Le texte suivant nous a été envoyé par le « Collectif anti-genre ». Les illustrations (inserts d’images et de vidéos) sont ajoutées par nous.
1. L’être humain est une espèce sexuellement dimorphique à la reproduction sexuée, c’est-à-dire qui « implique la participation de deux organismes parentaux de même espèce, de sexes différents. Ce mode de reproduction fait intervenir l’union de deux gamètes, mâle et femelle[1]. »
2. Ici, quand nous parlons du sexe, nous faisons donc référence (excusez le pléonasme) au sexe biologique, c’est-à-dire à la première et principale définition du terme sexe, liée à la reproduction : « Ensemble des éléments cellulaires (spermatozoïdes à chromosome X ou Y ; ovules à chromosome X), organiques (prostate, glandes de Cowper, vésicules séminales, canaux excréteurs, pénis, testicules ; seins, ovaires, trompes, utérus, vagin, vulve), hormonaux (testostérone ; folliculine, progestérone), etc., qui différencient l’homme et la femme et qui leur permettent de se reproduire[2] ».
3. Ainsi — et c’est au fondement même de la reproduction sexuée — il n’existe que deux sexes : mâle et femelle.
4. Les termes « femme » et « homme » sont — encore actuellement, dans la plupart des dictionnaires — définis en fonction du sexe. C’est, entre autres, sur cet état de fait que se sont structurées notre compréhension de l’humanité ainsi que les lois étatiques (jusqu’à encore très récemment, nous y reviendrons).
5. « Femme » désigne « l’être humain adulte de sexe féminin[3] », soit la femelle humaine, qui produit les gamètes femelles, les ovules. « Homme » désigne le « mâle adulte de l’espèce humaine[4] » ou « l’être humain doué de caractères sexuels masculins[5] ». L’homme produit les gamètes mâles, les spermatozoïdes.
6. L’intersexuation « est le résultat d’une anomalie de la différenciation sexuelle au cours de l’embryogenèse repérable par une malformation des organes génitaux internes et externes[6] » (on parle parfois de « désordres » ou de « troubles » du développement sexuel). Le fait qu’il s’agisse d’anomalies — dans le sens descriptif d’un « écart par rapport à une norme ou un repère » (définition du CNRTL) — ne signifie pas que l’intersexuation n’est pas un phénomène « naturel ». Cela dit, selon certains scientifiques, certains chercheurs, et quelques études scientifiques, la présence de plus en plus importante de perturbateurs endocriniens dans l’environnement induirait une augmentation des cas d’intersexuation[7]. Les « états intersexués » sont parfois qualifiés de « variations du développement sexuel » (VDS) ou de « troubles du développement sexuel » ou encore de « troubles de la différenciation sexuelle » (TDS). Il semble qu’une volonté de ne pas stigmatiser les personnes qui en sont atteintes encourage une certaine édulcoration de la réalité, notamment au travers de la terminologie employée. Parler de « trouble » suggère une « altération de l’ordre », tandis que « variation », plus neutre, ne suggère qu’un changement, une simple différence. Or, souvent, ceux qui décrivent l’intersexuation comme un simple ensemble de « variations naturelles » oublient de rappeler que ces « variations » vont, parfois, mais pas toujours, de pair avec divers problèmes de santé (lesquels expliquent une partie des interventions chirurgicales pratiquées sur les personnes dites « intersexes »), ou peuvent découler d’une exposition à des perturbateurs endocriniens — ce qui, le cas échéant, rend assez discutable le qualificatif de « naturel ».
7. Rien de tout cela — précisons l’évidence — n’implique que les personnes dites « intersexes » sont des monstres, ni aucun dénigrement à leur encontre.
8. D’aucuns considèrent parfois que le sexe fait référence à 5 paramètres différents : le sexe chromosomique (ou génétique), le sexe anatomique (ou génital, ou gonadique), le sexe légal, le sexe hormonal et les rôles sexuels (parfois aussi appelés genre, nous y reviendrons). Concernant le génétique, le gonadique et l’hormonal : « chacun de ces paramètres sexuels peut avoir des variants », remarque Éric Vilain, du laboratoire Épigénétique, données, politique basé aux États-Unis et rattaché au CNRS. Faisant ainsi référence au phénomène de l’intersexuation, il note : « Par exemple, les individus dits “mosaïques XX/XY” présentent des gonades constituées à la fois d’ovaires et de testicules. Dès lors, on pourrait en conclure qu’il existe une combinaison infinie de sexes biologiques… Et, par là même, bien plus que les cinq sexes proposés par Anne Fausto-Sterling dans les années 1990, car la biologiste américaine se référait à une définition essentiellement gonadique du sexe. » Alors, existe-t-il un nombre quasi illimité de sexes biologiques ? Non, continue Éric Vilain, car : « Les états intermédiaires des différents sexes biologiques sont extrêmement rares et souvent associés à une infertilité, ce qui, d’un point de vue évolutif, les condamne à une impasse, argumente le chercheur. Mettre sur le même plan les deux sexes biologiques largement majoritaires, et les sexes intermédiaires très faibles numériquement, n’est pas raisonnable. » D’autant plus que le propos d’Éric Vilain témoigne d’une confusion assez habituelle dans le discours des promoteurs de la thèse selon laquelle les sexes seraient innombrables : il commence par parler « d’états intermédiaires », donc intermédiaires entre les deux sexes, puis parle de « sexes intermédiaires », comme s’il s’agissait de sexes à part entière et donc plus seulement d’« états intermédiaires ». « États intermédiaires » et « sexes intermédiaires » sont deux expressions signifiant des choses très différentes, mais qu’il emploie de manière interchangeable. Les variations (ou troubles, ou anomalies) du développement sexuel, qu’Éric Vilain appelle « états intermédiaires », qu’on peut aussi appeler « états intersexués », outre qu’elles ne constituent pas, par définition, la norme (encore une fois, au sens descriptif), sont toutes des variations autour de deux thèmes, de deux pôles, des deux sexes : femelle et mâle.
9. Encore une fois, cette confusion biologique et sémantique dissipée, on peut donc affirmer que : comme tous les autres mammifères, les humains se divisent en deux sexes, mâles (hommes) et femelles (femmes).
10. Peut-on changer de sexe ? Actuellement : légalement oui, biologiquement non. Avec la chirurgie, l’anatomie d’un individu peut être altérée afin de rapprocher son apparence de celle du sexe opposé. Mais un être humain produisant de petits gamètes ne peut être changé en un être humain en produisant de grands. Nous naissons avec une certaine sexuation et rien ne peut changer cela. L’ADN — la génétique des cellules du corps humain — n’est aucunement altéré par la chirurgie. L’idée selon laquelle « la chirurgie transgenre ou “chirurgie de réassignation sexuelle” permet à un individu de changer de sexe » est un mensonge (a minima, un abus de langage). Tous les professionnels en charge de ce genre d’opération le savent bien, et nombre de sites web d’institutions concernées (hôpitaux, cliniques) le formulent sans ambages. Sur le site web www.transparis.fr (« un site web d’information médicale concernant la chirurgie transidentitaire [synonyme de transgenre] de l’équipe parisienne de l’hôpital Tenon »), on lit par exemple : « En règle générale l’intervention chirurgicale permet d’obtenir des organes génitaux d’apparence extérieure naturelle et très voisine de l’anatomie féminine [ou masculine], avec une fonction sexuelle très satisfaisante. » Le changement est uniquement d’apparence, esthétique. Le sexe de la personne ne change pas. La page Wikipédia consacrée à cette opération chirurgicale la décrit aussi de manière suffisamment honnête en parlant d’une opération « permettant de modifier les caractéristiques sexuelles initiales afin d’obtenir l’apparence du sexe opposé ». Georges Burou, un médecin ayant opéré des centaines de patients, fut honnête sur ce point en déclarant : « Je ne transforme pas les hommes en femmes. Je transforme des organes génitaux mâles en organes génitaux qui ont une apparence féminine. Tout le reste se passe dans la tête du patient. »
