, je vais juste…

Vladimir Poutine : Voulez-vous que je continue de répondre ?

Keir Simmons : Aux États-Unis, nous appelons ce que vous faites maintenant « allumer un contrefeu ». « Qu’en est-il de cela ? Et ça ? » C’est une façon de ne pas répondre à la question. Permettez-moi de vous poser une question directe.

Vladimir Poutine : Laissez-moi répondre. Vous m’avez posé une question. Vous n’aimez pas ma réponse, alors vous m’interrompez. Ça ne se fait pas. Alors voici ma réponse. Aux États-Unis, cette loi a été adoptée il y a longtemps. Elle reste en vigueur, et les sanctions en vertu de cette loi sont beaucoup plus sévères qu’ici, jusqu’à l’emprisonnement.

Keir Simmons : Voilà, toujours en train de parler des États-Unis.

Vladimir Poutine : Oui, oui. Encore une fois, vous ne me laissez pas… Mais je reviendrai vers nous. Je vais revenir vers nous. Ne vous inquiètez pas. Je ne me concentrerai pas uniquement sur les problèmes américains. Je vais revenir à la Russie et commenter ce qui se passe ici.

Keir Simmons : Monsieur le Président, je pensais que votre conviction était que les nations ne devraient pas intervenir dans les affaires intérieures des autres pays, ne devraient pas commenter la politique des autres pays. Mais vous êtes encore en train de le faire.

Vladimir Poutine : Non. Si vous faites preuve de patience et me laissez finir de dire ce que je veux dire, tout sera clair pour vous. Mais vous n’aimez pas ma réponse. Vous ne voulez pas que ma réponse soit entendue par votre auditoire. C’est le problème. Vous m’interrompez. C’est ça la liberté d’expression ? C’est ça la liberté d’expression à l’américaine ?

Keir Simmons : S’il vous plaît, répondez.

Vladimir Poutine : M’y voilà. Les États-Unis ont adopté cette loi. Nous avons adopté cette loi très récemment afin de protéger notre société contre les interférences extérieures. Lorsque, dans certains États américains, un observateur étranger se présente dans un bureau de vote, le procureur dit : « Approchez-vous de quelques mètres et vous irez en prison. » Est-ce normal ? Est-ce la démocratie dans le monde moderne ? Mais c’est une pratique réelle dans certains États. Nous n’avons rien de tel.

Quand je parle de ces lois, de la non-ingérence ou des tentatives d’ingérence, qu’est-ce que je veux dire par rapport à la Russie ? De nombreuses entités de la soi-disant « société civile » – la raison pour laquelle je dis « la soi-disant société civile » est que bon nombre de ces entités sont financées par l’étranger. Des programmes d’action spécifiques pertinents sont préparés. Leurs membres principaux sont formés à l’étranger. Et lorsque nos autorités officielles voient cela, afin d’éviter ce genre d’ingérence dans nos affaires intérieures, nous prenons des décisions pertinentes et adoptons des lois pertinentes. Et nos lois sont plus indulgentes que les vôtres.

Nous avons un dicton : « Ne vous fâchez pas contre le miroir si vous êtes moche. » Cela n’a rien à voir avec vous personnellement. Mais si quelqu’un nous blâme pour quelque chose, ce que je dis c’est : « Pourquoi ne vous regardez-vous pas ? » Vous vous verrez dans le miroir, pas nous. Il n’y a rien d’inhabituel à cela.

En ce qui concerne les activités politiques et le système politique, il évolue. Nous avons 44 partis enregistrés. Eh bien, 34, je pense. Et 32 sont sur le point de participer à divers processus électoraux à travers le pays en septembre.

Keir Simmons : Ce sont les partis enregistrés.

Vladimir Poutine : Oui, oui.

Keir Simmons : Nous n’avons qu’un temps limité, Monsieur le Président.

Vladimir Poutine : Il y a aussi une opposition non systémique. Vous avez dit que certaines personnes ont été détenues. Certaines personnes sont en prison. Oui, tout cela est vrai. Vous avez mentionné certains noms.

Keir Simmons : Ce sont ceux qui sont…

Vladimir Poutine : Oui, oui. Je vais en parler. Oui. Je ne laisserai aucune de vos questions sans réponse.

Keir Simmons : Alexei Navalny est son nom. Puis-je simplement vous poser une question directe ? Avez-vous ordonné l’assassinat d’Alexei Navalny ?

Vladimir Poutine : Bien sûr que non. Nous n’avons pas ce genre d’habitude, d’assassiner qui que ce soit. C’est un premier point.

Deuxièmement, je veux vous demander : avez-vous ordonné l’assassinat de la femme qui est entrée au Congrès et qui a été tuée par balle par un policier ? Savez-vous que 450 personnes ont été arrêtées après leur entrée au Congrès ? Et ils ne sont pas allés là-bas pour voler un ordinateur portable. Ils sont venus avec des revendications politiques. 450 personnes…

Keir Simmons : Vous parlez de l’émeute du Capitole.

Vladimir Poutine : … ont été détenues. Ils risquent une peine de prison, entre 15 et 25 ans. Et ils sont venus au Congrès avec des revendications politiques. N’est-ce pas de la persécution des opinions politiques ? Certains ont été accusés de comploter pour renverser le gouvernement, pour prendre le pouvoir. Certains sont accusés de vol. Ils n’y sont pas allés pour voler.

Les personnes (russes) que vous avez mentionnées, oui, ont été condamnées pour avoir violé leur statut, ayant déjà été condamnées à des peines avec sursis qui étaient essentiellement des avertissements de ne pas violer les lois russes. Et ils ont complètement ignoré les exigences de la loi. Le tribunal a continué et a transformé la condamnation en une peine de prison ferme. Des milliers et des milliers de personnes ignorent les exigences de la loi – et elles n’ont rien à voir avec les activités politiques – en Russie chaque année et elles vont en prison. Si quelqu’un utilise réellement des activités politiques comme bouclier pour régler ses problèmes, y compris pour atteindre ses objectifs commerciaux, alors il doit en être tenu responsable.

