Contre le régime Jancovichy (par Nicolas Casaux)

Contre le régime Jancovichy (par Nicolas Casaux)

En ingé­nieur hau­te­ment lucide, quelques décen­nies après la publi­ca­tion des tra­vaux du Club de Rome, Jean-Marc Jan­co­vi­ci (poly­tech­ni­cien, pré­sident du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion du think tank The Shift Pro­ject finan­cé par Bouygues, Vin­ci, EDF & Co., ex-consul­tant et col­la­bo­ra­teur de l’Ademe, membre du Haut Conseil pour le cli­mat créé en 2018 et pla­cé auprès du Pre­mier ministre, etc., etc.), a repé­ré un pro­blème, LE pro­blème : il ne peut y avoir de crois­sance infi­nie sur une terre finie. « La bonne ques­tion désor­mais est donc de savoir com­ment gérer un monde sans crois­sance[1]. » Voi­là pour l’essentiel de l’analyse et de la pro­po­si­tion de ce poly­tech­ni­cien dont la popu­la­ri­té crois­sante, y com­pris dans la nébu­leuse des milieux éco­lo­gistes, même par­fois pré­ten­du­ment « radi­caux », témoigne sans doute de la confu­sion idéo­lo­gique géné­ra­li­sée, elle aus­si crois­sante.

Il parait assez étrange, en effet, que des indi­vi­dus affi­chant des sen­si­bi­li­tés anar­chistes, voire anti­ca­pi­ta­listes, ne voient aucun pro­blème à se faire pro­mo­teurs des ana­lyses et des ambi­tions d’un Jan­co­vi­ci. Comme le notait Kro­pot­kine, l’État implique « non seule­ment l’exis­tence d’un pou­voir pla­cé au-des­sus de la socié­té, mais aus­si une concen­tra­tion ter­ri­to­riale et une concen­tra­tion de beau­coup de fonc­tions de la vie des socié­tés entre les mains de quelques-uns[2] ». Le socio­logue Charles Tilly notait en outre que : « Si le racket en échange de pro­tec­tion repré­sente la forme la plus mani­feste du crime orga­ni­sé, alors la guerre et l’État — quin­tes­sence de ce type de racket avec l’avantage de la légi­ti­mi­té — appa­raissent comme les plus grands exemples de crime orga­ni­sé[3]. » L’État, qui s’est consti­tué par des guerres, des conquêtes, un auto­ri­ta­risme non-dis­si­mu­lé (contrai­re­ment à aujourd’hui, même si sa dis­si­mu­la­tion semble de moins en moins sub­tile), est en effet une enti­té indis­so­cia­ble­ment civil et mili­taire — d’où le minis­tère des Armées — qui s’apparente à une mafia (dans son enquête inti­tu­lée À la recherche du nou­vel enne­mi, PMO note : « Pour main­te­nir le public en crainte et sujé­tion, le crime orga­ni­sé joue tou­jours le simu­lacre de sa branche offi­cielle et bien­fai­sante, l’État, aux prises avec sa branche occulte et mal­fai­sante, la maf­fia, le car­tel, la socié­té secrète. La seconde jus­ti­fiant l’action de la pre­mière, et les deux l’enserrant en tenaille de leur réunion. C’est l’un de ces traits du pou­voir qui va si bien de soi que le public ne cesse d’osciller du cynisme à la cré­du­li­té inté­grale. ») Or, en bon élève de Poly­tech­nique, « grande école mili­taire pla­cée sous la tutelle du minis­tère des Armées », Jan­co­vi­ci accepte tota­le­ment l’existence de l’État. Il consi­dère que « nous vivons en démo­cra­tie[4] », autre­ment dit dans un État démo­cra­tique, et n’a pas non plus quoi que ce soit à repro­cher au capi­ta­lisme qui, selon lui, « existe depuis tou­jours[5] ». Il ne trouve rien à redire à l’égard de la pro­prié­té pri­vée, héré­di­taire, de la divi­sion mas­sive du tra­vail, de l’accaparement du pou­voir et du savoir par des élites (diri­geants éta­tiques, scien­ti­fiques, ingé­nieurs), de l’obligation faite à la qua­si-tota­li­té d’entre nous de vendre notre temps de vie sur un « mar­ché du tra­vail », de l’endoctrinement obli­ga­toire appe­lé « ins­truc­tion » (et du pro­gramme d’endoctrinement obli­ga­toire appe­lé « socle com­mun de connais­sances, de com­pé­tences et de culture »), de la délé­ga­tion obli­ga­toire de notre pou­voir déci­sion­naire au tra­vers de la mas­ca­rade élec­to­rale, de la tech­no­lo­gie et de ses impé­ra­tifs (du carac­tère auto­ri­taire de cer­tains types de tech­no­lo­gie), etc., toutes choses qui se trouvent pour­tant au fon­de­ment des inéga­li­tés actuelles, du capi­ta­lisme, et donc aus­si au fon­de­ment de la catas­trophe éco­lo­gique en cours. Le fait que nous ayons héri­té de la dic­ta­ture bona­par­tiste et de divers régimes tous plus ouver­te­ment anti­dé­mo­cra­tiques les uns que les autres l’essentiel des ins­ti­tu­tions et des codes de loi éta­tiques contem­po­rains, le fait que les pères fon­da­teurs des pré­ten­dues « démo­cra­ties » modernes étaient tous de fer­vents anti­dé­mo­crates, ain­si que l’expose Fran­cis Dupuis-Déri, notam­ment dans son ouvrage inti­tu­lé Démo­cra­tie — His­toire poli­tique d’un mot aux États-Unis et en France, tout cela ne le dérange pas spé­cia­le­ment. Mais, bien enten­du, là ne se situe pas le pro­blème que l’ingénieur Jan­co­vi­ci est payé pour mettre en lumière et ten­ter de résoudre. Comme le sou­li­gnait un autre anar­chiste :