11. Le genre diffère du sexe.
12. Le genre désigne des caractéristiques socialement — culturellement — élaborées, associées et inculquées aux deux sexes susmentionnés (c’est-à-dire des stéréotypes sexospécifiques, exemples : les garçons aiment le football et les filles le rouge à lèvres), ainsi que leurs rapports entre eux, le tout présenté comme étant naturel. Dans le cadre de ce concept du genre, l’ensemble des traits associés aux femmes et aux filles, aux individus de sexe féminin, constitue la féminité. L’ensemble des traits associés aux hommes, aux individus de sexe masculins, la masculinité. Le genre suggère par exemple que les hommes seraient par nature violents, agressifs, indépendants, intrépides et rationnels, tandis que les femmes seraient par nature passives, délicates, nourricières, irrationnelles et émotives. Le genre implique aussi une asymétrie, un système de valeurs binaire et hiérarchique, dans lequel les hommes sont considérés comme supérieurs aux femmes, et le masculin est considéré supérieur au féminin. La féministe britannique Hannah Harrison le formule ainsi (citant Sheila Jeffreys, une autre féministe britannique et professeure de sciences politiques) : « Le “genre” est l’outil patriarcal servant à opprimer les femmes. Il “ordonne les comportements de deux groupes d’individus dans une hiérarchie oppressive comprenant les subordonnées, les femmes, et les dominants, les hommes”. Dans ce système, la “féminité” constitue l’attitude assignée à la classe subordonnée, et la “masculinité”, celle de la classe dominante[8]. »
13. Ainsi que l’écrit la féministe canadienne Meghan Murphy : « De telles idées [les stéréotypes sexospécifiques, concernant l’homme et la femme] ont été réfutées, en grande partie grâce au mouvement féministe, mais aujourd’hui, en créant et en soutenant l’idée selon laquelle une personne pourrait avoir une “identité de genre” interne, nous régressons. Personne ne naît avec un “genre”. Nous naissons homme ou femme. Le genre nous est ensuite imposé au travers de notre socialisation. Les femmes ne savent pas qu’elles sont femmes parce qu’elles seraient nées avec un penchant pour les talons aiguilles ou la couleur rose, elles savent qu’elles sont femmes en raison de leur biologie. »
14. Les transactivistes et autres défenseurs de la théorie du genre aiment à citer la plus célèbre hyperbole de Simone de Beauvoir — « On ne naît pas femme, on le devient » — et à lui faire dire ce qu’elle ne dit pas, en ne la comprenant pas comme une hyperbole, mais en la considérant au pied de la lettre comme une manière de dire qu’être femme ne relève pas de la biologie, mais uniquement d’un conditionnement social. Il suffit pourtant de lire la phrase suivante du livre dont elle est tirée — ou, mieux, de lire le livre en entier — pour saisir ce que de Beauvoir voulait dire : « On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin[9]. » Par « On ne naît pas femme, on le devient », elle exprime donc ce fait que la société patriarcale, au travers de l’idéologie du genre, impose aux femmes une destinée, une place sociale (subordonnée à celle des hommes), inculque aux femmes une manière d’être femme : la féminité. Il se trouve d’ailleurs que le livre en question s’intitule Deuxième sexe, en référence à la femme : en effet, au fil des pages, Simone de Beauvoir discute des implications du patriarcat pour les hommes et les femmes, pour les « deux sexes », et la société dans son ensemble. Le fait qu’elle associe la femme — fort logiquement — à la biologie, apparaît on ne peut plus clairement à la fin du chapitre premier, intitulé « Les données de la biologie » : « Ces données biologiques sont d’une extrême importance : elles jouent dans l’histoire de la femme un rôle de premier plan, elles sont un élément essentiel de sa situation : dans toutes nos descriptions ultérieures, nous aurons à nous y référer. Car le corps étant l’instrument de notre prise sur le monde, le monde se présente tout autrement selon qu’il est appréhendé d’une manière ou d’une autre. C’est pourquoi nous les avons si longuement étudiées ; elles sont une des clefs qui permettent de comprendre la femme. Mais ce que nous refusons, c’est l’idée qu’elles constituent pour elle un destin figé. Elles ne suffisent pas à définir une hiérarchie des sexes ; elles n’expliquent pas pourquoi la femme est l’Autre ; elles ne la condamnent pas à conserver à jamais ce rôle subordonné[10]. » Ailleurs, elle note : « Les deux sexes sont nécessaires l’un à l’autre, mais cette nécessité n’a jamais engendré entre eux de réciprocité ; jamais les femmes n’ont constitué une caste établissant avec la caste mâle sur un pied d’égalité des échanges et des contrats[11]. » Et : « La femme a des ovaires, un utérus ; voilà des conditions singulières qui l’enferment dans sa subjectivité ; on dit volontiers qu’elle pense avec ses glandes. L’homme oublie superbement que son anatomie comporte aussi des hormones, des testicules[12]. » Encore : « Or la femme a toujours été, sinon l’esclave de l’homme, du moins sa vassale ; les deux sexes ne se sont jamais partagé le monde à égalité ; et aujourd’hui encore, bien que sa condition soit en train d’évoluer, la femme est lourdement handicapée[13]. »
15. Le genre est au fondement du patriarcat, société organisée par et pour les hommes, autour de leurs intérêts, dans laquelle les hommes oppriment les femmes et les enfants, et s’oppriment entre eux. En effet, le patriarcat est une structure pyramidale qui nécessite que certains hommes dominent d’autres hommes[14]. Si certains hommes peuvent souffrir de cette violence individuellement (du fait de leur orientation sexuelle, d’attitudes et comportements ne correspondant pas aux normes sociales, etc.), tous les hommes en bénéficient collectivement en tant que classe en exploitant les femmes au travers du travail domestique, émotionnel, reproductif et sexuel.
16. Genre et sexe sont liés, s’entremêlent, dans la mesure où le genre peut influencer le sexe. Les normes sociales, culturelles, pouvant, à la longue, altérer la biologie[15] et la biologie influençant le social (ne serait-ce que dans la mesure où le patriarcat s’est imposé et s’impose comme un contrôle des « capacités sexuelles et reproductrices » des femmes[16]). Ainsi que le formule Anne-Emmanuelle Berger, directrice de l’Institut du genre au CNRS, professeure de littérature et d’études de genre : « Ce qui fait l’humain, c’est l’interaction constante et réciproque entre des processus biologiques et des processus de socialisation, de façonnage par les cultures[17]. »
17. Un homme qui rejette la masculinité (l’ensemble des stéréotypes qu’elle recouvre) demeure un homme, même s’il choisit d’embrasser ce qui constitue la féminité. Une femme qui rejette la féminité (l’ensemble des stéréotypes qu’elle recouvre) demeure une femme, même si elle décide d’embrasser ce qui constitue la masculinité.
18. Le terme « transgenre » n’a aucun sens. Le terme « trans » est aujourd’hui utilisé pour désigner un vaste ensemble de phénomènes différents, et tend à englober toute forme de non-conformisme de genre. Il devient donc compliqué, voire impossible, de donner une définition pratique de « transgenre », a fortiori sans faire appel à un dualisme corps/esprit. Considérons, toutefois, une définition commune du terme, trouvée dans une directive gouvernementale : « Une personne trans est une personne qui ne s’identifie pas à son sexe de naissance. Autrement dit, c’est une personne dont le sexe ne correspond pas à l’identité de genre, c’est-à-dire au sentiment d’être un homme ou une femme (voire ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois). » Nous venons de voir qu’être homme ou femme ne relève pas d’une « identité de genre », mais de la réalité physique, matérielle, de la biologie. Nous venons aussi de rappeler que le genre est une construction sociale, culturelle, qu’en réalité le sexe ne va — intrinsèquement — de pair avec aucun « genre », aucune « identité de genre », qu’il n’est donc, inversement, incompatible avec aucune « identité de genre ». Croire qu’il existe des personnes « trans », ou « transgenres », c’est donc croire que le sexe va immuablement de pair avec un genre, c’est avaliser le système de valeurs appelé « genre ».
19. L’idée selon laquelle nous pourrions ne pas être notre corps — être « né dans le mauvais corps » — n’a aucun sens. Sauf du point de vue de la culture dominante, patriarcale et mortifère. Nous sommes évidemment notre corps. Défendre le contraire revient à soutenir une dissociation radicale entre l’âme (ou l’esprit) et le corps, à croire que le corps n’est qu’un simple véhicule, une machine de chair servant de réceptacle à l’âme (ou l’esprit). Détester ainsi le corps, la matière, revient à détester la vie. En plus de reproduire une vieille pratique patriarcale consistant à nier le corps des femmes[18], une telle dissociation fait évidemment le lit du transhumanisme. L’analyse féministe montre au contraire que nous sommes né·es dans la mauvaise société et vise à nous débarrasser du carcan du genre.
20. Pour toutes les raisons qui précèdent, suggérer à des enfants — tout particulièrement, ceux-ci ne possédant pas encore une bonne compréhension des tenants et aboutissants de ce qui leur arrive — qu’ils pourraient ne pas être nés dans le bon corps, avoir un corps inadéquat, (pour la raison) que leur personnalité ne correspondrait pas à leur corps (comme si une telle chose avait un sens), au risque de les embarquer dans une entreprise de médication à vie, potentiellement nuisible pour leur santé physique (et donc mentale), pouvant comprendre une phase de chirurgie aux implications irréversibles (dès leur majorité), est particulièrement malvenu — et c’est un euphémisme. Les effets potentiels de l’idéologie de l’identité de genre sur les enfants sont discutés dans plusieurs très bons films documentaires relativement récents, tous gratuitement visibles en version originale avec sous-titres en français (suivre les hyperliens) : Transgender Kids : Who Knows Best ? (« Les enfants transgenres : qui sait le mieux ? ») diffusé par la BBC en 2017 ; Trans Kids : It’s Time to Talk (« Les enfants trans : il est temps d’en parler »), réalisé par la psychothérapeute et féministe irlandaise Stella O’Malley et diffusé en 2018 sur une chaîne de télévision britannique (Channel 4) ; et Dysphoric (« Dysphorique »), sorti en 2021 et réalisé par la féministe indienne Vaishnavi Sundar. Plutôt que de nous en prendre à l’esprit et la corporéité des enfants, ne vaudrait-il pas mieux que nous nous affranchissions de la domination patriarcale et des stéréotypes qu’elle impose (à l’aune desquels les promoteurs et les adeptes de l’idéologie de l’identité de genre perçoivent désormais un conflit, une inadéquation entre l’esprit et le corps de certains enfants) ?
