La licorne de Troie : pédophilie et théorie queer (par Dr. Em)

La licorne de Troie : pédophilie et théorie queer (par Dr. Em)

Note du tra­duc­teur : Le texte qui suit est une tra­duc­tion d’une série de 4 articles écrits par une cer­taine Dr. Em, ini­tia­le­ment publiés en anglais et consul­tables en sui­vant ces liens : par­tie 1, par­tie 2, par­tie 3, par­tie 4. Il m’a sem­blé inté­res­sant et même impor­tant de les tra­duire dans la mesure où cette théo­rie et les pra­tiques qui en découlent se pro­pagent assez rapi­de­ment, cau­sant toutes sortes de dégâts. Il est assez pathé­tique de consta­ter que des tra­vaux uni­ver­si­taires obs­curs, par­tiel­le­ment incom­pré­hen­sibles – de l’aveu même de nombres de pro­mo­teurs de la « théo­rie queer », de pro­mo­teurs des­dits tra­vaux – et conte­nant toutes sortes d’i­dées sor­dides, servent de fon­de­ment à des mou­vances (queer, trans­gen­risme) qui se pensent incroya­ble­ment sub­ver­sives, révo­lu­tion­naires, mais qui, en réa­li­té, ne font qu’entraver une véri­table lutte éman­ci­pa­trice et nuire à la san­té phy­sique et men­tale des enfants (et des adultes, et de la socié­té en géné­ral). D’ailleurs, selon toute pro­ba­bi­li­té, par­mi les sup­por­ters de la théo­rie queer et du trans­gen­risme, bien peu connaissent ces tra­vaux (pro­mou­voir des pra­tiques et des idées sans en connaître les tenants, quoi de plus moderne). Pour reprendre la for­mule qu’emploie Jean-Marc Man­do­sio dans son livre Lon­gé­vi­té d’une impos­ture : Michel Fou­cault, les man­da­rins de la théo­rie queer sont autant d’apôtres d’un « anti-ins­ti­tu­tion­na­lisme ins­ti­tu­tion­nel » qui fait tout sauf mena­cer l’hégémonie du capi­ta­lisme tech­no­lo­gique.


Introduction

Lorsque je vois écrit « fémi­niste queer » ou « fémi­nisme queer », je soup­çonne, voire espère, que ceux qui uti­lisent ces expres­sions ne savent pas de quoi ils parlent. L’enfer est pavé de bonnes inten­tions. Je ne crois pas que tous ces jeunes gens « éveillés » (woke), ces orga­ni­sa­tions cari­ta­tives, ces ins­ti­tu­tions et ces fes­ti­vals d’art soient favo­rables au viol et à la pédo­phi­lie, au « quee­ring » et à la trans­gres­sion des limites que les fémi­nistes ont tra­vaillé sans relâche à éta­blir[1]. Il s’agit néan­moins de ce que pro­meut la théo­rie queer[2]. Comme le note Sarah Beres­ford, de l’u­ni­ver­si­té de Lan­cas­ter, « Le terme « Queer » […] désigne par défi­ni­tion tout ce qui ne s’accorde pas avec le nor­mal, le légi­time et le domi­nant, et vise à désta­bi­li­ser les idées pré­émi­nentes concer­nant l’i­den­ti­té, que cette iden­ti­té soit sexuelle, sexuée, eth­nique, natio­nale, poli­tique, etc.[3] » Cela peut sem­bler libé­ra­teur et pro­gres­siste, sauf que « le nor­mal, le légi­time et le domi­nant » com­prennent entre autres choses l’i­dée que les adultes ne devraient pas abu­ser sexuel­le­ment des enfants. Il est trou­blant de consta­ter que la remise en ques­tion de la notion d’abus sexuel sur les enfants et la bana­li­sa­tion de la pédo­phi­lie consti­tuent une idée domi­nante de la théo­rie queer. Bien qu’elle ait ten­té de se dis­si­mu­ler dans le dra­peau arc-en-ciel et d’ex­ploi­ter l’éner­gie, la bonne volon­té et les conquêtes sociales des gays, des les­biennes et des bisexuels, obte­nues après des décen­nies de lutte, la théo­rie queer est tout sauf pro­gres­siste. En effet, s’oppose tota­le­ment à l’at­ti­rance pour le même sexe. Comme le sou­ligne la pro­fes­seure de l’u­ni­ver­si­té de Car­diff Ales­san­dra Tane­si­ni : « l’opposition à tout point de vue consi­dé­rant l’o­rien­ta­tion sexuelle comme pou­vant rele­ver d’autre chose que d’une pure construc­tion sociale consti­tue un trait carac­té­ris­tique de la théo­rie queer[4] ». Ain­si, l’at­ti­rance pour le même sexe devient une pré­fé­rence pou­vant être désap­prou­vée ou consi­dé­rée comme sec­taire parce qu’excluante. Des nou­veaux habits de l’homophobie[5]. Contrai­re­ment à l’i­déo­lo­gie trans­genre, qui repose sur la théo­rie queer, cette der­nière est liée à des figures clés ain­si qu’à un cor­pus de lit­té­ra­ture que nous pou­vons inter­ro­ger. Dans cette série d’essais, je com­men­ce­rai par abor­der les fon­de­ments post­mo­dernes de la théo­rie queer avant d’examiner cette théo­rie elle-même et ses incli­na­tions pédo­philes.

I. Michel Foucault et les fondations postmodernes de la théorie queer

La théo­rie queer s’est construite sur les tra­di­tions phi­lo­so­phiques qu’on appelle par­fois post­struc­tu­ra­lisme et post­mo­der­nisme. Michel Fou­cault est consi­dé­ré comme le père fon­da­teur de cette nou­velle façon de concep­tua­li­ser la réa­li­té et la condi­tion humaine[6]. L’historienne Tam­sin Spar­go affirme que « l’a­na­lyse de Fou­cault des inter­re­la­tions entre la connais­sance, le pou­voir et la sexua­li­té a été le cata­ly­seur intel­lec­tuel le plus impor­tant de la théo­rie queer[7] » et la phi­lo­sophe Mar­ga­ret A. McLa­ren remarque que « le tra­vail de Fou­cault a été fon­da­men­tal pour la théo­rie queer[8] ». Fou­cault avan­çait par exemple l’i­dée selon laquelle le pou­voir et la coer­ci­tion, loin d’être impo­sés d’en haut, seraient rela­tion­nels et omni­pré­sents, et construits par le dis­cours. Comme l’explique Jane Clare Jones, Fou­cault sug­gé­rait « que les régimes dis­cur­sifs – en tant que régimes de pouvoir/de connais­sance – pro­duisent les sujets qu’ils pré­tendent décrire[9] ».

En pra­tique, cela signi­fie par exemple que le viol consti­tue la manière dont nous construi­sons dis­cur­si­ve­ment une vic­time et un agres­seur plu­tôt que l’acte phy­sique du viol lui-même. De plus, Fou­cault consi­dé­rait que l’idée selon laquelle de véri­tables ou réelles struc­tures sous-ten­daient les évè­ne­ments ou des élé­ments maté­riels comme les écrits était une erreur. La recon­cep­tua­li­sa­tion par Fou­cault de la triade dis­cours, pou­voir et connais­sance don­na le jour à une nou­velle réflexion sur la résis­tance. La trans­gres­sion des normes, et en par­ti­cu­lier des normes sexuelles, devint la seule oppo­si­tion aux règles et aux caté­go­ri­sa­tions. Dans la pen­sée fou­cal­dienne, telle était la lutte contre l’op­pres­sion et le pou­voir. Si la remise en ques­tion de l’hétéronormativité par Fou­cault était per­ti­nente, la dif­fu­sion de son idée selon laquelle toutes les normes seraient mau­vaises et selon laquelle la libé­ra­tion des sexua­li­tés déviantes répri­mées consti­tue­rait une bonne chose pose de sérieux pro­blèmes.

Des fémi­nistes par­ti­ci­pèrent à la démo­cra­ti­sa­tion des normes cultu­relles selon les­quelles le viol est mau­vais et les enfants ne peuvent consen­tir à une acti­vi­té sexuelle. Dans le cadre du post­mo­der­nisme, et donc de la théo­rie queer, ces pra­tiques – le viol et l’a­bus sexuel des enfants – sont consi­dé­rées comme des trans­gres­sions des limites, mal­heu­reu­se­ment répri­mées, des défiances du pou­voir par­ti­ci­pant à l’émancipation de l’in­di­vi­du. Fou­cault, par exemple, pré­sente la vin­dicte d’un pédo­phile comme une into­lé­rance col­lec­tive mes­quine, au tra­vers de laquelle le dis­cours construi­sait un délin­quant et une vic­time et impo­sait le pou­voir de l’É­tat à un indi­vi­du. Fou­cault explique com­ment

« Un jour de 1867, un ouvrier agri­cole, du vil­lage de Lap­court, un peu simple d’es­prit, employé selon les sai­sons chez les uns ou les autres, nour­ri ici et là par un peu de cha­ri­té et pour le pire tra­vail, logé dans les granges ou les écu­ries, est dénon­cé : au bord d’un champ, il avait, d’une petite fille, obte­nu quelques caresses, comme il l’a­vait déjà fait, comme il l’a­vait vu faire, comme le fai­saient autour de lui les gamins du vil­lage ; c’est qu’à la lisière du bois, ou dans le fos­sé de la route qui mène à Saint-Nico­las, on jouait fami­liè­re­ment au jeu qu’on appe­lait “du lait caillé”. Il est donc signa­lé par les parents au maire du vil­lage, dénon­cé par le maire aux gen­darmes, conduit par les gen­darmes au juge, incul­pé par lui et sou­mis à un pre­mier méde­cin, puis à deux autres experts qui, après avoir rédi­gé leur rap­port, le publient. L’im­por­tant de cette his­toire ? C’est son carac­tère minus­cule ; c’est que ce quo­ti­dien de la sexua­li­té vil­la­geoise, ces infimes délec­ta­tions buis­son­nières aient pu deve­nir, à par­tir d’un cer­tain moment, objet non seule­ment d’une into­lé­rance col­lec­tive, mais d’une action judi­ciaire, d’une inter­ven­tion médi­cale, d’un exa­men cli­nique atten­tif, et de toute une éla­bo­ra­tion théo­rique[10]. »