Keir Simmons : Et voilà, Monsieur le Président. Vous dites « Et les Etats-Unis ? » quand je vous pose des questions sur la Russie. Laisse moi vous demander ceci. Vous avez mentionné le Congrès. Permettez-moi de vous poser une autre question directe à laquelle vous pouvez répondre. Et c’est une allégation qui a été faite, une accusation qui a été faite maintes et maintes fois aux États-Unis. Feu John McCain au Congrès vous a traité de tueur. Quand on a demandé au Président Trump, on lui a dit que vous étiez un tueur, il ne l’a pas nié. Lorsqu’on a demandé au Président Biden s’il croyait que vous étiez un tueur, il a répondu : « Je le pense. » Monsieur le Président, êtes-vous un tueur ?

Vladimir Poutine : Écoutez, au cours de mon mandat, je me suis habitué à des attaques sous toutes sortes d’angles et de toutes sortes de domaines sous toutes sortes de prétextes et de raisons et de différents calibres et férocités. Et rien de tout cela ne me surprend. Les gens avec qui je travaille et avec qui nous nous disputons, nous ne sommes pas des mariés. Nous ne jurons pas d’amour et d’amitié éternels. Nous sommes des partenaires. Et dans certains domaines, nous sommes rivaux ou concurrents.

En ce qui concerne la rhétorique dure, je pense que c’est une expression de la culture américaine globale. Bien sûr, à Hollywood, parce que nous avons mentionné Hollywood au début de notre conversation, il y a des choses profondes dans le macho hollywoodien qui peuvent être traitées comme de l’art cinématographique, mais le plus souvent c’est un comportement macho qui fait partie de la culture politique américaine où c’est considéré comme normal.

Je précise que ce n’est pas le cas ici. Ce n’est pas considéré comme normal ici. Si cette rhétorique est suivie d’une suggestion de se rencontrer et de discuter de questions bilatérales et de questions de politiques internationales, j’y vois une volonté de s’engager dans un travail commun. Si ce désir est sérieux, nous sommes prêts à le soutenir.

Keir Simmons : Je ne pense pas vous avoir entendu répondre à la question, la question directe, Monsieur le Président.

Vladimir Poutine : J’ai répondu. J’ajouterai ceci, si vous me le permettez. J’ai entendu des dizaines de telles accusations, en particulier pendant la période de certains événements graves au cours de nos efforts de lutte contre le terrorisme dans le Caucase du Nord. Et quand cela arrive, je suis toujours guidé par les intérêts du peuple russe et de l’État russe. Et les sentiments en termes de qui appelle quelqu’un quoi, quel genre d’épithète m’est accolée, ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète le moins du monde.

Keir Simmons : Laissez-moi vous donner quelques noms. Anna Politkovskaïa, abattue. Alexandre Litvinenko, empoisonné par le polonium. Sergueï Magnitski, qui aurait été tabassé et tué en prison. Boris Nemtsov, tué à quelques pas du Kremlin, à quelques instants d’ici. Mikhail Lesin est décédé d’un traumatisme contondant à Washington, DC. Tout cela est-il une coïncidence, Monsieur le Président ?

Vladimir Poutine : (Rires) Écoutez, vous savez, je ne veux pas passer pour impoli, mais cela ressemble à une sorte d’indigestion, sauf que c’est une indigestion verbale. Vous avez mentionné de nombreuses personnes qui ont effectivement souffert et péri à différents moments pour diverses raisons aux mains de différentes personnes.

Vous avez mentionné Lesin. Lesin travaillait dans mon administration. Je l’aimais beaucoup. Il est mort, il a péri ou a été tué aux États-Unis. Je ne sais pas s’il est mort ou s’il a été tué. Nous devrions vous demander comment il a péri exactement. Je regrette encore aujourd’hui qu’il ne soit pas avec nous. À mon avis, c’est une personne très honnête.

En ce qui concerne les autres, nous avons trouvé certains des criminels qui ont commis ces crimes. Certains sont en prison, et nous sommes prêts à continuer à travailler sur ce mode et dans cette voie, en identifiant tous ceux qui violent la loi et causent par leurs actes des dommages, y compris à l’image de la Fédération de Russie.

Cependant, tout empiler est dénué de sens, inapproprié et sans fondement. Si on y voit une ligne d’attaque, alors très bien. Laissez-moi l’écouter encore une fois. Mais je voudrais répéter que je l’ai entendu plusieurs fois. Mais cela ne me déroute pas. Je sais dans quelle direction aller pour protéger les intérêts de l’État russe.

Keir Simmons : Passons à la Biélorussie et à l’Ukraine, deux questions qui reviendront certainement lors de votre sommet avec le Président Biden. Saviez-vous auparavant qu’un avion de ligne serait contraint d’atterrir en Biélorussie et qu’un journaliste serait arrêté ?

Vladimir Poutine : Non, je n’étais pas au courant. Je n’avais connaissance d’aucun avion de ligne. Je ne connaissais pas les personnes qui y ont été détenues par la suite. Je l’ai appris par les médias. Je ne savais pas, je n’avais aucune idée de l’identité dees détenus. Je ne sais pas. Cela ne nous intéresse pas.

Keir Simmons : Vous semblez l’avoir approuvé à en juger par votre rencontre avec le Président Loukachenko peu après.