21. On peut observer que le mouvement des droits trans, dans son état actuel, présente une certaine uniformité en matière d’idéologie, d’objectifs et de stratégies mises en œuvre. S’il s’agit bien d’un mouvement politique organisé, tous les membres de ce mouvement, les « transactivistes », ne s’identifient pas comme transgenres, et toutes les personnes s’identifiant comme transgenres ne sont pas transactivistes.
22. Les objectifs du mouvement des droits trans actuel sont :
- Remplacer le critère de la réalité matérielle du sexe par celui de « l’identité de genre ». Tout le monde serait apparemment doté d’une « identité de genre », souvent définie comme « l’expérience intime et personnelle du genre vécue par chacun et chacune », ce qui ne désigne rien de très clair, sinon quelque ensemble de goûts, d’attitudes et de préférences, propre à chaque individu (une personnalité ?) — c’est-à-dire une chose n’ayant plus rien à voir avec la notion de genre mise en lumière par le féminisme et toujours centrale dans la reproduction du patriarcat. Nous devrions pourtant remplacer partout le sexe par ce concept vague. Or, les femmes ne sont pas opprimées sur la base de quelque « identité de genre », à cause de leurs goûts, leurs attitudes ou leurs préférences, mais parce qu’elles sont femmes (êtres humains de sexe féminin). N’en ayant rien à faire, le mouvement pour les droits trans souhaite que tous les espaces et activités dont l’accès était autrefois réglementé en fonction du sexe le soient désormais en fonction de « l’identité de genre ». Ces espaces incluent, de manière non exhaustive : vestiaires, toilettes, dortoirs, sports, prisons, refuges pour victimes de violence conjugale, bourses ou programmes réservés aux femmes, mandats bénéficiant de la parité femme-homme. Cette demande est une attaque directe contre le droit que les femmes ont obtenu à se réunir et s’organiser sans la présence d’hommes. Organiser la loi autour de préférences personnelles (reproduisant souvent les stéréotypes sexospécifiques du genre) plutôt qu’autour de la réalité du sexe revient à détruire tout ce pour quoi le féminisme s’est battu — et continue de se battre. Le différend opposant féministes et transactivistes relève ainsi du fait que les premières cherchent à abolir le genre tandis que les seconds cherchent à en faire un motif juridique octroyant des droits.
- La protection de l’identité de genre comme forme de liberté d’expression. Pour les femmes, cependant, les stéréotypes n’ont rien d’une liberté d’expression, au contraire, leur protection constitue une sérieuse nuisance à leur émancipation.
- L’accès à toutes sortes de « thérapies » de transition, cosmétique, hormonale, chirurgicale. La chirurgie cosmétique et le contrôle psychiatrique et chirurgical des corps déviants ont pourtant été exposés par les féministes comme des outils de subordination, et non pas comme un enjeu du droit des femmes.
23. On ne saurait trop insister sur l’absurdité consistant à vouloir organiser la loi autour de loufoqueries comme l’idée de « xénogenre » : « une personne qui utilise des termes atypiques pour décrire son genre. Ces termes sont empruntés à des champs lexicaux ne se rapportant habituellement pas au genre (couleurs, éléments de la nature, etc.) qui servent de symboles ou d’analogies[19]. » Ou de « polygenre » : « une personne dotée de plusieurs identités de genre[20] ». Ainsi que le remarque la féministe Rebecca Reilly-Cooper : « Selon le site Nonbinary.org, un des principaux sites web de référence pour les informations concernant les identités de genres non binaires, votre genre peut être le givre, le soleil, la musique, la mer, Jupiter ou l’obscurité pure. Votre genre peut être la pizza[21]. » Certaines personnes, dans la grande communauté trans ou « non-binaire », estiment qu’il existerait « autant de genres que d’êtres humains » ou « que d’étoiles dans le ciel ». Encore une fois, c’est dire le n’importe quoi de l’idée de « genre » telle qu’elle est utilisée par les tenants de l’idéologie des identités de genre, qui tend à désigner quelque chose de l’ordre de la personnalité.
24. Définir « femme » (ou « homme ») comme un sentiment pouvant être ressenti par n’importe qui, sémantiquement, n’a aucun sens : définir une « femme » comme une personne ayant le sentiment d’être une femme revient à définir un carré comme une chose dont on dit qu’elle est carrée — il s’agit d’une formidable tautologie, pas d’une définition. Le plus souvent, d’ailleurs, ce sentiment d’être femme repose sur les stéréotypes qui constituent le genre : un homme aimant le rose et les talons aiguilles, ou bien de façon encore plus problématique, associant son désir d’être soumis et un objet sexuel au fait d’être une femme[22]. Où l’on voit encore combien cette idée est insultante pour les (vraies) femmes et comment elle reproduit, renforce, le carcan du genre.
25. Critiquer le genre est nécessaire, critiquer l’identité l’est tout autant. Les transactivistes disent souvent : « critiquer l’identité des personnes trans, c’est nier leur existence ». Bien évidemment, personne ne nie l’existence de qui que ce soit. Mais les choses ne sont pas juste ce qu’on décide arbitrairement qu’elles sont, ou simplement ce qu’on dit qu’elles sont. Comme l’explique la philosophe féministe britannique Jane Clare Jones, « l’existence des choses — c’est-à-dire leur “identité” — ne réside pas seulement et exclusivement à l’intérieur de ces choses. Cette existence se situe entre une chose et d’autres choses. Autrement dit, l’idée majeure de la déconstruction est que l’identité est, en réalité, une relation. […] Quand la pensée occidentale considère les sujets humains, et leurs identités, elle les pense comme s’il s’agissait d’objets, de concepts et de mots. Nous nous pensons nous-mêmes comme des auto-identités auto-enfermées[23]. » Ainsi certains en viennent à penser que l’existence des personnes trans n’est qu’une histoire d’auto-identification, qu’elles ont « une essence qui fait ce qu’elles sont, qu’elles ont toute autorité sur cette essence, et qu’il s’agit seulement d’une “simple” question de “droits individuels” ». Sauf que les droits, comme les identités, sont des relations. C’est pourquoi le mouvement des droits trans actuel dit d’un côté qu’il ne s’agit que de reconnaître des identités, et que ça n’affecte personne d’autre, mais de l’autre déploie énormément de force pour contrôler les discours et comportements des autres et imposer la validation de ces identités (car ce sont des relations sociales).
26. Ce que note le philosophe Langdon Winner à propos des comportements de tout un pan des internautes, en s’appuyant sur des idées développées par Hannah Arendt, expose très bien l’absurdité de la propension d’une part des transactivistes et de certains défenseurs de l’idéologie des identités de genre à vouloir policer les discours : « Du point de vue théorique que propose Arendt, il est clair que les tentatives bien trop courantes des individus, dans leur communication politique sur internet, de définir, protéger, agripper et diffuser de manière incessante leurs identités personnelles sont à l’origine des diverses pathologies dialogiques que l’on rencontre couramment “en ligne” aujourd’hui – “trolling”, “flaming”, “bullying”, etc. Les individus détiennent des images et des idées précieuses de leurs identités privées et s’attendent à ce que ces identités soient également solides dans le domaine public. Le bien ultime recherché dans l’usage des réseaux sociaux est, selon le modèle de B. F. Skinner, un flux constant de “renforcement”. Les idées de ce genre, insiste Arendt, sont terriblement erronées. Une personne ne possède ni le droit ni le pouvoir de définir qui elle est dans le cadre des activités de la vie publique. Ce sont ses camarades, qui écoutent, observent, interagissent et, en fin de compte, jugent ses paroles et ses actes, qui déterminent sa réputation durable en tant qu’être public[24]. »
27. Le terme cisgenre n’a pas plus de sens que celui de transgenre. Considérons une de ses définitions courantes : « Se dit d’un individu dont l’identité de genre est en accord avec son sexe ». Ainsi que nous l’avons précédemment remarqué, et ainsi que les féministes s’efforcent de le faire valoir depuis des décennies, le sexe biologique d’une personne n’est incompatible avec aucune préférence, aucun goût, aucune attitude, aucune activité spécifiques. Autrement dit, le sexe d’une personne n’a — intrinsèquement — aucune incidence sur les goûts, les préférences, les attitudes ou activités qu’elle peut développer ou adopter. La culture, la société dans laquelle on évolue — le patriarcat —, possède, en revanche, une incidence à cet endroit. Croire qu’il existe des individus « cisgenres », c’est croire que certaines « identités de genre » sont incompatibles avec le sexe d’une personne, c’est avaliser l’idée du genre, l’idée selon laquelle le sexe va naturellement de pair avec le genre.