Le tort dans cette his­toire, selon Fou­cault, était « l’investigation auto­ri­taire » impo­sée à ce « niais de vil­lage » qui ne fai­sait que don­ner « quelques sous aux fillettes pour des com­plai­sances que lui refu­saient les plus grandes[11] ». J. C. Jones four­nit d’autres infor­ma­tions sur le trai­te­ment par Fou­cault de cet inci­dent d’a­bus sexuel d’enfants. Elle explique com­ment

« Avec la publi­ca­tion des Anor­maux – ses confé­rences de 1974–75 au Col­lège de France – nous savons désor­mais que le trai­te­ment de l’af­faire par Fou­cault dans L’His­toire de la sexua­li­té n’é­tait pas une pre­mière. À cette occa­sion, il four­nit plus de détails sur ces “caresses obte­nues” (détails qu’il ne sou­hai­tait pas consi­gner dans ce livre), tout en conti­nuant de ver­ser dans un obs­cu­ran­tisme inébran­lable et en assu­rant son audi­toire que l’af­faire, “vous allez le voir”, est “d’une extrême bana­li­té”. […] L’ouvrier agri­cole nom­mé – dro­la­ti­que­ment, selon Fou­cault – Jouy, a été, apprend-on, “dénon­cé […] par les parents d’une petite fille qu’il aurait à moi­tié, en par­tie, peu ou prou vio­lée”. L’a­gres­sion se pro­duit “le jour de la fête du vil­lage” lorsque “Jouy entraîne la petite Sophie Adam (à moins que ça soit Sophie Adam qui ait entraî­né Charles Jouy, peu importe) dans le fos­sé de la route qui conduit à Nan­cy. Là, il se passe quelque chose : moi­tié viol, peut-être”. Mais il n’y a pas lieu de s’en inquié­ter. Jouy, ras­su­rez-vous, “donne très hon­nê­te­ment quatre sous à la petite fille”, qui, tout à fait imper­tur­bable, “court aus­si­tôt à la foire ache­ter des amandes grillées”.[12] »

La vio­lence sexuelle et le fait d’a­bu­ser d’en­fants sexuel­le­ment sont « d’une extrême bana­li­té » pour Fou­cault. Il pré­sente le don d’argent comme l’a­chat du consen­te­ment de l’en­fant après l’acte, ce qui change la réa­li­té de l’é­vé­ne­ment. L’idée selon laquelle l’altération du dis­cours modi­fie l’ex­pé­rience et la véri­té est par­ti­cu­liè­re­ment utile pour la théo­rie queer et sa cam­pagne en faveur des droits sexuels des hommes et de la pédo­phi­lie.

Mal­gré la pré­ten­due bana­li­té des rap­ports sexuels d’adultes avec des enfants, Fou­cault demeure pré­oc­cu­pé par la légis­la­tion sur l’âge du consen­te­ment. En 1977, il signe une péti­tion adres­sée au Par­le­ment fran­çais deman­dant l’a­bo­li­tion de toute légis­la­tion rela­tive à l’âge du consen­te­ment, ce qui revient à léga­li­ser la pédo­phi­lie[13]. En 1978, Fou­cault par­ti­cipe à un débat dans une émis­sion de radio lors de laquelle, une fois de plus, est affir­mé que la légis­la­tion concer­nant l’âge du consen­te­ment devait être abo­lie et que la sexua­li­té des enfants et leur pré­ten­du désir d’a­voir des rela­tions sexuelles avec des adultes devaient être recon­nus. Ce débat sera publié sous le titre La Loi de la pudeur dans la revue Recherches n°37 d’avril 1979, avant d’être inclus dans le recueil Dits et Écrits 1976–1979 de Fou­cault. Guy Hoc­quen­ghem résume la posi­tion des trois pen­seurs mas­cu­lins :

« Il y a main­te­nant six mois, nous avons lan­cé une péti­tion qui deman­dait l’a­bro­ga­tion d’un cer­tain nombre d’ar­ticles de loi, notam­ment ceux qui répriment les rap­ports entre majeurs et mineurs, ain­si que ceux qui répriment l’in­ci­ta­tion de mineurs à la débauche et la décri­mi­na­li­sa­tion des rap­ports entre majeurs et mineurs en des­sous de quinze ans. […] Beau­coup de gens l’ont signée, des gens qui se recrutent dans tout l’é­ven­tail poli­tique, qui vont du Par­ti com­mu­niste à Mme Dol­to[14]. »

Il s’agit ici d’une ten­ta­tive de jus­ti­fi­ca­tion de la léga­li­sa­tion de la pédo­phi­lie fon­dée sur sa popu­la­ri­té sup­po­sée. Lors de ce débat radio­dif­fu­sé, on obser­va éga­le­ment une sur­pre­nante défense des vidéos d’a­bus sexuels d’en­fants. Hoc­quen­ghem affirme que :

« Que la por­no­gra­phie enfan­tine soit le plus ter­rible des scan­dales actuels, la dis­pro­por­tion même entre le sujet évo­qué, la por­no­gra­phie enfan­tine, même pas la pros­ti­tu­tion, et l’im­men­si­té des drames et des répres­sions que peuvent subir par exemple les Noirs aux États-Unis, saute aux yeux[15]. »

Oui, très sérieu­se­ment, dans cette émis­sion radio­pho­nique d’une conver­sa­tion entre Fou­cault et deux de ses contem­po­rains, on affirme que, parce que les Noirs souffrent du racisme en Amé­rique, les abus sexuels d’en­fants devraient être fil­més et dis­tri­bués. C’est à n’y rien com­prendre. Fou­cault sou­tient, lui, que : « Peut-être l’en­fant avec sa sexua­li­té propre a pu dési­rer cet adulte, peut-être même a‑t-il consen­ti, peut-être même a‑t-il fait les pre­miers pas. » Il affirme aus­si que la légis­la­tion concer­nant les « rap­ports de la sexua­li­té enfan­tine et adulte » [était] « entiè­re­ment contes­table[16] ». Tel était le père fon­da­teur du post­mo­der­nisme, dont le tra­vail ins­pi­ra l’a­vè­ne­ment de la théo­rie queer. Hoc­quen­ghem pour­suit en affir­mant :

« Il y a tout un mélange de notions qui per­mettent de fabri­quer cette notion de crime, ou d’at­ten­tat à la pudeur, un mélange très com­plexe sur lequel on n’a pas le temps ici de dis­ser­ter lon­gue­ment, mais qui com­prend à la fois des inter­dits reli­gieux sur la sodo­mie, à la fois des don­nées com­plè­te­ment nou­velles comme celles aux­quelles Michel Fou­cault a fait allu­sion, sur ce qu’on croit savoir de la totale étran­ge­té de l’u­ni­vers enfan­tin et de l’u­ni­vers adulte. Mais l’é­vo­lu­tion glo­bale, indis­cu­ta­ble­ment, main­te­nant, c’est non seule­ment de fabri­quer un type de crime qui est tout sim­ple­ment le rap­port éro­tique ou sen­suel entre un enfant et un adulte, mais, d’autre part, puisque ça peut s’i­so­ler sous la forme d’un crime, de créer une cer­taine caté­go­rie de la popu­la­tion défi­nie par le fait qu’elle s’a­donne à ces plai­sirs-là[17]. »

Oui, ces hommes ont publi­que­ment sou­te­nu que la péné­tra­tion d’en­fants par des adultes était un crime inven­té parce que les gens, igno­rants et arro­gants, consi­dé­raient que la per­cep­tion du monde de l’enfant dif­fé­rait de celle de l’adulte (« ce qu’on croit savoir de la totale étran­ge­té de l’u­ni­vers enfan­tin et de l’u­ni­vers adulte »). Leur pro­chaine cam­pagne aurait pu être en faveur d’enfants Pre­miers ministres, d’enfants phi­lo­sophes et s’ils avaient eu besoin de soins médi­caux, peut-être auraient-ils per­mis à un enfant de les leur pro­di­guer ? Lorsque les abu­seurs sexuels avancent l’ar­gu­ment selon lequel les enfants peuvent com­prendre et appré­cier les rela­tions sexuelles avec des adultes, ils ne l’ap­pliquent jamais à d’autres aspects de la vie. Cette notion de consen­te­ment de l’en­fant et de concen­tra­tion de l’en­fant sur les acti­vi­tés de ses organes géni­taux est reprise par la théo­rie queer dans le concept d’en­fant trans­genre. Avec un tel pedi­gree intel­lec­tuel, faut-il s’é­ton­ner que d’aucuns tirent la son­nette d’a­larme ?