Vladimir Poutine : Je ne dis pas que je l’approuve. Je ne dis pas que je le condamne. Mais bon, c’est arrivé. J’ai rappelé récemment dans l’une des conversations avec un collègue européen, la version de M. Loukachenko qui m’en a parlé : une information leur avait été donnée qu’il y avait un engin explosif à bord de l’avion. Ils ont informé…

Keir Simmons : Et vous le croyez ?

Vladimir Poutine : …le pilote sans forcer le pilote à atterrir. Et le pilote a pris la décision d’atterrir à Minsk. C’est tout. Pourquoi ne le croirais-je pas ? Demandez au pilote. C’est la chose la plus simple. Demandez au chef pilote. Demandez au commandant de l’avion. Lui avez-vous demandé s’il avait été forcé d’atterrir ? Parce que je n’ai pas entendu ou vu d’interview avec le commandant de l’avion qui a atterri à Minsk. Pourquoi ne pas lui demander ? Pourquoi ne pas lui demander s’il a été forcé d’atterrir ? Pourquoi vous ne le lui demandez pas ? C’est même étrange en fait. Tout le monde accuse Loukachenko, mais le pilote n’a pas été sollicité.

Vous savez, je ne peux que me souvenir d’une autre situation similaire où l’avion du Président bolivien a été contraint d’atterrir à Vienne, sur ordre de l’administration américaine.

Air Force One, un avion présidentiel, a été contraint d’atterrir. Le Président a été sorti de l’avion. Ils ont fouillé l’avion. Et vous ne vous en souvenez même pas. Pensez-vous que c’était normal, que c’était bien, mais que ce que Loukachenko a fait était mal ?

Écoutez, parlons le même langage et utilisons les mêmes concepts. Si Loukachenko est un gangster, qu’en est-il de la situation avec le Président bolivien ? C’était bien ? En Bolivie, ils considéraient cela comme une humiliation de tout le pays. Mais tout le monde est resté muet pour ne pas aggraver la situation. Personne ne s’en souvient. D’ailleurs, ce n’est pas la seule situation…

Keir Simmons : Vous le rappelez.

Vladimir Poutine : Ce n’est pas la seule situation de ce genre.

Keir Simmons : Sauf votre respect, vous êtes…

Vladimir Poutine : Si ça s’est passé comme vous le suggérez, c’est vous qui lui avez donné un exemple à suivre.

Keir Simmons : … en train de rappeler ce fait, mais c’est un exemple complètement différent, Monsieur le Président. Nous parlons d’un vol commercial. Les gens ne devraient-ils pas pouvoir prendre un vol commercial à travers l’Europe sans craindre d’être abattus comme dans le cas du MH-17 ou forcés d’être abattus pour qu’un dictateur puisse arrêter un journaliste ?

Vladimir Poutine : (Rires) Oui. Écoutez, je vais vous le dire encore une fois. Ce que le Président Loukachenko m’a dit, je n’ai aucune raison de ne pas le croire. Pour la troisième fois, je vous dis : demandez au pilote. Pourquoi ne demandez-vous pas au pilote : avait-il…

Keir Simmons : Mais vous…

Vladimir Poutine : … peur ? Était-il menacé ? Était-il forcé ? Le fait que des informations semblaient indiquer qu’il y avait une bombe dans l’avion, que des individus, des gens qui n’avaient rien à faire, qui étaient des passagers, qui n’avaient rien à voir avec la politique ou tout type de conflit domestique, qu’ils pouvaient le percevoir négativement, pouvaient s’en inquiéter, bien sûr que c’est une mauvaise chose. Il n’y a rien de bon à cela. Et évidemment, nous condamnons tout ce qui a à voir avec cela, et le terrorisme international, et l’utilisation d’avions. Bien sûr, nous sommes contre cela. Et vous m’avez dit que l’atterrissage de l’avion du Président bolivien est une tout autre affaire.

Oui, c’est différent sauf que c’est dix fois pire que ce qui a été fait, si quelque chose a été fait en Biélorussie. Mais vous ne le reconnaîtrez tout simplement pas. Vous l’ignorez et vous voulez que des millions de personnes dans le monde ne le remarquent pas ou l’oublient demain. Vous ne vous en tirerez pas comme ça. Cela n’arrivera pas.

Keir Simmons : Dans le cas de l’Ukraine voisine plus tôt cette année, l’Union européenne a déclaré que vous aviez plus de 100 000 soldats à la frontière ukrainienne. Était-ce une tentative d’attirer l’attention de Washington ?

Vladimir Poutine : Écoutez, tout d’abord, l’Ukraine elle-même – et je pense qu’elle le fait toujours – a continué à apporter du personnel et du matériel militaire dans la zone de conflit dans le sud-est de l’Ukraine, le Donbass. C’est un premier point. Deuxièmement, nous avons mené des exercices sur notre territoire et pas seulement dans le sud de la Fédération de Russie, mais aussi en Extrême-Orient et au nord, dans l’Arctique.

Simultanément, des exercices militaires se déroulaient dans différentes parties de la Fédération de Russie. Au même moment, les États-Unis menaient des exercices militaires en Alaska. Savez-vous quoi que ce soit à ce sujet ? Probablement pas. Mais je vais vous dire que moi, je suis informé. Et cela à proximité directe de nos frontières. Mais c’est sur votre territoire, sur votre terre. Nous n’y avons même pas fait attention.

Qu’est ce qui se passe maintenant ? Maintenant, à nos frontières méridionales, il y a un jeu de guerre, Defender Europe, avec 40 000 soldats, 15 000 unités de matériel militaire. Une partie d’entre eux a été transportée par avion du continent américain directement à nos frontières. Avons-nous transporté par avion une partie de notre technologie militaire jusqu’aux frontières américaines ? Non nous n’avons rien fait de tel.