28. Pour les raisons précitées, l’idée de « non-binaire » est également problématique. La définition de l’expression — dont le sens est confus, parfois contradictoire — est souvent de l’ordre de : « Une personne qui ne se sent ni homme, ni femme, ou se sent justement les deux, est dite “non-binaire”. Quelqu’un de non-binaire ne se sent pas du genre précis qu’on lui a assigné à la naissance, et ne rentre donc pas dans la binarité de genre homme/femme[25]. » Femme Actuelle nous explique que : « La non-binarité renvoie donc au fait de ne se sentir ni homme ni femme[26] ». Au féminin ajoute : « Une personne non-binaire ne choisira pas de s’habiller comme une femme ou comme un homme : elle composera selon elle, selon ses choix, ses désirs, sa vision[27]. » D’abord, on remarque une certaine confusion, assez courante, entre genre et sexe. « Femme » et « homme » sont souvent assimilés à des genres. Ensuite, on voit que l’idée de « non-binarité » ne va pas nécessairement de pair avec une remise en question du genre, des stéréotypes sexospécifiques, au contraire, elle renforce parfois le genre en avalisant l’idée qu’il y a bien une manière de « s’habiller comme une femme » ou « comme un homme », mais qu’il s’agit simplement de ne pas y adhérer pour des raisons de préférences personnelles, de piocher en fonction de nos goûts dans ces « genres » que seraient « homme » et « femme ». La page Wikipédia anglaise dédiée au terme, plus fournie que la française (bien entendu, puisque toutes ces choses nous viennent du monde anglo-américain), explique : « Les personnes non-binaires peuvent s’identifier comme ayant deux genres ou plus (bigenres ou trigenres) ; n’ayant aucun genre (agenres, nongenrées, sans-genres, genderfree [« libres-de-genre »]) ; passant d’un genre à l’autre ou ayant une identité de genre fluctuante (genderfluid) ; étant du troisième genre ou other-gendered [« autrement genrées »] (une catégorie qui inclut les personnes qui ne donnent pas de nom à leur genre). » On voit que le genre, loin d’être questionné, est accepté et que l’idée est même, en toute incohérence, accommodée à toutes sortes de sauces, au point de surtout signifier quelque chose de l’ordre de la personnalité. Cela dit, dans la confusion qui entoure la notion de « non-binaire » et son usage, on retrouve parfois des remises en question du genre, du patriarcat, mais c’est loin d’être une règle.
29. Déclarer que certaines personnes (dites transgenres) naissent avec « le mauvais genre attribué » implique que toutes les autres (dites cisgenres) naissent avec le bon genre. Le genre, cette construction sociale mortifère, devient ainsi une qualité intrinsèque et innée des individus, c’est-à-dire l’exact opposé de ce qu’affirme la critique féministe[28].
30. Ainsi, comme le note la féministe Janice Raymond : « la société patriarcale et ses définitions de la masculinité et de la féminité constituent la cause première de l’existence du transsexualisme[29] », d’ailleurs « fondamentalement, une société qui assigne un rôle stéréotypé à chacun des deux sexes ne peut qu’engendrer le transsexualisme ». Au lieu de comprendre que la biologie n’impose aucunement de devoir se conformer aux stéréotypes culturellement/socialement élaborés et associés aux sexes, et au lieu de rejeter ces stéréotypes, l’idéologie transgenre prétend qu’une personne ayant un penchant pour un des deux ensembles de stéréotypes sexospécifiques, c’est-à-dire pour la masculinité ou la féminité, mais n’étant pas du sexe associé (n’étant pas homme pour une personne ayant un penchant pour le masculin, ou pas femme pour une personne ayant un penchant pour le féminin), ne possède pas un corps adéquat, n’est pas dans le bon corps (n’est pas homme, pas femme, mais « transgenre »), n’est pas son corps, et pourrait donc envisager de l’altérer. Janice Raymond encore : « En désirant les organes et le corps spécifiques au sexe opposé, le transsexuel ne cherche simplement qu’à incarner l’ “essence” du rôle qu’il convoite. »
31. À nouveau, citons Janice Raymond : « fondamentalement, une société qui assigne un rôle stéréotypé à chacun des deux sexes ne peut qu’engendrer le transsexualisme ». C’est ainsi que dans leur tentative de bricoler une généalogie respectable au transgenrisme, les transactivistes l’assimilent sans vergogne à divers phénomènes propres à diverses cultures du monde, y compris appartenant au passé (berdaches amérindiens, hijras des Indes, katoeys du Siam, muxhes du Mexique, burneshas d’Albanie, etc.), s’imaginant, de la sorte, le rationaliser, lui procurer une raison d’être respectable, alors même qu’ils ne font en réalité que souligner le lien indissoluble entre patriarcat et transgenrisme, étant donné que tous ces phénomènes culturels auxquels ils prétendent l’apparenter sont les produits de sociétés patriarcales — c’est-à-dire fortement, rigidement et hiérarchiquement genrées.
32. La redéfinition des termes « femme » et « homme » que tente d’imposer, de manière assez autoritaire (en ne tolérant aucun débat, aucune discussion, aucune critique), le courant transgenriste/queer, saperait — sape d’ores et déjà — la capacité à s’organiser et se défendre politiquement de ce groupe de personnes que tout le monde s’accordait à appeler « femmes » jusqu’à il n’y a pas si longtemps, et qui a (avait) d’ailleurs obtenu des protections et toute une jurisprudence sur la base de la définition classique, sensée (c’est-à-dire biologique) du terme femme. Mais tel est peut-être le sens de cette tentative de redéfinition.
33. En vue de gagner du terrain, le mouvement des droits trans joue sur la confusion entre genre et sexe (afin de semer le trouble) tout en cherchant à éviter une trop importante exposition publique de ses politiques (en insultant et menaçant les femmes qui osent questionner leurs politiques)[30]. Il fait entrer le « genre » ou l’« égalité de genre » dans les lois et réglementations contre la discrimination, parfois aux côtés du « sexe » avec lequel il rentre pourtant en contradiction. Puis il remplace la notion de « genre » par celle de l’« identité de genre ». Enfin il s’arrange pour que l’identité de genre prime le sexe. On parle ainsi d’effacement politique du sexe[31].
34. État des lieux des « droits trans » en France. Les transactivistes comptent de puissants alliés parmi les législateurs, à cause desquels on observe des changements notables dans la loi française depuis une dizaine d’années. Voici quelques étapes illustratives de la destruction politique du sexe :
- Depuis 2010, le transsexualisme et les troubles précoces de l’identité de genre ne sont plus considérés comme une maladie mentale[32], ce qui ne signifie pas pour autant que la non-conformité de genre cesse d’être médicalisée, bien au contraire. Les transitions médicales peuvent être intégralement prises en charge par la Sécurité sociale au titre de « maladie de longue durée hors liste » (ALD31), c’est-à-dire « une forme grave d’une maladie, ou d’une forme évolutive ou invalidante d’une maladie grave[33] ». L’objectif des transactivistes consiste ainsi à normaliser les opérations chirurgicales et les traitements hormonaux, en rendant facultatif le suivi psychologique des malades, parfois autodiagnostiqués.
- En 2012, la sénatrice EELV Esther Benbassa intègre « l’identité sexuelle » dans les motifs de discrimination punis par le Code pénal[34].
- En juin 2013, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) intègre pour la première fois des représentants du mouvement LGBT, comme l’Inter-LGBT[35] et auditionne des professeurs de droit comme Philippe Reigné[36]. Selon Nicolas Gougain, porte-parole de L’Inter-LGBT et membre de la CNCDH, la commission émet un « avis historique[37] » : elle « estime nécessaire une refonte de la législation française concernant l’identité de genre et le processus de changement de sexe à l’état civil ». Cette introduction de l’ « identité de genre » est justifiée par une mise en conformité avec les Principes de Jogjakarta[38] (ou Yogyakarta) et les recommandations de Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, en 2009[39] et 2011[40], pour qui « l’identité de genre est l’un des aspects les plus fondamentaux de la vie ». Selon la CNCDH, « s’affirmer homme ou femme » est « toujours lié à une conviction profonde » et le changement de sexe à l’état civil ne doit plus être conditionné par un « syndrome de dysphorie de genre », par un traitement hormonal ou par une chirurgie[41]. Elle recommande une déjudiciarisation partielle et non totale de la procédure, en conservant l’action du juge « comme un jalon nécessaire ».
- Au mois de septembre 2013, la sénatrice Benbassa et ses collègues du PS tentent d’utiliser le projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes comme véhicule législatif[42] afin de remplacer la notion d’identité sexuelle par celle d’ « identité de genre »[43]. Ses amendements reçoivent un avis défavorable, mais sont célébrés par Nicolas Gougain et l’Inter-LGBT. La sénatrice Benbassa promet cependant d’élaborer une loi. Trois mois plus tard, promesse tenue : sa proposition du 11 décembre 2013, « visant à protéger l’identité de genre », a comme objectif de « substituer systématiquement la mention de l’identité de genre à celle de l’identité sexuelle[44] ».
- Avant 2016, le changement de sexe à l’état civil était possible à condition d’avoir subi une intervention chirurgicale sexuelle « irréversible »[45]. En 2016, la sénatrice Benbassa utilise le projet de loi de modernisation de la justice du XXIe siècle pour simplifier cette procédure[46] avec le soutien d’un groupe de députés[47] et avec l’appui de la CNCDH[48]. Mme Crozon et M. Binet précisent qu’on n’appartient pas à un sexe, mais qu’il s’agit d’une façon de se présenter[49] et que finalement ce n’est pas l’apparence qui compte, mais seulement la démarche[50]. Conformément aux recommandations de la CNCDH de 2013, plus besoin d’intervention chirurgicale pour changer de sexe à l’état civil, mais la procédure n’est que partiellement déjudiciarisée : elle nécessite encore (pour le moment) la décision d’un tribunal qui évalue si la personne « se présente publiquement comme appartenant au sexe revendiqué[51] » (Nouvelle illustration du fait que ces gens ravalent le sexe au rang de costume, la femme à la robe, au grand dam des féministes qui s’efforcent de faire valoir, depuis des années, qu’être femme n’est pas un costume que l’on peut enfiler ou déposer à volonté). Grâce à la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle, « l’identité de genre » devient aussi un critère de discrimination reconnu et pénalisé[52].