Le troi­sième inter­ve­nant, Jean Danet, théo­rise davan­tage le consen­te­ment et la pédo­phi­lie. Il fait valoir que

« Quand nous disons que le pro­blème du consen­te­ment est tout à fait cen­tral dans les affaires de pédo­phi­lie, nous ne disons pas que le consen­te­ment est tou­jours là, bien enten­du. Mais, et c’est là où on peut dis­so­cier l’at­ti­tude de la jus­tice dans le cas du viol et dans le cas de la pédo­phi­lie, dans le cas du viol, les juges consi­dèrent qu’il y a une pré­somp­tion de consen­te­ment de la part de la femme, et qu’il y a à démon­trer le contraire. Alors qu’en matière de pédo­phi­lie, c’est l’in­verse. On consi­dère qu’il y a une pré­somp­tion de non-consen­te­ment, une pré­somp­tion de vio­lence, même dans le cas où on n’a pas pu incul­per d’at­ten­tat à la pudeur avec vio­lence ; dans le cas où on s’est rabat­tu sur le texte de l’at­ten­tat à la pudeur sans vio­lence, c’est-à-dire du plai­sir consen­ti. Parce qu’at­ten­tat à la pudeur sans vio­lence, il faut bien dire que c’est la tra­duc­tion répres­sive et juri­dique du plai­sir consen­ti. Il faut bien voir com­ment on mani­pule le sys­tème des preuves ; de façon inverse dans le cas du viol de femmes et dans le cas de l’at­ten­tat à la pudeur pédo­phile[18]. »

Cette idée de « plai­sir consen­ti » chez l’enfant est extrê­me­ment contes­table. Les femmes dis­posent des facul­tés et de la com­pré­hen­sion néces­saires pour s’en­ga­ger dans une acti­vi­té sexuelle, pas les enfants. Fou­cault sou­tient pour­tant qu’« une bar­rière d’âge fixée par la loi n’a pas beau­coup de sens. Encore une fois, on peut faire confiance à l’en­fant pour dire si oui ou non il a subi une vio­lence[19]. » Fou­cault ajoute que « sup­po­ser que du moment qu’il est un enfant on ne peut pas expli­quer ce qu’il en est, que du moment qu’il est un enfant il ne peut pas être consen­tant : il y là deux abus qui sont into­lé­rables, inac­cep­tables[20] ». Le père du post­mo­der­nisme et grand-père de la théo­rie queer sou­tient donc que l’i­dée selon laquelle un enfant ne pour­rait pas consen­tir à une acti­vi­té sexuelle avec un adulte, ne pour­rait pas conce­voir ce qu’est un abus est « into­lé­rable » et « inac­cep­table ». Com­ment des pen­seurs pro­mou­vant de telles vues peuvent-ils être consi­dé­rés comme des génies de la phi­lo­so­phie ? Cette recon­cep­tua­li­sa­tion de l’i­nac­cep­table, cette idée selon laquelle le lan­gage fabrique la réa­li­té consti­tue la base de la théo­rie queer.

[Note du tra­duc­teur : Lors d’un autre entre­tien avec plu­sieurs intel­lec­tuels, à la fin des années 1970, Fou­cault s’exprime sur le sujet de la pédo­phi­lie. Il men­tionne le « pro­blème de l’en­fant que l’on séduit. Ou qui com­mence à vous séduire. Est-ce qu’il est pos­sible de pro­po­ser au légis­la­teur de dire : un enfant consen­tant, un enfant qui ne refuse pas, on peut avoir avec lui n’im­porte quelle forme de rap­port, cela ne relève aucu­ne­ment de la loi ? » Il répond ensuite lui-même à sa propre ques­tion : « Je serais ten­té de dire : du moment que l’en­fant ne refuse pas, il n’y a aucune rai­son de sanc­tion­ner quoi que ce soit[21]. » La posi­tion de Michel Fou­cault sur le viol — du moins, sa posi­tion à un moment don­né de sa brillante car­rière, car ain­si que le note Jean-Marc Man­do­sio dans son excel­lente cri­tique du per­son­nage inti­tu­lée Lon­gé­vi­té d’une impos­ture : Michel Fou­cault, il chan­geait assez régu­liè­re­ment de posi­tion sur à peu près tous les sujets, en fonc­tion, sou­vent, du sens du vent — sa posi­tion sur le viol, donc, était éga­le­ment assez ter­rible. Il esti­mait en effet que le viol était une agres­sion phy­sique comme les autres, comme un coup de poing au visage, et c’est à peu près tout. Cette posi­tion lui fut vive­ment repro­chée, entre autres, par de nom­breuses fémi­nistes[22].]

II. Gayle Rubin, qui compte parmi les fondateurs de la théorie queer, estimait que la pédophilie était une simple orientation sexuelle.

L’an­thro­po­logue cultu­relle Gayle Rubin est consi­dé­rée comme l’un des prin­ci­paux théo­ri­ciens de la théo­rie queer. Comme Fou­cault avant elle, elle plaide en faveur de la léga­li­sa­tion et l’ac­cep­ta­tion de la pédo­phi­lie en invo­quant le consen­te­ment de l’en­fant. L’u­ni­ver­si­té de Pitts­burgh déclare que « peu de pen­seurs ont eu autant d’in­fluence sur la théo­rie fémi­niste, les études sur les gays et les les­biennes et la théo­rie queer que Gayle Rubin » et qu’ « à la fin des années 1970, elle a peut-être été la pre­mière à remar­quer l’im­por­tance de L’His­toire de la sexua­li­té de Michel Fou­cault, qui, une décen­nie plus tard, serait sans doute l’ou­vrage le plus influent sur les débuts de la théo­rie queer[23] ». La biblio­thèque uni­ver­si­taire de l’Illi­nois affirme que « l’es­sai de Gayle Rubin inti­tu­lé Thin­king Sex est sou­vent iden­ti­fié comme l’un des textes fon­da­men­taux [de la théo­rie queer], qui pour­suit le rejet fou­cal­dien des expli­ca­tions bio­lo­giques de la sexua­li­té en réflé­chis­sant à la manière dont les iden­ti­tés sexuelles et les com­por­te­ments sont hié­rar­chi­que­ment orga­ni­sés par des sys­tèmes de clas­si­fi­ca­tions sexuelles[24] ». Tout comme Fou­cault, Rubin adopte une approche construc­tion­niste de la sexua­li­té. Cette approche s’est avé­rée utile dans les cri­tiques fémi­nistes radi­cales de la sexua­li­té hété­ro­nor­ma­tive – l’idée selon laquelle, dans la pra­tique sexuelle nor­male, l’homme est domi­nant et la femme sou­mise. Elle a éga­le­ment effi­ca­ce­ment étayé les cri­tiques des rela­tions hété­ro­sexuelles uti­li­sées comme norme repous­sant les rela­tions gays et les­biennes vers les marges déviantes. L’ap­proche construc­tion­niste pos­sède donc son inté­rêt. Cepen­dant, elle est éclip­sée par le sou­tien de Rubin à la pédo­phi­lie. Selon Rubin, « l’idée selon laquelle le sexe en soi est nui­sible aux jeunes a été cise­lée dans de vastes struc­tures sociales et juri­diques conçues pour iso­ler les mineurs des connais­sances et expé­riences sexuelles[25] ».

Rubin ne se réjouit pas de la lente pro­mul­ga­tion de lois des­ti­nées à pro­té­ger les enfants des abus sexuels, elle les désap­prouve. Comme Hoc­quen­ghem dans sa conver­sa­tion avec Fou­cault, Rubin plaide pour la léga­li­sa­tion des images de por­no­gra­phie infan­tile. Elle déplore que « bien que la Cour suprême ait éga­le­ment sta­tué que la pos­ses­sion de maté­riel obs­cène à des fins pri­vées était un droit consti­tu­tion­nel, cer­taines lois sur la pédo­por­no­gra­phie inter­disent même la pos­ses­sion pri­vée de tout maté­riel sexuel impli­quant des mineurs[26] ». Selon Rubin, inter­dire la pédo­por­no­gra­phie consti­tue une attaque contre les liber­tés civiles sexuelles. Elle affirme que « les lois pro­duites par la peur panique de la pédo­por­no­gra­phie sont mal conçues et mal orien­tées. Elles repré­sentent des modi­fi­ca­tions pro­fondes dans la régle­men­ta­tion du com­por­te­ment sexuel et abrogent d’im­por­tantes liber­tés civiles sexuelles[27] ». Rubin défend éga­le­ment la North Ame­ri­can Man/Boy Love Asso­cia­tion (NAMBLA) (Asso­cia­tion nord-amé­ri­caine pour l’a­mour entre les hommes et les jeunes gar­çons), décri­vant com­bien « presque per­sonne n’a remar­qué que [la légis­la­tion sur l’a­bus sexuel des enfants] avait balayé le Congrès et les légis­la­tures des États. À l’ex­cep­tion de la North Ame­ri­can Man/Boy Love Asso­cia­tion et de l’A­me­ri­can Civil Liber­ties Union, per­sonne n’a pro­tes­té[28]. » Se pour­rait-il qu’il n’y ait pas eu beau­coup d’op­po­si­tion à ces lois, sauf de la part de pédo­philes, pour la rai­son que la plu­part des gens estiment à rai­son qu’a­bu­ser des enfants est mal ? Mais, bien enten­du, le fait que la majo­ri­té des gens et des légis­la­teurs d’É­tat consi­dèrent l’a­bus sexuel des enfants comme répré­hen­sible signi­fie que le post­mo­der­nisme et la théo­rie queer s’en feront les cham­pions. La force motrice de cette phi­lo­so­phie est la remise en ques­tion des normes sociales, consi­dé­rées comme mau­vaises parce qu’elles sont des normes, et la démo­cra­ti­sa­tion de ce qu’on consi­dère donc comme des sexua­li­tés déviantes.