« Ai-je besoin de rap­pe­ler que les prêtres de toutes les Églises, loin de se sacri­fier aux trou­peaux confiés à leurs soins, les ont tou­jours sacri­fiés, exploi­tés et main­te­nus à l’é­tat de trou­peau, en par­tie pour satis­faire leurs propres pas­sions per­son­nelles et en par­tie pour ser­vir la toute-puis­sance de l’É­glise ? Les mêmes condi­tions, les mêmes causes pro­duisent tou­jours les mêmes effets. Il en sera donc de même pour les pro­fes­seurs de l’É­cole moderne, divi­ne­ment ins­pi­rés et paten­tés par l’É­tat. Ils devien­dront néces­sai­re­ment, les uns sans le savoir, les autres en pleine connais­sance de cause, les ensei­gneurs de la doc­trine du sacri­fice popu­laire à la puis­sance de l’É­tat et au pro­fit des classes pri­vi­lé­giées de l’É­tat[6]. »

Ain­si Jan­co­vi­ci se fait-il, tout natu­rel­le­ment, le défen­seur du sys­tème qui l’a for­mé, qui pro­duit et rétri­bue géné­reu­se­ment les gens de sa caste (les tech­ni­ciens, ingé­nieurs, scien­ti­fiques, experts en tous genres, etc.) : tout ce qu’il pro­met, c’est qu’il est pos­sible de « rendre l’économie durable pour de vrai[7] », de rendre durable la civi­li­sa­tion indus­trielle et capi­ta­liste dans laquelle nous vivons — sys­tème com­po­sé de l’imbrication de l’État et du capi­ta­lisme, sur le socle du patriar­cat. Ou à peu près. Pour être plus pré­cis, disons qu’il affirme qu’une civi­li­sa­tion tech­no­lo­gique et indus­trielle durable pour­rait exis­ter, que nous pour­rions y par­ve­nir en ces­sant de viser une crois­sance du PIB ; qu’il pour­rait exis­ter un capi­ta­lisme indus­triel acrois­sant, ou non-crois­sant, et qu’y par­ve­nir impli­que­rait seule­ment une sorte de ration­ne­ment, l’imposition d’une sobrié­té très rela­tive à tous les membres de la socié­té (un peu moins de voyages, un peu moins de consom­ma­tion d’énergie, un peu moins de tout, une relo­ca­li­sa­tion de beau­coup d’activités, la « décar­bo­na­tion » de l’économie au moyen du déve­lop­pe­ment du nucléaire, entre autres choses) :