- En parallèle, des députés réussissent à faire prévaloir « l’identité de genre » sur « l’identité sexuelle » dans l’amendement n°338 du projet Égalité et citoyenneté[53] et modifient ainsi le Code pénal en 2017[54].
- En novembre 2018, les député·es de La France insoumise cherchent à permettre aux hommes d’être incarcérés avec les femmes sur simple demande[55]. Par ailleurs, La France insoumise a carrément pour projet d’inscrire « le droit à l’identité de genre dans les droits humains inaliénables » protégés par une nouvelle Constitution[56].
- En 2018, le député Gérard tente de remplacer le sexe par l’identité de genre dans un projet de loi sur l’immigration[57]. En janvier 2019, il cherche à faire entrer le « mégenrage des élèves trans » dans la loi[58]. En 2021, il fait entrer l’ « identité de genre » dans le projet de loi sur la démocratisation du sport[59], afin de permettre l’accès aux équipes et équipements sportifs sur base de l’identité de genre[60]. Il se félicite alors d’avoir « envoyé un message fort en faisant de la France une nation pionnière en matière d’inclusion des personnes trans dans le domaine du sport » et traite de « TERF aigries » les féministes qui critiquent ses décisions[61].
- En 2004, Stéphanie Nicot crée l’association nationale transgenre (ANT), auparavant appelée Trans Aide[62]. Stéphanie Nicot, né Stéphane, « transitionne » a 50 ans. Dans un article de Libération[63], Stéphanie raconte avoir « toujours eu envie d’être une fille », préférant « la corde à sauter et la marelle ». Père de famille et fondateur d’une revue de science-fiction, Stéphan·i·e a mené « des décennies d’une existence masculine ordinaire » en « homme dur, froid même, affrontant avant de négocier, capable d’aboyer ». « Depuis mai 2005, Stéphanie vit comme une fille (sic) » (une fille de 53 ans, donc). En 2011, Stéphanie, âgé·e de 59 ans épouse Élise, 27 ans : « deux lesbiennes se sont mariées » titre Le Progrès[64], alors que Stéphanie est légalement considéré·e comme un homme et que le mariage homosexuel est encore interdit. Il s’agit du premier « mariage lesbien » en France. En 2014, Stéphanie est élue « présidente » de la Fédération LGBTI+. C’est la première fois qu’une « femme » (trans) est élue présidente (certes, une « femme » ayant vécu 50 ans comme un homme)[65].
- En 2013, l’association nationale transgenre (ANT) reprochait à la sénatrice Benbassa de ne pas déjudiciariser totalement le changement de sexe à l’état civil[66]. La présidente de l’ANT, Delphine Ravisé-Giard (sous-officier Thierry Ravisé-Giard depuis plus de 20 ans, pour l’armée de l’air[67]), réclame un changement « sans aucune condition[68] ».
- En mai 2014, l’ANT publie une « Proposition de loi sur l’identité de genre[69] », avec l’aide de Philippe Reigné, pour qui la mention du sexe devrait carrément être supprimée au motif qu’elle accentuerait les discriminations[70] (revendication complètement absurde ne serait-ce que parce qu’elle s’oppose à toutes les raisons d’être de la parité politique femmes-hommes basée sur le sexe[71], mais plus généralement parce qu’elle détruirait tout le combat des femmes au sein du patriarcat). Les 10 articles de cette proposition contiennent les revendications classiques : introduire ou remplacer la notion d’identité sexuelle par celle d’identité de genre et simplifier le changement de sexe à l’état civil. On retrouvera, plus tard, certaines de ces revendications dans le droit français, par exemple dans les articles 4 et 5 de la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté de janvier 2017 qui modifiera en conséquence le Code pénal et le Code de procédure pénal[72], l’article 6 qui touche le Code du travail (modifié en février 2017[73]). On retrouvera aussi l’article 10 dans l’amendement n°AC33[74] du député Raphaël Gérard à la loi contre la haine sur Internet en juin 2020[75]. Gérard se félicitera sur Twitter de ce qu’appeler un homme un homme soit désormais juridiquement répréhensible[76].
- En 2016, Delphine Ravisé-Giard qualifie de « pire loi votée dans un pays d’Europe » la déjudiciarisation partielle et Stéphanie Nicot, en colère de ne pas obtenir l’autodétermination totale, estime que « c’est le plus mauvais projet de loi sur le sujet depuis dix ans[77] ! ». Stéphanie et Delphine continuent leur lobbying en cherchant des « fenêtres de tir » législatives. L’ANT s’investit dans le Comité d’entente LGBT du Défenseur des droits Jacques Toubon[78], à l’écoute des revendications et multiples saisines des transactivistes[79], et salue en 2020 son implication, « depuis 2011, dans la lutte contre la transphobie ». Stéphanie Nicot se dit « épatée » par sa contribution.
- Et pour cause, le 18 juin 2020, Jacques Toubon émet plusieurs recommandations visant à effacer la notion de sexe[80], parmi lesquelles : procédure de changement de sexe à l’état civil déclaratoire, accessible et rapide (simple attestation sur l’honneur) ; fin des espaces non-mixtes basés sur le sexe (toilettes, vestiaires, dortoirs) dans les établissements scolaires et les lieux de travail ; prise en charge financière et simplification de l’accès aux transitions médicales et chirurgies associées, créations de cliniques du genre ; changement de définition des mots mère et père ; autorisation pour les hommes d’être incarcérés avec les femmes dès lors qu’ils en expriment la volonté et sans attendre que le changement d’état civil soit intervenu ; des lois basées sur « le sentiment d’appartenir à l’autre sexe ». Selon la Fédération LGBTI+ « Jacques Toubon est allé plus loin sur les questions transidentitaires que tous les gouvernements et tous les élus réunis, voire que certaines associations LGBT[81] ». Ironiquement, Stéphanie Nicot et la Fédération LGBTI+ dénonçaient vertement l’homophobie de Jacques Toubon lors de sa nomination en 2014[82]. Visiblement cela ne gêne pas ces transactivistes, porte-paroles d’associations LGBT, de collaborer avec un vieux politicard chiraquien ayant voté contre l’abolition de la peine de mort, contre la dépénalisation de l’homosexualité, contre l’union civile des couples homosexuels, quand il s’agit d’effacer le sexe politiquement.
- Les recommandations de Jacques Toubon sont entendues et en janvier 2021, la députée Valérie Petit dépose avec une trentaine d’autres députés une proposition de résolution afin de les adopter[83]. Présentement, cette proposition n’est pas inscrite à l’ordre du jour de l’assemblée.
- En mars 2021, la députée Laurence Vanceunebrock dépose une proposition de loi en vue d’interdire les « pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne[84] ». Au prétexte de lutter contre les thérapies de conversion (malheureusement toujours autorisées), ce projet de loi avalise les thérapies de changement de sexe (qui sont pourtant parfois utilisées comme des thérapies de conversion par des parents homophobes[85]). En jouant sur la confusion entre orientation sexuelle et identité de genre, les transactivistes normalisent en fait la médicalisation de la non-conformité de genre au nom de sa dé-médicalisation. Présentement, cette proposition n’est pas inscrite à l’ordre du jour de l’assemblée. Le même phénomène prenant place au même moment au Royaume-Uni, il ne s’agit pas d’un hasard, mais d’une campagne coordonnée internationalement[86]. Depuis au moins un an, le lobby transactiviste Human Rights Campaign tente d’implémenter ces lois un peu partout[87] (États-Unis, France, Nouvelle-Zélande, Irlande du Nord, Alaska, Mexique, Australie, Albanie, Allemagne, etc.) avec le soutien de l’ONU[88].