Par la suite, Rubin décrit les hommes adultes abu­sant sexuel­le­ment des enfants de sexe mas­cu­lin comme ayant une « orien­ta­tion éro­tique » méri­tant d’être défen­due[29]. Rubin affirme que parce que ces hommes adultes abusent sexuel­le­ment de jeunes gar­çons, « la police s’est réga­lée avec eux » et que dans « vingt ans […] il sera beau­coup plus facile de mon­trer que ces hommes ont été les vic­times d’une chasse aux sor­cières sau­vage et immé­ri­tée. Beau­coup de gens seront embar­ras­sés par leur col­la­bo­ra­tion à cette per­sé­cu­tion[30]. » En plus de pré­sen­ter la pédo­phi­lie comme une sexua­li­té per­sé­cu­tée, Rubin recourt à l’ar­gu­ment du mau­vais côté de l’his­toire, que des com­men­ta­teurs comme Owen Jones aiment tant uti­li­ser contre les femmes qui défendent la réa­li­té phy­sique et les droits sexuels. Rubin com­pare sys­té­ma­ti­que­ment l’opposition à la pédo­phi­lie à l’opposition à l’ho­mo­sexua­li­té. Elle sou­tient que les lois sur la pro­tec­tion de l’en­fance s’ap­pa­rentent à la légis­la­tion anti-gay. Ce rap­pro­che­ment constant entre homo­sexua­li­té et pédo­phi­lie, comme s’il s’a­gis­sait d’une seule et même chose, est une des prin­ci­pales hor­reurs de son tra­vail uni­ver­si­taire. Les biblio­thé­caires de l’U­ni­ver­si­té de l’Illi­nois pré­tendent pour­tant que Rubin aurait démon­tré, dans son essai, « la manière dont cer­taines expres­sions sexuelles sont davan­tage valo­ri­sées que d’autres, ce qui favo­rise la per­sé­cu­tion de ceux qui adhèrent à d’autres expres­sions sexuelles[31]. » Rubin pré­sente effec­ti­ve­ment la pédo­phi­lie comme une sexua­li­té oppri­mée. Elle consi­dère que « les castes sexuelles les plus mépri­sées com­prennent actuel­le­ment les trans­sexuels, les tra­ves­tis, les féti­chistes, les sado­ma­so­chistes, les tra­vailleurs du sexe tels que les pros­ti­tuées et les modèles por­no­gra­phiques, et les plus hon­nis de tous, ceux dont l’é­ro­tisme trans­gresse les fron­tières géné­ra­tion­nelles[32] ». Cette décla­ra­tion de Rubin met en lumière le fait que la ten­ta­tive de nor­ma­li­ser et de « libé­rer » la pédo­phi­lie en la liant à la nor­ma­li­sa­tion du « trans­ves­tisme, des féti­chistes, des sado­ma­so­chistes, des tra­vailleurs du sexe » dure depuis vingt ans. Rubin s’est plaint qu’au moment où elle écri­vait, dans le DSM-III, « le féti­chisme, le sadisme, le maso­chisme, la trans­sexua­li­té, le tra­ves­tis­se­ment, l’ex­hi­bi­tion­nisme, le voyeu­risme et la pédo­phi­lie [étaient] assez fer­me­ment caté­go­ri­sés comme des troubles psy­cho­lo­giques[33] ».

« Les sexua­li­tés ne cessent de sor­tir du Manuel de diag­nos­tic et de sta­tis­tique (DSM) pour entrer dans les pages de l’his­toire sociale. Actuel­le­ment, plu­sieurs groupes tentent de repro­duire les suc­cès des homo­sexuels. Les bisexuels, les indi­vi­dus sado­ma­so­chistes qui pré­fèrent les ren­contres inter­gé­né­ra­tion­nelles [les pédo­philes], les trans­sexuels et les tra­ves­tis sont tous à des stades divers de for­ma­tion de com­mu­nau­té et d’ac­qui­si­tion d’i­den­ti­té.[34] »

L’ou­vrage de Rubin, qui consti­tue une pièce maî­tresse de la théo­rie queer, expose l’exis­tence d’un pro­gramme. Cette phrase – « les indi­vi­dus sado­ma­so­chistes qui pré­fèrent les ren­contres inter­gé­né­ra­tion­nelles » – édul­core l’hor­reur de ce qu’elle sou­haite nor­ma­li­ser : on parle de per­sonnes qui agressent et abusent sexuel­le­ment des enfants. Rubin se lamente de ce que « la loi soit par­ti­cu­liè­re­ment féroce dans le main­tien d’une sépa­ra­tion entre l’in­no­cence de l’en­fance et la sexua­li­té de l’a­dulte[35] ». D’aucuns esti­me­raient qu’il s’agit là d’une chose posi­tive. Pas selon la théo­rie queer. Il convient de noter que Rubin place le mot « inno­cence » entre guille­mets, sug­gé­rant ain­si que les enfants eux-mêmes sont actifs et dési­reux d’être vic­times de leurs propres abus. En cela, nous pou­vons détec­ter les ondu­la­tions de la pen­sée de Fou­cault. Enfin, Rubin dénonce la manière dont « les adultes qui s’é­cartent trop des normes conven­tion­nelles de conduite sexuelle se voient sou­vent refu­ser tout contact avec les jeunes, même les leurs[36] ». En d’autres termes, selon Rubin et les théo­ri­ciens queer qui par­tagent ses vues, la légis­la­tion qui inter­dit aux pédo­philes de tra­vailler avec des enfants repré­sente une force d’É­tat oppres­sive. Que Rubin soit de cet avis n’est pas sur­pre­nant. Le déman­tè­le­ment des lois et des normes cultu­relles inter­di­sant le libre exer­cice de la sexua­li­té – lequel com­pren­drait la pédo­phi­lie – et l’é­li­mi­na­tion des limites restrei­gnant les pré­ro­ga­tives de la sexua­li­té mas­cu­line consti­tuent des inci­ta­tifs de la théo­rie queer.

Il se trouve qu’une ancienne par­te­naire de Rubin, Pat Cali­fia, est une théo­ri­cienne queer encore plus esti­mée dans le milieu. Alas­san­dra Tane­si­ni sou­ligne com­ment « But­ler 1990 et Sedg­wick 2008 sont sou­vent consi­dé­rés comme les décla­ra­tions fon­da­trices dans le domaine [de la théo­rie queer] », mais « tout aus­si impor­tant est Cali­fia 2000, qui pro­pose une défense liber­taire radi­cale du sado­ma­so­chisme, du sexe inter­gé­né­ra­tion­nel et de la por­no­gra­phie[37] ». C’est ain­si, sans aucune honte, qu’au tra­vers du tra­vail de Pat Cali­fia, il nous est une fois de plus don­né de consta­ter que la pro­mo­tion du sado­ma­so­chisme, de la pédo­phi­lie et de la por­no­gra­phie est au fon­de­ment de la théo­rie queer. Il est inté­res­sant de noter que les uni­ver­si­taires sont conscients que Cali­fia sou­tient la pédo­phi­lie, mais qu’ils ne consi­dèrent pas cela comme un pro­blème et conti­nuent à ensei­gner ses œuvres aux étu­diants comme autant d’illustrations d’une auda­cieuse manière de pen­ser. Lin­da LeMon­check, par exemple, pro­fes­seure de phi­lo­so­phie à l’université d’État de Cali­for­nie, s’avère très élo­gieuse en recom­man­dant « pour une excel­lente vue d’en­semble de la posi­tion des radi­caux sexuels sur la pédo­phi­lie, le S/M et d’autres types de dif­fé­rence sexuelle, de se réfé­rer au livre Public Sex de Pat Cali­fia[38] ». Ain­si, sur le conseil de LeMon­check, c’est vers Public Sex de Cali­fia que nous nous tour­nons main­te­nant.

III. Pat Califia, figure de proue de la théorie queer, a toujours plaidé en faveur de la légalisation et la normalisation de la pédophilie.

[Note du tra­duc­teur : Pat Cali­fia est une femme qui s’identifie désor­mais comme un homme. Je crois. Les choses peuvent avoir chan­gées entre-temps.]

Cali­fia décrit son ouvrage Public Sex comme repré­sen­tant « l’es­sen­tiel de [son] tra­vail non fic­tion­nel de 1979 à aujourd’­hui. Cela fait une décen­nie et demie que je m’emporte contre la répres­sion et la cen­sure sexuelles, et que je me vante de ma recherche d’une manière tou­jours plus inter­dite d’a­voir un orgasme[39]. » Cela doit être pas­sion­nant. Dès le début de ce livre, Cali­fia intro­duit les idées de « les­bienne trans­genre » (une les­bienne avec un pénis) et de « sexe trans­gé­né­ra­tion­nel », qu’on appelle aus­si pédo­phi­lie[40]. Elle cite ensuite Jona­than Katz, un uni­ver­si­taire et mili­tant queer, et Jef­fe­ry Weeks, et nor­ma­lise la pédo­phi­lie en affir­mant que leurs tra­vaux « ont été par­ti­cu­liè­re­ment utiles et ins­truc­tifs[41] ». Pour bien faire com­prendre de qui elle s’ins­pire, il faut savoir que Weeks était par exemple remer­cié par l’an­cien vice-pré­sident du PIE (Pedo­phile Infor­ma­tion Exchange, « un groupe bri­tan­nique visant à la recon­nais­sance des droits des pédo­philes fon­dé en octobre 1974 et dis­sout en 1984 ») War­ren Midd­le­ton dans ce texte pro­pé­do­phi­lie :

Dans un texte inti­tu­lé No Minor Issues : Age of Consent, Child Por­no­gra­phy, and Cross-gene­ra­tio­nal Rela­tion­ships (« Pas des pro­blèmes mineurs : âge du consen­te­ment, pédo­por­no­gra­phie et rela­tions inter­gé­né­ra­tion­nelles ») écrit en 2000, Cali­fia sou­tient que toutes les lois concer­nant l’âge du consen­te­ment devraient être abro­gées[42]. Elle décrit ensuite en détail la dis­po­ni­bi­li­té des images d’a­bus d’en­fants et déplore « l’a­dop­tion en 1977 de lois fédé­rales contre [les images d’a­bus d’en­fants] » qui auraient « garan­ti qu’elles dis­pa­raî­traient des rayons des livres pour adultes[43] ». Qui peut bien déplo­rer que des images d’a­bus sexuels d’en­fants soient inter­dites ? Cali­fia s’est dit conster­née par le fait que « les fémi­nistes anti-por­no et les poli­ciers et poli­ti­ciens anti-gay conti­nuent de par­ler d’un pro­blème crois­sant de pédo­por­no­gra­phie[44] ». Affreuses fémi­nistes anti-por­no qui osent faire cam­pagne contre les abus sexuels d’enfants. C’est vrai­ment dia­bo­lique. Cali­fia tente ensuite de pré­sen­ter les objec­tions à la pédo­phi­lie comme une forme d’ho­mo­pho­bie et se plaint que « à la fin des années 70, les lois sur la pédo­por­no­gra­phie et le détour­ne­ment de mineur étaient appli­quées de manière dis­pro­por­tion­née contre les homo­sexuels qui avaient des rela­tions sexuelles avec des ado­les­cents [aus­si appe­lés enfants][45] ». Si tout cela vous rap­pelle quelque chose, c’est peut-être parce que nous voyons actuel­le­ment des fémi­nistes se faire atta­quer et qua­li­fier de « trans­phobes » pour la rai­son qu’elles s’efforcent de pro­té­ger les enfants.