Keir Simmons : Beaucoup d’entre eux…

Vladimir Poutine : Pourquoi êtes-vous inquiet alors ?

Keir Simmons : Mais bon nombre de ces exercices sont une réponse à vos actions, Monsieur le Président. Craignez-vous que votre opposition à l’OTAN l’ait réellement renforcée ? Pendant six ans, l’OTAN a dépensé davantage pour la défense.

Vladimir Poutine : Voud parlez de défense. A l’époque de l’URSS, Gorbatchev, qui est encore, Dieu merci, avec nous, a obtenu une promesse, une promesse verbale qu’il n’y aurait pas d’expansion de l’OTAN à l’Est. Où est cette…

Keir Simmons : Où est-ce…

Vladimir Poutine : …promesse ? L’OTAN s’est étendu des deux côtés !

Keir Simmons : Où est-ce écrit ? Où est écrite cette promesse ?

Vladimir Poutine : D’accord, d’accord. Bien joué. Correct. Vous marquez un point. Vous avez bon. Eh bien, félicitations. Bien sûr, tout doit être scellé et écrit sur papier. Mais quel était l’intérêt d’étendre l’OTAN à l’Est et d’amener cette infrastructure jusqu’à nos frontières, et tout cela avant de dire que c’est nous qui avons agi de manière agressive ?

Pourquoi cela a-til été fait ? Sur quelle base ? La Russie après l’effondrement de l’URSS a-t-elle présenté une menace quelconque pour les États-Unis ou les pays européens ? Nous avons volontairement retiré nos troupes d’Europe de l’Est. Les laissant juste sur un terrain vide. Nos gens là-bas, les militaires pendant des décennies ont vécu là-bas dans des conditions anormales, y compris leurs enfants.

Nous avons réalisé des dépenses énormes. Et qu’avons-nous obtenu en réponse ? Nous avons des infrastructures d’intervention (de l’OTAN) à côté de nos frontières. Et maintenant, vous dites que nous menaçons quelqu’un. Nous organisons régulièrement des jeux de guerre, y compris parfois des exercices militaires surprises. Pourquoi cela devrait-il inquiéter les partenaires de l’OTAN ? Je ne comprends tout simplement pas.

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Keir Simmons : Vous engagerez-vous maintenant à ne plus envoyer de troupes russes sur le territoire souverain ukrainien ?

Vladimir Poutine : Écoutez, avons-nous dit que nous prévoyions d’envoyer nos formations armées n’importe où ? Nous menions des jeux de guerre sur notre territoire. Comment cela peut-il ne pas être clair ? Je le répète car je veux que votre public l’entende, que vos auditeurs l’entendent à la fois sur les écrans de leurs télévisions et sur internet.

Nous avons mené des exercices militaires sur notre territoire. Imaginez si nous envoyions nos troupes à proximité directe de vos frontières. Quelle aurait été votre réponse ? Nous ne l’avons pas fait. Nous l’avons fait sur notre territoire. Vous avez mené des jeux de guerre en Alaska. Que Dieu vous bénisse (c’est votre territoire souverainà). Mais vous avez traversé un océan, amené des milliers de personnes, des milliers d’unités d’équipement militaire près de nos frontières, et pourtant vous pensez que nous agissons de manière agressive et que vous n’agissez pas de manière agressive. Regardez ça. C’est la poêle qui se fout du chaudron.

Keir Simmons : Continuons. L’administration Biden a déclaré qu’à votre sommet, elle évoquerait le cas de deux prisonniers américains en Russie, Paul Whelan et Trevor Reed. Ce sont deux anciens Marines. Trevor Reed souffre de COVID en prison. Pourquoi ne les relâchez-vous pas avant le sommet ? Cela ne montrerait-il pas de la bonne volonté ?

Vladimir Poutine : Je sais que nous avons certains citoyens américains qui sont en prison, qui ont été condamnés, reconnus coupables. Mais si l’on considère le nombre de citoyens de la Fédération de Russie qui sont dans les prisons américaines, alors ces chiffres ne sont même pas comparables. Ils ne peuvent pas être comparés. Les États-Unis ont pris l’habitude ces dernières années d’attraper des citoyens de la Fédération de Russie dans des pays tiers et de les ramener aux États-Unis, en violation de toutes les normes juridiques internationales, et de les jeter en prison.

Keir Simmons : C’est juste que le temps est limité, Monsieur le Président. À moins que nous n’ayons plus de temps, je serais très heureux de pouvoir continuer pendant encore 30 minutes.

Vladimir Poutine : C’est lmoi qui détermine le temps ici, alors ne vous inquiétez pas du temps. Votre homme, le Marine, c’est juste un ivrogne et un fauteur de troubles. Comme on dit ici, il s’est bourré et a commencé une bagarre. Entre autres, il a frappé un policier. Ce n’est rien. C’est juste un crime de droit commun. Ce n’est rien d’extraordinaire.

Concernant la possibilité de négociations à ce sujet, c’est sûr qu’on peut en parler. Évidemment, nous soulèverons la question de nos citoyens qui sont en prison aux États-Unis. Oui, cela peut être une conversation spécifique. Bien sûr. Nous serions heureux de le faire bien qu’il ne semble pas que l’administration américaine ait soulevé cette question. Mais nous sommes prêts à le faire.

Notre pilote Yaroshenko est en prison aux États-Unis depuis un bon moment, je ne sais pas combien d’années, 15, peut-être 20 ans. Et là aussi, le problème semble être un crime de droit commun. Nous pourrions et devrions en parler. Nous n’en avons pas parlé, mais nous le pourrions. Si la partie américaine est prête à en discuter, nous aussi.

Keir Simmons : Sa famille trouvera cela incroyablement pénible de vous entendre parler de lui de cette façon. Il semble cependant que vous envisagez une sorte d’échange de prisonniers.