35. C’est ainsi — par définition — qu’aucune idéologie ne pourrait se propager aussi massivement et rapidement et se concrétiser (par exemple juridiquement) sans le soutien pratique et financier d’institutions, de notables et de groupes d’intérêts capitalistes et étatiques majeurs. Les changements qu’on observe à différents niveaux des institutions n’arrivent pas par accident, les lois ne tombent pas du ciel. Tout cela résulte d’un mouvement organisé autour d’objectifs précis. Et en effet, les principaux organismes de promotion des droits trans — des organisations LGBT, au sein desquelles le T est désormais prépondérant[89], donc (LGB)T —, sont financés par toutes sortes de fondations privées liées à d’importantes multinationales, ou plus directement à de richissimes et célèbres capitalistes, ainsi que par des institutions étatiques ou supra-étatiques. Une féministe américaine, Jennifer Bilek, le documente notamment sur son site. De l’Open Society Foundations de George Soros à l’Arcus Foundation fondée par le milliardaire Jon Stryker, de la Stryker Corporation (une multinationale de l’industrie de l’équipement médical)[90], en passant par la NoVo Foundation de Peter Buffett, le fils de Warren Buffett, et bien d’autres[91], on retrouve, au financement du courant (LGB)T, une partie des figures habituelles du philanthrocapitalisme. La Human Rights Campaign (HRC, littéralement « la Campagne pour les Droits de l’Homme »), le lobby le plus important en matière de droits des personnes (LGB)T aux États-Unis, dont l’influence s’étend également à l’international et dont le budget dépasse les 44 millions de dollars annuels[92], est financé par toutes les pires multinationales du monde (American Airlines, Apple, The Coca-Cola Company, Google, Microsoft, Pfizer, Nike, BP, Chevron, Paypal, Amazon, IBM, etc.[93]). Les Principes de Jogjakarta, précédemment mentionnés (qui fournissent une première base théorique et juridique au génialissime concept de l’ « identité de genre »), sont issus d’une réunion, à l’université Gadjah Mada de Java du 6 au 9 novembre 2006, de deux organismes, la CIJ (Commission internationale de juristes) et l’ISHR (International Service for Human Rights, littéralement : « service international pour les droits de l’Homme »), ainsi que d’experts en droits humains du monde entier. Les deux principales organisations à l’origine de ces principes, la CIJ et l’ISHR, sont financées par des fonds étatiques (les gouvernements de l’Allemagne, de la Finlande, du Royaume-Uni, du Danemark, de la Norvège, des Pays-Bas, la Commission européenne, etc.) et capitalistes (l’Open Society Foundations, entre autres fondations privées). Parmi les principales organisations consacrées à la promotion des droits trans en Europe, on retrouve l’ONG Transgender Europe (budget 2020 de 1 160 000 €[94]), financée par les entités habituelles (Commission Européenne, Open Society Foundations, Gouvernement des Pays-Bas, Conseil de l’Europe) et ILGA Europe (budget 2019 de 3 078 903 €[95]), également financée par les entités habituelles (Commission européenne, fondations privées, entreprises). Le développement de l’idéologie de l’identité de genre et du transgenrisme, qui se propagent massivement au travers de l’infrastructure numérique du technocapitalisme (par le biais des « réseaux sociaux »), loin de relever de quelque « révolution », comme certains se plaisent à l’affirmer, est ainsi entièrement promu par l’État-capitalisme, par le patriarcat mondialisé — même si, dans plusieurs États à la traîne en matière de « développement » (du capitalisme technologique), aux mœurs moins libérales, sa propagation n’est pas (encore) approuvée par les autorités. On soulignera, au passage, que contrairement au transgenrisme qui crie partout à l’oppression tout en bénéficiant, entre autres, de soutiens financiers, de promotion sous forme d’émissions et de séries télévisées, d’articles toujours plus nombreux dans les médias de masse progressistes, le féminisme radical, radicalement antipatriarcal, critique du genre, n’a — évidemment — pas du tout voix au chapitre, ne bénéficie d’aucune aide, aucune promotion mass-médiatique, etc.
36. Parmi les principaux philanthrocapitalistes soutenant en pratique et financièrement la mouvance (LGB)T, tout particulièrement le courant transgenriste, on retrouve Martin Rothblatt, chef d’entreprise dans l’industrie pharmaceutique, devenu Martine. Si nous le mentionnons à part, c’est parce qu’il tient un rôle assez spécial dans toute cette histoire. Martin‑e est un promoteur de longue date du transgenrisme, et aussi un fervent transhumaniste, auteur d’un livre intitulé From Transgender to Transhuman : A Manifesto on the Freedom of Form (« De transgenre à transhumain : Un manifeste sur la liberté de forme »). Ainsi que le titre le suggère, il y expose les liens — assez évidents — entre transgenrisme et transhumanisme. Martin‑e a aussi fait construire un robot à l’image de sa femme, appelé Bina48. Le rôle et l’histoire de ce personnage haut en couleur sont plus longuement détaillés dans cet article de Jennifer Bilek, traduit en français (qui contient également des extraits du livre de Martin‑e mentionné ci-avant).
37. Si l’usage du terme « genre » dans un sens proche de son acception contemporaine est le fait de sexologues et autres psychocliniciens des années 1950 (John Money, notamment, mais aussi Robert Stoller et d’autres), l’idéologie de l’identité de genre, comme la théorie queer, est issue des travaux, souvent très abscons, et que presque personne n’a lus, de divers philosophes et autres chercheurs stipendiés par le — très subversif et révolutionnaire — milieu universitaire des États-Unis d’Amérique (Judith Butler, Gayle Rubin, etc.). Cela dit, les élucubrations de ces figures américaines découlent de celles de philosophes français : des pères fondateurs (Derrida & Co.) de la « déconstruction ».
38. Le patriarcat induit des phénomènes divers, à l’image des comportements des personnes se disant « transgenres ». Nombre d’hommes s’identifiant comme « femmes trans » reproduisent les stéréotypes de la féminité tandis que d’autres les rejettent entièrement ou partiellement en se disant féministes et/ou lesbiennes. Il s’agit du phénomène de la « femme trans lesbienne ». Cela peut s’expliquer par une volonté d’améliorer leurs conditions matérielles d’existence à partir du moment où la société les considère comme — leur réserve un sort proche de celui — des femmes. Ou par le désir d’être « validés » (expression très employée dans les milieux trans/queer) en tant que femme, mais cette fois en tant que femme féministe. Ou encore d’accéder à des espaces dont tous les hommes sont normalement exclus, comme les espaces lesbiens – comportement typiquement masculin.
39. Contrairement à ce que laissent entendre les transactivistes, les espaces réservés aux femmes n’ont pas pour fonction de « valider » quelque « identité de femme ». Certains de ces espaces sont une nécessité vitale pour les femmes en ce qu’ils leur permettent de se protéger/s’organiser contre la violence masculine. Jusqu’à présent, aucune preuve n’a été fournie que les hommes s’identifiant femme (ou autre) étaient (ou devenaient subitement) moins violents que les autres. Rien ne prouve que ces hommes violent moins, agressent moins, tuent moins que les autres hommes[96].
40. Le mouvement des droits trans médicalise la non-conformité de genre avec le soutien de l’industrie médicale et pharmaceutique. Médicaliser la souffrance liée aux stéréotypes de genre, par exemple en lui donnant le nom de « dysphorie », permet d’individualiser un problème d’ordre social, et de le confier aux mains de spécialistes. Plutôt que de changer les structures mortifères d’une société, on va soigner, soulager les individus qui ne rentrent pas dans le moule (ou, plus précisément, on va s’attaquer à la biologie, à la nature, qui a mal fait son travail en prodiguant un corps d’homme à une personne dont l’âme, « l’identité de genre », serait « femme »). Les personnes sortant des normes sont ainsi dépossédées idéologiquement de leur potentiel révolutionnaire.
41. La médicalisation de la non-conformité de genre ouvre de nouveaux marchés à l’industrie médicale dans de nombreux secteurs[97] : entreprises pharmaceutiques, cliniques de genre, chirurgies sexuelles, chirurgies de féminisation du visage, endocrinologie, etc. Ainsi, en vue d’accroître leurs profits, les capitalistes ont tout intérêt à investir dans le mouvement des droits trans plutôt que dans le mouvement féministe.
42. Selon le sexologue Ray Blanchard, il existe deux types d’hommes transsexuels : ceux qui aiment les hommes et sont homosexuels ; et ceux qui sont attirés sexuellement par l’idée d’être eux-mêmes des femmes, qu’il appelle autogynéphiles. Il définit l’autogynéphilie comme « la propension d’un homme à être sexuellement stimulé, excité par l’idée de lui-même en femme ». De nombreux témoignages confirment l’existence de l’autogynéphilie[98]. Selon Sheila Jeffreys[99], « l’excitation à l’idée d’être une femme et l’excitation que les accoutrements de la féminité procurent à un homme résultent du fait que la féminité représente une position subordonnée. Quand un homme est travesti de force, ou capable de s’imaginer lui-même comme une femme, il fait l’expérience d’une délicieuse excitation en étant démasculinisé, privé de son statut supérieur de virilité et rabaissé au statut subordonné de la féminité. Il s’agit d’une excitation liée à la hiérarchie du genre, au système de caste de la domination masculine et de la soumission des femmes, qui serait inimaginable en dehors de ce cadre de pensée. Les habits de femmes ne sont pas recherchés parce qu’ils sont plus jolis ou agréables, mais pour leur signification symbolique. Cette pratique masculine du cross-dressing, et les désirs transsexuels qui peuvent en résulter ont peu de chance d’être vus d’un bon œil par les femmes, pour lesquelles être féminine constitue le plus souvent un élément pénible et pesant de leur statut de subordonnées plutôt qu’une source d’orgasme. »
43. Certains hommes masculinistes de la communauté incel (néologisme et mot-valise de langue anglaise pour involuntary celibate, « célibataire involontaire » en français) tentent d’échapper à leur « célibat involontaire » grâce à une transition de genre et d’orientation sexuelle. Cette pratique est appelée trannymaxxing[100].