« dégon­fler les méga­poles et retrou­ver des noyaux urbains de taille plus modeste et bien répar­tis sur le ter­ri­toire, rendre les bâti­ments conser­vés ou recons­truits aptes à fonc­tion­ner sans éner­gie fos­sile (opti­mi­sa­tion de leur uti­li­sa­tion, iso­la­tion, pas­sage à du non-fos­sile pour le chauf­fage), bais­ser très rapi­de­ment la consom­ma­tion des voi­tures en cir­cu­la­tion et mul­ti­plier les trans­ports en com­mun (sur­tout des auto­cars au début), puis bas­cu­ler des car­bu­rants pétro­liers vers du non-fos­sile (qui ne peut pas être de l’électricité au char­bon ou au gaz), rendre les pro­duits plus répa­rables et fabri­qués en moins grandes quan­ti­tés, décar­bo­ner la pro­duc­tion élec­trique en y sup­pri­mant pro­gres­si­ve­ment le char­bon, et recon­fi­gu­rer le pay­sage agri­cole pour retrou­ver des régions plus poly­va­lentes et une plus grande part de la valeur ajou­tée de trans­for­ma­tion au sein de la ferme[8]. »

Par ailleurs, nous dit Jan­co­vi­ci : « Dans ce monde sans crois­sance, il va aus­si fal­loir trou­ver un défi à rele­ver qui motive suf­fi­sam­ment la popu­la­tion pour qu’elle ne se foca­lise pas avant tout sur la perte d’un peu de son confort maté­riel, perte que le pou­voir poli­tique aura la tâche de répar­tir de la manière la plus équi­table pos­sible[9]. » Où l’on constate, de son propre aveu, que « la popu­la­tion » et « le pou­voir poli­tique » sont bien deux choses dis­tinctes, mais que ça n’inquiète pas outre mesure l’ingénieur dont la mis­sion consiste à faire en sorte que le sys­tème fonc­tionne, et rien de plus. (On pour­rait évi­dem­ment comp­ter sur le « pou­voir poli­tique » pour « répar­tir de la manière la plus équi­table pos­sible » la perte de confort maté­riel qu’engendreraient les pré­co­ni­sa­tions de Jan­co­vi­ci).

Aus­si, dans la civi­li­sa­tion indus­trielle acrois­sante que nous fait miroi­ter notre cher poly­tech­ni­cien, éga­le­ment diplô­mé de l’É­cole natio­nale supé­rieure des télé­com­mu­ni­ca­tions, il y aura moins besoin de hauts fonc­tion­naires, l’élite diri­geant la grande masse des consom­ma­teurs sera plus res­treinte, ain­si, « la for­ma­tion uni­ver­si­taire com­prise comme le canal clas­sique d’accès à l’emploi devra, de plus en plus, être réser­vée à une frac­tion mino­ri­taire de la popu­la­tion[10] ». Néan­moins, il fau­dra tou­jours — évi­dem­ment ! — des Jan­co­vi­ci pour gui­der le peuple et conseiller les poli­ti­ciens.

On pour­rait conti­nuer à détailler le pas­sion­nant pro­gramme de restruc­tu­ra­tion de la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle qu’entrevoit Jan­co­vi­ci. Mais l’essentiel appa­rait déjà clai­re­ment. Le suc­cès du dis­cours de Jan­co­vi­ci s’explique au moins en par­tie par son effet ras­su­rant pour l’Homo Tech­no­lo­gi­cus inquiet du deve­nir de la civi­li­sa­tion tech­no­lo­gique qu’il a appris à aimer, qui ne se voit pas vivre sans, mais qui per­çoit, ne serait-ce que par­tiel­le­ment, la mul­ti­pli­ca­tion des désastres éco­lo­giques qu’elle génère. Une solu­tion existe, une restruc­tu­ra­tion, quelques réformes, quelques réagen­ce­ments, et hop !, la civi­li­sa­tion indus­trielle pour­rait être durable ! For­mi­dable nou­velle ! Ouf !