Vladimir Poutine : Cela n’a rien d’offensant. Il s’est saoulé avec de la vodka et a commencé une bagarre. Il a frappé un policier. Il n’y a rien d’offensant là-dedans. Ces choses arrivent dans la vie. Il n’y a rien d’horrible à cela. Cela arrive aussi à nos hommes. Quelqu’un avale de la vodka et commence une bagarre. Alors vous violez la loi, vous allez en prison. Que se serait-il passé s’il avait frappé un policier, s’il avait frappé un policier dans votre pays ? Il aurait été abattu sur place, et c’est tout. N’est-ce pas vrai ?

Keir Simmons : Et sur la question de l’échange de prisonniers, est-ce quelque chose que vous envisageriez ? Est-ce que vous voulez négocier ? Vous rencontrez le Président.

Vladimir Poutine : Oui, bien sûr. Mieux encore serait une discussion sur la possibilité de conclure un accord sur l’extradition des individus qui sont en prison. Il s’agit d’une pratique internationale standard. Nous avons de tels accords avec plusieurs pays. Nous sommes prêts à conclure un tel accord avec les États-Unis.

Keir Simmons : Juste pour être clair afin que nous l’entendions de votre part, quels prisonniers russes aux États-Unis espérez-vous ramener en Russie, en les citant par leur nom ?

Vladimir Poutine : Eh bien, nous avons toute une liste. Je viens de mentionner un pilote, un pilote nommé Yaroshenko qui a été emmené aux États-Unis depuis un pays tiers et a été condamné à une longue peine. Il a de gros problèmes de santé, mais l’administration pénitentiaire n’y prête pas attention. Vous avez mentionné que votre citoyen a le coronavirus, mais personne ne fait attention aux problèmes de santé de notre citoyen.

Nous sommes prêts à discuter de ces questions. De plus, il est logique, comme vous l’avez dit correctement, et je suis tout à fait d’accord avec vous, qu’il y ait des questions de nature humanitaire. Et pourquoi ne pas en discuter tant qu’ils concernent la santé et la vie d’individus spécifiques et de leurs familles ? Bien sûr.

Keir Simmons : Juste avant de passer à autre chose, au sujet des prisons, toujours avec Alexei Navalny, vous engagez-vous à vous assurer personnellement qu’Alexei Navalny sortira de prison vivant ?

Vladimir Poutine : Écoutez, de telles décisions dans ce pays ne sont pas prises par le Président. C’est le tribunal qui décide de libérer ou non quelqu’un. En ce qui concerne la santé, toutes les personnes qui sont en prison, c’est quelque chose dont l’administration de la prison ou de l’établissement pénitentiaire spécifique est responsable.

Et il y a des installations médicales dans les pénitenciers qui ne sont peut-être pas dans les meilleures conditions. Et ce sont eux qui en ont la responsabilité. Et j’espère qu’ils s’occupent correctement de la santé des détenus. Mais pour être honnête, je n’ai pas visité de tels endroits depuis longtemps.

J’en ai visité un à Saint-Pétersbourg il y a quelque temps et j’ai eu une impression très grave en inspectant les installations médicales d’une prison. Mais depuis, j’espère que certaines choses ont été faites pour améliorer la situation. Et je pars du principe que la personne que vous avez mentionnée, le même genre de mesures s’appliquera à cette personne, pas pire qu’à n’importe qui d’autre qui se trouve être en prison.

Keir Simmons : Il s’appelle Alexei Navalny. Les gens remarqueront que vous n’étiez pas prêt à dire…

Vladimir Poutine : Oh, je m’en fiche.

Keir Simmons : …qu’il quitterait la prison vivant.

Vladimir Poutine : S’il vous plaît, écoutez-moi attentivement. Son nom peut être n’importe quoi. Il fait partie des personnes qui sont en prison. Pour moi, c’est l’un des citoyens de la Fédération de Russie qui a été reconnu coupable par un tribunal et qui est en prison. Il y a beaucoup de citoyens comme ça.

Soit dit en passant, notre soi-disant population carcérale, les personnes qui sont en prison, a été réduite de près de 50 % au cours des dernières années, ce que je considère comme une grande victoire pour nous et un signe majeur de l’humanisation de notre système judiciaire.

Il ne sera pas traité plus mal que n’importe qui d’autre. Personne ne devrait recevoir de traitement spécial. Ce serait mal. Tout le monde devrait être dans une situation égale. C’est ce qu’on appelle le traitement de la nation la plus favorisée. Pas pire que n’importe qui d’autre. Et la personne que vous avez mentionnée, cela s’applique à lui aussi.

Keir Simmons : J’apprécie le temps supplémentaire, Monsieur le Président. L’équipe est en quarantaine depuis près de deux semaines, donc cette interview est très importante pour nous.

Je veux vous poser une question sur la Chine. La Chine travaille sur son quatrième porte-avions. Elle en a deux. La Russie en a un, et il n’est pas en service pour le moment. La Chine a refusé de participer aux pourparlers sur le contrôle des armements l’année dernière. Vous vous plaignez tellement de l’OTAN à votre frontière ouest. Pourquoi ne vous plaignez-vous jamais de la militarisation de la Chine à votre frontière est ?

Vladimir Poutine : La première chose que je veux dire, c’est qu’au cours des dernières années, au cours des dernières décennies, nous avons développé une relation de partenariat stratégique entre la Russie et la Chine qui n’avait pas été réalisée auparavant dans l’histoire de nos nations, un niveau élevé de confiance et de coopération dans tous les domaines : en politique, dans l’économie, dans le domaine de la technologie, dans le domaine de la coopération militaire et technique. Nous ne pensons pas que la Chine soit une menace pour nous. C’est un premier point. La Chine est une nation amie. Elle ne nous a pas déclarés ennemi, comme les États-Unis l’ont fait.