Cali­fia explique qu’elle est très heu­reuse de connaitre « plu­sieurs hommes gays qui se disaient fiè­re­ment amou­reux des gar­çons (boy­lo­vers) », de fré­quen­ter des pédo­philes, et décrit les abus sexuels d’enfants comme une « ini­tia­tion éro­tique[46] ». Encore une fois : cette per­sonne est consi­dé­rée comme une figure majeure de la théo­rie queer. Cali­fia écrit que « ce que les flics appe­laient “pro­tec­tion des enfants” res­sem­blait à une répres­sion des jeunes homo­sexuels[47] ». Ces argu­ments sont de retour aujourd’hui, lorsque les poli­tiques de pro­tec­tion de l’en­fance sont qua­li­fiées de « trans­pho­bie ». Cali­fia com­pare des ado­les­cents ayant des rela­tions sexuelles entre eux à des adultes abu­sant sexuel­le­ment d’en­fants. Elle com­pare l’op­po­si­tion au fait d’enseigner aux enfants et aux ado­les­cents que la pédo­phi­lie est une expé­rience sexuelle accep­table, voire poten­tiel­le­ment dési­rable, à l’é­du­ca­tion sexuelle fon­dée sur l’abs­ti­nence, prô­née par la droite chré­tienne. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Les fémi­nistes par­viennent à défendre l’é­du­ca­tion sexuelle et rela­tion­nelle sans pro­mou­voir la pédo­phi­lie auprès des enfants et des ado­les­cents. La théo­rie queer regorge de ce genre de sophismes de l’épouvantail, sou­vent avan­cés afin de ratio­na­li­ser l’idée de convaincre l’enfant d’accepter d’être abu­sé.

Paral­lè­le­ment à ses argu­ments pro­pé­do­philes publiés dans Public Sex, Cali­fia n’a ces­sé, tout au long de sa car­rière, de plai­der pour la léga­li­sa­tion et la nor­ma­li­sa­tion de la pédo­phi­lie. Son article inti­tu­lé “Femi­nism, Pae­do­phi­lia, and Chil­dren’s Rights” (« Fémi­nisme, pédo­phi­lie et droits de l’en­fant »), publié pour la pre­mière fois dans le maga­zine pédo­phile Pai­di­ka, aujourd’­hui inter­dit, est actuel­le­ment héber­gé sur le site web d’un col­lec­tif pro­pé­do­phile[48]. Cali­fia était non seule­ment consciente, mais aus­si enthou­siaste à l’i­dée que son tra­vail serait publié dans un jour­nal euro­péen consa­cré à la pédo­phi­lie. Elle s’est van­tée du fait que cet article « serait tra­duit en néer­lan­dais et publié à l’é­tran­ger dans un numé­ro spé­cial de Pai­di­ka sur les femmes et la pédo­phi­lie » et a affir­mé : « je sou­tiens Pai­di­ka et appré­cie de tra­vailler avec les rédac­teurs de ce numé­ro spé­cial[49] ». Cali­fia, consi­dé­rée comme un titan de la théo­rie queer, a donc publi­que­ment affir­mé son sou­tien des pédo­philes. Contrai­re­ment à Rubin, elle a cepen­dant admis que la plu­part des gays et des les­biennes ne vou­laient rien avoir à faire avec les abus sexuels d’enfants en décla­rant qu’elle savait qu’elle « ne pour­rait pro­ba­ble­ment pas faire publier quoi que ce soit sur ce sujet aujourd’­hui dans la presse gay et les­bienne amé­ri­caine[50] ». Hour­ra ! Cali­fia donne le ton dès le début de l’ar­ticle, en expli­quant avoir publié, en 1980, « un article en deux par­ties dans The Advo­cate, cri­ti­quant les lois amé­ri­caines sur l’âge du consen­te­ment », contri­buant ain­si au dépla­ce­ment de la fenêtre d’O­ver­ton[51]. Lorsque la théo­rie queer converge avec la légis­la­tion, elle semble rai­son­nable.

Cali­fia se lamente par la suite de ce que nombre de fémi­nistes la hon­nissent : « Doc and Fluff, mon récent roman de science-fic­tion, a été inter­dit par cer­taines librai­ries fémi­nines parce qu’il est cen­sé dépeindre une rela­tion les­bienne trans­gé­né­ra­tion­nelle, et j’ai été atta­quée comme “défen­seuse de la moles­ta­tion des enfants” dans la presse fémi­niste[52]. » Remar­quez à nou­veau ce terme : « trans­gé­né­ra­tion­nel ». Ce qu’il signi­fie : pédo­phi­lie. Elle sou­tient, tou­jours dans le même article, que « la cam­pagne du gou­ver­ne­ment amé­ri­cain contre les droits sexuels des jeunes a connu un tel suc­cès que la plu­part des gays, des les­biennes et des fémi­nistes sont convain­cus que le mou­ve­ment d’a­bro­ga­tion des lois sur l’âge du consen­te­ment n’é­tait rien d’autre qu’une ten­ta­tive de garan­tir à des adultes rapaces le droit d’abuser d’enfants vul­né­rables[53] ». Oui. C’est exact. Cepen­dant, la plu­part des gens et des fémi­nistes com­prennent la noci­vi­té de l’a­bus sexuel d’en­fant sans l’aide du gou­ver­ne­ment amé­ri­cain. Cali­fia a pré­ten­du qu’en refu­sant d’ac­cep­ter la NAMBLA dans son mou­ve­ment, « la com­mu­nau­té gay adulte d’i­ci a cou­pé sa pro­chaine géné­ra­tion[54] ». Non, elle pro­tège les enfants des abus sexuels. Cali­fia explique ne connaitre que « très peu de les­biennes, et encore moins de gays, qui ont atten­du d’a­voir dix-huit ans pour faire leur coming out[55] ». L’âge du coming out ne devrait pas ouvrir la porte aux abus sexuels. Il est inté­res­sant de noter que Cali­fia ne cri­tique pas le fait que les gays et les les­biennes doivent faire leur coming out parce que l’hé­té­ro­sexua­li­té est cultu­rel­le­ment consi­dé­rée comme « nor­male ». Elle sou­tient ensuite que les abus sexuels com­mis sur les enfants sont dési­rés par l’en­fant, affir­mant que « la plu­part d’entre nous étaient conscients, bien avant la puber­té, que nous vou­lions être proches des membres de notre propre sexe ou avoir des rela­tions sexuelles avec eux[56] ». Elle s’emporte contre le fait que « la plu­part des mili­tants amé­ri­cains pour les droits des homo­sexuels et des les­biennes-fémi­nistes font preuve » de « sus­pi­cion et de haine » envers « la pédo­phi­lie[57] ». Oui, c’est exact. Enfin une figure de proue de la théo­rie queer admet­tant que la pédo­phi­lie n’est pas la bien­ve­nue dans la com­mu­nau­té de l’arc-en-ciel !

Les théo­ri­ciens queer comme Cali­fia concep­tua­lisent le fémi­nisme comme un mou­ve­ment puri­tain pour la rai­son qu’il défend des inter­dits concer­nant les femmes et les filles[58]. Cali­fia affirme que « le mou­ve­ment fémi­niste anti-por­no­gra­phie reflète un conser­va­tisme crois­sant dans la socié­té amé­ri­caine sur toutes les ques­tions sexuelles. Au fur et à mesure que les condi­tions éco­no­miques se dété­rio­raient, les gens ont com­men­cé à se tour­ner vers les “valeurs tra­di­tion­nelles” pour obte­nir un sen­ti­ment de sécu­ri­té et de sûre­té[59]. » Les conno­ta­tions et les liens que Cali­fia éta­blit sont clairs. Elle déplore que ses détrac­teurs fémi­nistes l’aient qua­li­fiée de « per­verse et de défen­seuse du viol, des coups et bles­sures et de la mal­trai­tance des enfants[60] ». (Eh bien, si tu ne sou­haites pas qu’on te le reproche, ne le fais pas.) Néan­moins, Cali­fia, en tant que par­ti­sane de la théo­rie queer, doit néces­sai­re­ment sou­te­nir la « trans­for­ma­tion » des fron­tières sexuelles comme une chose intrin­sè­que­ment bonne. Les deux théo­ries – fémi­nisme et queer – s’opposent tota­le­ment. La théo­rie de Cali­fia et du queer n’a pas seule­ment été atta­quée par les fémi­nistes, mais elle est si mani­fes­te­ment dépour­vue de morale que même les enne­mis du fémi­nisme – les conser­va­teurs – expriment des sen­ti­ments simi­laires. Cali­fia répond à ces cri­tiques que « la panique liée à la pédo­por­no­gra­phie et à la pédo­phi­lie qui a secoué la socié­té amé­ri­caine depuis les années 70 est insé­pa­rable du déni de notre socié­té des défauts et des échecs de la famille ». Encore une fois, bon sang, mais c’est bien sûr. L’ar­gu­ment de Cali­fia selon lequel de nom­breux enfants sont assas­si­nés par leur famille ne signi­fie en rien que la pédo­por­no­gra­phie ne serait pas mau­vaise. Cali­fia tente ensuite d’a­li­gner la théo­rie pro­pé­do­phi­lie et la théo­rie queer sur des mou­ve­ments véri­ta­ble­ment pro­gres­sistes. Elle affirme que « les croi­sades morales ont éga­le­ment été uti­li­sées pour atta­quer le fémi­nisme et les droits des homo­sexuels, et aucun de ces mou­ve­ments pro­gres­sistes n’a réus­si à se défendre contre de telles attaques ou à en pré­sen­ter une ana­lyse com­plète[61] ». Mal­gré sa condam­na­tion du fémi­nisme et son admis­sion du fait que la pro­mo­tion des abus sexuels d’enfants n’a aucun lien avec le mou­ve­ment pour les des droits des homo­sexuels et des les­biennes, qui s’y oppose, la théo­rie queer, que défend Cali­fia, conti­nue de se réfu­gier sous la ban­nière du fémi­nisme et de l’arc-en-ciel.