Heu­reu­se­ment, selon toute pro­ba­bi­li­té, la dys­to­pie tech­no-indus­trielle durable que nous pro­met Jan­co­vi­ci ne sau­rait exis­ter. Notam­ment parce que, selon toute pro­ba­bi­li­té, le capi­ta­lisme ne sau­rait exis­ter sans crois­sance[11], mais aus­si parce que la seule main­te­nance indé­fi­nie de la civi­li­sa­tion indus­trielle, de ses routes, bâti­ments, infra­struc­tures, implique une dégra­da­tion conti­nue de la bio­sphère, une ponc­tion infi­nie de res­sources finies, des pol­lu­tions infi­nies. La civi­li­sa­tion indus­trielle n’est pas seule­ment insou­te­nable parce qu’elle croît, elle l’est intrin­sè­que­ment[12]. De même que l’État, le sys­tème indus­triel, la tech­no­lo­gie, ne sau­raient exis­ter sans hié­rar­chies, sont intrin­sè­que­ment auto­ri­taires[13].

Mal­heu­reu­se­ment, les dis­cours comme celui de Jan­co­vi­ci ne nous aident en rien à for­mer des mou­ve­ments sociaux consé­quents, en oppo­si­tion aux prin­ci­pales injus­tices de notre temps et au ravage de la nature. Au contraire, ils légi­ti­ment la domi­na­tion du plus grand nombre par le petit nombre, l’existence de l’État, la domi­na­tion tech­no­lo­gique, flattent les inquié­tudes ser­viles de ceux qui ont été ame­nés à se sou­cier prin­ci­pa­le­ment de la per­pé­tua­tion de l’organisation socio­tech­nique dont ils sont, bon gré mal gré, par­ties pre­nantes, et, ce fai­sant, nuisent à toute ten­ta­tive sérieuse de remé­dier au désastre social et éco­lo­gique en cours.

Nico­las Casaux

P.S. : Sur Jan­co­vi­ci, entre autres choses, je vous conseille ce très bon article de Ber­trand Louart.