Keir Simmons : La Chine n’a pas…

Vladimir Poutine : Vous n’en saviez rien ? C’est le premier point.

Deuxièmement, la Chine est un pays immense et puissant, 1,5 milliard d’habitants. En termes de parité de pouvoir d’achat, l’économie chinoise a dépassé celle des États-Unis. Et en termes d’échanges pour l’année précédente, l’année dernière, la Chine a égalé l’Europe à la première place, tandis que les États-Unis ont chuté à la deuxième position. Le saviez-vous ?

La Chine s’est développée. Et je comprends que ce qui commence est une certaine sorte de confrontation avec la Chine. Tout le monde le comprend. Nous pouvons le voir. Pourquoi se cacher et avoir peur de ces problèmes ? Cependant, cela ne nous alarme pas, y compris, entre autres, par le fait que notre suffisance de défense, c’est ainsi que nous la décrivons, est à un niveau très élevé, y compris à cause de cela. Mais la chose la plus importante est la nature et le niveau de nos relations avec la Chine.

Vous avez dit que la Chine aura quatre porte-avions. Combien en ont les États-Unis ?

Keir Simmons : Beaucoup plus.

Vladimir Poutine : Voilà. C’est mon point. Pourquoi s’inquiéter des porte-avions chinois ? En plus de tout le reste, nous avons une frontière extrêmement vaste avec la Chine, mais c’est une frontière terrestre. C’est une frontière terrestre. Quoi ? Pensez-vous que les porte-avions chinois franchiront notre frontière terrestre ? C’est une conversation qui n’a tout simplement pas de sens.

Keir Simmons : Mais vous avez aussi une côte Pacifique.

Vladimir Poutine : Vous avez raison, il y en aura quatre.

Oui.

Une côte ? Eh bien, la côte est immense. Mais la majeure partie de la frontière entre nous et la Chine est une frontière terrestre. Et, oui, vous avez raison, il y en aura quatre parce qu’un doit être en maintenance, un doit être en service de combat, un autre doit être en réparation. Il n’y a rien d’excessif ici pour la Chine.

C’est pourquoi ce que vous avez dit, que la Chine ne s’engagera pas dans des négociations sur le contrôle des armements, qu’elle refuse de négocier des réductions des armes nucléaires offensives… Vous devriez demander aux Chinois si c’est bon ou mauvais. C’est à eux de décider. Mais leurs arguments sont simples et compréhensibles : en termes de quantité de missiles, d’ogives et de véhicules de livraison, les États-Unis et la Russie sont très loin devant la Chine. Et les Chinois disent à juste titre : « Pourquoi ferions-nous des réductions si nous sommes déjà loin derrière ce que vous avez ? Ou voulez-vous que nous gelions notre niveau de dissuasion nucléaire ? Pourquoi devrions-nous le geler ? Pourquoi nous, un pays de 1,5 milliard d’habitants, ne pouvons pas au moins fixer l’objectif d’atteindre vos niveaux ? » Ce sont toutes des questions discutables qui nécessitent un examen approfondi. Mais nous rendre responsables de la position de la Chine est tout simplement comique.

Keir Simmons : Que pensez-vous du traitement réservé par la Chine aux Ouïghours du Xinjiang ?

Vladimir Poutine : Vous savez, j’ai rencontré certains Ouïghours. Il est toujours possible de trouver des individus qui critiquent les autorités centrales. J’ai rencontré des Ouïghours lors de mes voyages en Chine, et je vous assure au moins via ce que j’ai entendu de mes propres oreilles, que dans l’ensemble ils saluent la politique des autorités chinoises dans ce domaine. Ils croient que la Chine a fait beaucoup pour les gens qui vivent dans cette partie du pays du point de vue de l’économie, en élevant le niveau culturel, et ainsi de suite. Alors pourquoi devrais-je proposer des évaluations en regardant la situation de l’extérieur ?

Keir Simmons : Vous savez qu’il y a beaucoup de Ouïghours qui ne disent pas ça et que les Etats-Unis ont accusé la Chine de génocide. Le Secrétaire d’État a accusé la Chine de génocide contre les Ouïghours. Il y a l’accusation d’un million de Ouïghours dans les soi-disant camps de concentration. Est-ce votre message aux communautés musulmanes de l’ex-Union soviétique ? Vous pensez qu’il ne s’y passe rien de mal ?

Vladimir Poutine : En ce qui concerne la communauté musulmane de Russie, je dois lui faire passer un message à travers les politiques des autorités russes vis-à-vis des musulmans de la Fédération de Russie. C’est ainsi que je dois transmettre mon message à la communauté musulmane de la Fédération de Russie. Nous sommes un observateur à l’Organisation de la conférence islamique.

Environ 10 % de notre population, probablement un peu plus, sont musulmans. Ce sont des citoyens de la Fédération de Russie qui n’ont pas d’autre patrie. Ils apportent une contribution colossale au développement de notre pays. Et cela concerne à la fois les clercs et les citoyens ordinaires.

Pourquoi devrais-je parler et construire une relation avec cette partie de notre population en référence à la situation en Chine sans bien comprendre ce qui s’y passe ? Je pense que vous feriez mieux d’interroger sur tous ces problèmes le ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine plutôt que le Département d’État américain.

Keir Simmons : C’est juste une question de savoir si vous êtes prêt à critiquer la Chine. La Chine, par exemple, s’est abstenue sur la Crimée au Conseil de sécurité. Les plus grandes banques chinoises n’ont pas enfreint les sanctions américaines contre la Russie. Pensez-vous que vous obtenez un soutien à 100 % de la Chine ?