Dans la veine de la conver­sa­tion entre Fou­cault, Hoc­quen­ghem et Danet et du tra­vail de Rubin, Cali­fia plaide pour la léga­li­sa­tion et la nor­ma­li­sa­tion des images d’a­bus sexuels d’en­fants. Cali­fia déplore le fait que « la pédo­por­no­gra­phie consti­tue une caté­go­rie spé­ciale dans la loi amé­ri­caine depuis 1977 » et affirme que c’est à cause de l’ho­mo­pho­bie, et en par­ti­cu­lier de la cam­pagne juri­dique d’A­ni­ta Bryant, que les images d’a­bus sexuels d’en­fants sont inter­dites[62]. Une fois de plus, une théo­ri­cienne queer asso­cie les droits des homo­sexuels au droit d’a­bu­ser sexuel­le­ment des enfants. C’é­tait et c’est tou­jours un argu­ment épou­van­table. Dans la sec­tion sui­vante, Cali­fia tente de mini­mi­ser les dom­mages cau­sés par les abus sexuels des enfants en les qua­li­fiant de « por­no kid­dy » (por­no ado, por­no pour enfant). Selon Cali­fia, le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain et les fémi­nistes n’es­sayaient pas de sup­pri­mer le fléau des images pédo­por­no­gra­phiques, mais s’ef­for­çaient plu­tôt de faire res­pec­ter les valeurs tra­di­tion­nelles et la pure­té sociale. Un génie de la théo­rie queer. Dans l’une des seules sec­tions de l’ou­vrage de Cali­fia où l’on peut dis­cer­ner des argu­ments nova­teurs, Cali­fia sou­tient que les ser­vices pos­taux ciblaient les homo­sexuels dans le cadre d’une vaste conspi­ra­tion[63]. L’idée vaut son pesant de caca­huètes. Cali­fia se plaint du fait que :

« Les ser­vices pos­taux ciblent les per­sonnes qui ont la mal­chance d’a­voir atter­ri sur des listes d’a­dresses com­pi­lées par les douanes amé­ri­caines. Ces listes pro­viennent de nom­breuses sources. Lorsque des entre­prises de por­no­gra­phie adulte font l’ob­jet d’une des­cente, les auto­ri­tés confisquent éga­le­ment leurs car­nets d’a­dresses. […] Les ser­vices pos­taux et les douanes gardent la trace des per­sonnes qui com­mandent de la por­no­gra­phie par voie pos­tale. La police a même confis­qué la liste des membres d’un bul­le­tin élec­tro­nique gay qui a été fer­mé parce que son opé­ra­teur était accu­sé de vio­ler les lois sur l’âge du consen­te­ment. Les ser­vices pos­taux mènent alors des cam­pagnes de publi­pos­tage pour sol­li­ci­ter des com­mandes de pédo­por­no­gra­phie. […] Les agents des forces de l’ordre s’y impliquent, se fai­sant pas­ser pour des pédo­philes ou des enfants sexuel­le­ment actifs, et deman­dant à leurs cor­res­pon­dants s’ils veulent envoyer ou rece­voir de la pédo­por­no­gra­phie par voie pos­tale. Si les per­sonnes ciblées mordent à l’hameçon, elles sont arrê­tées.[64] »

Oui, oui, Cali­fia estime que l’ar­res­ta­tion des pédo­philes est un pro­blème. Elle déplore le fait que « la socié­té amé­ri­caine soit deve­nue farou­che­ment pho­bique de tout contact sexuel entre adultes et mineurs[65] ». L’u­ti­li­sa­tion du terme « pho­bique » est signi­fi­ca­tive. L’op­po­si­tion à l’a­bus sexuel des enfants est ain­si pré­sen­tée comme une peur irra­tion­nelle. Ceux qui ont un pro­blème seraient donc ceux qui s’y opposent. Pour ren­for­cer cette concep­tua­li­sa­tion de l’opposition à l’a­bus sexuel des enfants comme une hys­té­rie, tout au long de l’ar­ticle et sans jamais l’indiquer, Cali­fia passe de la dis­cus­sion des abus sexuels des enfants à celle de l’ac­ti­vi­té sexuelle des ado­les­cents. Il s’a­git d’une ten­ta­tive déli­bé­rée de déjouer l’ar­gu­ment selon lequel les adultes devraient être auto­ri­sés à avoir des rela­tions sexuelles avec des enfants. Dans une autre ten­ta­tive du même genre, Cali­fia affirme que « le fémi­nisme les­bien est cen­sé don­ner du pou­voir aux femmes, mais nous sommes réti­cents à consi­dé­rer les expé­riences sexuelles des jeunes femmes comme autre chose que de la vic­ti­mi­sa­tion[66] ». Cali­fia sou­tient ain­si que les jeunes filles devraient être consi­dé­rées comme des agentes de leur propre abus et occulte ce fait que 98% des abu­seurs sexuels sont des hommes, et que la majo­ri­té d’entre eux sont hété­ro­sexuels[67]. Rien d’étonnant. C’est ce que fait la théo­rie queer, elle brouille les pistes entre la vic­time et l’a­gres­seur, elle pré­sente l’abus comme un sou­hait, et lorsque cette méthode ne fonc­tionne pas, elle recourt à la notion ini­tia­le­ment épou­sée par Fou­cault selon laquelle le pou­voir n’existe que dans le dis­cours et qu’il n’a pas de réa­li­té en dehors. La théo­rie queer est bien plu­tôt un jeu d’écrans de fumée et de miroirs qu’une phi­lo­so­phie. Un soup­çon de rhé­to­rique et les abus dis­pa­raissent.

De manière atten­due, Cali­fia uti­lise le non-argu­ment selon lequel s’op­po­ser à ce que des adultes abusent sexuel­le­ment de per­sonnes n’ayant pas atteint l’âge du consen­te­ment relève de l’â­gisme. Elle affirme que « nous nous effor­çons de lut­ter contre l’â­gisme, mais nous n’in­cluons pas vrai­ment les femmes les­biennes et bisexuelles mineures dans notre com­mu­nau­té[68] ». Cali­fia essaie encore de brouiller les pistes en occul­tant le fait que 98% des per­sonnes qui abusent sexuel­le­ment des enfants sont des hommes. Elle fait appel aux sen­ti­ments en écri­vant que « les gouines ado­les­centes devraient faire des expé­riences sexuelles et roman­tiques entre elles. Mais lors­qu’elles sont pié­gées dans des écoles, des quar­tiers […] où le fait de se faire trai­ter de gouines les expose au har­cè­le­ment et aux agres­sions, com­bien de jeunes les­biennes peuvent se per­mettre de sor­tir du pla­card ou de cher­cher à ren­con­trer d’autres per­sonnes comme elles[69] ? » Au lieu de s’at­ta­quer à la culture de l’in­ti­mi­da­tion et de la non-accep­ta­tion, elle s’en prend aux lois sur l’âge du consen­te­ment et la pro­tec­tion des enfants. Allez com­prendre. Après avoir pas­sé tout un article à déplo­rer l’in­gé­rence de l’É­tat dans la vie des citoyens et l’ac­ti­vi­té sexuelle des enfants, elle fait une volte-face remar­quable. Selon Cali­fia, « l’É­tat n’est pas dis­po­sé à prendre les mesures radi­cales qui seraient néces­saires pour pro­té­ger les enfants vic­times d’a­dultes mal­trai­tants. Cela impli­que­rait de remettre en ques­tion la pro­prié­té des parents sur leurs enfants. De four­nir des alter­na­tives viables à la famille[70]. » Cette décla­ra­tion fait froid dans le dos, Cali­fia en a assez que les parents pro­tègent leurs enfants contre les abus sexuels et pro­pose de leur en reti­rer la garde. Ce revi­re­ment concer­nant l’in­ter­ven­tion de l’É­tat illustre l’inconséquence de la théo­rie queer, qui se contor­sionne et se déforme pour faire avan­cer les droits sexuels des hommes au moyen de tous les (non-)arguments néces­saires.

Le col­lec­tif pédo­phile qui repro­duit son article en ligne nous four­nit une note d’es­poir. Ils rap­portent que « Dans la deuxième édi­tion de Public Sex, The Culture of Radi­cal Sex, Pat Cali­fia exprime un triste chan­ge­ment de posi­tion. Depuis 2000, elle n’ac­cepte plus la pos­si­bi­li­té pour les enfants pré­pu­bères et de nom­breux jeunes ado­les­cents de consen­tir à des contacts éro­tiques ou sexuels avec des adultes. » […] « Elle est deve­nue beau­coup plus cynique à l’é­gard des adultes et de leur capa­ci­té à écou­ter les enfants et, en tant que parent, elle pense davan­tage à faire du bien-être de l’en­fant une prio­ri­té qu’au consen­te­ment. » L’ex­pres­sion « à faire du bien-être de l’en­fant une prio­ri­té qu’au consen­te­ment » me semble indi­quer que Cali­fia et le col­lec­tif pédo­phile com­prennent le pro­blème, que tout « consen­te­ment » est for­cé et illu­soire. Néan­moins, l’in­fluence de la théo­rie queer a empoi­son­né toute une vague du fémi­nisme. Par exemple, l’in­ca­pa­ci­té de Sarah Beres­ford à s’af­fran­chir de la théo­rie queer l’a ame­née à se deman­der si les lois sur l’âge du consen­te­ment étaient pro­tec­tion­nistes et à « concé­der que la loi actuelle sur l’âge du consen­te­ment non seule­ment nie la capa­ci­té d’a­gir des filles et des gar­çons de moins de 16 ans, mais les place éga­le­ment dans une posi­tion de pas­si­vi­té non auto­nome[71] ». Cela sou­ligne à quel point la théo­rie queer est une phi­lo­so­phie des­truc­trice, dan­ge­reuse, l’ul­time contre­coup du fémi­nisme.