  1. Jean-Marc Jan­co­vi­ci, Dor­mez tran­quilles jusqu’en 2100 (2015).
  2. Pierre Kro­pot­kine, L’État, son rôle his­to­rique (1906).
  3. https://www.partage-le.com/2018/04/09/9231/
  4. Jean-Marc Jan­co­vi­ci, Dor­mez tran­quilles jusqu’en 2100 (2015).
  5. Jean-Marc Jan­co­vi­ci et Alain Grand­jean, C’est main­te­nant ! Trois ans pour sau­ver le monde (2009).
  6. Mikhaïl Bakou­nine, Dieu et l’État (1882).
  7. Jean-Marc Jan­co­vi­ci, Dor­mez tran­quilles jusqu’en 2100 (2015).
  8. Jean-Marc Jan­co­vi­ci, Dor­mez tran­quilles jusqu’en 2100 (2015).
  9. Jean-Marc Jan­co­vi­ci, Dor­mez tran­quilles jusqu’en 2100 (2015).
  10. Jean-Marc Jan­co­vi­ci, Dor­mez tran­quilles jusqu’en 2100 (2015).
  11. On peut ren­voyer, sur ce point, aux tra­vaux des mar­xistes du cou­rant de la cri­tique de la valeur, Nor­bert Trenkle, Robert Kurz, etc., mais aus­si au livre d’Yves-Marie Abra­ham inti­tu­lé Gué­rir du mal de l’infini, dans lequel il note : « Sou­li­gner la dimen­sion sacrale de l’économie et de la quête de crois­sance, comme j’ai ten­té de le faire, ne revient pas à dire de ces phé­no­mènes qu’ils ne sont que pure illu­sion. Plus pré­ci­sé­ment, et pour l’exprimer avec Dur­kheim encore une fois, il s’agit d’une “illu­sion bien fon­dée”. L’impératif de crois­sance est dans nos têtes, mais pas seule­ment. La crois­sance est effec­ti­ve­ment une néces­si­té dans les socié­tés qui sont les nôtres. Lorsqu’il y a réces­sion ou même stag­na­tion, rien ne va plus. Comme le rap­pellent nos deux éco­no­mistes, le chô­mage tend alors à aug­men­ter, les caisses de l’État se vident, les ser­vices publics manquent de finan­ce­ment et les condi­tions d’existence d’une par­tie plus ou moins impor­tante de la popu­la­tion se dégradent, au risque de voir se déve­lop­per toutes sortes de pro­blèmes coû­teux pour les per­sonnes et pour la col­lec­ti­vi­té. Dans une cer­taine mesure (une cer­taine seule­ment), les poli­tiques d’austérité que nous subis­sons actuel­le­ment dans plu­sieurs pays occi­den­taux sont la consé­quence de la “stag­na­tion sécu­laire” dans laquelle nos éco­no­mies semblent plon­gées. De même qu’il n’y a rien de pire qu’une socié­té de tra­vailleurs sans tra­vail, comme disait Han­nah Arendt, il n’y a rien de pire qu’une socié­té de crois­sance sans croissance.Ce qui est illu­soire pour les objec­teurs de crois­sance, c’est l’idée selon laquelle l’accumulation de mar­chan­dises serait une condi­tion néces­saire – pas suf­fi­sante, mais néces­saire – au bon­heur de l’humanité. C’est cette évi­dence par­ta­gée qu’ils contestent, ain­si que la forme de vie sociale qu’elle implique et jus­ti­fie. En aucun cas, ils n’appellent de leurs vœux une réces­sion ni la mise en place de poli­tiques d’austérité. Ces mots n’ont de sens que dans des socié­tés de crois­sance, que l’on pour­rait nom­mer aus­si “socié­tés éco­no­miques”. L’objectif prio­ri­taire est de sor­tir de telles socié­tés, d’en finir au plus vite avec cette forme de vie sociale et de com­men­cer à conce­voir d’autres manières de vivre ensemble, dans les­quelles, par exemple, un indi­ca­teur comme le fameux PIB, ain­si que tous ses ava­tars plus raf­fi­nés, n’auront tout sim­ple­ment plus de rai­son d’être. Bref, il ne s’agit pas de pro­mou­voir la “décrois­sance éco­no­mique”, mais plu­tôt une décrois­sance de l’économie, pour rendre pos­sible l’émergence de nou­veaux idéaux col­lec­tifs. Cette pro­po­si­tion est donc essen­tiel­le­ment poli­tique. Elle est aus­si révo­lu­tion­naire, au sens où elle nous invite à “rendre révo­lu” ce monde dans lequel nous vivons actuel­le­ment, selon l’heureuse for­mule d’Alain Deneault. »
  12. Les exemples qu’on pour­rait don­ner sont innom­brables, on se conten­te­ra de sou­li­gner ce que for­mule l’entreprise bri­tan­nique pri­vée de construc­tion Will­mott Dixon dans un dos­sier en date de 2010 sur les impacts de la construc­tion (routes, bâti­ments, etc.) : « Près de la moi­tié des res­sources non renou­ve­lables que l’humanité consomme est uti­li­sée par l’industrie de la construc­tion, ce qui en fait l’une des moins sou­te­nables au monde. […] Aujourd’hui, nous évo­luons quo­ti­dien­ne­ment dans et sur toutes sortes de construc­tions : nous vivons dans des mai­sons, nous voya­geons sur des routes, nous tra­vaillons et socia­li­sons dans des bâti­ments de toutes sortes. La civi­li­sa­tion humaine contem­po­raine dépend des bâti­ments et de ce qu’ils contiennent pour la conti­nua­tion de son exis­tence, et pour­tant notre pla­nète ne peut sou­te­nir le niveau de consom­ma­tion de res­source que cela engendre. » Sachant qu’une par­tie de ces res­sources non-renou­ve­lables ne sert qu’à l’entretien des infra­struc­tures du sec­teur de la construc­tion. Par ailleurs, un ingé­nieur comme Phi­lippe Bihouix explique assez régu­liè­re­ment en quoi le recy­clage ne peut jamais être infi­ni, est par­fois très éner­gi­vore, par­ti­cu­liè­re­ment com­pli­qué (limi­té) en ce qui concerne l’électronique, la high-tech. Der­nier exemple, autre aspect du désastre que consti­tue la civi­li­sa­tion indus­trielle : la frag­men­ta­tion des éco­sys­tèmes par les sys­tèmes rou­tiers, entre autres, par­ti­cipe à leur déli­ques­cence, n’est pas sou­te­nable.
  13. https://www.partage-le.com/2020/04/25/de-la-cuillere-en-plastique-a-la-centrale-nucleaire-un-meme-despotisme-industriel-par-nicolas-casaux/
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