Vladimir Poutine : Vous savez, nous sommes des pays voisins. On ne choisit pas ses voisins. Nous sommes satisfaits du niveau, comme je l’ai dit, du niveau sans précédent de notre relation telle qu’elle a évolué au cours des dernières décennies, et nous la chérissons, tout comme nos amis chinois la chérissent, ce que nous pouvons voir. Pourquoi essayez-vous de nous entraîner dans un genre de questions que vous évaluez comme bon vous semble pour établir votre relation avec la Chine ? Je vais vous le dire franchement… Puis-je parler… ?

Keir Simmons : S’il vous plaît, oui.

Vladimir Poutine : Puis-je être complètement honnête ? Nous pouvons voir des tentatives de détruire les relations entre la Russie et la Chine. Nous pouvons voir que ces tentatives sont faites dans des politiques pratiques. Et vos questions, aussi, y sont liées.

J’ai exposé ma position pour vous. Je pense que cela est suffisant et je suis convaincu que les dirigeants chinois, conscients de l’ensemble de ces questions, y compris la partie de leur population qui est ouïghoure, trouveront la solution nécessaire pour s’assurer que la situation reste stable et bénéficie à l’ensemble du peuple chinois de plusieurs millions de personnes, y compris sa partie ouïghoure.

Keir Simmons : Vous comprenez, bien sûr, j’essaie juste de vous interroger sur la position de la Russie par rapport à la Chine et aux États-Unis. Permettez-moi de vous poser la question d’une manière différente. Êtes-vous en train de vous séparer du programme spatial américain et d’aller de l’avant avec la Chine ?

Vladimir Poutine : Non, pourquoi ? Nous sommes prêts à travailler avec les États-Unis dans l’espace. Et je pense que récemment, le chef de la NASA a déclaré qu’il ne pouvait pas imaginer le développement de programmes spatiaux sans son partenariat avec la Russie. Nous nous félicitons de cette déclaration et nous l’apprécions.

Keir Simmons : Je vais juste expliquer. Parce que le chef de l’agence spatiale russe a menacé de quitter le programme spatial international en 2025 et a spécifiquement parlé de sanctions par rapport à cette menace.

Vladimir Poutine : Eh bien, honnêtement, je ne pense pas que M. Rogozine, c’est le nom du chef de Roscosmos, ait menacé qui que ce soit à cet égard. Je le connais depuis de nombreuses années et je sais qu’il est partisan d’élargir les relations avec les États-Unis dans ce domaine, dans l’espace.

Récemment, le patron de la NASA s’est exprimé dans le même sens. Et personnellement, je soutiens pleinement cela. Et nous avons travaillé avec grand plaisir toutes ces années, et nous sommes prêts à continuer à travailler ensemble.

Pour des raisons techniques cependant, et c’est une autre affaire, la Station spatiale internationale arrive à la fin de sa durée de vie. Et peut-être qu’à cet égard, Roscosmos n’a pas l’intention de poursuivre son travail. Cependant, sur la base de ce que j’ai entendu de nos partenaires américains, eux aussi envisagent à leur manière une future coopération dans ce segment particulier. Mais dans l’ensemble, la coopération entre nos deux pays dans l’espace est un excellent exemple d’une situation où, malgré toutes sortes de problèmes dans les relations politiques ces dernières années, c’est un domaine où nous avons pu maintenir et préserver le partenariat et les deux parties le chérissent. Je pense que vous avez mal compris ce que le chef du programme spatial russe a dit.

Nous sommes intéressés à continuer de travailler avec les États-Unis dans cette direction, et nous continuerons de le faire si nos partenaires américains ne refusent pas de le faire. Cela ne signifie pas que nous devons travailler exclusivement avec les États-Unis. Nous avons travaillé et continuerons de travailler avec la Chine, ce qui s’applique à toutes sortes de programmes, y compris l’exploration de l’espace lointain. Et je pense qu’il n’y a que des informations positives ici. Franchement, je ne vois aucune contradiction ici. Je ne pense pas qu’il y ait d’exclusivité mutuelle ici.

Keir Simmons : Permettez-moi de vous demander d’une autre façon, afin de comprendre la relation entre la Chine, la Russie et les Etats-Unis. Si l’Armée populaire de libération s’avançait vers Taïwan, comment la Russie réagirait-elle ?

Vladimir Poutine : Quoi ? Êtes-vous au courant de plans de la Chine pour résoudre militairement le problème de Taiwan ? Je n’ai aucune information en ce sens.

Comme on le dit souvent, la politique n’exige pas le mode subjonctif. Le mode subjonctif est inapproprié en politique. Il n’y a pas de « pourrait être » et de « serait » en politique.

Je ne peux pas commenter quoi que ce soit qui ne soit pas une réalité actuelle du monde moderne. Comprenez-le. Ne sois pas en colère contre moi. Mais je pense que c’est une question sur rien. Cela n’arrive pas. La Chine a-t-elle déclaré qu’elle avait l’intention de résoudre militairement le problème de Taiwan ? Ce n’est pas arrivé. Depuis de nombreuses années, la Chine développe ses relations avec Taïwan. Il existe différentes évaluations. La Chine a sa propre évaluation. Les États-Unis ont une évaluation différente. Taïwan peut avoir une évaluation différente de la situation. Mais heureusement, il ne s’agit pas d’un affrontement militaire.

Keir Simmons : On me dit de conclure. Mais si je pouvais juste vous poser quelques questions supplémentaires.

Vladimir Poutine : Bien sûr, s’il vous plaît. Allez-y.

Keir Simmons : Notre journaliste Andrea Mitchell a vu ce mois-ci le dernier passage frontalier vers la Syrie où les fournitures maintiennent littéralement les gens en vie. Vous menacez de fermer ce passage en juillet au Conseil de sécurité. Pourquoi feriez-vous cela, sachant que cela causerait la mort de réfugiés ?