44. Les transactivistes ont développé les concepts de cis-patriarcat et de trans-misogynie. Un internaute (« femme trans ») utilisant le pseudonyme « Aggressively trans » (« agressivement trans »), suivi par près de 64 000 personnes sur Instagram, régulièrement interviewé par de grands médias sur les sujets liés au transgenrisme (Télérama, Numérama, Les Inrocks, Libération, etc.) affirme sans vergogne que les féministes critiques du transgenrisme comprennent mal ce que sont les stéréotypes de genre imposés par le patriarcat. En effet, selon lui, loin d’avoir été imposés par les hommes, ces stéréotypes de genre, qui sont au fondement du patriarcat, constituent plutôt « un développement culturel et historique fait par les personnes cisgenres et pour les personnes cisgenres[101] ». Les femmes seraient donc instigatrices des stéréotypes de genre constituant la féminité. Elles les auraient voulus ! Contrairement à ce que croient les féministes, le patriarcat ne serait pas un système d’oppression et de domination des femmes et des enfants, élaboré par et pour les hommes, mais un système d’oppression et de domination des personnes dites « transgenres » élaboré par les personnes dites « cisgenres » ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Ainsi, dans la perspective des transactivistes, les femmes sont réduites à une sous-catégorie (cis) de leur propre classe (les femmes), dans laquelle elles occuperaient une position de domination sur les « minorités de genre » (en fait, des hommes). Par un grotesque retournement rhétorique, les femmes deviennent alors les oppresseuses des hommes s’identifiant femmes, jouissant d’une cohorte de privilèges par rapport aux mâles, comme par exemple celui d’avoir des menstruations naturelles. Naître femme dans une société patriarcale devient une position de privilège et de confort. Difficile de faire plus absurde. Et quand les femmes rechignent à s’effacer et à abandonner le sens des mots, les transactivistes vivent ce refus comme une violence intolérable, et trouvent alors justification au fait de punir les femmes pour cet affront impardonnable, en les menaçant de toutes sortes de choses violentes, et parfois même de viol ou de meurtre.
45. Une part des choses aujourd’hui qualifiées — à tort — de « transphobie », ou d’ « enbyphobie » (comportement « phobique », discriminatoire, à l’égard des personnes dites « non-binaires ») relève en réalité du sexisme le plus ordinaire : refuser qu’un garçon porte des « habits de fille », ou se comporte « comme une fille » (ou inversement).
46. Intersexuation et transgenrisme sont deux choses bien différentes. La confusion entre les deux porte préjudice aux personnes intersexes, qui n’ont pas les mêmes revendications que les personnes s’identifiant « transgenres »[102]. Les personnes intersexes subissent parfois des opérations non désirées de leurs organes génitaux visant à leur donner une apparence « normale ». Au cours du XXe siècle, la médicalisation de l’intersexuation et de la transsexualité avait notamment comme objectif de réduire l’homosexualité et de fabriquer des citoyens hétérosexuels, comme le montre Bernice Hausman dans sa critique féministe du transgenrisme intitulée Transsexualism, technology and the idea of gender[103] (« Le transsexualisme, la technologie et l’idée de genre »).
47. Certains parents utilisent les transitions médicales des cliniques de genre pour combattre l’homosexualité de leurs enfants à l’aide d’hormones[104]. Un patient a par exemple prévenu sa clinicienne : « ma mère a plus envie des hormones que moi ». Cette médicalisation de l’homosexualité n’est pas nouvelle. Dans Gay American History[105] (« Une histoire gay de l’Amérique ») Jonathan Katz rappelle que « les lesbiennes et hommes gays ont longtemps subi une liste variée et souvent horrible de “soins” entre les mains des psychiatres-psychologues professionnels, avec en général pour objectif l’asexualisation ou la réorientation vers l’hétérosexualité ». Parmi ces traitements figurent la castration, l’hystérectomie et la vasectomie. Au XIXe siècle, les femmes subissent des opérations d’ablation des ovaires et du clitoris, parfois afin de « soigner » le lesbianisme. Dans les années 50, c’est plutôt la lobotomie qui est à la mode. Selon Katz, ces victimes homosexuelles étaient même parfois « consentantes » et désiraient être soignées.
48. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, « plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes, toujours en vie, ont été victimes de mutilations sexuelles[106] », ce qui constitue une violation de leurs droits. Mais l’interdiction de ces interventions (parfois pratiquées par le personnel médical) entre en conflit avec certaines politiques transactivistes de chirurgie génitales sur mineur·es au nom de la « réassignation de genre »[107].
49. Dans Unpacking Queer Politics (« Débander la politique queer »), Sheila Jeffreys montre que le transsexualisme (qu’elle décrit comme « l’opposé de la fierté gay ») s’inscrit dans le courant queer[108]. Selon elle, le mouvement féministe lesbien des années 70 a été absorbé par le mouvement gay et queer des années 80 qui reproduit les rapports patriarcaux de violence masculine et abandonne la libération des femmes. On assiste alors au déploiement des « politiques queer » : apologie de la transgression, des comportements violents et dangereux, sadomasochisme, fétichisme, automutilation corporelle, industrie du sexe, transsexualisme, industrie des technologies de reproduction, mariage pour tous (au lieu de mariage pour personne), etc. On retrouve ces liens entre transactivisme et politiques queer dans les revendications actuelles des principales organisations LGBT[109].
50. Le transgenrisme n’est pas le problème (pas non plus la théorie queer, ou des identités de genre infinies). Le problème, c’est la civilisation patriarcale, désormais capitaliste et technologique, dont il est un des symptômes. Ainsi que le note Janice Raymond : « Ceux qui prônent la tolérance à l’égard de la médicalisation du transsexualisme expriment une fausse compassion qui, à la fois dans l’immédiat et dans l’absolu, ne fait que faciliter et affermir la possession des femmes par les hommes. Cette tolérance compatissante ne sert qu’à renforcer une société où les rôles sexuels sont la norme et où les vrais choix existentiels font l’objet d’une médicalisation. Quand la tolérance a pour principale utilité de protéger le matériau de soutènement de la société sexiste, elle neutralise les valeurs. Il importe de concourir à briser ce béton oppressif en montrant ses incohérences théoriques et en provoquant un élargissement spirituel qui soit à même de réfléchir sur ces solutions qui n’ont que l’apparence de la compassion et de la sensibilité. » « En dernière analyse », conclut Raymond, « il importe de se souvenir que le transsexualisme ne constitue que l’une des formes les plus évidentes de l’insatisfaction à l’égard du rôle sexuel qu’il faut jouer dans une société patriarcale. Son évidence vient de ce que, dans la situation transsexuelle, les stéréotypes sont pour ainsi dire mis en scène de manière à être vus par tous et examinés dans l’enveloppe d’un corps étranger. Mais on risque de négliger l’existence et la présence quotidiennes de ces mêmes stéréotypes, comportements et insatisfactions chez ceux qui vivent dans leur corps “d’origine”. Les problèmes que met en lumière le transsexualisme ne sauraient en aucune façon être confinés au seul contexte transsexuel. Il faut plutôt les affronter au sein de la société “normale” qui est à l’origine même du problème transsexuel[110]. »
51. Nous vivons toujours dans une société férocement patriarcale, dans laquelle les hommes oppriment, violentent, violent et tuent les femmes. Rien qu’en France, les statistiques — bien souvent de piètres sous-estimations, édulcorations de la réalité — nous apprennent par exemple que :
- 94 000 femmes majeures sont victimes de viol ou de tentative de viol sur une année ;
- des centaines de milliers de femmes subissent des violences conjugales[111] ;
- 146 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire en 2019 ;
- environ 30 000 personnes sont prostituées dont 85 % sont des femmes et 93 % sont étrangères[112] ;
- 10 % des Français·es déclarent avoir été victimes d’inceste dont 78 % de femmes[113] ;
- les femmes meurent d’avoir été moins bien diagnostiquées et moins vite soignées que les hommes[114].
Et d’autres exemples et statistiques (toujours des sous-estimations), à l’échelle globale :
- dans un monde conçu pour les hommes, les femmes ont 47 % de chance de plus que les hommes d’être blessées dans un accident de voiture, et 17 % de plus d’en mourir[115] ;
- une des industries les plus lucratives et les plus massives, l’industrie de la pornographie, en plus d’infliger des violences terribles aux femmes qu’elle exploite de manière directe, participe à propager une image terriblement dégradante des femmes et à encourager des pratiques violentes contre les femmes en général[116] ;
- les femmes et les filles sont victimes de trafics en tous genres : « Selon l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), 120 000 à 500 000 femmes seraient trafiquées depuis l’Europe de l’Est vers l’Europe de l’Ouest chaque année et, selon Amnesty International, chaque année 1 à 2 millions de femmes seraient victimes de traite dans le monde[117] ». Le plus souvent, à des fins d’exploitation sexuelle.
Dans un tel contexte, l’objectif politique de « la neutralisation du sexe », de « l’invisibilité du sexe », « de rendre les structures de l’État aveugles à la différence des sexes », « d’un effacement des sexes dans le droit », « vers toujours plus d’universalisme républicain » (pour reprendre les formulations du philosophe étatiste et républicain, spécialisé dans le confusionnisme sexes/genres/rien‑n’est-vrai-tout-est-permis, Thierry Hoquet[118]), autrement dit la suppression des catégories sociales hommes et femmes, et donc des protections et droits spécifiques qu’ont obtenus les secondes, est un objectif à la fois absurde et terriblement dangereux pour les femmes et les filles. Si l’invisibilisation du sexe en droit s’ajoutait à l’effacement du sexe dans le langage, alors les femmes seraient condamnées à une oppression et une souffrance muettes, indicibles.