IV. Judith Butler

La grande prê­tresse du cha­ra­bia de la théo­rie queer, Judith But­ler, a pris le relais de cette réac­tion contre le fémi­nisme en défen­dant – mais pour­quoi devrions-nous être sur­pris ? – l’in­ceste. Et ce sans la moindre réfé­rence au fait que la plu­part des abus sexuels fami­liaux d’en­fants sont com­mis par un parent mas­cu­lin sur un enfant fémi­nin. But­ler s’est plu­tôt appuyée sur la théo­rie queer pour affir­mer qu’en s’opposant à l’in­ceste et en légi­fé­rant contre lui, les États ren­for­çaient l’hé­té­ro­sexua­li­té. Dans son gali­ma­tias le plus célèbre – Trouble dans le genre – elle écrit : « Le tabou de l’inceste est la loi juri­dique qui pro­hi­be­rait les dési­rs inces­tueux tout en construi­sant cer­taines sub­jec­ti­vi­tés gen­rées par le méca­nisme de l’identification obli­ga­toire. Mais qu’est-ce qui garan­tit l’universalité ou la néces­si­té de cette loi[72] ? » La néces­si­té de la loi contre l’in­ceste découle des dom­mages que les abus sexuels des enfants, et en par­ti­cu­lier les abus sexuels d’en­fants inter­fa­mi­liaux, causent aux sur­vi­vants. La loi est éga­le­ment néces­saire en rai­son de sa pré­va­lence. Une étude menée par l’Of­fice of the Chil­dren’s Com­mis­sio­ner (Bureau du com­mis­saire à l’enfance) au Royaume-Uni a révé­lé que « de nom­breux élé­ments de preuve sug­gèrent qu’un nombre impor­tant d’a­bus sexuels d’en­fants sont com­mis par des parents proches ou des per­sonnes connues de la vic­time. Les vic­times peuvent être aus­si bien des gar­çons que des filles, mais la majo­ri­té d’entre elles sont des filles[73] ».

Les cher­cheurs de l’Of­fice of the Chil­dren’s Com­mis­sio­ner (Bureau du com­mis­saire à l’en­fance) ont en outre éta­bli, sur la base de « preuves récentes, que le jeune “typique” ayant un com­por­te­ment sexuel­le­ment pré­ju­di­ciable est un homme blanc qui com­met des actes d’a­gres­sion sexuelle contre des enfants (filles et gar­çons) membres de sa famille[74] ». Ces jeunes hommes blancs abu­seurs sexuels et vio­leurs devien­dront des vio­leurs adultes et pour­ront comp­ter sur le sou­tien des théo­ri­ciens queer pour défendre leur trans­gres­sion des limites et des normes sexuelles. Il s’agit d’une des rai­sons pour les­quelles ce mou­ve­ment pour les droits sexuels des hommes – la théo­rie queer – est s’oppose dia­mé­tra­le­ment au fémi­nisme. La recon­nais­sance, puis l’in­ter­dic­tion cultu­relle et juri­dique de l’in­ceste en tant que forme d’a­bus sexuel de l’en­fant consti­tuaient une cause défen­due par les fémi­nistes de la deuxième vague, celles que l’on qua­li­fie aujourd’­hui de TERF. Louise Arm­strong a ana­ly­sé com­ment « le pro­blème de l’inceste, qui est un pro­blème poli­tique, un pro­blème de vio­lence envers les femmes et les enfants, un pro­blème qui appar­tient au fémi­nisme, a été sou­le­vé par le mou­ve­ment fémi­niste aux États-Unis[75] ». Gil­lian Har­kins a pareille­ment sou­li­gné com­ment « les cher­cheuses fémi­nistes ont bri­sé le “silence” de cette conspi­ra­tion patriar­cale lors­qu’elles ont docu­men­té l’in­ceste comme une forme cou­rante d’a­bus sexuel d’en­fants. […] l’é­tape sui­vante […] a consis­té à uti­li­ser ces recherches afin d’intervenir dans les domaines de la jus­tice pénale et de la pro­tec­tion de l’en­fance[76] ». Avant l’a­gi­ta­tion fémi­niste des années 1970, « l’in­ceste était trai­té comme une vio­la­tion iso­lée d’une conduite nor­ma­tive appro­priée », il était cou­vert par les lois sur le mariage plu­tôt que par le viol[77]. C’est contre la caté­go­ri­sa­tion de l’in­ceste en viol, défen­due par les fémi­nistes, que But­ler et d’autres théo­ri­ciens queer se battent.

Tout en s’op­po­sant aux mesures juri­diques visant les abus sexuels d’en­fants intra­fa­mi­liaux, But­ler sou­tient que la loi contre l’in­ceste pro­duit l’in­ceste et le désir d’a­bu­ser sexuel­le­ment des enfants. But­ler rai­sonne à pro­pos du tabou de l’in­ceste en disant que « le tabou ne fait pas qu’interdire et dic­ter cer­taines formes à la sexua­li­té, il pro­duit aus­si de manière for­tuite une varié­té de dési­rs et d’identités de sub­sti­tu­tion[78] ». Com­ment But­ler par­vient-elle à cet argu­ment ? Eh bien, comme elle l’ex­plique : « Si l’on étend la cri­tique fou­cal­dienne au tabou de l’inceste », ce tabou « pour­rait se com­prendre comme ce qui crée et sou­tient le désir pour la mère/le père, y com­pris le dépla­ce­ment obli­ga­toire de ce désir[79] ». But­ler occulte ce fait que dans la majo­ri­té des cas d’a­bus sexuels inces­tueux sur des enfants, les auteurs sont des parents de sexe mas­cu­lin qui abusent sexuel­le­ment d’en­fants de sexe fémi­nin, et pro­jette le désir d’a­bus sur l’en­fant. Des recherches amé­ri­caines ont mon­tré que « plus la vic­time est jeune, plus il est pro­bable que l’a­gres­seur soit un membre de la famille » et que, « par­mi les agres­seurs d’en­fants de moins de six ans, 50 % étaient des membres de la famille. Les membres de la famille repré­sen­taient éga­le­ment 23% des per­sonnes abu­sant d’en­fants âgés de 12 à 17 ans[80]. » Mal­gré ces faits, But­ler pro­meut « la légi­ti­mi­té et […] la léga­li­té de zones publiques d’échange sexuel, du sexe inter­gé­né­ra­tion­nel, de l’adoption hors mariage, du déve­lop­pe­ment de la recherche et des tests concer­nant le SIDA, et des poli­tiques liées aux per­sonnes trans­genres[81] ». Énième illus­tra­tion de la manière dont les théo­ri­ciens queer asso­cient abu­si­ve­ment leur défense de la pédo­phi­lie ou de l’in­ceste avec des argu­ments légi­times visant à faire avan­cer les droits des gays et des les­biennes, afin de rendre leur dis­cours plus dif­fi­cile à atta­quer.

Les réflexions de But­ler sur le consen­te­ment sexuel doivent être lues en gar­dant à l’es­prit sa défense de l’in­ceste. But­ler a sou­te­nu, de façon géné­rale, que le consen­te­ment était pro­blé­ma­tique parce que par­fois « les per­sonnes ont consen­ti, mais n’apprécient pas de l’avoir fait[82] ». Il s’agit d’un blâme clas­sique de la vic­time, d’une néga­tion du concept fémi­niste d’un consen­te­ment en conti­nuelle négo­cia­tion. Les enfants peuvent consen­tir à des acti­vi­tés parce qu’ils n’en com­prennent pas les impli­ca­tions, parce qu’ils ont été contraints, condi­tion­nés ou sim­ple­ment en rai­son des dif­fé­rences de pou­voir entre un enfant et un adulte plus âgé. Les enfants sont socia­le­ment pré­pa­rés à faire ce qu’on leur dit du moment que l’ins­truc­tion émane d’une figure d’au­to­ri­té telle qu’un parent. Le consen­te­ment est illu­soire. Tout en dis­cu­tant du consen­te­ment sexuel, But­ler conçoit le consen­te­ment comme le fait de fran­chir la porte du bureau d’un ana­lyste et sou­tient que « en d’autres termes, puisque quel­qu’un peut “avoir des pro­blèmes” avec le consen­te­ment, qui deviennent maté­riels au cours d’une ses­sion ana­ly­tique, cette per­sonne met éga­le­ment en action le pro­blème du trans­fert en consen­tant à fran­chir la porte du bureau de l’a­na­lyste[83] ». Seule­ment, le consen­te­ment sexuel et le consen­te­ment à péné­trer phy­si­que­ment dans le corps de quelqu’un ne sont pas mar­gi­na­le­ment, mais extrê­me­ment dif­fé­rents du consen­te­ment à com­men­cer une ses­sion de thé­ra­pie. Cette rhé­to­rique de chan­ge­ment d’objet est une tac­tique cou­rante de But­ler et d’autres théo­ri­ciens queer visant à embrouiller le lec­teur et dis­si­mu­ler ce qu’ils disent vrai­ment. L’i­dée de But­ler selon laquelle « cette per­sonne met éga­le­ment en action le pro­blème du trans­fert en consen­tant à fran­chir la porte du bureau de l’a­na­lyste » ne peut pas être consi­dé­rée comme fémi­niste. Contrai­re­ment à But­ler, les fémi­nistes sou­tiennent que ce n’est pas parce que la per­sonne a fran­chi la porte que son consen­te­ment est trans­fé­ré. La per­sonne a seule­ment consen­ti à cer­taines choses spé­ci­fiques et ce consen­te­ment peut prendre fin à tout moment. Les pro­pos de But­ler sont au fon­de­ment de la théo­rie queer, et mettent en lumière son carac­tère anti­fé­mi­niste.