Vladimir Poutine : Écoutez, malheureusement, il y a déjà beaucoup de tragédies là-bas. Et toutes nos actions dans leur ensemble doivent viser à stabiliser la situation et à la ramener à un cours normal. Et avec le soutien de la Russie, la Syrie a pu, les autorités syriennes ont pu reprendre sous leur contrôle 90% du territoire syrien.

Ce qu’il faut mettre en place maintenant, c’est juste une aide humanitaire aux personnes, quel que soit le contexte politique. Mais nos partenaires en Occident, en Occident en général, les États-Unis et les Européens ont dit qu’ils n’allaient pas aider Assad. Qu’est-ce qu’Assad a à voir avec ça ? Aidez les personnes qui ont besoin de cette aide. Juste les choses les plus basiques. Mais les Etats-Unis et l’Europe ne lèveront même pas les restrictions sur les fournitures de médicaments et d’équipements médicaux, même dans le contexte de l’infection à coronavirus. C’est tout bonnement inhumain. Et ce genre d’attitude cruelle envers les gens ne s’explique en aucune façon.

En ce qui concerne les postes frontaliers, il y a la zone d’Idlib où les combattants volent encore des gens, tuent des gens, violent des gens. Il ne se passe rien. Il y a la zone d’Al-Tanf, qui est d’ailleurs contrôlée par l’armée américaine.

Récemment, nous avons attrapé un groupe de gangsters, des bandits qui sont venus, qui étaient venus de là. Et ils ont dit directement qu’ils avaient des objectifs spécifiques en ce qui concerne les installations militaires russes. En ce qui concerne le passage des frontières, notre position est telle que l’assistance doit être apportée comme elle doit l’être dans le monde entier, comme le prévoient les dispositions du droit international humanitaire. L’aide devrait être fournie par l’intermédiaire du gouvernement central. Il ne doit pas être discriminé. Et s’il y a des raisons de croire que le gouvernement central de Syrie va piller quelque chose, eh bien, installez des observateurs de la Croix-Rouge internationale et du Croissant-Rouge afin qu’ils supervisent tout.

Je ne pense pas que quiconque au gouvernement syrien soit intéressé à voler une partie de cette aide humanitaire. Cela doit juste être fait par le gouvernement central. Et en ce sens, nous soutenons le Président Assad car un comportement différent porterait atteinte à la souveraineté de la République Arabe Syrienne. Et c’est tout.

En ce qui concerne la zone d’Idlib, les troupes turques y contrôlent effectivement la frontière entre la Turquie et la Syrie, et les convois traversent la frontière sans aucune restriction sur leur nombre dans les deux sens.

Keir Simmons : Monsieur le Président, vous avez prolongé la Constitution afin que vous puissiez être Président de la Russie jusqu’en 2036. Craignez-vous que plus vous êtes au pouvoir et sans aucun signe de remplacement, plus il peut y avoir d’instabilité quand vous quitterez vos fonctions ?

Vladimir Poutine : Qu’est-ce qui va s’effondrer du jour au lendemain ? Si l’on regarde la situation dans laquelle se trouvait la Russie en l’an 2000, où elle était sur le point de perdre son intégrité territoriale et sa souveraineté, le nombre d’individus en dessous du seuil de pauvreté était colossal. C’était catastrophique.

Le niveau du PIB était tombé en-dessous de tout ce qui est acceptable. Nos réserves de change et d’or étaient de 12 milliards de dollars, alors que notre dette extérieure était de 120 milliards de dollars, si on la compte en dollars.

Maintenant, il y a beaucoup d’autres problèmes. La situation est complètement différente. Bien sûr, quelqu’un viendra me remplacer à un moment donné. Est-ce que tout cela va s’effondrer ? Nous avons combattu le terrorisme international. Nous l’avons étouffé dans l’œuf. Est-il censé reprendre vie ? Je ne pense pas. Un autre problème est que sur la scène politique, différentes personnes peuvent émerger avec des points de vue différents. C’est très bien.

Vous savez, j’ai lié toute ma vie, tout mon destin au destin de mon pays à un point tel qu’il n’y a pas de but plus significatif dans ma vie que le renforcement de la Russie. Si quelqu’un d’autre, et si je vois cette personne, même si cette personne critique certains domaines de ce que j’ai fait, si je peux voir qu’il s’agit d’une personne qui a des opinions constructives, qu’elle est engagée envers ce pays et est prête à sacrifier sa vie entière à ce pays, et pas juste quelques années, peu importe son attitude personnelle envers moi, je ferai en sorte, je ferai tout pour m’assurer que ces personnes obtiendront du soutien.

C’est un processus biologique naturel. À un moment donné, un jour, nous serons tous remplacés. Vous serez remplacé là où vous êtes. Je serai remplacé là où je suis. Mais je suis convaincu que le pilier fondamental de l’économie et de l’État russes et de son système politique sera tel que la Russie se tiendra fermement sur ses pieds et envisagera l’avenir avec confiance.

Keir Simmons : Et chercheriez-vous auprès de cette personne une sorte de protection de la même manière que celle que vous avez offerte à Boris Eltsine lorsque vous avez pris le pouvoir ?

Vladimir Poutine : Je n’y pense même pas. Ce sont des problèmes de troisième niveau. La chose la plus importante, la chose la plus importante est le sort du pays et le sort de son peuple.

Keir Simmons : Très bien. Merci beaucoup pour votre temps, Monsieur le Président. Nous sommes allés au-delà du temps initialement prévu, et je l’apprécie vraiment. C’était une conversation très intéressante, alors merci.

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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