Collectif anti-genre
(collectifantigenre@protonmail.com)
Notes
- https://uel.unisciel.fr/biologie/introgen/introgen_ch05/co/apprendre_ch5_01.html ↑
- Définition du CNRTL. ↑
- CNRTL. ↑
- CNRTL. ↑
- CNRTL. ↑
- Mélanie Jacquot, « Intersexuation, identité sexuelle et famille : du défaut d’assignation au défaut d’affiliation », dans Recherches familiales 2014/1 (n° 11), pages 75 à 84. ↑
- https://journals.sagepub.com/doi/full/10.4137/EHI.S39825, et http://www.medecine.unige.ch/enseignement/apprentissage/module4/immersion/archives/2012_2013/rapports/variation-developpement-sexuel.pdf ↑
- https://www.partage-le.com/2018/11/16/les-principes-de-jogjakarta-une-menace-internationale-contre-les-droits-des-femmes-par-hannah-harrison/ ↑
- Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe II, (1949), Paris, Gallimard, 1976, p.7. ↑
- Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe I, (1949), Paris, Gallimard, 1976, p.116–117. ↑
- Le Deuxième Sexe II, ibid, p.390. ↑
- Le Deuxième Sexe I, ibid, p.14 ↑
- Ibid, p.25. ↑
- Dans son livre Refuser d’être un homme, John Stoltenberg expose en quoi la violence entre les hommes perpétue la suprématie masculine. Cette violence s’institue au moins de trois façons : par la relation père-fils, par la guerre, par l’homophobie : /1. Le patriarcat, c’est le droit du père, qui constitue « fondamentalement un système de propriété ». C’est un régime qui nécessite une quantité de violence remarquable pour s’imposer et qui conditionne les relations entre tous les êtres humains. « Selon le droit du père, tous les enfants appartiennent aux pères et non aux mères. » Dans la relation père-fils, le père va apprendre au fils à déshumaniser les femmes et à développer le comportement d’un dominant qui sera ensuite en capacité de s’approprier d’autres vies humaines. /2. « Les pères et non les mères ont inventé et contrôlent l’État […], l’armée » et « mènent la guerre contre d’autres peuples […], envoient les fils à la guerre ». Les hommes perçoivent la violence d’autres hommes et sont terrifiés à l’idée d’offenser ces hommes plus violents. La militarisation et la guerre font partie de cette logique de terreur, qui s’appuie sur la domination (et le viol) des femmes. La « force de dissuasion » est un euphémisme pour décrire le plus grand potentiel de sadisme de telle ou telle armée. Cette violence s’exprime en priorité contre les groupes qui sont perçus comme féminisés. Ainsi, pour se protéger de l’agression d’autres hommes, les hommes prouvent leur virilité en exerçant la violence contre les femmes. /3. En toute logique, « l’homophobie fait partie intégrante du système de suprématie masculine érotisée ». Cette homophobie exprime la haine des femmes (les hommes qui ont des rapports sexuels « comme une femme » et les femmes qui refusent les pénis), mais pas seulement. « Elle sert aussi à protéger les hommes des agressions sexuelles d’autres hommes. L’homophobie enjoint aux hommes de limiter aux femmes ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur fasse ». Cette hétéro-normativité, cette hiérarchie entre les hommes permet de canaliser les agressions sexuelles masculines et de les diriger en priorité vers les femmes. L’homophobie est nécessaire à la suprématie masculine, la violence entre les hommes structure et perpétue la domination des femmes, et protège plus largement les intérêts des hommes en tant que classe dominante. ↑
- https://www.youtube.com/watch?v=eczFLQFgsQE ↑
- https://revolutionfeministe.wordpress.com/2017/06/11/quest-ce-que-le-patriarcat-par-francine-sporenda/ ↑
- https://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/05/05/aucun-programme-genetique-ne-voue-les-femmes-a-faire-le-menage-ni-les-hommes-a-etre-chefs-d-entreprise_4411894_1650684.html ↑
- Le patriarcat a besoin « d’effacer » les femmes. Dans cette culture basée sur les valeurs et mode de pensée des hommes, l’humain par défaut est nécessairement un homme. Les femmes sont invisibles, leur existence est niée. Les corps des femmes ont certains besoins qui leurs sont propres (en matière de soins, contraceptions, grossesses, etc.). En ne prenant pas en compte ces différences spécifiques, on risque de continuer à prendre l’homme (son corps, ses priorités, etc.) et la hiérarchie patriarcale comme point de repère. Nier la biologie, et faire comme si ces différences n’existaient pas, c’est être aveugle au sexisme, participer à l’invisibilisation des femmes, cela ne nous aide pas à atteindre concrètement une situation plus juste. Cela ne peut qu’empêcher les transformations sociales nécessaires pour parvenir à une égalité réelle. Invisibiliser la réalité biologique, matérielle des femmes s’oppose à leur libération. ↑
- https://lavieenqueer.wordpress.com/2018/06/02/les-identites-de-genres-non-binaires/ ↑
- https://nonbinary.miraheze.org/wiki/List_of_nonbinary_identities#X ↑
- https://aeon.co/essays/the-idea-that-gender-is-a-spectrum-is-a-new-gender-prison ↑
- https://www.facebook.com/nicolas.casaux/posts/10158213551562523 ↑
- Voir à ce sujet l’essai de Jane Clare Jones Identity, sovereignty and narcissism https://janeclarejones.com/2018/10/12/identity-sovereignty-and-narcissism/ ↑
- Langdon Winner, The Whale and the Reactor. ↑
- https://www.cnews.fr/france/2020–09-02/que-signifie-sidentifier-comme-personne-non-binaire-994253 ↑
- https://www.femmeactuelle.fr/sante/psycho/genre-non-binaire-quest-ce-que-ca-veut-dire-2077622 ↑
- https://www.aufeminin.com/ma-psychologie/non-binaire-s4013837.html ↑
- Voir par ex l’article de Stevi Jackson, « Pourquoi un féminisme matérialiste est (encore) possible » dans lequel elle écrit notamment : « Ce que fait le constructionnisme culturel par opposition au constructionnisme social, c’est exclure complètement le premier niveau, celui de la structure. La dimension hiérarchique majeure du genre disparaît, de même que les manières dont la hiérarchie de genre sous-tend l’hétérosexualité. Le sens devient certes central, mais d’abord au niveau de la culture et du discours plutôt que d’intégrer les différentes significations effectivement déployées dans l’environnement social de tous les jours. » ↑
- Janice Raymond, L’Empire transsexuel (Seuil, 1980). ↑
- https://www.spectator.co.uk/article/the-document-that-reveals-the-remarkable-tactics-of-trans-lobbyists ↑
- https://thepoliticalerasureofsex.org/ ↑
- https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/02/12/01016–20100212ARTFIG00756-le-transsexualisme-n-est-plus-une-maladie-mentale-.php ↑
- https://www.ameli.fr/medecin/exercice-liberal/presciption-prise-charge/situation-patient-ald-affection-longue-duree/definition-ald ↑
- http://www.senat.fr/leg/ppl11-579.html ↑
- http://www.inter-lgbt.org/linter-lgbt-integre-la-commission-nationale-consultative-des-droits-de-lhomme-cncdh/ ↑
- https://www.komitid.fr/2013/09/13/changement-de-la-mention-du-sexe-a-letat-civil-chassez-le-medical-il-revient-au-galop-par-philippe-reigne/ ↑
- https://www.huffingtonpost.fr/2013/06/27/identite-de-theorie-du-genre_n_3504739.html ↑
- Lire, à leur sujet : https://www.partage-le.com/2018/11/16/les-principes-de-jogjakarta-une-menace-internationale-contre-les-droits-des-femmes-par-hannah-harrison/ ↑
- https://www.acthe.fr/upload/1445371835-hammarberg-droit-de-lhomme-et-identite-de-genre.pdf ↑
- https://www.coe.int/t/Commissioner/Source/LGBT/LGBTStudy2011_fr.pdf ↑
- https://www.cncdh.fr/sites/default/files/27.06.13_avis_sur_lidentite_de_genre_et_sur_le_changement_de_la_mention_de_sexe_a_letat_civil.pdf ↑
- https://estherbenbassa.eelv.fr/communique-de-presse-reponse-desther-benbassa-senatrice-ecologiste-du-val-de-marne-au-communique-de-lassociation-nationale-transgenre-du-13-septembre-2013/ ↑
- https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/transsexuels-une-proposition-de-loi-pour-faciliter-le-changement-de-sexe-7771981714 ↑
- http://www.senat.fr/leg/ppl13-216.html ↑
- http://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.service-public.fr%2Factualites%2F002671.html ↑
- https://estherbenbassa.eelv.fr/mes-amendements-sur-le-projet-de-loi-justice-du-xxieme-siecele-26-septembre-2016/ ↑
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- Janice Raymond, L’Empire transsexuel. ↑
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- https://www.francetelevisions.fr/et-vous/notre-tele/a‑ne-pas-manquer/lmef-femmes-les-oubliees-de-la-sante-6029 ↑
- https://carolinecriadoperez.com/book/invisible-women/ ↑
- Lire, à ce sujet, le livre Pornland de Gail Dines, paru aux éditions Libre, à propos duquel vous pouvez lire ce compte-rendu : https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/10/20/dans-une-societe-juste-il-ny-a-pas-de-place-pour-le-porno/; aussi : https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1077801203256003, ↑
- https://www.cairn.info/revue-herodote-2010–1‑page-150.htm ↑
- Thierry Hoquet, Des sexes innombrables. Le genre à l’épreuve de la biologie. ↑
Source: Lire l'article complet de Le Partage