Dr. Em

Tra­duc­tion : Nico­las Casaux


  1. La légis­la­tion sur l’âge du consen­te­ment et le viol consti­tuait un élé­ment impor­tant du pro­gramme du fémi­nisme de la pre­mière vague. Voir J. E. Lar­son, « Even a Worm Will Turn at Last » : Rape Reform in Late Nine­teenth-Cen­tu­ry Ame­ri­ca’, Yale Jour­nal of Law & the Huma­ni­ties, Vol. 9, no. 1 (jan­vier 1997), pp. 1–71.
  2. J. C. Jones, ‘Queer Theo­ry, Fou­caul­dian Femi­nism and the Era­sure of Rape His­to­ri­cal Notes for a Present War’, https://janeclarejones.files.wordpress.com/2018/08/queerfoucault-feminismrape.pdf
  3. S. Beres­ford, ‘The Age of Consent and the Ending of Queer Theo­ry’, Laws (2014), 3, p. 763.
  4. A. Tane­si­ni, Femi­nism : Oxford Biblio­gra­phies Online Research Guide (Oxford, Oxford Uni­ver­si­ty Press, 2010), p.12.
  5. Je pré­pare une ana­lyse de l’homophobie inhé­rente à la théo­rie queer.
  6. Voir : Dr. Em, ‘Sex and Social Construc­tio­nism’, pp. 7–9. https://uncommongroundmedia.com/sex-and-social-constructionism-dr-em-banned-from-medium/
  7. T. Spar­go, Post­mo­dern Encoun­ters : Fou­cault and Queer Theo­ry (Icon Books, Cam­bridge, 2000), p. 8.
  8. M. A. Mcla­ren, Femi­nism. Fou­cault, and Embo­died Sub­jec­ti­vi­ty (State Uni­ver­si­ty of New York Press, Alba­ny, 2002), p. 144.
  9. J. C. Jones, ‘Queer Theo­ry, Fou­caul­dian Femi­nism and the Era­sure of Rape His­to­ri­cal Notes for a Present War’, https://janeclarejones.files.wordpress.com/2018/08/queerfoucault-feminismrape.pdf
  10. Michel Fou­cault, His­toire de la sexua­li­té I : La volon­té de savoir (1976).
  11. Ibid.
  12. J. C. Jones, ‘Queer Theo­ry, Fou­caul­dian Femi­nism and the Era­sure of Rape His­to­ri­cal Notes for a Present War’, pp. 11–12.<https://janeclarejones.files.wordpress.com/2018/08/queerfoucault-feminismrape.pdf
  13. http://www.dolto.fr/fd-code-penal-crp.html
  14. http://1libertaire.free.fr/MFoucault317.html
  15. http://1libertaire.free.fr/MFoucault317.html
  16. http://1libertaire.free.fr/MFoucault317.html
  17. http://1libertaire.free.fr/MFoucault317.html
  18. http://1libertaire.free.fr/MFoucault317.html
  19. http://1libertaire.free.fr/MFoucault317.html
  20. http://1libertaire.free.fr/MFoucault317.html
  21. Entre­tien qui « eut lieu après la cam­pagne de Vic­tor Fain­berg pour la libé­ra­tion de Vla­di­mir Boris­sov de l’hô­pi­tal psy­chia­trique spé­cial de Lenin­grad », « cam­pagne sou­te­nue par la revue Change, de nom­breux intel­lec­tuels, dont David Cooper et M. Fou­cault, et diverses orga­ni­sa­tions », et qui fut retrans­crit dans un texte inti­tu­lé « Enfer­me­ment, psy­chia­trie, pri­son », publié dans le numé­ro 22/23 de la revue Change, en date d’octobre 1977 (texte repro­duit dans le troi­sième tome de la com­pi­la­tion de textes et dis­cours de Fou­cault inti­tu­lée Dits et écrits).
  22. Notam­ment par Monique Pla­za dans le numé­ro de mai 1978 de la revue Ques­tions fémi­nistes : https://docdro.id/Arry1T3
  23. Rea­ding Group : Gayle Rubin Flyer 2017, Gen­der, Sexua­li­ty, & Women’s Stu­dies Pro­gram, Uni­ver­si­ty of Pitts­burgh http://www.gsws.pitt.edu/events/reading-group-gayle-rubin[Accessed 25/04/2019].
  24. ‘Queer Theo­ry : Back­ground’, Illi­nois Uni­ver­si­ty Libra­ry (Sep 18, 2018), https://guides.library.illinois.edu/queertheory/background.
  25. G. S. Rubin, ‘Thin­king Sex : Notes for a Radi­cal Theo­ry of the Poli­tics of Sexua­li­ty’, in : R. G. Par­ker & P. Aggle­ton (eds.), Culture, Socie­ty and Sexua­li­ty : A Rea­der (Psy­cho­lo­gy Press, 1999), p. 144.
  26. ibid. p. 146.
  27. ibid
  28. Ibid.
  29. Ibid.
  30. Ibid.
  31. ‘ Queer Theo­ry : A Rough Intro­duc­tion’, Uni­ver­si­ty of Illi­nois Libra­ry (Sep 18, 2018), https://guides.library.illinois.edu/queertheory/background. [Acces­sed 06 June 2019].
  32. G. S. Rubin, ‘Thin­king Sex : Notes for a Radi­cal Theo­ry of the Poli­tics of Sexua­li­ty’, in : R. G. Par­ker & P. Aggle­ton (eds.), Culture, Socie­ty and Sexua­li­ty : A Rea­der (Psy­cho­lo­gy Press, 1999), p. 151.
  33. Ibid.
  34. Ibid.
  35. ibid. p. 158.
  36. Ibid.
  37. A. Tane­si­ni, Femi­nism : Oxford Biblio­gra­phies Online Research Guide (Oxford, Oxford Uni­ver­si­ty Press, 2010), p.12
  38. L. LeMon­check, Loose Women, Leche­rous Men : A Femi­nist Phi­lo­so­phy of Sex (Oxford, Oxford Uni­ver­si­ty Press, 1997), p. 239, fn. 90
  39. P. Cali­fia, Public Sex : The Culture of Radi­cal Sex, 2nd Edi­tion (San Fran­cis­co, Cleis Press, 2000), p. xii.
  40. ibid. pp. xvi — xvii.
  41. ibid. p. xx.
  42. P. Cali­fia, Public Sex : The Culture of Radi­cal Sex, 2nd Edi­tion (San Fran­cis­co, Cleis Press, 2000), pp. 55–56.
  43. ibid. p. 56.
  44. Ibid.
  45. Ibid.
  46. Ibid.
  47. Ibid.
  48. P. Cali­fia, ‘Femi­nism, Pedo­phi­lia, and Children’s Rights’, Pai­di­ka (1991), & in The Culture of Radi­cal Sex (1994). https://www.ipce.info/ipceweb/Library/califa_feminism.htm [consul­té le 30 mars 2019].
  49. Ibid.
  50. Ibid.
  51. P. Cali­fia, ‘Femi­nism, Pedo­phi­lia, and Children’s Rights’, Pai­di­ka (1991), & in The Culture of Radi­cal Sex (1994). https://www.ipce.info/ipceweb/Library/califa_feminism.htm [consul­té le 30 mars 2019].
  52. Ibid.
  53. Ibid.
  54. Ibid.
  55. Ibid.
  56. Ibid.
  57. Ibid.
  58. Ibid.
  59. Ibid.
  60. Ibid.
  61. Ibid.
  62. Ibid.
  63. Ibid.
  64. Ibid.
  65. Ibid.
  66. Ibid.
  67. https://stopabusecampaign.org/2017/03/10/most-sex-abusers-are-heterosexual/
  68. P. Cali­fia, ‘Femi­nism, Pedo­phi­lia, and Children’s Rights’, Pai­di­ka (1991), & in The Culture of Radi­cal Sex (1994). https://www.ipce.info/ipceweb/Library/califa_feminism.htm [consul­té le 30 mars 2019].
  69. Ibid.
  70. Ibid.
  71. S. Beres­ford, ‘The Age of Consent and the Ending of Queer Theo­ry’, Laws (2014), 3, p. 769.
  72. Judith But­ler, Trouble dans le genre (Édi­tions La Décou­verte, Paris, 2005, 2006, pour la tra­duc­tion fran­çaise).
  73. Miran­da A.H. Hor­vath, Julia C. David­son, Julie Grove-Hil­ls, Anna Gekos­ki, and Clare Choak, Office of the Children’s Com­mis­sio­ner, “It’s a lone­ly jour­ney”: A Rapid Evi­dence Assess­ment on Intra­fa­mi­lial child sexual abuse’ (June 2017), p. 15.https://www.childrenscommissioner.gov.uk/wp-content/uploads/2017/07/Its-a-lonely-journey-REA-on-Intrafamilial-child-sexual-abuse.pdf
  74. ibid. pp. 11–12.
  75. L. Arm­strong, ‘Incest : A Femi­nist Core Issue that Needs Re-poli­ti­ci­zing’ (2003), Van­cou­ver Rape Relief & Women’s Shel­ter, https://www.rapereliefshelter.bc.ca/learn/resources/incest-feminist-core-issue-needs-re-politicizing-louise-armstrong‑0.
  76. G. Har­kins, Everybody’s Fami­ly Romance : Rea­ding Incest in Neo­li­be­ral Ame­ri­ca (Lon­don, Uni­ver­si­ty of Min­ne­so­ta Press, 2009), p. 59.
  77. ibid. p. 60.
  78. Judith But­ler, Trouble dans le genre (Édi­tions La Décou­verte, Paris, 2005, 2006, pour la tra­duc­tion fran­çaise).
  79. Ibid.
  80. Dark­ness to Light, ‘Child Sexual Abuse Sta­tis­tics’, p. 13 https://www.d2l.org/wp-content/uploads/2017/01/all_statistics_20150619.pdf
  81. Judith But­ler, Ernes­to Laclau, Sla­voj Zizek, Après l’émancipation, Édi­tions du Seuil, février 2017, pour la tra­duc­tion fran­çaise.
  82. J. But­ler, ‘Sexual Consent : Some Thoughts on Psy­cho­ana­ly­sis and Law’, Colum­bia Jour­nal of Gen­der and Law, Volume 21, Num­ber 2 (2011), abs­tract.
  83. Ibid.
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